Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at |http: //books. google .com/l
^^?^?5?^^^^^^^H
■
1
DarvarB (lollcfle Xlbtars
FROM
1
1
\
1
LES
ARMES A FEU PORTATIVES
DES ARMEES ACTUELLES
ET LEURS MUNITIONS.
PARIS. ^ IMPRIMBRIB L. BAUDOIN, S, RUB CHRISTIITB.
ARMES A FEU PORTATIVES
DES ARMÉES ACTUELLES
ET LEURS MUNITIONS
D» OFFICIER S0P£RIEDR
Avec 181 flgnres.
PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN
80, Ha« et Passage Dauphins, 30
^à i-.*^ ^ ^
> ^ V - ^
-* -*v
i
'/
^ ■rfj
AVANT-PROPOS
La publication des études et des expériences faites en
vue de doter Tinfanterie de fusils à répétition n'a guère
commencé que vers 1880. La période de discussion et
de tâtonnement (1) peut être considérée comme termi-
née aujourd'hui dans presque toutes les armées euro-
péennes. En effet, celles-ci ont adopté, plus ou moins
récemment, des modèles de fusils différents quant à la
forme ou aux détails, mais ayant au fond le même but :
permettre d'emmagasiner dans l'arme un certain
nombre de cartouches pouvant être tirées avec une
extrême rapidité dans les moments critiques du combat.
L'adoption des armes à répétition a été retardée,
pour un certain nombre de puissances, parce que la
question des calibres très réduits est venue s'y greffer
et que celle-ci ne pouvait recevoir une solution com-
plète qu'après la découverte d'une poudre convenable,
ne produisant pas d'effets brisants et ne laissant pour
ainsi dire pas de résidus. C'est faute d'avoir trouvé des
poudres de ce genre, désignées généralement sous le
nom de poudres sans fumée, que certaines armées ont
dû tarder à renouveler leur armement; en outre, la
question de réduction du calibre, soulevée de nouveau
tout récemment, n'a pas dit son dernier mot.
Il nous a semblé qu'il serait aussi intéressant qu'op-
(1) Voir notamment : Les Fusils à répétition, par J. Bornecque, capitaine
au 1^' régiment «lu génie. Cet ouvrage a été publié par la librairie Baudoin,
en quatre parties parues à partir de 1883.
VI AVANT-PROPOS.
portun de résumer et do coordonner les éléments fort
nombreux et très variés qui ont été publiés sur la ques-
tion, qui peut être considérée comme entièrement réso-
lue, mais qui n'a pas encore été présentée d'une ma-
nière complète dans son état actuel.
Nous ne reprendrons pas, dans le présent ouvrage,
l'historique détaillé de l'armement portatif, de même
que nous n'entrerons pas dans une discussion appro-
fondie au sujet des divers systèmes qui ont prévalu.
Nous serions ainsi entraîné trop loin, sans utilité réelle,
bien que la diversité des modèles adoptés prouve que
chacun a ses avantages et ses inconvénients. Mais, pour
permettre de suivre toutes les explications qui seront
données, il nous a paru nécessaire de faire un exposé
succinct des phases qu'a traversées cet armement pour
arriver à son développement actuel. Nous étudierons
ensuite sommairement les conditions que doit remplir
actuellement une arme à feu portative; cette partie sera
suivie de la description des diiBFérents modèles consti-
tuant l'armement des diverses puissances, en insistant
naturellement sur celui de notre armée.
La question des munitions aiBFérentes aux diverses
espèces d'armes sera également examinée, ainsi que
celle de leur ravitaillement sur le champ de bataille.
Nous serons amené aussi à dire quelques mots de l'in-
fluence que les armes à répétition et les poudres sans
fumée peuvent exercer sur la tactique.
Enfin, il nous a paru que cette étude ne serait pas
complète, si nous n'y ajoutions quelques indications
sur les armes à feu portatives autres que les fusils
(carabines, mousquetons, revolvers) qui se trouvent
encore en service.
LES
/
ARMES A FEU PORTATIVES
DES ARMÉES ACTUELLES
ET LEURS MUNITIONS.
CHAPITRE PREMIER.
HISTORIQUE DES ARMES A FEU EN GÉNÉRAL.
Espèces d'armes portatives. — On désigne, sous le nom
d'armes portatives, les armes offensives qui peuvent être
portées et maniées par un seul homme.
Elles se divisent en deux grandes classes : 1° les armes
de main, appelées plus communément armes blanches
(épée, sabre, baïonnette, etc.); 2» les armes de jet, ou armes
à feu, servant à lancer des projectiles (fusil, carabine, mous-
queton, revolver, etc.). Le fusil, ou toute autre arme de
jet, quand on lui adapte une baïonnette, devient une arme
cChast, c'est-à-dire destinée à agir à une certaine distance
par la pointe.
A.vant d'arriver à leur forme actuelle, les armes à feu
portatives ont passé par une série de transformations, qu'il
est intéressant de connaître pour se rendre bien compte des
progrès accomplis et de l'état actuel de la question.
Il en est de même de la cartouche, qui est la réunion de
la charge et de la balle au moyen d'un étui, en vue d'accé-
lérer le chargement. En effet, la cartouche a souvent pré-
cédé et d'autres fois suivi les modifications successives des
armes à feu portatives, auxquelles son développement est
intimement lié.
Canon à main. — La première application de la poudre
aux armes à feu portatives n'eut réellement lieu qu'au
commencement du xiv^ siècle, sous le nom de canon à
1
ARMES A FEU PORTATIVES.
lïiain. Celui-ci, porté et tiré par un ou deux hommes,
lançait des balles à feu et se composait du canon et d*un
alTût. On le trouve désigné à Bologne, en 1397, sous le nom
de sclopo, d'où est venu le mot escopetlc (fïff. 1).
Fig. r
Coulevriae à main. * L'adoption de coulevrines pour
rartillerie amena à en faire une réduction pour servir
d*arme portative. Le tube et Taffût ou volée, qui consti-
tuaient le canon furent réunis sous la dénomination de
coulevHne à main. Toutefois, le recul considérable pro-
duit par le tir (ie cette arme ne permettait pas de la tirer à
l'épaule. Pour s'en servir, on fixait dans un piquet la tige
])Ointue dont sa partie antérieure était munie; pour la
tirer, un homme la pointait, tandis qu'un deuxième y
mettait le feu au moyen d'une mèche {fig, 2). Elle pesait
de :20 à 30 kilogrammes.
Fig. 2.
Pour rendre la coulevrine plus maniable, on s'avisa,
vers la fin du xv« siècle, d'en allonger la crosse de façon à
permettre de la servir par un seul tireur, qui appliquait
l'arme contre le plastron de la cuirasse pour résister au
recul. On appela cette arme péirinal ou poîtrinal, mais
■s^^
Fig. 3.
elle était trop lourde (8 kilogrammes) et trop incommode
pour réaliser le but poursuivi. On songea alors à munir le
fantassin d'un bâton ferré, nommé fourquine, qu'il plantait
en terre et sur la fourchette duquel il appuyait le bout du
CHAPITRE I". 3
canon pour tirer. Il y eut également des coulevrines à
cheval, et la fourquine était alors fixée au pommeau de
la selle {fig. 3).
Arquebuse, mousquet. — Mais les armes précédentes,
fort lourdes et peu pratiques, n'avaient ni portée ni jus-
tesse, et leurs défauts, joints au dédain que l'on éprouvait
en France au début pour ces sortes d'armes, qui semblaient
trop brutales et peu chevaleresques, expliquent l'infériorité
dans laquelle resta trop longtemps notre infanterie sous ce
rapport. Il convient d'ajouter que les engins que nous
venons de citer n'étaient pas réellement des armes por-
tatives.
Cependant divers moyens n'avaient pas tardé à être em-
ployés pour remédier aux inconvénients signalés. On y
parvint d'abord au moyen de Varquebuse, qui présentait
un double avantage : 1<> la crosse avait été améliorée de
manière à pouvoir être appliquée à l'épaule, lo canon
restant à hauteur de l'œil; 2» une platine, d'abord à. ser-
pentin et à mèche (fig. 4), puis à rouet (1) [fig. 5), per-
Fig. 4. Fig. o.
mettait de mettre le feu mécaniquement, sans l'inter-
médiaire de boute- feu, à du pulvérin (poudre très fine)
contenu dans un bassinet, celui-ci communiquant avec la
charge de poudre placée à l'intérieur du canon par un
canal ou pertuis de lumière.
L'arquebuse fut tout d'abord perfectionnée par les Espa-
(1) L'arquebuse à rouet fut inventée dès 1515 par un armurier de Nurem-
berg.
ARMES A FEU PORTATIVES.
gnols, ainsi que lo mousquet, qui difTérait de cette dernière
par la forme de la crosse, presque droite» au lieu d*étre
recourbée. C'est ce qui explique la supériorité des Espa-
gnols sur les Français ù la bataille de l^avie (loâo), où les
premiers firent usage de mousquets et d'arquebuses dans
des proportions assez grandes. Aussi, en 1530, Tarquebuse
à mèche (fig. 6), du calibre âO à 22, fut adoptée comme
Fig. 6.
armement d^une partie de Tinfanterie française, et, en
1572, le mousquet pour un certain nombre de cavaliers qui
prirent le nom de mousquetaires. Ce mousquet, rendu
assez léger pour supprimer la fourquine, tirait une ballo
ronde de 12 à 16, double de celle de l'arquebuse, et avait
une plus grande portée, ainsi qu'une plus grande force de
pénétration. On l'employait également, mais avec une four-
quine, pour la défense des places.
Pistolet. — L'arquebuse et le mousquet à mèche de-
meurèrent jusqu'à la fin du xvii® siècle les seules armes
portatives en usage dans l'armée française. Pendant long-
temps, et cela probablement à cause de leur prix élevé, les
armes à rouet ne furent employées en PYance que comme
armes de luxe ou de chasse. Mais, dès la fin du xvi^ siècle,
en vue d'alléger le mousquet comme arme de la cavalerie,
on adapta la platine à rouet au pistolet, d'origine italienne,
sorte de mousquet très court et
de petit calibre, permettant de
tirer à bras tendu.
Le pistolet, d'abord adopté par
les cavaliers allemands (reitres),
ne tarda pas à être admis pour
l'armement des gendarmes fran-
çais, et notre armée eut des pistoliers. Peu à peu il devint
l'arme â feu des officiers ou des cavaliers qui n'en avaient
CHAPITRE I«'. 5
pas d'autre, et il fut employé dans ces conditions, avec
des perfectionnements notables, jusqu'à Tad option des revol-
vers {flg. 7).
Fusil à pierre. — Vers 1630, apparut Te fusil à pierre ou
à szleœ, auquel l'invention de la platine à silex donna
naissance. Dans cette dernière (fîg. 8), le chien, portant une
pierre à feu, s'abat, par le* jeu
d'une détente et l'intermédiaire
d'une noix, sur la batterie qui
recouvre le bassinet contenant la
poudre d'amorce. Cette arme
{fig. 9) n'inspira d'abord aucune
confiance, car, avant de l'adopter
en France, on fit employer aux ^'^ ^*
troupes de Louis XIV le mousquet - fusil , imaginé par
Vauban, et qui était une sorte d'arme intermédiaire réu-
nissant les deux modes de mise de feu : la mèche et 16 silex.
Cartouche. — L'invention de la cartouche remonte au
milieu du XVP siècle. Jusqu'alors, le chargement se faisait
par la bouche, le soldat plaçant l'arme entre ses pieds et
versant d'abord la charge de poudre dans le canon, puis y
introduisant une balle sphérique, qu'il bourrait avec une
baguette en bois. La poudre, les balles et le pulvérin
d'amorce étaient portés séparément dans des appareils peu
pratiques {fourniment, bandoulière), qui furent remplacés
par des cartouches en papier, renfermant à la fois la poudre
et la balle, et qui étaient placées dans des gibernes. Pour
charger, le soldat déchirait avec les dents le papier du
côté opposé à la balle, portait la cartouche à la bouche du
fusil, la retournait brusquement et l'enfonçait à l'aide de la
baguette. Le chargement de l'arme fut ainsi notablement
accéléré, mais l'infanterie française ne reçut la cartouche
qu'en 1640.
Emploi de la baïonnette. — Pour transformer le fusil en
arme d'hast, on commença par introduire dans la bouche
du canon une tige en bois terminée par une pointe en fer,
de sorte que, lorsque la baïonnette était au bout du fusil,
il n'était plus possible de tirer. L'invention de la baïonnette
de Vauban, coudée et munie d'une douille creuse en fer,
ARMES A FEU PORTATIVES.
avança l'adoption du fusil à pierre qui, sur la proposition
de l'illustre ingénieur, fut admis en 1703 comme arme
unique pour Tinfanterie {flg. 9), dont la pique, devenue
sans objet, fut dès lors supprimée. A partir de cette époque,
Fig. 9.
sauf la différence des modèles (1), l'armement de l'infan-
terie est resté constitué à peu près comme il l'était.
Autres améliorations. — Pendant un certain temps, on
n'apporta guère aux armes à feu portatives que des modi-
fications de détail. La baguette en bois fut remplacée par
une baguette en fer, puis en acier, en forme de poire. Les
garnitures reçurent la forme qu'elles ont à peu près au-
jourd'hui.
Frédéric II adopta pour les grains de lumière une forme
tronconique, permettant à la poudre versée dans le canon
de passer en partie dans le bassinet, ce qui dispensait de
l'amorcer. Le soldat prussien pouvait arriver ainsi à tirer
six coups par minute, tandis que le soldat français n'en
tirait que la moitié.
On adopta en 1777, un nombre de modèles d'armes à feu
(dit système 1777) (2), avec lesquelles nos troupes firent les
guerres de la Révolution.
Des perfectionnements successifs amenèrent les modèles
de l'an IX (1801), puis, après les guerres de l'Empire, les
(1) On entend par modèle d'arme l'ensemble des dispositions adoptées pour
nne arme particulière et prescrites rigoureusement par des tables de construc-
tion, de manière que toutes les armes d'un même modèle soient identiques.
Le modèle se désigne par Tannée de son adoption. C'est ainsi que le fusil
adopté en 1886 est le fusil modèle 1886.
(2) On donne le nom de système à l'ensemble des armes caractérisées par
une ou plusieurs dispositions essentielles qui leur sont communes. Le système
prend le nom de la disposition caractéristique (à percusfion, à aiguille, à répé-
tition, etc.), ou celui de l'inventeur (Cfiassepot, Gras, Mauser, Mannlicher, etc.)
CHAPITRE I^'. 7
modèles 1816 et 1822, qui ne comportaient guère que des
modifications de détail.
Armes à percussion. — Cependant Tinvention des poudres
et des capsules fulminantes, attribuée à Tarquebusier an-
glais Joseph Eggs (1818), en ayant pour conséquence la
diminution sensible du nombre considérable des ratés pro-
duits par les fusils connus jusqu'alors, amena l'adoption des
armes à percussion^ dans lesquelles l'inflammation de la
poudre de la charge est produite par le fulminate d'une
capsule placée sur une cheminée et écrasée directement par
le choc du chien agissant à la façon d'un marteau.
L'application pratique de ce procédé ne se traduisit dans
l'armée française qu'assez tard, par l'adoption des armes
modèles 1840 et 1842. Enfin les derniers fusils lisses en
service dans notre infanterie furent ceux du modèle 1853,
qui ne difiéraient que fort peu des précédents. Il convient
d'ajouter que, dans ces trois modèles, on augmenta le
calibre, qui fut porté de 17«»™,7 à 18™™, ainsi que le dia-
mètre de la balle sphérique, qui alla de 16™™,3 (balle de
26 grammes) à 17™™ (balle de 29 grammes). Cependant les
ratés étaient encore assez nombreux; en outre, la portée
et la justesse étaient loin d'être satisfaisantes.
Armes rayées. — Pour remédier à ces inconvénients, on
songea dès 1826 à revenir à Tusage des rayures j imaginées
en Allemagne dès la fin du xv« siècle, mais qu'on n'adopta
pas alors à cause de la lenteur du chargement, qui en était
la conséquence et qui exigeait un maillet. On désignait
même sous le nom de carabines ou d'armes caraMnées
toutes les armes rayées qui servirent pendant un temps
très court à la cavalerie vers la fin du XVII® siècle.
De 1826 à 1846, on essaya en France diverses espèces de
carabines rayées, tirant la balle sphérique avec forcement
{systèmes Delvigne, Pontcharra), La balle allongée {sys-
tèmes Minier Thouvenin) avait fait son apparition en 1846 ;
mais avec le calibre de 18™™, qu'on avait voulu conserver,
la balle devait atteindre un poids allant jusqu'à 48 grammes,
de sorte que, pour atténuer la vitesse du recul, on était
obligé de réduire sérieusement la charge.
Malgré cette réduction de la charge, le forcement de la
balle dans les rayures et sa forme allongée eurent pour ré-
8 ARMES A FEU PORTATIVES.
saltat d'augmenter la portée et la précision du tir; ce for-
cement avait lieu par expansion du projectile. (Test pour-
quoi l'infanterie de la garde reçut un fusil rayé en 1834, et
l'on décida, en 1857, que toutes les armes à feu lisses en-
core en service porteraient quatre rayures et tireraient
une balle cylindro-conique, allongée et évidée, dite balle
expansive. Il est vrai qu'alors les troupes d'élite eurent le
monopole de la hausse. Les autres troupes, pour tirer à
400 et à 600 mètres, devaient viser par l'articulation du
pouce gauche ployé ou par le sommet de l'ongle du même
pouce complètement levé.
Le calibre d'ailleurs ne fut pas modifié, et les Cent-Gardes
seuls reçurent, en 1854, un fusil de 9™™ {système Treuille
de Beaulieu) tirant, avec une charge de 4 grammes, une
balle de 12 grammes à la vitesse initiale de 547 mètres.
Armes se chargeant par la culasse. — Mais on n'a obtenu
des conditions de justesse et de portée réellement bonnes
qu'avec le chargement par la culasse, qui a permis égale-
ment la réduction du calibre.
L'idée de ce mode de chargement remonte à 1540, mais
on dut renoncer bien vite à cette disposition, parce qu'on
ne trouva pas en même temps le moyen de fermer suffisam-
ment toute issue aux gaz du côté de la culasse. Des armes
de ce genre furent employées en France à diverses époques
sous le nom de : amuseite du maréchal de Saxe, fusil de
Montalembert, fusil de rempart, fusil de Vincennes, etc.,
mais sans être généralisées et sans présenter des garanties
suffisantes.
Toutefois les améliorations réalisées sous ce rapport
permirent à l'Allemagne d'adopter, dès 1841, le fusil à
aîç;uîlle Dreyse pour l'armement de son infanterie. Mais il
ne fallut rien moins que l'expérience des guerres du Dane-
mark (1864) et de l'Autriche (1866), dont les succès rapides
furent dus en grande partie à ce fusil, pour amener la
France à adopter une arme de ce genre.
Le chargement par la culasse augmente sensiblement la
rapidité du tir, en rendant plus simples et moins nombreux
les mouvements de la charge et en permettant l'emploi
d'une cartouche complète, qu'il n'y avait plus besoin de
déchirer. 0^ ce fut précisément cette rapidité du tir qui
CHAPITRE 1°'. 9
fit hésiter sur l'adoption de ce mode de chargement, en
raison du gaspillage possible des munitions.
Mais, après Sadowa, on reconnut la nécessité de pro-
céder à des expériences ayant pour but d'aboutir à l'adop-
tion d'une arme se chargeant par la culasse. Un grand
nombre de modèles d'armes de ce genre furent expéri-
mentés, parmi lesquelles- on arriva rapidement à ne re-
tenir que celles présentées par MM. Vieillard et Manceauœ
et par le contrôleur d'armes Chassepoty ayant toutes deux
un système d'obturation plus parfait que 'celui du fusil
Dreyse. Le système Chassepot ne tarda pas à être adopté
et à constituer, sous le nom de modèle 186:>5 l'armement
de l'infanterie française. Des carabines et des mousquetons
du même modèle et tirant la même cartouche du calibre de
Ijmm^ furent adoptés en même temps. On transforma (1) en
outre, en 1867, les anciennes armes en armes se char-
geant par la culasse, au moyen du système de fermeture dit
à tabatière, dont il sera question plus loin.
C'est avec les armes modèles 1866 et 1867 T, qui valaient
largement celles de nos adversaires, que nous avons fait la
guerre de 1870-71. Celle-ci mit en évidence leurs défauts
généraux suivants : encrassement du canon et du méca-
nisme; nombreux ratés; départs prématurés; manque de
solidité des cartouches de papier employées; poids trop
élevé du sabre-baïonnette, etc.
La plupart de ces inconvénients tenaient : 1® au mode
d'obturation, qui était relié au mécanisme de fermeture,
parce que le canal donnant passage à l'aiguille s'encrassait
facilement et rendait promptement tout fonctionnement im-
possible; 2» à la cartouche combustible, qui se détériorait
rapidement et dont l'amorce mal placée amenait de fré-
quents ratés.
L'adoption d'une cartouche métallique, constituant un
système d'obturation relié à la cartouche, permit de remé-
dier à la plupart des défauts signalés. Mais l'emploi de
(1) Dans les modèles d'armes transformées, on fait suivre de la lettre T le
millésime de l'année de la transformation. Ainsi les armes transformées pour
le chargement par la culasse du système à tabatière, sont désignés sous la ru-
brique fusils modèle 1867 T. On a joint aussi parfois la date de la transfor-
mation à celle du modèle primitif. Ainsi le fusil modèle 1866 est devenu le
fusil modèle 1866-74, après avoir été transformé d'après le système Gras.
10 ARMES A FEU PORTATIVES.
cette cartouche ne pouvait avoir lieu qu'en apportant de
sérieuses modifications au fusil modèle 1866; de plus, pour
ne pas rester désarmé pendant la période de transforma-
tion, on se décida à rechercher un système nouveau tirant
la cartouche métallique et pouvant s'appliquer à la trans-
formation des armes modèle 1866. C'est alors que fut
adopté le système présenté par le capitaine d'artillerie Gras,
sous le nom de fusil modèle 1874 pour les armes neuves,
ou 1866-74 pour les armes transformées. Les deux modèles
constituaient des armes excellentes pour l'époque, et elles
sont encore en service provisoirement dans l'armée fran-
çaise pour des cas déterminés.
Armes portatives des puissances étrangères. — Le déve-
loppement des progrès successifs de l'armement, chez toutes
les grandes nations militaires a passé à peu près par les
mêmes phases qu'en France, quelquefois en précédant celle-
ci, souvent en la suivant. Nous avons indiqué d'ailleurs en
passant les points essentiels constituant la quote-part de
l'étranger dans les modifications survenues. Il est au surplus
bien évident que les puissances, ayant tout intérêt à ne pas
se laisser dépasser sous ce rapport, ont nécessairement
suivi avec la plus grande attention les progrès réalisés par
d'autres, afin de posséder un armement au moins égal,
sinon meilleur. Pourtant, la Prusse, en adoptant le fusil
à aiguille Dreyse, dès 1841, eut pendant un certain temps
une avance considérable sur les autres nations.
Mais les avantages des fusils de calibre réduit et à char-
gement par la culasse, ayant été rendus évidents par la
guerre de 1870-71, les diverses puissances procédèrent
alors sans tarder à la transformation ou au renouvelle-
ment de leur armement, afin de le mettre en état de ré-
pondre aux conditions qui venaient de s'imposer.
Le tableau ci-après résume et groupe les données géné-
rales concernant les fusils adoptés par les diverses armées
européennes dans cette période, qui d'ailleurs ne fut pas
de longue durée, car les fusils à répétition ne tardèrent
pas à s'imposer, ainsi que nous le verrons.
•,lïli.lU. «6ÏJ.1*
é l %1%%1%%%%%'^lt
~
1 -Bl'iM
^ S S i^
s s s s s s
s fi f? ;?
H l l'IOUplOd
" ïï S î!
5 3 S 5 S S
D ) ■"lï'n'ia
B =. '. =
o S 5 S S S
1 =■ o- = f
< il ■■'"'"^■"'T
i s" S K
o „ , S ^. e
S S S a sî S
s s g V. s
f "'pr'd
s a ?; g E s
£ s' a s s
y ■*=-">!» 1-1 "P
d s s 8
s s s s s s
s s g s fi
. 1 -"d
i g. S S
s î: ê s e g
s g s, s s
g / -jBopnDjojd
i s. E. s
s s s s s s
s s 2 5 SI
5 i -...n^^BT
a a . 3
s s g s s 2
s s r s s
\ -«imoK
-^ - =,
-l-.AOO-.-1-I.-tD^S-r
, 1 --r-
i s e
° i £* 1 g ' g ■:! ' ■ g
i s 1 3 1 i î 1 1 ■ 1 s -3
,,,,„
^ s. 5. s, s. 3. 8 8 3 a S S. =, = S
si '«i^^^m""
,• 5 1 s 3 5 5 1 8 1. 1 î. . S 1
= 1 s \ i. 5, s s. s. ! 1 S s S i
d ■■'--"■
5 5 s, i. 3 i 5 1 i î ! S. . S S.
'S .„..„.„.
i i. s S S =. É. i 3 S. « i, î 8 g
1 . j
-c -es-; <■'< ^-t"" <"■'<■<
1 1
1 -
JJIiî!l:ilJjîl
BSSKSSS SSEKHP
i
ilifliiiijjiii
12 ARMES A PEU PORTATIVES.
L'examen du tableau précédent fait ressortir que,
depuis 1870 et jusqu'à l'adoption des armes à répétition,
les diverses puissances avaient des fusils à peu près iden-
tiques comme calibre, comme poids, comme puissance
balistique et comme vitesse de chargement, à Texception
de la Suisse qui avait adopté, dès 1869, un fusil à répéti-
tion dont il sera question plus loin.
Le fusil français mod. 1874 occupait d'ailleurs l'un des
meilleurs rangs, sinon le meilleur, parmi toutes ces armes,
au point de vue de la simplicité du mécanisme, du poids, de
la solidité et de la justesse du tir.
La Grèce avait un fusil du système Gras; le Portugal et
la Turquie, un fusil Martini-Henry.
Nous ne ferons que mentionner les fusils des anciens
modèles qui, employés alors pour les troupes de réserve ou
de deuxième ligne, ont été remplacés à leur tour par les
armes indiquées dans le tableau précédent. Tels sont les
fusils Dreyse et Werder en Allemagne, Enâeld-Snider en
Angleterre, Wànzl et Werndl en Autriche, Albini-Brœndlin
en Belgique, Carcano en Italie, Karl en Russie, Peabody et
Milbank-Amsler en Suisse et Chassepot en France. Toutes
ces armes, destinées à l'armement des troupes de réserve,
sont devenues sans emploi après l'adoption des armes à
répétion qui, dans ces dernières années, sont venues rem-
placer celles que nous avons indiquées dans le tableau
précédent et qui à leur tour constituent, pour la plupart,
l'armement des troupes de deuxième ligne.
Nous aurons d'ailleurs à revenir sur la plupart des armes
précitées en parlant des divers systèmes de fermeture de
culasse. Nous nous bornerons à donner ici quelques indica-
Fig. -10.
tiens générales sur le fusil mod. 1866, dit chassepot, qui a
été le précurseur du fusil modèle 1874. La figure 10 repré-
sente la disposition d'ensemble du fusil mod. 1866, dont
la figure 11 donne la coupe du mécanisme. L'aspect général
CHAPITRE II.
est sensiblement le même que celui du mod. 1874 et le
mécanisme lui-môme ne diffère que fort peu de celui de ce
dernier modèle, auquel nous renvoyoi
paraison.
: pour faire la com-
HIST0R1QUE DES ARMES A RÉPÉTITION.
A peine les diverses armées européennes venaient-elles
d'adopter les armes se chargeant par la culasse les plus
perfectionnées, que la guerre de sécession des États-Unis
(1861-65) et la dernième guerre d'Orient {1877-78) mirent
en évidence les propriétés importantes et caractéristiques
des fusils à répétition.
Comme on le sait, ces armes ont pour effet d'augmenter
la rapidité du tir à des moments déterminés, en diminuant
le temps nécessaire au chargement par le moyen de maga-
sins chargés d'avance, qui suppriment pour un nombre
restreint de coups le mouvement de mettre la cartouche
dans le canon.
L'idée première de ce genre de tir est fort ancienne et
elle a été réalisée de bien des manières, mais, jusqu'à ces
derniers temps, toujours dans des cas particuliers et jamais
d'une façon pratique. Cela tenait surtout au système d'ob-
turation imparfait et à l'emploi de cartouches non métal-
14 ABMES A FEU PORTATIVES.
liques pour le magasin. Aussi l'adoption de ces dernières
fit-elle avancer à grands pas la question des armes à répé-
tition.
Dès 1862, les troupes de TUnion employèrent un certain
nombre de fusils Spencer, avec magasin dans la crosse;
c'est la première expérience pratique d'une arme à répé-
tition en campagne. Vers la fin de cette guerre, des corps
entiers étaient armés de fusils à magasin, qui existaient
au nombre de 100,000, tant du système Spencer que des
systèmes Henry et Henry- Winchester.
Dans la dernière guerre d'Orient, les Turcs surent tirer
un excellent parti des 45,000 fusils et des 45,000 carabines
Henry-Winchester dont ils disposaient. Pour la défense des
retranchements, notamment au siège de Plewna, les sol-
dats turcs faisaient usage, aux distances rapprochées, de
ces armes qui pouvaient contenir jusqu'à 13 et 16 cartou-
ches, et, ayant à côté d'eux des approvisionnements suffi-
sants de munitions, ils parvinrent toujours à paralyser
l'attaque rapprochée des Russes. En ce cas, les Turcs ont
plutôt obéi à un instinct qu'à des règles raisonnées, en
utilisant les portées extrêmes de ces armes et leurs
grandes ressources en munitions.
La Suisse est la première puissance européenne qui ait
admis un fusil à répétition pour l'armement de son infan-
terie, le fusil mod. 1869 du système Vetterli; mais son
exemple ne fut pas suivi immédiatement, sans doute en
raison de l'aptitude particulière au tir que les Suisses ont
toujours montrée. Toutefois, aussitôt après la guerre de
1877-78, des expériences furent entreprises dans toutes les
puissances avec des armes à magasin des systèmes les plus
variés, que les inventeurs ne manquèrent pas de présenter.
Il est à remarquer d'ailleurs que, comme on l'avait fait
pour le chargement par la culasse, on discuta longtemps
l'opportunité du tir à répétition et les avantages qu'il pou-
vait procurer. La question de complication du mécanisme,
du gaspillage de munitions (plus à craindre encore qu'avec
le chargement par la culasse), fut mise en regard de l'avan-
tage d'une rapidité plus grande du tir à un moment donné,
et l'on fit ressortir que l'on n'était pas même sûr d'obtenir
cette rapidité au moment opportun, attendu que rien ne
pouvait garantir que l'homme n'aurait pas tiré inutilement
CHAPITRE II. 15
auparavant les cartouches du magasin, et que Ton ne
songeait pas encore alors à adopter une arme ne se char-
geant qu'à magasin.
La question de calibre ne fut pas non plus mise en ques-
tion dès le début, car, en combinant les divers éléments à
faire entrer en ligne de compte à ce sujet, on arrivait à
Tadoption du calibre de 11°»°* environ. Il restait d'ailleurs
bien d'autres points à élucider.
La rapidité plus grande du tir ayant produit des pertes
plus considérables dans les dernières gif erres, on pouvait
se demander si la vitesse des feux n'en diminuerait pas la
qualité. Les expériences faites à ce point de vue ne furent
pas précisément concluantes. Il semble pourtant logique
d'admettre le principe, puisque le système à répétition
permet d'activer le tir, non parce qu'on a moins le temps
de viser, mais parce qu'on supprime certaines opérations
du chargement. On a constaté, au surplus, que les balles
étaient mieux groupées dans ce tir, dans lequel le tireur
ne perd pas de vue l'objectif à viser. Enfin il est des cas où
l'emploi des armes à répétition présente des avantages
incontestables, notamment pour la défense des positions,
pour la préparation de Tassant, lorsque Tobjectif sur lequel
on doit tirer n'est pas visible longtemps, comme une troupe
de cavalerie au galop, etc.
Il y avait lieu de rechercher ensuite le meilleur modèle
d'arme à répétition, car il en existait de nombreuses variétés
dès 1871. Sous ce rapport, chaque puissance a résolu le
problème à sa manière et a adopté un modèle différent,
d'abord pour faire mieux que ses voisins ou pour ne pas
les imiter, ensuite parce qu'on n'a pas envisagé partout la
question de la même manière. Pourtant, il y a eu unani-
mité à rejeter le palliatif constitué par les chargeurs (1),
qui n'augmentent que de fort peu la rapidité du tir et n'ont
pour ainsi dire que l'avantage d'être économiques.
Quoi qu'il en soit, au début, l'adoption du fusil à répé-
tition ne rencontra nulle part un accueil enthousiaste. On
ne lui reconnaissait, pour ainsi dire, qu'un avantage moral,
(1) Ce sont des espèces de cartouchières perfectionnées, ayant pour but une
meilleure disposition des cartouches et une facilité plus grande pour le soldat
de les avoir sous la main pour le chargement.
I6 ARMES A FEU PORTATIVES.
car un adversaire armé du fusil ordinaire n'aurait pas
manqué d'être ou de se croire en état d'infériorité en
présence d'un ennemi armé d'un fusil à répétition.
C'est pourquoi, aussi longtemps que les principales
armées européennes conservèrent leurs fusils non à répé-
tition qui, ainsi que nous l'avons vu, pouvaient passer pour
être de valeur sensiblement égale, l'équilibre n'était rompu
en faveur ou au détriment d'aucune d'elles. De plus, avant
de se lancer dans la fabrication d'une arme nouvelle, il
y avait lieu aussi de considérer la question de dépense
assez considérable qui devait en résulter.
Ces diverses considérations contribuèrent à maintenir le
statu quo jusqu'en 1884, car l'adoption d'un fusil à répé-
tition système Vetterli par la Suisse en 1871 et en 18T9, du
système Kropatschek en 1878 pour la marine française, du
système Frûhwirth pour la gendarmerie en Autriche dès
1881, du système Jarmann par la Suède en 1882, ne consti-
tuait qu'un emploi partiel du principe de la répétition,
appliqué à des cas particuliers ou à des armées peu nom-
breuses.
Mais lorsque, en 1884, l'Allemagne se fut décidée à
transformer son fusil mod. 1871 en Mauser à répétition
mod. 1871-84, les autres puissances se trouvèrent dans la
nécessité de hâter leurs études en cours sur le choix d'un
nouvel armement pour leur infanterie.
En France, on transforma dès 1884 un certain nombre de
fusils mod. 1874 en fusils à répétition, sous le nom de fusil
mod, 1884 ou de phâtellerault; on continua la même opé-
ration en 1885 par une autre transformation, qui n'était
qu'une modification de la précédente, et l'arme qui en ré -
sulta reçut le nom de fusil mod, 1885. Ces deux fusils con-
servaient le calibre de 11°^"^ et, comme ils n'ont pas été mis
en service, nous nous bornerons à dire que leur genre de
magasin et leur mécanisme de répétition ressemblaient sen-
siblement à celui du fusil mod. 1886, en renvoyant pour le
surplus aux indications du tableau ci-après. Ils furent
d'ailleurs remplacés presque aussitôt par le fusil mod.1886.
L'Autriche adopta eu 1886 un fusil du modèle Mannli-
cher, du calibre de limm^ dont la fabrication fut arrêtée en
1888, pour prendre un fusil du même système, mais du
calibre de 8°»'".
CHAPITRE II. 17
La Hollande transforma, en 18B8, son fUsil de Beaumont
en arme à répétition, en le disposant pour recevoir une
boite-cliargeur au moyen du procédé indiqué par le major
italien Vitalis, mais en conservant son calibre de H""".
L'Italie a procédé à la môme transformation en 1887,
pour son fusil Vetterli à un coup, dont le calibre de 10""° 4
a été conservé.
Mais, comme nous le verrons plus tard, les deux trans-
formations précédentes ne constituent qu'un palliatif, en
attendant la solution des études qui se poursuivent en vue
de trouver les poudres qui conviennent pour l'adoption de
fusils de petit calibre.
En Suisse, le Vetterli primitif subit des modtâcatioQs et
des transformations telles qu'il n'en restait que les grandes
lignes.
Le fusil Vetterli primitif (/îj;. 12) est une arme à verrou,
du calibre de 10°"^ 4 à 4 rayures ; un tube-magasin dans le
Fig. 18.
fCtt renferme li cartouches ; une 12" peut être placée dans
l'auget de répétition et une IS* dans la chambre. La
culasse mobile a une rainure soua le cylindre, pressant
par ses extrémités sur un levier coudé qui soulève ou
abaisse verticalement l'auget qui amène les cartoucbes-
Le tableau ci-après résume les principales données con-
cernant les fusils à répétition adoptés avant la réduction du
calibre et dont plusieurs sont encore en service; il donne
les mêmes indications pour les modèles de transformation
de fusils à un coup adoptés en attendant par l'Espagne et la
Suède:
ARKES A FSU POBTATIVE3.
~
—
—
iiiiui iniuï
. .
-
„■
3
ï =
3
s
lî
= s
1
- s
s
s s ! 3
S =
1 -.^qt.*| .p
.■ a
s
S » S S
s s
"
'jnAlipiarf
- 3
S
!S
5 s ^ 1
" 5"
[ **"cl
1 a
' ï
S
1 i 1 1 1 I II
. î
S
t
. a ;
s
B
^
■-jflnioM
■jBwânoi
i •
s s =. Il
-wq!l"3
fl -=
= a S ,
= =
" S
— —
-
3- 2 =■- ::- • Il
■F
.„„„„,„ -„_^,
.S
= i
S . 1
- '
^^
. i
, §
1
ISIS 1 j II
-i
■MWBûii*!^"-
,• s
. S
S
i . 1
i »
3^
■„,«..„....
« ^-
. ^,
3
:- ■ ! 5 ! ^ 1
1 ^ I
5|
if^l
3
1
l.l
1 . 4 .
• s
i 4 1
Ë
ï ?
i
-
■^ -
=
III i
* j
•"
S
i
î
i i
1 1
1 1
H
i
i
i 1 .
i 1
ï 4
1 :
ïï
ÏÏ
1
5
1
J
JJ
1 1
CHAPITRE II. 19
Mais, si le problème de la transformation du fusil d'in-
fanterie en arme à répétition avait reçu, pour un certain
nombre des puissances indiquées ci-dessus, une solution
prompte, pratique et économique, et si celles qui avaient
adopté une arme nouvelle croyaient avoir résolu la ques-
tion pour longtemps, toutes ne tardèrent pas à reconnaître
que le problème était de nouveau remis en question lors-
qu'on eut trouvé les poudres dites sans fumée. On sait que
ces poudres, quoique très puissantes, ne sont pas trop vives,
aân de ne pas compromettre la résistance du canon et de
diminuer l'énergie du frottement; elles donnent une trajec-
toire plus tendue, c'est-à-dire une portée, une justesse et
une force de pénétration plus grandes, et par surcroît elles
ne produisent pour ainsi dire plus d'encrassement ni de
fumée.
Les poudres de ce genre permirent de réduire sensible-
ment le calibre des armes, et eurent pour conséquence de
mettre hors de conteste le principe de la répétition, fort
discuté jusqu'alors. Aussi, toutes les puissances s'empres-
sèrent-eiles d'adopter un fusil à répétition, même la Russie
qui s'était montrée la plus réfractaire à un armement de ce
genre, et, en outre, celles qui avaient déjà un fusil de
ce genre s'empressèrent d'en arrêter la fabrication, comme
TAutriche, ou d'adopter un nouveau modèle, comme l'Alle-
magne. Il ne s'agissait plus d'ailleurs de transformation,
mais de la construction d'armes absolument nouvelles.
Il est bien évident que les armes à répétition du calibre
de 11"*™ ou approchant ne constituaient pas un progrès bien
caractérisé, puisque les propriétés balistiques n'étaient pas
modifiées. Elles présentaient au contraire l'inconvénient
d'être plus lourdes, plus compliquées; l'emploi du magasin
et son chargement étaient souvent des opérations longues,
exigeant des mouvements spéciaux, de sorte que, dans un
tir prolongé, la vitesse du tir ne tardait pas à être infé-
rieure avec l'arme à répétition. Pour conserver le magasin
constamment chargé, on imposait au soldat une surcharge
de 300 ou 400 grammes, très sensible pour une arme qu'il
faut manier tout le long d'un combat. En outre, le calibre
n'étant pas modifié, non seulement les propriétés balisti-
ques restaient les mêmes, mais encore le nombre des car-
touches à faire porter par l'homme n'était pas augmenté.
20 AKMES A FKU PORTATIVES.
Dans ces conditions, i^adoption d'une arme à répétition était
plutôt une question de moral, question qui, comme nous
l*aYons vu, a une importance assez grande pour n'être pas
négligée.
Mais les conditions changent lorsque l'arme réunit au
système de répétition la réduction du calibre, car alors les
propriétés balistiques sont améliorées, le poids de Tarme
est diminué ainsi que celui de la cartouche, et, par suite,
l'homme peut porter un plus grand nombre de munitions,
dont le ravitaillement se trouve en môme temps facilité
d'une manière générale.
Il faut remarquer d'ailleurs que la réduction de calibre
constitue un avantage qui se fait sentir d'une manière per-
manente, tandis que la répétition ne s'exerce que par
à-coups. Le dernier mot sur la réduction du calibre, que Ton
croyait avoir abaissé au minimum à 8™"», n'est d'ailleurs
pas dit, car l'Italie vient d'adopter un fusil du calibre de
6""*,o, et rien ne prouve qu'on ne peut descendre encore
plus bas. Les expériences faites en Autriche avec un fusil
du calibre de 6™™,o ont permis de constater que la tension
de la trajectoire, la justesse du tir et la force de pénétra-
tion étaient plus grandes avec des carcouches de ce calibre,
et l'on doit prochainement faire des expériences avec des
fusils de 6™™ et même de 5"»™, 5, afin de savoir jusqu'à quel
calibre on peut descendre pour obtenir les propriétés balis-
tiques les plus avantageuses.
La cartouche a dû subir également quelques modifications
dans ses dimensions, afin de mieux remplir les conditions
voulues pour les armes nouvelles; il a fallu notamment
revêtir la balle d'une chemise d'un métal plus résistant que
le plomb, afin d'éviter l'emplombage et d'assurer une plus
grande force de pénétration.
C'est la France qui est entrée la première dans la voie de
la réduction du calibre, par l'adoption du fusil de 8"™ en
1886. résultat auquel elle a pu arriver dès lors par suite de
la découverte d'une poudre convenable, permettant de
résoudre dans des conditions satisfaisantes les divers points
qui avaient empêché jusqu'alors d'aboutir. Aussitôt après,
les autres puissances ont suivi son exemple et ont depuis
cette époque renouvelé leur armement portatif.
Il est évident d'ailleurs que, comme toute arme possible.
CHAPITRE Tir. 2i
le fusil à répétition présente des avantages et des inconvé-
nients, qui peuvent se résumer comme il suit :
Avantages. — Rapidité plus grande du feu, suppression
d'un travail mécanique à un moment critique. Avec le tir à
répétition, chaque cartouche du magasin peut être tirée en
2 secondes environ, tandis qu'il faut en moyenne 8 secondes
par coup dans le tir ordinaire.
Inconvénients. — Complication plus grande de l'arme,
arrêts dans le fonctionnement du mécanisme, déplacement
dans certaines armes du centre de gravité à chaque coup,
gaspillage possible des munitions, prix plus élevé, difficulté
d'entretien. De ces divers inconvénients, le seul sérieux est
l'incertitude du fonctionnement du mécanisme, et encore,
dans les modèles actuels, les enrayages sont excessivement
rares et il est facile d'y remédier. Les progrès de l'indus-
trie ont permis de diminuer le prix de revient et de simpli-
fier le mécanisme; la difficulté d'entretien est bien atténuée
et l'influence de la variation de poids n'est pas certaine,
Enfin, la diminution du poids de l'arme et des cartouches,
en permettant de faire porter un plus grand nombre de ces
dernières, rend possible une consommation plus grande de
munitions sans augmenter le poids porté par l'homme.
Néanmoins, la question du ravitaillement des munitions a
nécessité des mesures nouvelles, dont il sera parlé dans un
chapitre spécial.
CHAPITRE ni.
CONDITIONS A REMPLIR PAR LES ARMES A FEU PORTATIVES
ORDINAIRES.
Conditions générales. — Il est évident que la meilleure
arme à feu portative est celle qui a le plus d'efficacité,
attendu que seules les balles qui portent produisent un ré-
sultat utile. Or cette efficacité dépend : 1» de la justesse du
tir ; 2» de la puissance de pénétration du projectile à son
arrivée au but ; 3** de la rapidité du tir ; 4» de la facilité de
maniement de l'arme ; 5® du bon fonctionnement de l'arme ;
6<> de la qualité des munitions.
2^ ARMES A FEU PORTATH-ES.
Nous allons examiner saccessirement, arec quelques
détails, ces différentes conditions :
i^ Justesse du tir. — Il importe de ne pas confondre,
comme on le (ait souvent, le mot justesse avec précision.
La Justesse du tir se mesure par le nombre de balles
pour cent (le pour cent) mises dans une cible de dimensions
données. En supposant le pointage parfait, c'est-à-dire que
le tireur a bien pris les dispositions voulues pour diriger
Taxe de son arme sur le but, la justesse du tir dépend uni-
quement de la précision de Parme. Mais, comme il est rare
que le pointage ne soit pas plus ou moins défectueux, il faut
faire en sorte d'en atténuer les conséquences par des condi-
tions que nous indiquons plus loin.
La précision (Tune arme dépend non seulement du tracé
intérieur du canon et des rayures, mais aussi du mode
d'action de la charge, de la forme de la balle et de sa résis-
tance aux causes de déviation pendant son mouvement dans
le canon et dans Tair. Cette précision est donnée expéri-
mentalement à Paide de l'écart absolu moyen, en hauteur
et en direction, lequel dépend du groupement des coups au
point moyen. Pratiquement, on peut considérer comme
égaux, aux petites distances, les écarts moyens en hauteur
et en direction. C'est pourquoi Ton se borne souvent à
définir la précision par le rayon du cercle contenant la
meilleure moitié des coups et ayant son centre au point
moyen.
Les progrès considérables que Ton a réalisés récemment
sous tous les rapports, dans la fabrication des armes à feu
portatives, ne permettent guère d'espérer la réalisation de
perfectionnements bien sensibles sous le rapport de la pré-
cision.
D'ailleurs, tout en cherchant à accroître cette der-
nière, il ne faut pas perdre de vue que les améliorations
possibles à ce sujet sont pour ainsi dire insignifiantes en
regard des écarts bien autrement importants provenant du
manque d'instruction ou d'application des principes de la
part du tireur, de son défaut de sang-froid ou de sa fatigue,
enfin de l'emploi d'une hausse inexacte. Ainsi Ton a cons-
taté que, dans le tir à la cible, la précision d'une arme est
quatre fois moindre que dans le tir sur appui fixe. Il est évi-
CHAPITRE III. â3
dent qu^en campagne, cette précision sera bien inférieure
encore (1).
Il résulte des considérations précédentes que, dans le tir
de guerre, le pointage étant presque toujours imparfait, il
faut chercher à augmenter pratiquement la justesse du tir
autrement qu'en augmentant la précision de Tarme. Les
moyens généraux à employer dans ce but sont de deux
sortes : d'abord, alléger l'arme le plus possible, pour dimi-
nuer la fatigue du soldat, qui tirera ainsi d'autant mieux ,
mais surtout corriger les erreurs de hausse par la tension
plus grande de la trajectoire.
On sait que la trajectoire est la ligne décrite par le
centre de gravité du projectile pendant son trajet dans
l'air, sollicité par diverses causes, dont les principales sont
la force de projection développée par la poudre, la résis-
tance de l'air et la pesanteur; ce projectile décrit dans l'air
une courbe qui a sensiblement la forme d'une parabole. Une
trajectoire est d'autant plus tendue que la parabole a une
flèche moins élevée au-dessus de la ligne droite qui joint le
départ du projectile à son point d'arrivée. La tension de la
trajectoire dépend de la vitesse restante à chaque distance,
et une trajectoire sera d'autant plus tendue pour de petites
distances que la vitesse initiale (2) du projectile sera plus
grande, parce qu'alors le projectile a moins à subir l'in-
fluence des diverses causes qui le sollicitent.
Ainsi que nous l'avons dit, il faut bien admettre que,
dans le combat, la hausse sera toujours plus ou moins
erronée. Dans ce cas, la balle aura d'autant moins de
chance d'atteindre le but que la trajectoire viendra à
baisser plus rapidement. Donc, et sans qu'il soit besoin
d'insister, on comprend que la balle aura d'autant plus de
chance d'être efficace que la trajectoire sera plus rasante.
(1) Les évaluations relatives aux feux de guerre, par la comparaison des
tirs de polygone avec les tirs de guerre, donnaient comme indication générale
une diminution de dix fois la valeur des tirs à la cible aux grandes et aux
moyennes distances. Des .calculs, basés sur des faits, ont prouvé que cette esti-
mation est peut-être encore dix fois trop forte, car à Saint-Privat, dans des
circonstances tout exceptionnelles, le tir n'a donné un pour cent que de 2,2 .
(2) C'est la vitesse du projectile à sa sortie du canon. On l'exprime par le
nombre de mètres qu'il parcourrait pendant la première seconde de sa course,
si rien ne venait le ralentir.
24 ARMES A FEU PORTATIVES.
c'est-à-dire parcourra plus d'espace dans un même temps
sans descendre d'une quantité égale au but à atteindre.
On arrive à rendre la trajectoire plus tendue en augmen-
tant la vitesse initiale et en augmentant le coefficient balis-
tique.
Il est bien évident, en effet, que, en tirant sur un même
but un projectile donné avec deux vitesses initiales diffé-
rentes, l'angle de tir (1) à employer sera d'autant plus
grand que la vitesse initiale sera moindre ; par suite, la tra-
jectoire de la balle tirée avec la plus grande vitesse initiale
passera entièrement au-dessous de l'autre, et sera par consé-
quent plus tendue. Les nouvelles poudres, dites sans
fumée, ont amené un progrès sensible sous ce rapport, car
la vitesse initiale du fusil mod. 1874 n'était que de
450 mètres, alors que celle du fusil mod. 1886 est de
610 mètres, soit un tiers plus forte. Il en est résulté que la
portée du but en blanc (2) pour ce dernier est de 250 mètres,
au lieu de 200 mètres pour le fusil mod. 1874, c'est-à-dire
que le soldat pourra tirer avec la ligne de mire naturelle,
sans avoir à se servir de la hausse, pour un but ne dépas-
sant pas 500 mètres dans le tir contre des hommes debout,
alors qu'auparavant il ne pouvait le faire que jusqu'à la dis-
tance de 300 mètres. Contre les cavaliers, la ligne de mire
naturelle du fusil mod. 1886 peut convenir jusqu'à
600 mètres, tandis qu'elle ne dépassait pas 400 mètres avec
le fusil mod. 1874.
On augmente également la tension de la trajectoire en
augmentant le coefficient balistique, c'est-à-dire le poids
de la balle par unité de section. En effet, on arrive ainsi à
diminuer le plus possible l'action retardatrice que la résis-
tance de l'air oppose à la marche du projectile. On a réalisé
un progrès considérable dans cette voie par l'emploi des
rayures, qui a permis de faire usage de projectiles allongés,
au lieu des balles sphériques employées avec les armes à
àme lisse. C'est ce qui explique que le coefficient balistique,
qui n'était en 1877 que de 10 grammes avec une portée
(1) Angle que fait Taxe du canon (ligne de tir) avec le plan horizontal.
(2) C'est la distance qui sépare la bouche de l'arme à feu du second point
d'intersection de la trajectoire d'un projectile avec la ligne de mire.
CHAPITRE III. 25
maxima de 600 mètres, est aujourd'hui de 30 à 32 grammes
avec une portée maxima de 2,800 mètres.
Avec des fusils du calibre de 6"™™, on obtiendra des vitesses
deSOO mètres et des trajectoires telles que, jusqu'à la distance
de 700 mètres, leur flèche sera bien inférieure à la hauteur
d'un homme. Dans les tirs individuels, cette distance de
700 mètres ne peut guère être dépassée utilement, car la
vue de l'homme n'est pas assez perçante et son système ner-
veux est trop impressionnable pour espérer obtenir des ré-
sultats efficaces à une distance supérieure. Mai? il n'en est
plus de même dans les feux de salve, car aux grandes dis-
tances les zones dangereuses sont plus profondes et les
chances d'atteindre le but deviennent plus nombreuses.
2o Puissance de pénétration de la balle. — Il est indis-
pensable que, à son arrivée au but, la balle ait une force de
pénétration au moins suffisante pour mettre un homme hors
de combat. On a constaté expérimentalement que cette con-
dition est remplie lorsque le projectile possède une vitesse
restante de 100 mètres au minimum. Nous verrons, en par-
lant des cartouches, que les armes actuelles ont une vitesse
restante de beaucoup supérieure à celle qui vient d'être
indiquée et que, avec le surplus, on arrive à percer certains
obstacles derrière lesquels les hommes pouvaient se consi-
dérer comme à couvert jusqu'à présent. On a même cons-
taté que les balles de 6™", 5 avaient encore une efficacité
plus grande que celles de 8«»™.
Plus la force de pénétration sera grande, plus la balle
aura d'efficacité, soit en traversant plusieurs rangées
d'hommes l'une derrière l'autre, soit en rendant illusoires
certains couverts, soit en forçant à donner à ceux-ci une
épaisseur plus grande, c'est-à-dire à consacrer plus de temps
à leur construction.
Il est donc bien évident que l'on a tout intérêt à donner à
la balle la plus grande force de pénétration possible, en
tenant compte des conditions de charge de poudre, de vi-
tesse du recul, etc., qui sont à considérer en même temps.
Ainsi, on a pu constater, au Dahomey, que la balle de 8™™,
après avoir traversé un arbre de 0™,45 de diamètre, a
également traversé cinq Dahoméens, qui ont nécessairement
été ainsi mis hors de combat. On sera contraint par suite
!2G ARMES A FBU PORTATIVES.
à ne plus circuler à découvert, à rechercher des formations
de combat moins denses et à donner aux profils des tran-
chées de campagne une épaisseur beaucoup plus considé-
rable.
La force de pénétration de la balle est d'autant plus
grande que la vitesse initiale est plus considérable ; cette
force varie, en outre, en raison inverse du diamètre du
projectile, de sorte qu'elle peut atteindre des proportions
énormes.
Il faut remarquer, toutefois, qu*il ne suffit pas de cribler
de projectiles une troupe, à pied ou à cheval, si elle peut
arriver au but et produire le choc, même avec un grand
nombre de ses éléments blessés. C'est ainsi qu'on a vu, au
Dahomey, certains de nos adversaires perforés de part en
l)art, par des balles de notre fusil Lebel, n'être arrêtés
dans leur élan qu'après un certain parcours. Il importe
donc que l'ennemi soit mis hors de combat aussitôt blessé
et pour un certain temps : et, par suite, de laisser au pro-
jectile une masse suffisante à cet effet. L'expérience pour-
rait être faite sur des chevaux, car la question est impor-
tante surtout lorsqu'il s'agit d'arrêter une charge de
cavalerie.
La force de pénétration des balles tirées avec les fusils
actuellement en service est de beaucoup supérieure à celle
qui serait suffisante. Jusqu'à ces derniers temps, la péné-
tration des projectiles n'était pas bien considérable; ainsi,
la balle du fusil mod. 1874, qui était une des plus puissantes
parmi celles alors en usage en Europe, pouvait difficilement
traverser un homme à la distance de 500 mètres ; à bout
portant, elle ne traversait pas un bloc de chêne de 15°»™, et
ne produisait qu'un simple enfoncement sur toutes les par-
ties des cuirasses de la grosse cavalerie.
Aujourd'hui, les résultats obtenus par la pénétration de
la balle de petit calibre sont prodigieux. La balle du
Mannlicher allemand traverse une plaque de fer de 1^^
jusqu'à 300 mètres. A 400 mètres, elle pénètre de 0°»,45
dans le sapin et de 0™,50 dans le sable ; les murs minces en
briques ne protègent plus qu'imparfaitement, et plusieurs
coups venant frapper au même point finissent par les tra-
verser.
A 45 mètres, la balle du fusil Mauser belge traverse 30 à
CHAPITRE iir. 27
40 planches de sapin du Canada de 0°*,04 d'épaisseur, placées
à intervalles de 2 à 3 mètres, et elle perfore une plaque de
tôle de fer de H™™ ; sa pénétration dans l'argile fortement
serrée et détrempée est de 0™,25 à 0™,30; dans une terre
pierreuse, elle atteint en moyenne 0",70. Un bloc de hêtre
sec de 0™,54 est traversé jusqu'à la distance de 100 mètres.
La balle du fusil français mod, 1886 conserve assez de
force, jusqu'à 1800 mètres, pour traverser un homme et
blesser un autre homme placé derrière lui. Son maximum
de pénétration dans les terres est de O'OjtîO de 250 à 400 mè-
tres, de 0'°,40 jusquà 1000 mètres et de 0™,25 jusqu'à
2,000 mètres. Dans les bois, les effets de pénétration sont
de 0«»,90 dans le sapin à 100 mètres, de O'DjBO à 200 mètres
et de 0n»,2D à 1000 mètres; tandis que dans le chêne, ils
sont respectivement de 0™,70, 0™,50, 0"»,15 aux distances
précédentes; jusqu'à la distance de 15 mètres, deux ou
trois arbres de 0™,40 de diamètre sont complètement
traversés. Sur les plaques métalliques, on a constaté les
effets suivants : à 200 mètres, une cuirasse en acier chromé,
dont la résistance est supérieure à celle de l'acier ordi-
naire, est complètement traversée; de 10 à 15 mètres,
le même projectile perce une plaque d'acier de 12™™.
Enfin, on a constaté que la balle perfore un cheval dans
sa plus grande longueur; jusqu'à l'extrême portée, elle
brise un os long; jusqu'à 200 mètres de vitesse, Tos est
poussé dans les muscles, qui sont déchirés et projetés en
dehors, en laissant du côté de la sortie une grande cavité.
En général, sauf aux vitesses ne dépassant pas 150 mètres,
les os durs se brisent et forment des esquilles ; au contraire,
les os spongieux ou minces peuvent être traversés sans
brisures, même à des distances assez fortes.
3» Rapidité du tir. — Il est évident à priori que, toutes
choses égales d'ailleurs, l'efficacité du feu est d'autant plus
grande que, pendant un temps donné, le même nombre
d'hommes peut tirer une plus grande quantité de balles,
car alors leffet utile produit est plus considérable. Celui-ci
se mesure généralement en multipliant le pour cent obtenu
dans une cible de dimensions réglementaires par la rapi-
dité du tir.
Cette rapidité est surtout très avantageuse avec les pou-
28 ARVES A FEU PORTATIVES.
dres sans fumée qui permettent toujours de distinguer le
but, et avec le mode actuel de combat, pendant lequel il y
a intérêt à pouvoir tirer le plus grand nombre de balles
possible sur l'adversaire pendant les courts instants où il
sera obligé de se découvrir.
L'invention de la cartouche d'abord, puis le chargement
par la culasse, en diminuant le temps nécessaire au char-
gement, ont permis de réaliser des progrès sensibles sous
le rapport de la rapidité du tir. Mais l'adoption d*armes
à tir rapide (armes à répétition), a surtout résolu le pro-
blème dans des conditions qu'on ne peut guère désirer
meilleures à ce point de vue. Au contraire, on craint plutôt
qu'en facilitant la consommation de nombreuses cartouches
dans une période de temps très courte, on ne facilite le
gaspillage des munitions et que, ensuite, les hommes ne
restent désarmés au moment le plus critique du com-
bat.
Pour obvier à cet inconvénient, il faut arriver à obtenir
une discipline des feux telle que le soldat ne tire rapide-
ment que lorsqu'on lui en donnera l'ordre. En outre, pour
éviter qu'il manque de cartouches, on devra prendre des
dispositions particulières pour assurer le ravitaillement en
munitions pendant le combat des hommes qui se trouvent
sur les lignes engagées ; autrement dit, il faut s'arranger
de manière à n'être pas obligé de restreindre la consom-
mation de cartouches lorsqu'elle peut produire un effet
utile, mais au contraire faire en sorte qu'elles ne manquent
pas aux endroits où elles pourront faire besoin. La
réduction du poids des cartouches facilitera la réalisation
de cette mesure.
On objecte également que, dans la chaleur du combat,
les hommes se laissant entraîner à tirer d'autant moins
bien qu'ils tirent plus vite, on sera exposé à perdre en
justesse ce que l'on pourra gagner en vitesse. A cela on
peut répondre que les conditions du tir de combat ne
paraissent pas devoir être modifiées parce qu'on tirera
plus vite. D'ailleurs, il faut bien remarquer que Ton arrive
à gagner du temps avec les armes à répétition, non parce
qu'on consacre moins de temps au pointage, mais parce
que Ton supprime pour un certain nombre de cartouches
le temps le plus long de la charge. Néanmoins, on ne
CHAPITRE lU. 29
saurait trop insister pour que, dans tous les cas, les tireurs
visent convenablement.
Ce dernier résultat serait facilement atteint si l'instruc-
tion du tir était partout bien donnée. Il est inexplicable
que, alors qu'on s'attache avec raison à une précision et à
un ensemble remarquables pour le maniement d'armes,
on ne s'inquiète nullement de faire prendre à l'homme,
pour ainsi dire machinalement, par l'habitude, la position
du tireur la meilleure, laquelle comprend les indications
nécessaires pour viser bien et rapidement. En un mot, il
faudrait arriver progressivement à ce que tout soldat ne
sache prendre qu'une bonne position du tireur et une
bonne ligne de mire, comme il arrive à prendre correcte-
ment et rapidement la position de croiser la baïonnette.
4» Facilité de maniement et légèreté de Tarme. — Pour
être facile à manier, une arme doit être d'un poids conve-
nable et convenablement réparti. Cette dernière condition
est remplie lorsque le centre de gravité est placé uu peu en
arrière de la hausse, sous laquelle se porte la main gauche
dans le mouvement de la mise enjoué. C'est lorsqu'on met
enjoué avec la baïonnette au bout du canon que la fatigue
est la plus grande. Il faut que, dans ce cas, le centre de
gravité se trouve placé dans le sens transversal, en arrière
de la main gauche qui soutient l'arme, entre la hausse et le
pontet.
On a dû chercher à donner au fusil le moindre poids
possible, afin de ne pas fatiguer inutilement le soldat et
de lui permettre d'être ainsi dans de meilleures condi-
tions pour tirer. Il a fallu procéder à de longues et nom-
breuses expériences pour arriver à déterminer, le mieux
possible, le poids de l'arme et de la cartouche, car il existe
une relation entre le poids de l'arme, son recul, le poids de
la balle et sa vitesse initiale, de sorte que l'on ne peut
faire varier un de ces éléments sans modifier en consé-
quence un ou plusieurs des autres.
Mais, des quatre quantités ci-dessus, deux au moins (le
poids de l'arme et la vitesse du recul) ne peuvent être
fixées arbitrairement. Or, en désignant par P le poids de
l'arme, par V la vitesse du recul, par p le poids de la balle
et par v la vitesse initiale, on a, d'après un théorème de
30 ARMES A FEU PORTATIVES.
mécanique bien connu, la relation PV = pv^ c'est-à-dire
que le poids de Tarme X par le recul est égal au poids de la
balle œ par la vitesse initiale. Il ressort de cette formule
que. pour obtenir une arme à grande vitesse initiale, il y a
intérêt à maintenir le fusil à un poids aussi élevé que pos-
sible.
Jusqu'à une époque assez récente, où Ton a trouvé le
moyen d'augmenter la vitesse initiale en réduisant le
calibre et le poids de la balle, on avait dû fixer par expé-
rience le poids du fusil. On avait d'abord constaté que
l'arme de 4^,500 (sans baïonnette) était trop lourde pour
Tinfanterie et l'on s'était efforcé de rester aux environs de
4^300. Mais on finit par reconnaître que ce poids fatiguait
excessivement les soldats les plus faibles, surtout depuis
l'introduction du service obligatoire. On arriva donc à
tomber d'accord pour abaisser le poids du fusil à 4 kilogr.
environ, parce qu'on craignait, en admettant un poids plus
faible, d'augmenter la vitesse du recul au point de rendre
la fatigue du tireur inadmissible.
•Actuellement que l'on possède une poudre progressive et
bien stable, permettant d'obtenir une vitesse initiale consi-
dérable sans produire un recul trop violent, le poids de
l'arme n'a plus d'autre limite inférieure que la nécessité de
ne pas trop aff'aiblir les différents organes et les diverses
parties. C'est ainsi que le nouveau fusil anglais ne pèse que
3^,600.
On avait également admis jusqu'à présent que la lon-
gueur du fusil avec baïonnette devait être suffisante pour
permettre de tirer sur deux rangs, c'est-à-dire atteindre
1™,70 au minimum. Nous verrons plus loin que cette con-
dition n'est plus nécessaire.
5^ Fonctionnement assuré de l'arme. — Pour faire un
bon service en campagne, l'arme doit être solide et simple.
Dans ces conditions, l'instruction est plus facile à donner,
il y a moins de chance d'erreur de la part du soldat; le
défaut de complication du mécanisme diminue les causes de
réparation ou d'arrêt du fonctionnement; le démontage et
le remontage peuvent s'exécuter rapidement et facilement,
ainsi que le nettoyage et les réparations ; enfin, le prix de
revient est moins élevé, considération qui, bien que secon-
CHAPITRE III. 31
daire, a son importance en raison du nombre considérable
d'armes de chaque modèle dont il faut disposer avec les
armées actuelles.
Le chargement par la culasse permet de charger l'arme
dans toutes les positions du tireur : debout, à genou ou
couché, sans poser l'arme à terre. Un raté ne peut passer
inaperçu, car il n'est pas possible de charger de nouveau
sans que le coup précédent ait été tiré.
Pour assurer au tireur une sécurité complète, l'arme ne
doit donner lieu à aucun départ accidentel ni à aucun raté.
De même, il est indispensable que les pièces du mécanisme
soient à l'abri de l'encrassement provenant du tir et des
dégradations causées par la poussière ou par l'humidité.
6^ Qualité des munitions. — Avec des cartouches dont la
poudre serait inégale ou de mauvaise qualité, la justesse et
la portée seraient absolument livrées au hasard; il en
serait de même si les cartouches n'étaient pas bien cali-
brées et leurs divers éléments bien ajustés et assemblés.
En outre, des cartouches défectueuses amèneraient de
fréquents ratés et pourraient compromettre la sécurité du
tireur. Enfin elles nuiraient à la rapidité du tir.
Les autres conditions à exiger pour une bonne cai*touche
sont la solidité, la légèreté et une bonne conservation dans
les magasins et les transports. Avec le tir rapide, la légè-
reté a une grande importance. Les conditions de simplicité
de fabrication, auxquelles on tenait beaucoup autrefois,
n'ont plus leur raison d'être aujourd'hui, étant donné les
progrès de l'industrie. La question du prix de revient n'est
également que secondaire, bien qu'ayant son importance
en raison du nombre considérable de munitions qui est
nécessaire.
La confection des cartouches actuelles est l'objet des
plus grands soins et a atteint un haut degré de perfection ;
l'emploi des machines Ta rendue, en outre, suffisamment
économique. Aussi ne produisent-elles que fort exception-
nellement des ratés ou des départs accidentels.
La cartouche à étui métallique est complète et assure
une grande justesse; elle est plus simple que la plupart
des autres, car elle supprime la rondelle de graisse et le
papier-enveloppe de la balle ou calepin.
32 ARMES A FEU PORTATIVES.
70 Recul supportable. — La vitesse du recul V ne pou-
vait, avant Tadoption des poudres nouvelles, être déter-
minée que par expérience. En la combinant avec le poids
de l'arme, on avait reconnu qu'elle ne pouvait dépasser
3 mètres. On avait alors la formule PV = 1 2 == pv. Ce
dernier terme devait être multiplié encore par un facteur
dans lequel entrait le rapport du poids de la charge au
poids de la balle et dont la fonction est mal connue, focteur
que Ton négligeait d'ailleurs pour la facilité de la démons-
tration. On en déduisait que la vitesse initiale devenait
d'autant plus grande que le poids de la balle était plus
petit et réciproquement.
Donc, en admettant pour la balle le poids de 15 grammes
qui est largement satisfaisant, et une vitesse initiale de
620 mètres, on a pour notre fusil modèle 1886 :
620 X 0,015
V = T-jôTT = 2,22 en chiffres ronds.
4,loU
Cette vitesse de recul est très admissible, puisqu'elle est
inférieure à celle des anciens fusils, tout en assurant une
vitesse initiale plus considérable. C'est cette diminution
du recul que les soldats expriment en disant que le fusil
mod. 1886 repousse moins.
CHAPITRE IV*
CONDITIONS A REMPLIR PAR LES ARMES A RÉPÉTITION.
Conditions générales. — Il est évident que les armes à
répétition doivent remplir les conditions générales indi-
quées précédemment pour une bonne arme de guerre, et
il n'y a aucune raison qui empêche d'obtenir avec les
premières une grande justesse, une trajectoire tendue,
une portée efficace, une grande puissance de pénétration,
de bonnes cartouches. La rapidité du tir est naturelle-
ment assurée. Le mécanisme est peut-être un peu plus
compliqué; mais il est encore suffisamment simple et so-
lide; le poids ne dépasse pas celui de l'ancien fusil, grâce
CHAPITRE IV. 33
à la réduction du calibre. Le fonctionnement de l'arme et sa
facilité de maniement ne présentent aucun inconvénient.
Conditions particulières. — Mais, en dehors des condi-
tions générales précédentes, une arme à répétition doit
encore satisfaire aux desiderata suivants :
!• Permettre le tir coup par coup avec une vitesse au
moins égale à celle qu'on obtient avec les armes à char-
gement successif.
Cette condition s'applique aux fusils avec magasin dans
la crosse ou sous le canon, dont le rechargement du ma-
gasin exige un certain temps. Aussi, pour ne pas les
mettre en état d'infériorité sous ce rapport, on a pris les
dispositions voulues pour que les armes de ce genre puis-
sent être chargées coup par coup et agir comme fusils à
chargement successif jusqu'à ce qu'on ait trouvé le temps
de recharger le magasin.
Dans les armes avec boites-chargeurs, le chargement
successif n'est pas toujours possible, mais alors la rapi-
dité du tir n'est pas mise en question.
2® Fonctionner régulièrement y quelle que soit la rapi-
dité du maniement.
Il est clair que si Ton n'était pas certain d'arriver au
moment voulu à la rapidité du tir que l'on a en vue, le
résultat cherché ne serait pas atteint. Cela revient à dire
que le mécanisme de répétition doit être simple, solide
et en état de fonctionner dans les conditions d'emploi les
plus difficiles. Les mouvements de la charge, aussi bien
coup par coup qu'à répétition, doivent être réduits au
minimum.
30 Permettre facilement le passage du tir ordinaire
au tir à répétition et réciproquement.
Il va de soi que, dans l'émotion inséparable du combat,
il ne faut pas exiger des hommes une manœuvre com-
pliquée pour passer d'un genre de tir à un autre. On
va même jusqu'à demander que le tir à répétition soit
seul possible, et c'est ce qui a lieu avec les armes se
chargeant au moyen de chargeurs.
Dans les autres armes, dont le magasin se charge par
cartouches successives, il suffit en général de pousser
<lansun sens déterminé un levier de manœuvre pour passer
3
34 ARMES A FEU PORTATIVES.
d'un genre de tir à un autre. Cette manœuvre, simple
et rapide, permet de profiter des occasions, souvent très
fugitives, qui se présentent d'utiliser le tir à répétition.
4» Avoir un magasin fixé à demeure.
On comprend, en efiet, que, si le magasin présente des
avantages, il doit être en état de fonctionner à tout mo-
ment, ce qui ne serait pas le cas si l'on était obligé* de
l'adapter à l'arme seulement au moment du besoin. C'est
la condamnation des magasins mobiles ou chargeurs (1).
5» Contenir dans le magasin un nombre de cartouches
aussi grand que possible.
On évite ainsi le rechargement trop fréquent du ma-
gasin. Mais, d'un autre côté, il suffit que ce nombre de
cartouches soit suffisant pour assurer à un moment donné
une grande rapidité au tir sans nuire à sa précision. Or,
si ce nombre était trop élevé, il en résulterait pour le
fusil un surcroit de poids qui fatiguerait le soldat et l'em-
pêcherait de tirer avec précision.
D'ailleurs, avec les boites-chargeurs, permettant de re-
garnir le magasin aussi rapidement qu'on introduit une
seule cartouche dans la chambre, il serait plutôt possible
de réduire que de songer à augmenter le nombre des
cartouches du magasin. Il faut remarquer d'ailleurs que,
avec ce genre de magasin généralement adopté aujour-
d'hui, on ne peut le charger d'un nombre élevé de car-
louches, non seulement sans augmenter sensiblement le
poids de l'arme, mais surtout sans donner à ce magasin
une saillie exagérée, gênante et nuisible au maniement
du fusil. Aussi, sauf pour l'Angleterre et la Suisse, où
la contenance du magasin est respectivement de dix et
de douze cartouches, généralement le magasin n'est dis-
posé que pour cinq, et même notre carabine ne contient
que trois cartouches.
Mais, d'un autre côté, ce genre de chargement exige
l'emploi de dispositifs particuliers, boîtes-chargeurs ou
lames-chargeurs, qui constituent une dépense et un objet
(1) Se reporter au uota de la page 15 pour l'explication de ces termes.
Nous désignerons exclusivement sous le nom de boites-chargeurs ou lames-
chargeurs les récipients ou dispositifs permettant le chargement eu une seule
fois d'un certain nombre de cartouches.
CHAPITRE IV. 33
inutile au tir, et dont, par suite, il faut restreindre le
nombre. C'est pourquoi, en tenant compte de ces diverses
considérations, il semble qu'un magasin contenant cinq
cartouches est de capacité raisonnable et suffisante.
6» Avoir un poids ne dépassant pas 4 kilogrammes.
Il n'y a pas lieu de tenir à ce poids aussi strictement
qu'avec les armes ordinaires, car, avec les fusils à répé-
tition, les cartouches contenues dans le magasin ont na-
turellement pour conséquence d'augmenter le poids de
l'arme. Cependant la réduction du calibre a facilité la solu-
tion du problème, en permettant de diminuer le poids du
fusil et celui de la cartouche, en même temps que le char-
gement par boite-chargeur donne la possibilité de limiter à
un chiffre peu élevé le nombre des cartouches du magasin
et, par suite, de donner à l'arme le poids jugé convenable.
Pourtant, si un poids élevé est réellement utile, il y
aurait d'autant moins lieu d'hésiter à l'adopter que, comme
on ne s'en servirait que pendant une certaine période du
combat, pour peu de temps, à un moment où l'homme est
surexcité, de sorte que la surcharge résultant de ce fait
passerait inaperçue.
En outre, le poids de 4 kilogrammes avait pour but de
faciliter la résistance à la force du recul, et comme cette
force se trouve diminuée avec les nouvelles poudres, il
parait très possible de descendre au-dessous de ce poids
sans inconvénient.
70 Permettre un approvisionnement facile, même en
marchant.
Nous avon;s dit déjà que ce n'est pas le cas pour les
magasins sous le canon ou dans la crosse. En revanche,
les boîtes-chargeurs donnent pleine satisfaction sous ce
rapport.
Il semble, en effet, que, si le magasin procure des avan-
tages, il doit pouvoir fonctionner à tout moment, et qu'il
n'est possible de le faire que si ce magasin peut être garni
rapidement et facilement.
Il est à remarquer, d'ailleurs, que les fusils ne remplis-
sant pas cette condition sont ceux qui ont été construits au
début de l'adoption des armes à répétition, alors qu'on
n'était pas bien fixé sur la valeur du principe de la rapidité
du tir, que l'on ne cherchait pas à favoriser outre mesure.
36 ARMES A FEU PORTATIVES.
8® Eviter toute chance d'explosion et de déformation
des cartouches dans le magasin.
Cette condition indispensable pour éviter tout accident,
aussi bien pendant le tir que dans les marches, a pu n'être
pas remplie convenablement dans quelques-uns des pre-
miers modèles d'armes à répétition, mais tous les types
actuellement en service garantissent la sécurité du tireur
et de l'arme sous ce rapport.
90 Permettre de contrôler à tout moment la contenance
du magasin.
Cette condition, d'ailleurs secondaire, n'est remplie que
pour les armes à boites-chargeurs. Ce serait, à la rigueur,
un argument de plus en faveur de ces dernières.
Résumé. — Il n'existe pas un type d'arme à répétition
qui réalise complètement les conditions précédentes, aux-
quelles on pourrait encore en ajouter d'autres suivant le
point de vue auquel on se placerait. Cela tient à ce qu'on
n'envisage pas partout la question de la même manière, et
que ce qui est considéré comme un inconvénient pour cer-
taines puissances peut, au contraire, passer pour une qualité
chez d'autres. En outre, l'époque à laquelle ces armes,
quoique d'adoption récente, ont été construites peut avoir
également influé sur le modèle choisi, car des perfectionne-
ments incessants ont été réalisés sous ce rapport, et les
idées sur la question se sont plus nettement fait jour.
De l'ensemble de ces diverses considérations, auxquelles
il faut ajouter encore la différence de tempérament, il
résulte qu'aucune des puissances n'a adopté un fusil entiè-
rement semblable à celui d'une autre. Pourtant, ainsi que
nous le verrons plus tard, certains principes généraux ont
fini par prévaloir.
CHAPITRE V.
DÉTERMINATION DES DIVERS ÉLÉMENTS.
Parties constitutives du fusil. ^ Quel que soit le modèle
d'arme adopté, il doit forcément se composer des pièces
indispensables pour remplir convenablement son but.
CHAPITRE V. 37
Ces pièces sont en général les suivantes :
1° Le canoUy qui reçoit le projectile et doit être organisé
de manière à imprimer la plus grande vitesse initiale pos-
sible à un projectile de poids donné;
2» La hoite de culasse, qui prolongre le canon auquel elle
est vissée et sert à introduire la cartouche dans la chambre;
3<> La culasse moMle, qui constitue l'appareil de ferme-
ture et d'obturation ;
4° Le mécanisme de percussion, qui sert à faire partir le
coup;
50 Le mécanisme de répétition, pour les armes à répé-
tition ;
6° Les organes de pointage, pour diriger le projectile
sur le but à atteindre ;
70 La monture, qui supporte le canon et facilite le manie-
ment de l'arme ;
S^ Les garnitures, qui, reliant le canon à la monture, ser-
vent à charger ou à protéger certaines parties de l'arme
contre de trop rapides détériorations ;
9^ La baïonnette, qui a pour but de transformer le fusil en
arme d'hast;
IQo La cartouche, qui sert au chargement de Tarme et le
facilite en réunissant le projectile^ la charge et l'amorce.
i 1. — CANON.
Canon. — Les canons de fusils ont été fabriqués en fer
forgé jusqu'en 1863, époque à laquelle l'emploi des rayures
força d'employer un métal suffisamment résistant pour
empêcher l'usure des rayures. On a adopté alors l'acier
fondu, de bonne qualité et très doux. Le canon du fusil
mod. 1886 est en acier trempé.
On donne au canon une forme tronconique, avec une
épaisseur plus grande au tonnerre, où se produit d'abord
l'action de l'explosion de la poudre. Cette épaisseur doit
être en rapport avec la pression des gaz de la poudre, qui
va en diminuant depuis le tonnerre jusqu'à la bouche. Elle
est déterminée non seulement par la condition de résister
aux pressions intérieures, mais aussi par celle de résister
aux flexions, qui sont très sensibles dans un tube long et
38 ARMES A PEU PORTATIVES.
mince. Dans les fusils mod. 1874, le canon a à la bouche
une épaisseur égale à un tiers du calibre (3°»°» environ), et
une épaisseur double au tonnerre (deux tiers du calibre ou
7min environ).
Dans les armes nouvelles de petit calibre, on donne au
canon une épaisseur beaucoup plus grande qu'il n*est néces-
saire pour résister aux pressions, car le fusil mod. 188o a
une épaisseur de 3">™,5 à la bouche (soit sept seizièmes du
calibre) et t™«» au tonnerre (ou trois quarts du calibre).
Mais on a voulu ainsi diminuer Tamplitude des vibrations
provenant du tir et éviter les faussages qu'auraient pu
amener trop facilement des chocs accidentels. La réduction
Fis. -1 3.
'O
du calibre a donc permis de donner largement aux canons
de fusil l'épaisseur nécessaire, sans dépasser le poids voulu
pour l'arme (Jlg. 13). Il est d'ailleurs inutile d'aller trop
loin sous ce rapport, puisque Ton peut trouver avantageu-
sement l'emploi de la différence de poids en faisant porter à
Thomme un plus grand nombre de cartouches.
Pour faciliter le vissage du canon dans la boite de
culasse, l'extrémité inférieure de ce canon ou tonnerre est
disposée en forme de pans à Textérieur et elle se termine
par une partie ûletée venant se visser dans la partie
taraudée de la boite de culasse.
Le canon est bronzé extérieurement pour éviter les
reflets et aussi pour faciliter le nettoyage en campagne. Il
porte généralement la hausse, le guidon et les tenons
destinés à fixer la baïonnette, excepté dans les armes où le
canon est muni d'un tube-enveloppe, comme en Allemagne,
en Belgique, au Danemark, en Suisse, auquel cas toutes
les parties précédentes sont fixées sur l'enveloppe exté-
rieure du canon.
Tnbe-enveloppe. — L'échauffement considérable que
peut produire un tir rapide dans le canon du fusil a
CHAPITRE V. 39
amené diverses puissances à protéger ce canon par un
tube-enveloppe ou chemise en tôle d'acier, qui présente les
avantages suivants :
1® La main du tireur est garantie du contact du canon.
Cette précaution est nécessaire, mais on ?a obtenue de
bien d'autres manières : par un protège-main en bois, en
cuir, etc., qui ne recouvre que la partie du canon où le
tireur est amené à placer la main gauche pendant le
tir; par une disposition particulière de la monture qui
entoure complètement le canon jusqu'à hauteur de la gre-
nadière, etc. ;
2o Le canon est protégé contre les chocs extérieurs,
contre les déformations du bois et contre les flexions pro-
duites par les parades du sabre-baïonnette. Mais, pour ne
pas augmenter trop le poids de l'arme, on est obligé de
donner au tube une épaisseur trop faible pour l'empêcher
d'être faussé ou percé par les chocs ;
3® Les organes de pointage étant portés par l'enveloppe,
les brasages sur le canon sont supprimés. Mais il y a de
nombreuses chances de déplacement de la hausse et du
guidon l'un par rapport à l'autre, d'où il résulte des
erreurs de pointage ; cet inconvénient très sérieux doit se
produire facilement;
4° Le canon peut vibrer librement pendant le tir. Cette
considération, très importante au point de vue de la jus-
tesse du tir, a été une des causes principales de Tadoption
du tube-enveloppe. Mais, le canon étant isolé de l'air
ambiant, l'échaufl'ement du canon s'accroît à chaque coup
et peut atteindre 600 degrés, de sorte que non seulement
le soldat ne pourrait tenir le tube à cette température,
mais que réchauffement des rayures mettrait rapidement le
canon hors de service. En outre, il se formerait de l'humi-
dité et, par suite, de la rouille, dans le vide intérieur com-
pris entre le canon et le tube.
Si Ton ajoute que, dans tous les cas, le tube-enveloppe
constitue une augmentation de poids et de prix, et que cet
organe exige un surcroit de temps et de soins pour le net-
toyage et le démontage, on arrivera à conclure que les
avantages qu'il procure sont bien inférieurs aux inconvé-
nients qui en résultent. En outre, certains de ces avan-
tages, tel que celui de la protection des doigts contre
40 ARMES A FEU PORTATIVES.
réchauffement, peuvent être obtenus d'une manière beau-
coup plus simple.
D'après le docteur Hèbler, le tube-enveloppe doit être
construit avec un métal et sur des bases telles : l» que le
canon puisse se dilater librement sous l'action de la cha-
leur et qu'il puisse se refroidir sur toute sa longueur;
2» qu'on puisse le tenir sans se brûler pendant un feu
d'une durée quelconque; 3® qu'il ne soit pas facilement
endommageable. Ces conditions sont telles qu'aucune des
armes munies de tube-enveloppe ne les remplit et ne
pourrait les remplir qu'au prix d'une dépense et d'une
augmentation de poids assez sensibles.
Le tube-enveloppe ne paraît donc pas devoir être recom-
mandé.
»
Longueur du canon et de l'arme. — La longueur du
canon doit être suffisante pour assurer à la balle les meil-
leures qualités balistiques, c'est-à-dire pour lui permettre
de parcourir son trajet dans l'air dans d'excellentes con-
ditions, après avoir pris complètement l'impulsion que lui
communiquent les rayures pendant son parcours dans
l'âme. Avec les conditions actuelles de chargement, l'ex-
périence démontre qu'une longueur do 80 calibres (0"^,64)
est suffisante pour l'àme. On ne gagne presque rien en
vitesse initiale en allongeant Tâme au delà do cette limite.
On a admis jusqu'à présent que la longueur du fusil
doit être suffisante pour permettre d'exécuter sans dan-
ger des feux sur deux rangs. Or, dans la position de
joue, l'épaule droite de l'homme du deuxième rang est à
environ 0"^,60 (0"™,50 rigoureusement) de l'extrémité anté-
rieure de l'épaule gauche de l'homme du premier rang. Il
en résulte qu'une longueur de 1™,10 est bien suffisante pour
le fusil, laquelle varie entre l^^jâG et 1"",35 dans l'arme-
ment actuel. Si, de cette longueur, on déduit la longueur
de la couche, c'est-à-dire la distance qui sépare le talon
de la crosse du canon, fixée à 0n»,49 et basée sur la con-
formation d'un homme de taille moyenne, on arrive à
trouver que la longueur du canon ne peut pas être infé-
rieure à 0"",61; pour notre fusil modèle 1886, qui a '1°,307
de longueur, elle est de 0'^,80, ce qui correspond à 100
calibres, et pourrait sans inconvénient être réduite de
CHAPITRE V. 41
0™,16. On peut remarquer que, pour la carabine de cava-
lerie dont la longueur du canon est'de 0">,4534 (57 calibres
environ), la vitesse initiale n'est inférieure que de 10 mètres
à celle du fusil, qui est de 620 mètres.
Dans les transformations successives de l'armejnent, on
a cherché longtemps à conserver au fusil armé de sa
baïonnette une longueur de 1™,90, qu'on jugeait indis-
pensable pour en faire une arme d'hast encore suffisante
au deuxième rang pour repousser les charges de cavalerie.
Par suite, la longueur de la 'baïonnette devait s'accroître
d'autant plus que diminuait celle du canon. Mais aujour-
d'hui que l'on compte surtout sur le feu pour repousser
les charges, une longueur de 1",20 étant suffisante pour
le fusil, rien n'empêche d'abaisser la longueur de la baïon-
nette à 0n»,45 environ, ce qui donne une longueur totale
de l™,6o, satisfaisante dans tous les cas. On peut même
constater, comme nous le verrons plus loin, qu'un grand
nombre des fusils actuels, surtout parmi les plus récem-
ment adoptés, restent encore bien au-dessous de cette lon-
gueur, car il y en a de l'°,45 à \^fi^o.
Nous croyons même que, pour réaliser l'unité d'arme-
ment, c'est-à-dire n'avoir qu'un modèle d'armes portatives
(en supprimant les carabines et les mousquetons), on pour-
rait se borner à donner au canon la longueur suffisante
pour assurer à la balle les meilleures propriétés balis-
tiques (80 calibres), sans se préoccuper du tir sur deux
rangs, qui sera l'exception à l'avenir. D'ailleurs, nous avons
vu que, avec une arme de 1 mètre de long, on pourrait
sans inconvénient tirer sur deux rangs, et, avec le calibre
de 6"*™, 5, un canon de 80 calibres n'aurait que O^jSS de
longueur, ce qui, avec la longueur de la couche de 0°*,49
qu'il faut ajouter dans tous les cas au canon, donnerait
le total de 1°»,01, remplissant ainsi toutes les conditions
exigées. Nous avons déjà fait remarquer que notre cara-
bine, bien que n'ayant que 57 calibres, n'en possédait pas
moins des qualités balistiques presque équivalentes à cel-
les du fusil, et d'ailleurs les propriétés balistiques ont été
en général notablement augmentées avec les nouvelles
poudres.
En même temps, en diminuant la longueur du canon,
on faciliterait le forage et le rayage d'un canon de calibre
4i ARMES A FEU PORTATIVES.
très réduit (5"°» par exemple) et on allégerait le poids de
l'arme, qui serait ainsi moins embarrassante et fatigante
à porter dans les marches. Enfin, la question du tir sur
deux rangs serait facile à résoudre dans tous les cas, en
admettant que, lorsqu'il devrait avoir lieu exceptionnelle-
ment, le premier rang tirerait à genoux, tandis que le se-
cond resterait debout.
Calibre. — On mesurait autrefois le calibre des armes
à feu lisses par le nombre de balles à la livre employées
pour le tir. Le calibre des canons rayés s'exprime par le
diamètre en millimètres.
Ainsi que nous l'avons indiqué en passant, le calibre des
armes à feu portatives s'est abaissé de plus en plus à la
suite de l'adoption des rayures et de poudres plus effi-
caces, et cela tout en améliorant les propriétés balistiques.
Mais il y a pourtant à cette réduction une limite au-dessous
de laquelle les conditions obtenues ne seraient plus satis-
faisantes, et comment peut-on déterminer ce calibre mi-
nimum?
En mesurant autrefois le calibre par le poids de la balle,
on tenait compte de ce que, en raison de la force du re-
cul, ce facteur était alors le plus important. On sait, en
effet, que l'inflammation de la poudre développe dans l'in-
térieur du canon une force qui, agissant dans tous les
sens, lance le projectile en avant où il rencontre le moins
de résistance et pousse le fusil en arrière contre l'épaule
du tireur, qui est obligé de réagir pour ne pas subir un
effet de recul. En vertu d'un théorème de mécanique
prouvant que la réaction est égale à l'action et se pro-
duit en sens inverse de cette dernière, il résulte que les
quantités de mouvement dont l'arme et la balle sont ani-
mées ont même valeur, c'est-à-dire que si le poids de l'arme
devenait égal à celui du projectile, l'effet du recul serait
précisément semblable à celui de ce dernier.
Or la vitesse du recul, que nous appellerons V, faisant
éprouver au tireur une certaine fatigue, il s'agissait avant
tout de déterminer la limite à admettre pour cette vitesse,
limite qui ne peut être fixée que par expérience. Le fusil
devant être tiré à l'épaule et à bras, il est bien évident
que sa vitesse de recul doit être proportionnée à la résis-
CHAPITRE V. 43
lance de Tépaule et du bras, c'est-à-dire à la force de
rhomme auquel il est destiné. On a admis que cette vi-
tesse ne devait pas dépasser 3 mètres pour un homme
de force moyenne.
Mais il y a encore d'autres éléments qui viennent in-
fluer sur la fatigue du tireur, tels que le poids de Tarme
P, la nature de la poudre, la pente de couche, etc. En
ne tenant compte que de la vitesse du recul et du poids
de Tarme, qui sont les deux facteurs réellement impor-
tants en pareil cas, on peut admettre que, le mouvement
de recul se transmettant à Tépaule par un système à peu
près rigide, la fatigue est d'autant plus forte que V est
plus grand, et par suite que P Vest plus fort.
Nous avons indiqué comment Ton a déterminé P = 4"^
environ et V = 3°», ce qui donne 12 environ pour le pro-
duit P V. Nous avons vu aussi que la rapidité du tir et
la tension de la trajectoire exigent : l® des cartouches
aussi légères que possible; 2<* un poids élevé de la balle
par unité de section (1); 3<> une grande vitesse initiale.
De ces deux dernières conditions, il résulte que, pour un
poids donné de la balle, il y a intérêt à avoir une vitesse
maximum et une section minimum.
Dans les fusils construits de 1866 à 1885 environ, on
n'avait pu obtenir que le calibre de ll^m^ que Ton avait
déduit de la formule PY = pv, en admettant une balle
de 25 grammes et une vitesse initiale de 450 mètres, parce
qu'on avait reconnu par l'expérience et le calcul que
c'étaient les résultats les meilleurs qu'il fût alors possible
de réaliser. En effet, il fallait, au point de vue des pro-
priétés balistiques, donner à cette balle de 25 grammes
une forme aussi allongée que possible pour s'approcher
de la longueur de trois calibres; mais on reconnut que,
en dépassant pour cette longueur deux calibres et demi,
on serait obligé de diminuer le pas des rayures, et que
cette diminution, avec une balle en plomb mou, aurait
pour conséquence de faire franchir les rayures à cette balle.
(1) Le poids par unité de section de la balle - est ce qu'on appelle le coef-
ficient balistique. ^
44 ARMES A FEU PORTATIVES.
C'est en s'inspirant de ces diverses considérations et
expériences que l'on arriva à donner en France, à la balle
du fusil modèle 1874, une longueur de 27«»in,75 pour un
poids de 25 grammes. On peut voir, par le tableau de la
page 18, que la plupart des armées européennes adop-
tèrent alors, pour leur fusil, un calibre se rapprochant
sensiblement de Hram^ avec une balle du poids de 25
grammes environ et une longueur de 2 calibres et demi.
Mais l'adoption des nouvelles poudres sans fumée a pro-
fondément modifié les conditions précédentes, en donnant
une vitesse initiale beaucoup plus grande. En outre, l'adop-
tion des armes à répétition, en augmentant la rapidité du
tir exige une balle beaucoup plus légère; enfin l'emploi de
l'acier pour les carions permet de donner à la balle une
longueur supérieure même à 4 calibres et, pour Tempêcher
de franchir les rayures dont le pas a été diminué, on fa-
brique cette balle en plomb durci et on l'entoure d'une
chemise métallique.
On a donc dû rechercher, pour ces conditions nouvelles,
le poids de la balle et le calibre le plus convenable à adopter.
Avec une vitesse donnée, on ne peut évidemment aug-
menter le rapport ~ sans augmenter les pressions dévelop-
pées dans l'intérieur du canon, et Ton s'est arrêté à 31
grammes pour ce rapport. Avec une vitesse initiale supé-
rieure à 530 mètres, il est indispensable d'envelopper la
balle, même en plomb durci, d'une chemise en métal plus
dur (acier, cuivre, maillechort, etc.), pour qu'elle ne su-
bisse pas un gonflement et ne prenne pas un forcement trop
énergique, dont la justesse de l'arme souffrirait. Il faut
donc, non seulement ne pas dépasser 31 grammes pour le
rapport — et avoir des balles avec enveloppe résistante,
mais encore choisir convenablement la poudre pour que Ton
puisse obtenir des vitesses initiales allant jusqu'à 700
mètres, sans que les pressions de l'àme aient rien d'exa-
géré.
Ces diverses données permettent d'avoir, pour une vitesse
initiale de 650 mètres, une balle du poids de lo«%5, un
calibre de 8"°»52 et une longueur de 4 calibres.
CHAPITRE V. 45
Dans notre fusil modèle 1886. on a :
V = 620 ; p = 15 gr . ; -^ = 29 ; C = 8,
c'est-à-dire des conditions très satisfaisantes sous tous les
rapports.
De 1885 à 1890, on s'en est tenu au calibre de 8°»°» ou à un
calibre très approché, pour les fusils adoptés dans les
diverses armées européennes, ainsi que permet de le con-
stater l'examen du tableau d'ensemble de la page 18.
Mais, ainsi que nous l'avons indiqué déjà (page 20), le
dernier mot sur la réduction du calibre n'est pas dit, et
c'est par expérience uniquement que l'on cherche à déter-
miner, pour une poudre donnée, le calibre le plus conve-
nable, satisfaisant aux conditions balistiques les meilleures.
En résumé, on a procédé de diverses manières, suivant
la nature des armes et l'espèce de poudre, pour fixer le
calibre :
1° Avec les armes à feu lisses et un projectile sphérique,
on tenait compte de la force du recul presque uniquement ;
2o Avec les armes se chargeant par la culasse et les an-
ciennes poudres, on déterminait le calibre en déduisant, de
la formule PV = pv, le poids et la vitesse le plus conve-
nables pour la balle, puis de ce poids le calibre satisfaisant
le mieux aux conditions balistiques voulues pour la balle ;
30 Avec les armes se chargeant par la culasse, notam-
ment avec les fusils à répétition et les poudres dites sans
P
fumée, on est parti du rapport- pour en déduire toutes les
autres données, en les combinant pour le mieux;
40 Actuellement, en tenant compte d'ailleurs des résultats
précédemment acquis, on parait vouloir arriver, unique-
ment par l'expérience, à trouver le calibre le plus réduit,
répondant de la manière la plus satisfaisante à l'ensemble
des conditions de toute nature voulues pour l'arme.
En cherchant à réduire de plus en plus le calibre, on
avait en vue de réaliser les principaux avantages suivants :
10 La trajectoire est beaucoup plus tendue, et l'on a
constaté qu'à toutes les distances les flèches maxima sont
sensiblement moins élevées dans les nouveaux fusils ;
2» Les munitions sont beaucoup plus légères, d'un tiers
46 ARMES A FEU PORTATIVES.
environ, ce qui permet d'en faire porter davantage à
rhomrae sans le surcharger: 120 en France au lieu de 78;
30 La justesse est environ moitié plus grande, en raison
de la plus grande vitesse initiale;
40 L'influence du vent est bien atténuée, ce qui tient à
l'augmentation du poids delà balle par unité de section;
8<> Les effets do pénétration sont beaucoup plus considé-
rables, ainsi que nous le ferons ressortir en parlant des
cartouches ;
6° La force du recul est diminuée, grâce à la diminution
du poids de la balle et de celui de la charge ;
70 Le pas des rayures est réduit en proportion du calibre,
ce qui a pour conséquence d'allonger le trajet de la balle
dans le canon.
La réduction du calibre présente cependant les inconvé-
nients suivants :
1® Il est difficile de donner à la balle une rotation assez
énergique pour qu'elle conserve bien son mouvement dans
Tair.
Cet inconvénient doit être tout relatif, ou dans tous les
cas bien léger ou bien exceptionnel, puisque la justesse et
la pénétration sont plus grandes ;
2o La fabrication et le nettoyage de l'arme sont moins
faciles.
Cette considération n'a pas arrêté la Suisse et Tltalie, et
il est certain que les progrès de la science et de l'industrie
viendront facilement à bout des difficultés que pourra pré-
senter la construction ;
30 Les vibrations sont accrues.
C'est inévitable, mais il ne manque pas de moj^ens pour
atténuer Tinfluence des vibrations;
40 Les pressions sont très sensiblement augmentées.
Il s'agit précisément d'avoir une poudre convenable pour
obtenir une bonne vitesse initiale sans dépasser les pres-
sions admises pour l'âme du canon.
En résumé, les avantages de la réduction du calibre sont
sérieux et importants; les inconvénients, très légers et très
relatifs, sont faciles à surmonter. Les résultats obtenus
jusqu'à présent dans cette voie ne peuvent qu'engager à y
persévérer jusqu'à ce qu'il soit établi qu'on est arrivé au
point qu'il y aurait danger à dépasser. L'obstacle le plus
GHAPITKE V. 47
sérieux à ce point de vue est la nécessité de laisser au pro-
jectile une masse suffisante pour mettre immédiatement
hors de combat, pendant un temps assez long, l'homme ou
Iqs animaux qu'il atteint.
Rayures. — On donne ce nom aux rainures creusées en
forme d'hélice dans l'âme des diverses bouches à feu et des-
tinées à guider la marche du projectile dans l'air, en vue de
lui communiquer le mouvement de rotation qui lui est né-
cessaire pour combattre l'influence déviatrice de la résis-
tance de l'air. On sait en effet que lorsqu'un corps tourne
sur lui-même avec une grande vitesse, les forces centri-
fuges maintiennent dans tous les cas l'axe du corps paral-
lèle à lui même. Ainsi, avec les rayures, la balle se trouve
ramenée à chaque instant sur sa direction normale et ne
peut s'en écarter que très légèrement.
Théoriquement, le mouvement de rotation produit par les
rayures devrait assurer la justesse du tir d'une manière
presque absolue. Mais diverses causes, dont la principale
est le défaut de centrage de la balle, ont pour eflet de
déranger sa régularité primitive.
Les projectiles lancés par les armes rayées prennent dans
l'intérieur de l'âme un mouvement de rotation très rapide,
qui s'établit autour de Taxe du canon, et qui se continue
librement dans l'air, après que le corps tournant a quitté
l'arme. Si le projectile est parfaitement centré par rap-
port à Taxe existant, aucune déviation ne se produit, la
trajectoire est régulière et le tir a de la précision. Si, au
contraire, le centrage est défectueux, le projectile est en-
traîné en dehors de sa voie par les plus grandes forces
centrifuges. Taxe est dévié, la rotation devient plus ou
moins irrégulière, et les écarts du tir sont plus ou moins
sensibles.
Donc, pour obtenir de la justesse dans le tir, il faut em-
ployer des projectiles réguliers et homogènes, centrés dans
le canon, et prenant dans l'âme un mouvement de rotation
très rapide autour de leur axe.
Les seuls projectiles employés actuellement sont les
projectiles allongés, qui donnent lieu à une déviation par-
ticulière et constante, dont on ne connaît pas bien la
cause, et qui a reçu le nom de dérivation. On appelle ainsi
48 ARMES A FBU PORTATIVES.
le déplacement latéral du centre de gravité du projectile
par rapport au plan de tir. Ce mouvement est d'autant plus
faible que la trajectoire est plus tendue, le projectile plus
allongé et la distance moins grande. On le considère comme
négligeable dans les armes à feu portatives.
Chaque modèle d'armes a pour ainsi dire des rayures dif-
férentes comme profil et comme tracé. Mais quel que soit
le système de rayures, celles-ci doivent toujours être paral-
lèles entre elles dans toute leur longueur pour une même
arme, afin que Tactiou des unes ne vienne pas contrarier
celle des autres, sinon le projectile serait soumis à des
efforts de nature à compromettre sérieusement sa résis-
tance.
Pour une vitesse initiale donnée, la vitesse de rotation du
projectile, et par suite sa stabilité dans Tair, dépend de
l'inclinaison finale des rayures, qui constitue par suite
l'élément le plus important dans le tracé intérieur du
canon.
Pas. — Le tracé autour duquel s'adapte le profil est tou-
jours hélicoïdal. Le pas de l'hélice directrice ou de la
rayure est la longueur sur laquelle elle fait un tour complet
dans l'àme.
Dans les armes portatives, le /?a5es^ consten^, c'est-à-dire
que le développement de la courbe directrice des rayures
est une ligne droite, ou mieux que l'inclinaison de la courbe
directrice sur la génératrice de l'àme est constamment la
même. Par suite, rinclinaison finale est déterminée par le
pas des rayures.
Les rayures à pas constant sont d'une exécution facile et
simplifient l'organisation du projectile, mais elles se prêtent
mal à l'obtention des grandes vitesses initiales. Pourtant
elles sont admises pour les armes portatives, parce que les
balles sont d'un métal assez mou pour se gonfler par inertie
sous le choc de l'explosion ; elles pénètrent alors dans les
rayures dont elles épousent la forme sur une longueur de
2 centimètres.
On emploie maintenant de préférence pour les bouches à
feu de l'artillerie les rayures progressives, dans lesquelles
le pas de l'hélice directrice diminue progressivement de-
puis la culasse jusqu'à la bouche du canon ; en conséquence.
CHAPITRE V. 49
le développement de cette rayure sur un plan, au lieu d'être
une droite, comme dans la rayure à pas constant, est une
ligne courbe. Les rayures progressives feraient subir aux
balles des déformations telles que celles-ci ne posséderaient
plus aucune régularité dans leur trajet dans Tair. Elles ne
pourraient convenir, pour les fusils, que dans le cas où
Ton ferait usage de balles analogues aux obus (balle
Pralon), dont le forcement serait produit par une ceinture
de cuivre.
Le pas des rayures doit être d'autant plus petit que la
vitesse du mouvement de rotation de la balle autour de son
axe de figure est plus grande, que la balle est plus allongée
et que le calibre est plus petit. Jusqu'à l'adoption du calibre
réduit, le pas des rayures des diverses armes en service
variait de 49 à 70 calibres ; en allant au delà, la vitesse de
rotation aurait été trop faible pour assurer à l'axe de la
balle une direction parallèle à elle-même ; avec un pas plus
court, on était exposé à voir la balle sortir des rayures.
C'est pourquoi on a admis le pas de 50 calibres (0™,55) pour
le fusil mod. 4874 et pour le Mauser.
Mais l'adoption de balles en plomb dur, recouvertes d'un
métal plus résistant, a permis de raccourcir sensiblement
le pas. Ainsi l'on a admis 30 calibres (0"'524) pour le pas du
fusil mod. 1886, c'est-à-dire un pas raccourci de plus de
moitié. C'est d'ailleurs l'expérieuce seule qui, dans les diffé-
rentes armes, peut servir à fixer la valeur du pas.
La diminution du pas produit une plus grande justesse de
tir, bien qu'elle entraîne l'augmentation des résistances
passives, en accroissant par suite les pressions et les vibra-
tions du canon.
Il n'est pas nécessaire d'ailleurs que l'àme soit rayée dans
toute sa longueur. On a constaté que les rayures peuvent,
sans nuire à la justesse du tir, ne commencer qu'à une cer-
taine distance du point où la balle se trouve au moment du
départ du coup. Néanmoins, pour les armes à feu porta-
tives, le canon est en général rayé sur toute sa longueur.
Nombre. — Le nombre des rayures était très variable
dans les armes anciennes, mais on n'est pas bien fixé sur
l'influence que ce nombre peut exercer sur la justesse du
tir. C'est pourquoi, une longue expérience ayant prouvé
qu'il y a avantage à ne pas trop multiplier les rayures, on
4
50 ARMES A FEU PORTATIVES.
s'est en général arrêté au nombre de 4 et l'on ne dépasse
pas celui de 7 dans les armes modernes. Il est évident d'ail-
leurs que, plus le calibre est petit, plus il y a intérêt à
réduire le nombre des rayures. Pourtant, jusqu'alors on
n'est pas descendu au-dessous de trois.
Largeur, — La largeur des rayures dépend du force-
ment, mais doit avant tout faire entrer la balle dans les
rayures. Avec les armes actuelles, il n'y a plus intérêt à
avoir une largeur aussi grande qu'avec les premières armes
rayées ; il suffit que les nervures de la balle résistent au
frottement que leur font subir ces rayures à l'intérieur du
canon ; or ce frottement étant d'autant plus grand que le
pas de la rayure est plus petit, la largeur de la rayure doit
être en rapport avec son inclinaison. Aussi reconnait-on
que les rayures larges sont plus avantageuses, parce que les
nervures qu'elles font naître sur le projectile sont plus so-
lides. La largeur des rayures de notre fusil mod. 1886 est
double de celle des cloisons (intervalles des rayures) ; dans
le fusil mod. 1874, les pleins sont égaux aux vides.
Dans les nouveaux fusils construits à l'étranger, la lar-
geur des rayures est tenue à peu près dans les mêmes con-
ditions que pour notre fusil mod. 1886.
Profondeur, — Les premières rayures avaient une
grande profondeur, parce que le fond servait à loger l'en-
crassement. Mais celui-ci n'existant pour ainsi dire plus, il
suffit de donner à la rayure la profondeur nécessaire pour
que le forcement se produise d'une manière complète, mais
sans excès. Avec une profondeur trop grande, il y a un frot-
tement trop considérable et, par suite, du travail perdu. Si
la profondeur est plus faible, les rayures sont bien vite
comblées par l'encrassement. Elle dépend aussi de la dureté
du métal de la balle; c'est ainsi qu'on a pu la réduire à
Qram 45 dans le fusil 1886, alors qu'elle était double dans le
fusil 1874.
Avec l'emploi du calepin graissé pour la cartouche, on
eut recours à des rayures à profondeur progressive^
allant en décroissant de la culasse à la bouche du canon,
pour compenser l'usure du calepin par une réduction équi-
valente des dimensions de l'âme. On a conservé, dans cer-
taines armes, cette profondeur progressive, soit pour la
CHAPITRE V. 51
raison précédente, soit pour diminuer la résistance au
départ, et par suite Tintensité des vibrations. Mais c'est là
une complication dont on ne voit pas bien la raison d'être
aujourd'hui.
Dans les fusils construits depuis 1886, la profondeur des
rayures varie de On^°»,10 (Suisse) à 0™«»,35 (Belgique).
Sens des rayures, — Le sens dans lequel tournent les
rayures n'a aucune influence sur l'action de celles-ci lors-
que l'arme est symétrique, ce qui est le cas le plus général,
et c'est ce qui explique qu'il diffère souvent dans des armes
du même modèle. Pourtant, presque toutes les armes sont
rayées à droite, c'est-à-dire qu'en regardant dans le canon
par l'une de ses extrémités, on voit la rayure supérieure
s'éloigner vers la droite. L'arme serait rayée à gauche si la
rayure s'écartait vers la gauche.
Mais lorsque l'arme est dissymétrique, il faut rayer
Tarme du côté opposé à la déviation, car alors les vibra-
tions produisent une déviation tantôt à droite, tantôt à
gauche, suivant la longueur du canon. C'est ainsi que le
fusil mod. 1874 a été rayé à gauche, pour établir une sorte
de compensation entre la dérivation qui se produit à
gauche, et l'écart horizontal dû à la dissymétrie de cette
arme à verrou, qui se produit à droite. A 1000 mètres, ces
deux écarts s'annulent.
Tracé des rayures. — Il existe une grande variété de
tracés pour les rayures, mais nous ne parlerons que des
trois principaux types actuellement en usage :
1° Le type à pas constant adopté en France et pour la
plupart des armes portatives étrangères;
le fond de la rayure est un arc de cercle
dont le centre est sur l'arc du canon {fig. 14) ;
un arrondi, facilitant le nettoyage, raccorde
le fond de la rayure au flanc. Les arêtes
vives ont été abattues pour diminuer, au-
tant que possible, lai déformation de la balle ^'^^' '•*•
pendant son parcours dans le canon;
2° Le type dans lequel la section droite de Tàme est une
figure polygonale à arêtes abattues et dont la paroi inté-
rieure du canon est engendrée par cette figure, dont les
sommets décrivent une hélice et dont le centre est sur Taxe
du canon.
52
ARMES A FEU PORTATIVES.
La rayure Withworth, dérivant de l'hexagone, en est le
prototype {fig. 15). Le tracé Henrij, qui en est une modifl-
... ~^i 1
Fig. 45.
Fig. 16.
Fig. 17.
cation, a pour point de départ l'idée de multiplier les sur-
faces directrices et de faciliter la pénétration des côtes
saillantes dans le bourrelet du projectile. Cette rayure
dérive du polygone étoile de sept côtés, mais, en assurant
les avantages précédents, elle présente T inconvénient
d'être d'une exécution difficile et de s'user très vite
(/î^. 16).
La rayure Westley- Richard (fig, 17), dérivant de l'octo-
gone, facilite le forcement des balles, en intercalant une
petite cloison à chaque angle du polygone.
La rayu7*e Lée-Metford (fig. 18) du fusil anglais actuel
dérive de l'heptagone; elle est produite par des arcs de
Fig. 18.
Fig. 19.
cercle décrits d'un centre situé entre le centre de la cir-
conférence et celle-ci ;
3° Le py^ofil américain, en dents de scie {O^g, 19,\ essayé
pour les armes de petit calibre.
CHAPITRE V. 53
Chambre. — La chambre, qui termine l'intérieur du
canon, sert à loger la cartouche prête à tirer. Son tracé
répond au modèle de la cartouche dont elle doit épouser la
forme aussi exactement que possible. Avec les cartouches
à bourrelet, il existe une feuillure à l'entrée de la chambre.
Le logement du collet de l'étui est limité par une butée
tronconique qui se raccorde avec le logement de la balle.
Tonnerre. — C'est la partie renforcée du canon où se
produit l'explosion de la charge.
Tracé intérieur. — Le tracé intérieur du canon doit être
observé avec la plus rigoureuse exactitude, et les tolé-
rances de fabrication doivent être réduites au minimum,
afin d'assurer à Tarme les meilleures conditions de justesse
pour le tir.
I 2. — BOITE DE CULASSE.
La boîte de culasse, qui prolonge le canon, est destinée à
loger la culasse mobile et à faciliter son fonctionnement.
C'est une pièce en acier fondu, qui est généralement consi-
dérée comme faisant partie constitutive du canon, auquel
elle est réunie à demeure en manufacture par un bouton
fileté que Ton visse dans un écrou pratiqué à sa partie anté-
rieure; des pans ménagés à sa partie supérieure facilitent
l'opération du vissage. Il est interdit aux hommes de séparer
la culasse mobile du canon.
Elle présente généralement la forme d'un cylindre se ter-
minant par une queue de culasse qui réunit la boîte à la
monture par une vis. Suivant le mode de chargement, une
ouverture est pratiquée, soit sur la droite pour les fusils à
chargement successif, soit de part en part pour le charge-
ment par chargeur.
Dans certaines armes à répétition, la boîte de culasse
présente à sa partie inférieure le logement du mécanisme
de répétition.
Boîte de culasse du fusil modèle 1886 (fig, 20). — Dans la
partie supérieure de la boîte de culasse, on distingue : le
contour extérieur cylindrique, entaillé en dessous pour le
passage du tube-arrêt de piston ; son chanfrein et la fente
54 ARMES A FEU PORTATIVES.
de repère du chanfrein ; à l'intérieur, Fécrou B pour le
bouton du canon ; le logement C des tenons de tête mobile,
les épaulements d'appui des tenons et leurs rampes symé-
triques; l'àme cylindrique avec ses trois entailles, dont deux
pour le passage des tenons et une pour le passage de Tex
tracteur; la fente supérieure, Téchancrure E pour le rabat-
tement du cylindre, la tranche antérieure de Féchancrure,
qui se prolonge vers la partie supérieure de la boite par la
rampe de dégagement J; la tranche postérieure de Féchan-
crure et sa rampe hélicoïdale; la rainure latérale pour
Féchappement des gaz; le trou taraudé pour lavis-éjecteur;
le passage du tenon inférieur de tète mobile; la butée D
de la culasse mobile; le logement de la queue d'auget; la
fente pour la tète de gâchette; à Farrière, la queue de cu-
lasse H avec le trou taraudé de vis de culasse et le trou ta-
raudé de vis postérieure de sous-garde.
A la partie inférieure de la boîte de culasse, le logement
du système de répétition est formé par deux joues latérales
et une face antérieure. Dans celle-ci Fon remarque : en
avant, le logement de l'extrémité du fût, l'encastrement de
tenon d'attache du fût, le ressaut contre lequel porte la
tranche du tube-arrêt de piston, le trou pour le passage des
cartouches ; en arrière, l'encastrement du tenon d'attache
du corps de mécanisme, la fente pour le passage de Farrêt
de cartouche.
Les deux joues de la boîte de culasse laissent entre elles,
à la partie inférieure, une large ouverture pour le passage
du système de répétition, le logement du corps de méca-
nisme et celui de la feuille antérieure du pontet. Elles sont
percées, la joue gauche, d'un trou non taraudé; la joue
droite, d'un trou taraudé pour la vis de mécanisme. A Far-
rière, elles se terminent par deux faces inclinées planes,
contre lesquelles prend appui la tranche antérieure de la
crosse. A Fintérieur, elles présentent chacune un ressaut,
qui sépare la partie inférieure du logement du mécanisme
CHAPITRE V. 55
de la partie supérieure où se meut Tauget; on remarque,
en outre, vers l'avant, les deux butées qui limitent le mou-
vement ascensionel de l'auget. On y distingue encore, dans
la joue droite A, les deux échancrures pour le bouton du
levier de manœuvre et, à l'intérieur, l'évidement pour le
passage du butoir d'auget.
La boite de culasse porte la vis-éjecteur et la vis de mé-
canisme.
1 3. — MÉCANISME DE FERMETURE OU CULASSE
MOBILE.
Conditions générales. — Les conditions à remplir par un
bon mécanisme de fermeture de culasse ou, autrement dit,
par la culasse mobile, sont en principe les suivantes :
1° Être simple, solide, d'un maniement et d'un entretien
faciles; fonctionner régulièrement en toutes circonstances,
même lorsqu'il est rouillé, couvert de poussière et soumis
à un tir rapide et prolongé ;
2o Les mouvements de la charge, en petit nombre, ne
doivent pouvoir s'exécuter que dans un ordre déterminé,
et pour ainsi dire mécaniquement ;
3° Les mouvements servant à ouvrir ou à fermer la
culasse doivent produire automatiquement, non seulement
l'armé du système de percussion, mais encore l'extraction
et réjection de l'étui de la cartouche tirée. Ces mouvements
sont généralement au nombre de trois : ouvrir le tonnerre,
placer la cartouche, fermer le tonnerre ;
4» Assurer une obturation complète et durable pour le tir.
Avec les cartouches à étui métallique, c'est cet étui qui
assure Tobturation dans des conditions très satisfaisantes.
Classification. — Pour permettre Tétude des divers appa-
reils de fermeture de culasse, dont il existe de nombreux
systèmes, on les divise généralement en deux classes :
40 Les armes à culasse mobile par glissement, ou à
culasse glissante, qui sont dites à verrou lorsque le glisse-
ment a lieu parallèlement au canon, ou à tiroir lorsque le
glissement est perpendiculaire au canon ;
2® Les armes à culasse mobile par rotation, ou à culasse
tournante^ qui se subdivisent elles-mêmes en deux catégo-
56 ARMES A FEU PORTATIVES.
ries, suivant que l'axe de rotation ou charnière de la
culasse mobile est perpendiculaire ou parallèle à celui du
canon.
Armes à verrou. — Dans ce système, la fermeture est
obtenue au moyen d'un cylindre ou culasse mobile, qui peut
se déplacer en arrière et en avant, à la manière d'un
verrou, et qui contient Tappareil de percussion.
La culasse mobile est maintenue dans la position de fer-
meture, soit par un levier de manœuvre qui se rabat dans
une échancrure de la boîte de culasse, soit par des tenons
qui viennent s'engager dans des mortaises pratiquées pour
les recevoir.
On a reproché aux premières armes à verrou de rendre
possible le déculassement, parce que la cartouche pouvait
prendre feu au moment où le cylindre achevait de la
pousser dans le canon, avant que le levier ne fût complète-
ment rabattu. Mais cette crainte n'a plus sa raison d'être
avec les fusils actuels, dans lesquels le percuteur ne fait
pas saillie en avant de la tranche antérieure du verrou et
où l'on a rendu impossible un choc trop brusque de cette
tranche contre la cartouche. On a pris les dispositions vou-
lues pour que le levier ne puisse se porter en avant que si
ce levier est rabattu; en outre, la course longitudinale du
verrou est limitée par une portion arrondie ou 'inclinée,
qui permet à la tête mobile de n'arriver que graduellement
et sans choc à sa position finale.
On peut ramener le cylindre en arrière, pour ouvrir la
culasse, soit en le détournant de 1/4 ou 1/6 de tour pour le
dégager de ses appuis, comme en France et dans la plupart
des fusils étrangers, et en achevant le mouvement de rota-
tion par un mouvement direct, soit simplement par un mou-
vement direct, comme en Autriche et en Suisse. La ferme-
ture de culasse a lieu par la combinaison inverse de mou-
vements de celle qui a servi à l'ouvrir.
Les armes à verrou sont celles qui se prêtent le mieux
à la simplification du mécanisme, à la facilité du démon-
tage et à l'extraction des étuis vides. Elles ont en outre
l'avantage de pouvoir se manœuvrer de nuit sans aucune
précaution; le soldat n'est pas obligé, pendant le change-
ment, de fixer les yeux sur la culasse, puisque le cylindre.
CHAPITRE V.
57
en poussant la cartouche devant lui, achève son introduc-
tion dans la chambre. Aussi, toutes les armes à répétition
actuelles sont à verrou.
Armes à tiroir- — Dans les armes de ce système, la cu-
lasse mobile se meut de haut en bas dans une ouverture
percée dans la boîte de culasse, pour découvrir ou fermer
l'ouverture de la chambre. Le mécanisme, actionné par la
sous-garde, qui sert à
fermer la culasse en ar-
rière, se nomme Uoc de
culasse (flg. 21), et il sert
à la fois de culasse et de
percuteur.
Ces armes sont aban-
données aujourd'hui, et
nous nous bornerons à
citer le mousqueton des
Cent-Gardes, dû au com-
mandant Treuille de Beau-
lieu, et qui fut la pre-
mière arme de petit ca-
libre (9™«»). Le bloc de
culasse porte un taquet
destiné à frapper l'a-
morce d'une cartouche à broche, et un cran où s'engage le
bec de la gâchette. Mais l'arme, une fois chargée, reste
ouverte à l'arrière jusqu'au départ du coup. En agissant
sur la détente, le bloc de culasse se relève et frappe par
son taquet la douille de la cartouche. Cette arme exigeait
d'ailleurs des cartouches trop perfectionnées pour l'époque
(1854).
Armes à culasse mobile par rotation. — Les armes de ce
système sont classées en cinq groupes principaux, savoir:
Les armes à charnière parallèle à l'axe, pouvant avoir
cette charnière à hauteur et sur le côté du canon {armes à
ial)atière)y ou l'avoir en dessous du canon {armes à ba-
rillet).
Les armes à'charnière perpendiculaire à l'axe du canon,
pouvant avoir cette charnière : 1° en arrière et au-dessus
de l'axe {armes àUoc ou à culasse tombante); â» en arrière
Fig. 21
Fig. 2Î.
M ABMES A PRIT PORTATIVES.
et au-dessous de cet axe {armes à rotation rétrograde) \
3» en avant et au-dessus de l'axe {armes à clapet ou à pêne,
ou à bloc tournant).
I. Armes à tabatière. — Le mécanisme de fermeture
consiste en un bloc mobile autour d'une charnière longitu-
dinale, et permettant d'ouvrir ou de fermer la culasse
comme une tabatière. Un extracteur, enfilé sur la broche
de charnière {fig. 22), sert à ramener l'étui dans la boîte,
en tirant la culasse mobile
en arrière après avoir ou-
vert la boite.
Ce système, fort simple,
mais très défectueux, n'a
employé que pour la
transformation d'armes se
chargeant par la bouche.
On Va employé notamment
en France, pour transfor-
mer les armes ancien modèle à percussion en fusils se char-
geant par la culasse. Cette transformation désignée sous
le nom de rnodèle 1867 T, est surtout comiue sous le nom
de fusil à tabatière. On sait le peu de confiance que cette
arme inspirait.
II. ArTnes à barillet. — Dans les armes à barillet, le ton-
nerre est fermé par un barillet ou culasse mobile tournant
^p. autour d'un ase situé dans
■^^ le plan de symétrie de
l'arme et au-dessous du
canon. Ce mouvement de
rotation permet de fermer
ou de démasquer la cham-
bre. L'ancien fasil autri-
chien Wenidl {fig. H) en
est un exemple. Dans ce
cas, le barillet sert simplement de fermeture; il est plein
et s'appuie en arrière contre la tranche du tonnerre.
Mais lorsque le barillet forme tonnerre, il est percé de
trous cylindriques servant de chambre à des cartouches
qui viennent se placer successivement devant le canon.
Nous verrons que ce système de barillet a été adopté poui"
CHAPITRE V. 59
les revolvers, mais qu'il a dû être rejeté pour les fusils à
répétition, non seulement parce qu'il alourdit sensiblement
l'arme, mais qu'il présente, entre la cartouche et le canon,
des solutions de continuité qui sont très préjudiciables à la
portée et à la justesse du tir.
III, Armes à Hoc. — Dans les armes à Moc ou à culasse
tombante, tout le mécanisme est contenu dans une culaase
mobile constituée par un bloc solide, pouvant tourner au-
tour d'un axe situé à l'arrière de la culasse et au-dessus de
l'axe du canon. Le mouvement de rotation est produit par
un levier coudé, dont la grande branche se rabat sous la
poignée en forme de pontet, tandis que la petite s'engage
dans une échancrure du bloc.
Toutes les armes de ce système dérivent plus ou moins
du fusil américain Peàbody {fig. 24), remarquable par la
\%. S4.
simplicité des mouvements et la solidité des pièces. Le fusil
anglais Martini-Benry est la plus parfaite des armes de
ce système.
Pour ouvrir le tonnerre, on amène en avant la grande
branche du levier, qui fait ainsi descendre le bloc dans la
boite, où il est arrêté au moyen d'une pièce d'arrêt lorsque
l'ouverture delà chambre est démasquée. On introduit la
cartouche, puis on ferme le tonnerre, en ramenant en ar-
rière le levier coudé jusqu'à ce que son extrémité touche
le fût.
60
ARMES A FEU PORTATIVES.
La percussion peut être produite par une platine à res-
sort, et alors le chien vient frapper le percuteur logé dans
le bloc de culasse. Mais le mécanisme de platine peut aussi
être logé dans le bloc de culasse, comme dans le Martini-
Henry, ou être agencé extérieurement à ce bloc, comme
dans le Werder.
Les armes à bloc ont l'avantage d'être simples et solides,
d'avoir une culasse bien protégée contre les agents exté-
rieurs et occupant moins de place que celle des armes à
verrou. Mais l'obturation est incomplète, par suite du défaut
de contact qui existe forcément entre le bloc de culasse et
la tranche du canon; l'extracteur n'est pas suffisant et
fonctionne mal, le levier est difficile à manœuvrer dans la
position du tireur couché ; enfin la cartouche doit être en-
foncée complètement pour que la fermeture soit possible.
Aussi aucun des fusils à répétition en service n'est-il pourvu
d'un système de fermeture de ce genre.
IV. Armes à pêne ou à clapet, — Dans ce système, la
boîte de culasse est ouverte ou fermée au moyen d'un bloc
de culasse, mobile autour d'une charnière transversale
située en avant de la boite de culasse, à hauteur de la
chambre. Pour empêcher la culasse mobile de tourner au-
tour de son axe par suite de la pression des gaz, on emploie
un coin ou une pierre reliée au chien et qui vient s'engager
dans une mortaise de la culasse mobile.
Fig. 25.
Un percuteur logé dans le bloc de culasse sert à trans-
mettre à l'amorce le choc du chien. Il existe quelquefois un
CHAPITRE V. 61
extracteur, qui amène l'étui dans la boite de culasse seule-
ment, d'où il faut l'expulser à la main.
Ce système, pour les mêmes raisons que les armes à
tabatière, a été employé presque exclusivement à la trans-
formation d'armes anciennes se chargeant par la bouche,
telles que le Milbanh-Amsier en Suisse, le Berdan n" 1 en
Espagne, le Wanzl en Autriche {Jîg. i6), le Springfleld en
Amérique,
Dans le fusil Wanzl, le bloc de culasse est assuré dans sa
position de fermeture par un pêne cylindrique, actionné
par le chien qui, en s'abattant, fait engager le pêne dans le
bloc, qu'il immobilise ainsi un instant avant que la percus-
sion se produise.
V. Armes à rotation rétrograde. — Le type de ces
armes est le fusil Remington (fig. 26). Dans cette arme, le
bloc de culasse est mobile autour d'un arbre présentant
deux surfaces cylindriques à base circulaire, pouvant s'em-
boiter exactement dans deux surfaces semblables disposées
Fig. 26.
après l'arbre autour duquel tourne le chien. Au départ du
cou[i, la cartouche reçoit le choc du chien par une broche
à course limitée. La pièce C communique le mouvement de
recul au chien de manière à le faire tourner en avant, par
suite de la position de l'axe B. qui supporte ainsi tout le
recul. Quand on ramène le chien en arrière, les deux
autres parties cylindriques viennent en contact, on abaisse
le bloc C, qui entraine l'étui par un ergot placé sur son
contour, et l'on peut charger.
Malgré la simplicité de ce système, les armes à rotation
rétrograde tendent à disparaître, en raison de l'extrême
6i ABME9 A 7EU FOBTATTVZS.
précision do l'ajastage des différentes pièces, de la grande
régularité et de la faible longueur des cartouches.
VI. Armes à carton mobile. — Nous ne faisons que si-
gnaler en passant ce système d'armes, qui a pourtant été
employé le premier pour les armes se chargeant par la
culasse. Le fusil Lefauc/teuœ [fig. 27) en est le type le
mieux réussi ; mais ces armes, excellentes pour la chasse,
sont impropres au service de guerre, parce que, pour le
chargement, la partie antérieure bascule en avant de la
poignée, disposition essentiellement vicieuse pour une arme
munie d'une baïonnette.
Calasse mobile du fusil mod. 1886. — La culasse mobile
du fusil mod. 1886 {fig. 28) comprend les huit pièces sui-
vantes :
1" La lèle mobile {fig. 29'i, qui sert à donner appui au
culot de la cartouche et à loger l'extracteur. Elle forme le
prolongement du cylindre, mais ne participe pas à son
CHAPITRE V. 63
mouvement de rotation. Elle est percée d'un canal circu-
laire en avant et ovale en arrière, dans lequel s'engage le
percuteur^ qui a une forme semblable. Il en résulte que ces
deux pièces, lorsqu'elles se pénètrent, ne peuvent prendre
de mouvement de rotation autour de l'axe indépendamment
Tune de l'autre.
On y distingue : le corps cylindrique, les deux tenons de
Fig. 29.
fermeture t, la cuvette a, le bouton ô et sa nervure n, le
logement du talon de l'extracteur et de sa branche, la fente
latérale /* pour Téjecteur, la fente inférieure pour la tête de
gâchette, le collet c, le trou de la vis d'assemblage; le canal
du percuteur, comprenant la partie ovale et les deux
parties cylindriques ;
2» Veœtracteur, qui sert à faire revenir en arrière la
douille de la cartouche; cette douille vient alors buter
contre Téjecteur, qui l'expulse hors du tonnerre. Il consiste
en un talon taillé en queue d'aronde; on y voit la branche,
la tête, son plan incliné et sa griffe.
On a reproché à cet extracteur, qui fait partie de la tête
mobile, d'être trop court et, en tournant avec la culasse
mobile, d'exiger un aminci d'un quart de circonférence à la
tranche postérieure du tonnerre ;
3» Le cylindre, qui est la pièce de fermeture proprement
dite. Il est creux et renferme le ressort à boudin, ainsi que
le percuteur (fig. 28).
On y remarque {fig. 30): le renfort antérieur &, sa tranche
antérieure, l'arrondi qui glisse sur la rampe de dégagement
dans le mouvement d'ouverture de l'arme ; la nervure-
guide n ; le logement du bouton de la tête mobile et de sa
nervure ; le trou taraudé pour la vis d'assemblage. Le corps
cylindrique comporte la tranche antérieure, le logement
du ressort à boudin, le canal du percuteur, la fente infé-
rieure pour la tête de gâchette, la fente latérale f et la
64
ARMES A FEU PORTATITES.
fente transversale pour l'éjecteur ; la tranche postérieure,
la rainure de départ, la rampe hélicoïdale r, le cran de
l'arme c; le levier l, son renfort &, son pommeau i? et son
corps ;
Fiff. 30.
40 Le chien est la partie massive située à l'arrière de la
culasse mobile qui, par l'action de la détente, entraine
brusquement le percuteur en avant pour enflammer
l'amorce. Il comprend {fig, 31) le corps cylindrique, la
tranche antérieure, le canal du percuteur, le logement du
#|^^pi
Fig. 3<.
manchon j et son étouteau, les deux cloisons f, les deux
coulisses croisées qui forment l'entrée du logement; le
coin d'arrêt i, sa rampe hélicoïdale, son dégagement cylin-
drique; le renfort a, la gorge ô, la crête c et son quadril-
lage, la fente de repère e, le cran de départ d ou partie de
la tranche antérieure du corps cylindrique qui s'appuie à
l'arme contre la tête de gâchette; le cran de repos h, le
cran de l'abattu g^ le coude h\
50 Le percuteur, dont la tête, en frappant la capsule,
MépLil -, ^
Tiô«>
l'omln
Knit>.i.sf
Fig. il.
détermine l'explosion de la cartouche. Il se compose de la
pointe, la partie cylindrique de l'avant, le méplat, l'embase,
la tige, le T {fig. 3-2) ;
CHAPITRE V. 65
6^ Le manchon^ qui sert à relier le chien au percuteur et
présente, à cet effet, un logement pour le T de ce dernier
ifig. 33) ; il s'emboîte dans un autre logement pratiqué à
Tarrière. Deux ailettes formant .,^^
saillie au-dessus du logement des "1^|_^«
deux branches du T, viennent, en ^.*£felj|-[5rf^?^^
se plaçant dans un logement cor- \||cJ-J
respondant du chien, rendre ces Fig 33.
pièces solidaires avec le chien. En somme, le manchon
comporte la tête, les cordons molletés, la fente de repère,
le collet, les ailettes, les méplats, les épaulements d'arrêt
et le logement du T;
7» Le ressort à houdin, qui pousse le percuteur en avant.
Il se compose de 75 à 80 spires, pouvant atteindre un déve-
loppement de 0"^,60 de longueur; cette longueur peut être
réduite à 6 centimètres lorsque le magasin est chargé;
8® La vis d'assemblage du cylindre et de la tète mobile;
on y distingue la tête et sa fente, les filets, la partie non
flletée qui pénètre dans le collet de la tête mobile.
14.-- MÉCANISME DE RÉPÉTITION.
Moyens d'oUenir la répétition. — La répétition ou dis-
position permettant de tirer plusieurs coups avec un même
fusil sans le recharger, peut être obtenue de quatre
manières dans les armes à feu portatives, savoir :
1» Au moyen de canons multiples ^ comme dans la
mitrailleuse ou les fusils à plusieurs coups; mais on com-
prend que ce procédé serait impraticable pour une arme
de guerre;
2» Par le système des revolvers, avec un barillet et un
canon unique; mais comme il y a déformation de la balle et
perte de force, il en résulte une diminution de précision
et de portée. De plus la construction de fusils de ce système
est compliquée, leur entretien difficile, le système d'obtu-
ration imparfait, le nombre des cartouches du magasin
restreint, les cartouches trop courtes, à moins d'augmenter
sensiblement le poids de l'arme et de la rendre peu maniable.
Le fusil de ce genre, imaginé par l'armurier autrichien
Spitalsky, est à peu près le seul qui soit jusqu'à un certain
5
66 AHMES A FED PORTATIVES.
point pratique. Le barillet du revolver {fîg. 34) est employé
comme magasin et comme transporteur en même temps,
avec cette différence, par rapport aux armes-revolvers, que
la cartouche est amenée du barillet dans le canon par la
culasse, ce qui supprime le défaut d'obturation parfaite.
Fjg. 3i.
La culasse mobile tient du système Gras et du système
Mauser. Le mécanisme de répétition comprend le transpor-
teur {Hg. 34) avec sou levier, qui communique à la roue
dentée le mouvement de la culasse, la boite du magasin qui
entoure le barillet, la porte du magasin qui a pour but
d'empêcher les déformations des cartouches pendant le tir,
et l'obturateur.
Aucune arme de ce genre u'a été et ne pouvait être
adoptée comme fusil de guerre;
3* Au moyen de magasins mobiles ou chargeurs, qui
sont des espèces de réservoirs pouvant s'adapter à volonté
aux armes à un coup pour en accélérer le tir.
Les chargeurs à main ou chargeurs rapides n'augmen-
tent que fort peu la rapidité du tir, et, bien qu'ils présentent
l'avantage de pouvoir s'adapter à tous les fusils, presque
sans modification à ces derniers, on n'a adopté nulle part
cette solution, que l'on n'a pas tardé îi considérer comme
un palliatif insuffisant. On fait d'ailleurs à ces chargeurs les
reproches suivants ;
a) Avec le chargeur, le fusil devient d'un maniement
plus difficile;
CHAPITBE V. e7
b) Le poids du chargeur fait forcément pencher l'arme,
ce qui nuit à lajustesse du tir;
c) L'appareil, qui fait saillie sur l'arme, est naturelle-
ment exposé à des chocs qui constituent une cause de
dérangement dans le fonctionnement du mécanisme;
d) Il complique l'équipement du soldat et est une cause
de dépense et de poids.
Il existe un grand nombre de modèles de chargeurs;
nous nous bornerons à donner (flg. 35) le chargeur Krinka
et le chargeur Fosbéry (flg. 35 bis) dont le dessin suffit à
expliquer le mode d'emploi ;
i" Avec des fusils à magasin faisant partie de l'âme
{magasin fixe), et c'est le seul système de répétition usité
68 ARMES A FEU PORTATIVES.
pour l'armement de l'iofanterie. On distingue trois grandes
catégories de fusils de ce genre, savoir :
I. Les armes à répétition avec magasin dans la crosse.
— Avec ces armes, les cartouches sont soustraites à l'in-
fluence de réchauffement du canon et la répartition du
poids est bien équilibrée, car le centre de gravité est rap-
proché de l'épaule.
Par contre, la nécessité d'amener des cartouches allon-
gées du magasin jusque dans le transporteur par la poignée
de la crosse, impose de sérieuses difficultés au construc-
teur. En outre, le chargement du magasin ne s'opère, en
général, que par cartouches successives et exige, par suite,
un certain temps. Enfln, la difficulté de trouver pour ce
genre de fusil un mécanisme de répétition simple et sûr,
jointe aux inconvénients précédents, sont cause que ce
système n'a pas été adopté pour l'armée, bien que, au point
de vue de la construction et du tir, la crosse soit l'endroit
le plus convenable pour recevoir un grand, nombre de car-
touches.
Il existe divers types de fusils dont les plus connus sont
les systèmes Eoichkiss, Spencer, Evans, Mannlicher,
Fia, 3(i,
Schulof, etc. Leur contenance est très variahle (de 4 à
20 cartouches). Le spécimen le plus complet et le plus com-
pliqué de ces armes est le fusil Schulof, dont la figure 36
indique suffisamment le mécanisme et le fonctionnement.
II. Les armes à répétition avec magasin sous le canon.
— Ce genre de magasin consiste généralement en un tube
placé sous le canon, comme dans les fusils français et por-
tugais, ainsi que dans ceux du système Vetterli. Il pourrait
également se composer de deux tubes disposés de chaque
CHAPITRE V. 69
côté du canon, mais nous ne parlerons que du premier, qui
a seul reçu une application pratique.
Dans le tube-magasin, les cartouches sont disposées de
manière que le culot de la cartouche qui est en avant soit
placé contre la pointe de la cartouche suivante. Cette dis-
position, d'ailleurs forcée, a une grande influence sur la
conservation intacte des cartouches dans le magasin. Un
ressort à boudin solide sert à faire avancer les cartouches
du tube-magasin et à les amener progressivement à l'entrée
de la chambre. Ce ressort doit être très solide et très long
(75 à 80 spires, pouvant atteindre un développement de
0™,60 de longueur), ce qui peut nuire au fonctionnement
régulier du magasin. La grande longueur du tube peut être
également cause que ce dernier peut facilement se fausser.
Cette organisation du magasin a, en outre, l'inconvénient
de reporter vers l'avant le centre de gravité et de déplacer
celui-ci après chaque coup tiré. Ce déplacement du centre
de gravité pourrait avoir des conséquences sérieuses dans
le cas où il serait possible de continuer à tirer sans désé-
pauler; mais, en réalité, il est insensible après chaque
coup, puisque le fusil ne pèse chaque fois que 29 grammes
de moins, et que, pour l'ensemble des cartouches, le centre
de gravité n'est déplacé que de O^fii à 0°»,03.
On objecte également l'aggravation de poids du fusil à
l'avant après le chargement du magasin. Il est évident que
ce surcroit de charge de plus de 200 grammes, qui se ferait
sentir tout le long d'un combat, pourrait exercer une
influence fâcheuse sur le tir. Pourtant, dans la chaleur de
l'action, le soldat ne sentira pas beaucoup ce poids qui ne
sera pas toujours au complet et qui, dans tous les cas,
devrait être porté par lui. En outre, en pareil moment, la
justesse du tir laissera toujours à désirer et elle ne sera
pas diminuée de ce fait.
Un inconvénient plus sérieux est celui qui résulte de la
lenteur du chargement du magasin, exigeant de 3 à 5 se-
condes par cartouche, soit une minute environ pour
recharger ce magasin sous le feu ennemi, lorsqu'il aura
été vidé. Il sera préférable, en pareil cas, de tirer coup
par coup que de recharger le magasin pour faire feu à
répétition, et il conviendra d'attendre une période de
ralentissement du feu pour garnir le réservoir.
70 ARMES A PEU PORTATIVES.
D'ailleurs l'emploi de l'arme coup par coup constitue une
ressource suffisante dans la plupart des cas, et l'on fait
même observer que le tir à répétition devant être l'excep-
tion, il n'y a pas lieu de le faciliter outre mesure, et que,
pourvu que Ton dispose du magasin intact au moment du
besoin, le but poursuivi sera atteint en principe. On aura
ainsi contribué à éviter, dans une large mesure, le gaspil-
lage des munitions. Il est vrai que la crainte de ce gaspil-
lage, possible avec les fusils à magasin, n'a pas arrêté les
puissances étrangères et que, si des munitions sont néces-
saires en grande quantité, il faut tout simplement prendre
les mesures nécessaires pour en assurer le ravitaillement.
En outre, comment arriver à ménager le magasin d'une
manière certaine, et surtout comment arriver à en con-
trôler le contenu? On parle, il est vrai, de la discipline du feu,
mais, dans la chaleur de rengagement, on ne voit pas bien
comment il est possible de s'assurer que les commande-
ments sont exécutés. Il y a également un levier de ma-
nœuvre permettant ou non le tir à répétition ; mais si les
hommes ne le font pas fonctionner ou le font mal fonc-
tionner, le résultat ne sera pas mieux atteint.
Il semble d'ailleurs que, même en France, comme nous le
verrons plus loin, on soit revenu de cette crainte, puis-
qu'on a admis pour la carabine de cavalerie le chargement
au moyen de boîtes chargeurs de trois cartouches. Il parait
logique en effet de conclure que, si la répétition est avan-
tageuse, il faut prendre les mesures convenables pour s'en
assurer le bénéfice en tout temps.
Dans les armes avec magasin sous le canon, il faut un
transporteur spécial pour amener les cartouches du maga-
sin devant la chambre. La pression du ressort à boudin fait
arriver une cartouche dans le transporteur lorsqu'on ferme
le tonnerre. En ouvrant ce dernier, l'étui vide est d'abord
éjecté, puis le transporteur et la cartouche qu'il contient
sont engagés dans la chambre et la cartouche est prête à
être tirée.
Le tir à répétition exige ainsi deux mouvements : ouvrir
et fermer le tonnerre, lesquels ne prennent que deux
secondes, ou au plus trois secondes avec le temps de viser,
soit vingt secondes environ pour les dix coups du fusil
mod. 1886, et au maximum une demi-minute.
CHAPITRE V. 71
Les formes les plus usitées pour le transporteur, avec ce
système de magasin, sont celle de tiroir^ avec mouvement
en arrière et en avant parallèle à l'axe du canon, comme
dans le fusil Vetterli mod. 1869, et celle à!auget ou de
cuiller, avec un mouvement oscillant autour d'un axe fixe ,
comme dans le fusil mod. 1886.
IIL Les armes à répétition avec magasin dans la boite
de culasse, — Dans ces armes, le magasin proprement dit
consiste généralement en une simple ouverture permettant
l'introduction d'un chargeur, et en un ressort (dit éléva-
teur) faisant monter successivement les cartouches. Les
chargeurs ont presque toujours la forme d'une boîte dans
laquelle un certain nombre de cartouches sont placées les
unes sur les autres : d'où le nom de boites-chargeurs.
Il suffit d'introduire une de ces boîtes dans le magasin ;
le mouvement du chien dans les armes à verrou est disposé
de manière à amener les cartouches successivement dans
le canon. Cette boîte tombe ensuite par son propre poids
quand elle est vide. Mais, dans tous les cas, elle doit pou-
voir être facilement fixée dans le magasin ou en être
enlevée.
La boîte-chargeur, dont la contenance varie de 3 à 12 car-
touches, mais est généralement de 5, se charge dans le
fusil aussi facilement qu'une seule cartouche, de sorte que
le chargement de l'arme est toujours possible, même sous
le feu le plus violent, à la condition toutefois d'avoir des
munitions en quantité suffisante.
Ce genre de chargeur automatique peut s'appliquer à
tous les fusils à verrou ; il assure une grande vitesse de tir
et garantit contre la déformation des cartouches. C'est
celui qui a été appliqué à la transformation des fusils hol-
landais et italiens, ainsi qu'aux nouveaux fusils adoptés
par l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Danemark,
l'Italie, la Suisse, et même par la France pour sa carabine
de cavalerie.
On peut signaler, comme inconvénient, le poids assez
élevé qu'atteint un fusil de ce système dont le chargeur
contient un assez grand nombre de cartouches, surtout
étant donné le poids mort constitué par les boîtes. Il est
vrai que l'on est parvenu à réduire ce dernier à un mi-
72 ARMES A FEU PORTATIVES.
nimum, par le remplacement des boîtes-chargeurs au
moyen de lames-chargeurs, comme en Belgique, en Russie
et en Turquie, dont le poids n'est que de 6 grammes au
lieu de 20 en moyenne pour les boites-chargeurs. En outre,
le magasin constitue, en principe, un appendice assez sail-
lant, qui peut se détériorer facilement ou empêcher com-
modément le maniement de l'arme. Enfin il est très difficile
ou même presque impossible de tirer autrement qu'à char-
geur.
Choix à faire. — Cependant, entre les fusils à chargeur
automatique se manœuvrant toujours comme arme à répé-
tition et les fusils à magasin sous le canon ou dans la
crosse qui, une fois vidés, ne peuvent plus remplir conve-
nablement ce rôle de magasin, on peut trouver place pour
une troisième solution, qui est celle de fusils à boite-char-
geur permettant le tir coup par coup. C'est cette solution
qui a été admise pour les dernières armes à répétition cons-
truites. Mais il faut pour cela disposer de cartouches
empaquetées isolément, en même temps que de boites-
chargeurs.
Ainsi qu'on a pu le voir, les divers systèmes de magasins
présentent des avantages et des inconvénients, d'ailleurs
relatifs, car les uns et les autres dépendent non seulement
de la manière de voir, mais encore du caractère et de Tétat
d'instruction du tireur. Pourtant, on est arrivé peu à peu à
se faire une opinion moyenne, généralement adoptée,
comme nous l'avons indiqué.
Hécanisme de répétition du fusil mod. 1886. — Les
pièces du mécanisme de répétition de ce fusil sont assem-
Fig. 37.
blées sur une plaque à oreilles, appelée corps de méca-
nisme, en même temps que celles qui forment le méca-
CHAPITRE V.
73
nisme de détente de Tarme. Cet assemblage des deux
mécanismes constitue un tout que Ton désigne simplement
sous le nom de mécanisme de répétition (fîg, 37).
Le mécanisme de répétition proprement dit comprend les
dix pièces suivantes :
1» Le corps de mécanisme (fig. 38), où Ton remarque :
la plaque a ; le logement de la feuille antérieure du pontet
et le trou de sa vis; Téchancrure g pour le passage du
levier de manœuvre; à l'avant le tenon d'attache d du
corps de mécanisme; sa fente pour le passage de Tarrêt de
cartouche; en dessus, les deux nervures ce entre lesquelles
se trouvent le logement de l'arrêt de cartouche et le loge-
ment du bec d'auget; le logement de l'œil du ressort du
levier de manœuvre; les trois trous, dont un taraudé (dans
la nervure gauche) pour la vis-goupille de l'arrêt de car-
touche. On distingue ensuite les oreilles &, le trou non
'^•"r;îî!V,i»IIIUIIIIIIIIWIUIIMIIIIIMHW!,i
JL
3 —
Fig. 3S.
taraudé pour la vis de mécanisme, les deux trous pour
Taxe du levier de manœuvre, le trou de l'oreille droite
prolongé par une échancrure pour le passage de la came
du levier ; dans l'oreille droite, le trou taraudé pour la vis
de ressort de gâchette; entre les deux oreilles, le dégage- '
ment pour la branche inférieure du ressort de gâchette, le
logement du rouleau du ressort, prolongé par le trou pour
le pivot du rouleau.
Au corps de mécanisme est fixé, par sa feuille antérieure,
le pontet de sous-garde, qui sert à enlever et à remettre en
place le mécanisme de répétition ;
2» La vis de mécanisme, qui sert à relier le mécanisme à
la boite de culasse. On y voit la tête et sa fente, la tige qui
s'amincit vers l'extrémité pour donner de l'entrée à la vis,
les filets;
3» Uaitget, dans lequel on distingue {fig. 39) : le bec &, sa
fente c pour le passage de l'arrêt de cartouche; le corps;
le logement de la cartouche a, ses bords, ses recouvre-
74
ARMES A FEU PORTATIVES.
ments e et leur raccordement avec les bords; le fond, l'évî-
dement du fond; le passage du tenon inférieur de la tête
mobile; à droite et à gauche, les parois; en dessous les
deux nervures d qui s'appuient, à l'abattu, sur celles du
corps de mécanisme; le talon f sur le dessus et sur le
devant duquel agit successivement le grand bras du levier
d'arrêt pour maintenir Tauget dans ses deux positions; la
queue hy le butoir de relèvement i, le trou pour l'axe du
levier de manœuvre , le trou pour le pivot du butoir
d'auget, le logement de l'œil de gâchette, Tévidement où se
Fig. 39.
meut la griffe du butoir d'auget; sur la face gauche l'épau-
lement qui sert de butée contre l'oreille gauche du corps
du mécanisme pour assurer la position de l'auget dans le
remontage ;
40 Le butoir d'auget (fig, 40) avec le pivot e, la griffe g,
sur laquelle agit la came du levier de manœuvre; la queue
d, sur laquelle presse le renfort du levier du cylindre pour
faire descendre lauget ; le gradin &, qui fournit un point
n
Fig. 40.
d'appui pour le remontage du ressort de levier de ma-
nœuvre; la tranche inférieure c, par laquelle le butoir
prend appui sur la nervure droite du corps du mécanisme,
de manière à relever Tauget lorsque, celui-ci étant à
rabattu, on met le levier de manœuvre à la position du
tir coup par coup. Le butoir d'auget sert à soulever et à
CHAPITRE V.
75
^Souioiro tftuBuSHJlé'.
abaisser Tauget pour le tir à répétition. La tranche infé-
rieure de ce butoir, en prenant appui sur la nervure droite
du corps du mécanisme, fait également relever Tauget
lorsque, celui-ci étant à l'abattu, on met le levier de ma-
nœuvre à la position du tir coup par coup ;
5» Le levier de manœuvre {fig. 41), où Ton distingue
l'axe qui sert à assembler l'auget et la
gâchette au corps de mécanisme; sa
came qui agit sur la griffe du butoir; le
bras du levier en forme d'S; les deux
faces d'appui du ressort du levier de
manœuvre, formant deux plans inclinés
en dedans; le bouton quadrillé et son
collet qui le relie au levier.
Le levier de manœuvre permet le tir coup par coup ou
le tir à répétition, suivant que son bouton quadrillé est
poussé en avant ou en arrière ;
&^ Le ressort de levier de manœuvre, où Ton remarque
Tœil a, la branche coudée d, la t^te &, son contour arrondi
Fig. 41.
Fig. 42.
et son profil incliné, qui sert à la maintenir sous les faces
d'appui du levier {fig. 42) ;
70 i^arrèt de cartouche, qui comprend le levier; le grand
bras e, son plan incliné d qui agit sur le talon
d'auget; le logement du pivot du ressort; le
trou taraudé pour la vis du ressort ; le trou c
pour la vis-goupille et ses bouteroUes; le petit
bras h, le bec a {fig. 43) ;
8» Le ressort, qui fonctionne à la fois comme
arrêt de cartouche et comme ressort d'auget ;
la griffe g, la petite branche f, la grande bran-
che h; le trou non taraudé pour la vis de res-
sort; le pivot;
90 La vis de ressort, qui relie le ressort au
levier ; Fig. 43.
40<^ L*arrêt de cartouche est assemblé au corps de méca-
76 ARMES A FEU PORTATIVES.
nisme, en même temps que le ressort de levier de ma-
nœuvre, par la vis-goupille dC arrêt de cartouche ; celle-ci
comprend la tête, la partie filetée et la goupille.
I 5. — MÉCANISME DE DÉTENTE.
Dans les anciennes armes se chargeant par la bouche et à
amorce distincte de la charge, ainsi que dans certaines
armes plus récentes se chargeant par la culasse, l'inflam-
mation de la charge est produite par un chien, faisant offlee
de marteau, qui vient frapper l'amorce. Le mécanisme des-
tiné à produire la rotation du chien s'appelle platine ; nous
avons vu qu'il en existe de plusieurs espèces et nous les
étudierons en parlant des revolvers.
Mais dans la plupart des armes actuelles, l'inflammation
de la charge s'obtient à l'aide d'une amorce fulminante con-
venable, dont une percussion détermine la détonation. Dans
ces armes, le mécanisme de percussion est le plus souvent
réuni au mécanisme de fermeture, et l'étude de ces deux
mécanismes ne peut guère être faite séparément. Dans le
fusil mod. 1886, le mécanisme de percussion est formé par
le percuteur, le ressort à boudin, le manchon et le chien.
Dans tout mécanisme de percussion, le choc est produit
par un ressort plat ou à boudin. Les ressorts plats ne sont
plus employés que dans les armes anciennes ou à platine.
Les ressorts à boudin les ont remplacés avantageusement,
car ils sont plus faciles à fabriquer, à loger, à remplacer;
ils sont plus économiques et, même rompus, ils peuvent
encore fonctionner un certain temps.
On fait généralement partir le coup au moyen d'une dé-
tente, sur laquelle s'exerce l'action du premier doigt. Le
corps de la détente tourne autour d'un axe fixe ; la partie
supérieure arrondie tourne d'une manière continue, en s'ap-
puyant sur le canon même, et refl*ort qu'il faut exercer est
constant jusqu'au départ du coup.
Dans le fusil modèle 1886 et dans certains autres, le corps
de la détente présente deux bossettes {flg, 44). Au moment
où la première vient rencontrer le dessous du canon, il se
produit un temps d'arrêt et le centre de rotation change
brusquement. Le même à-coup se produit quand la deuxième
CHAPITRE V. 77
bossette rencontre le canon ; le tireur, ainsi prévenu, peut
éviter le coup de doigt.
Enfin, dans certaines armes de précision (Mauser, Vet-
terli), il existe une douUe détente. La première suffit pour
abaisser complètement la gâchette. Mais, si Ton veut pré-
parer la détente, on commence par agir sur la seconde, qui
abaisse presque complètement la gâchette, de sorte qu'il
suflBit d'exercer une action très faible sur la première dé-
tente pour faire partir le coup.
Mécanisme de détente du fusil mod. 1886. — Ce méca-
nisme, qui fait partie du mécanisme de répétition, comprend
cinq pièces, savoir :
1^ La gâchette, avec la tête de gâchette; les ailettes ; la
fente qui reçoit la détente, les
trous de goupille ; le corps,
évidé du côté droit ; le loge- o^
ment du rouleau du ressort de
gâchette ; l'œil, son épaulem ent,
son chanfrein {fig. 44; ;
2o La détente à douUe fos-
sette; le corps, la queue, les
deux bossettes, le trou de gou- Fig. 44.
pille, répaulement ;
3» La goupille de détente, qui relie la détente à la gâ-
chette;
40 Le ressort de gâchette, où Ton remarque les deux
branches symétriques, les rouleaux, les pivots de rouleau.
L'un des rouleaux a son pivot à droite, et l'autre son pivot
à gauche, de façon que le ressort puisse être indifférem-
ment remonté dans les deux sens ;
5® La vis de ressort de gâchette, qui maintient le ressort
en place sur le corps de mécanisme, en empêchant le pivot
inférieur de sortir de son trou.
I 6. — ORGANES DE POINTAGE.
Conditions générales. — Pour diriger le projectile sur le
but â atteindre, il est indispensable que la construction de
l'arme fournisse au tireur un moyen sûr de donner â la
78 ARMES A FEU PORTATIVES.
ligne de tir (1) la direction et l'inclinaison voulues. On a
répondu à cette nécessité en déterminant une ligne de mire
au moyen d'une hausse et d'un guidon.
Le guidon étant fixe en principe, pour faire varier la
ligne de mire on a recours à une hausse, ou appareil per-
mettant de donner au cran de mire la hauteur correspon-
dant à la distance à laquelle on veut tirer, c'est-à-dire de
hausser le tir, en élevant le cran de mire pour tirer plus
loin.
Les appareils de hausse doivent avant tout être solides,
d'un maniement simple et facile, de construction et de ré-
paration non compliquées, tout en offrant le moins de
chance d'erreur possible. Ils doivent permettre, en outre,
Tutilisation des portées extrêmes eflîcaces des armes aux-
quelles ils sont adaptés. Ainsi l'angle de mire maximum est
de 90 pour le fusil mod. 1874, ce qui correspond à I8OO mè-
tres, et de 70 environ pour les armes de petit calibre, ce qui
correspond à 2,000 mètres. Mais on peut admettre que, pra-
tiquement, la portée maxima ne dépasse pas 1200 mètres,
car il ne s*agit pas de savoir si le projectile aura un effet
utile même à 3,000 mètres, mais simplement de pouvoir
l'envoyer où il produira un effet utile en visant, et la portée
de la vue ne peut guère dépasser 1200 mètres.
On peut ranger les hausses employées en deux grandes
classes : 1® celles qui donnent des indications continues et
parmi lesquelles sont comprises les hausses à curseur et les
hausses à cadran ; 2® celles qui donnent des indications dis-
continues, telles que les hausses à lamettes, à trous, à gra-
dins, etc.
Hausses à curseur. — La hausse à curseur se compose
d'une planchette, mobile autour d'un axe horizontal fixé au
canon, et portant un curseur dont le cran de mire peut être
déplacé le long de la planchette, suivant la distance estimée,
marquée par des divisions inscrites sur la planchette.
Avec les fusils mod. 1874, ou ceux construits vers la
même époque, pour les grandes portées, une planchette
(!) On sait que la ligne de tir est Taxe du canon supposé indéfiniment
prolongé. C'est la ligne théorique que suivrait le projectile, sans l'effet de la
résistance de l'air et de la pesanteur.
CHAPITRE V. )9
unique aurait été trop longue, et l'oa préférait avoir recours
à une rallonge pour le curseur, La hausse du fusU
mod. 1874 est le type de ce genre (fig. 4S).
La planchette porte un cran de mire à la partie supérieure
(1200 mètres), et un à la partie inférieure {250
mètres), un sur son pied quand elle est rabattue
en arrière (300 mètres), et un sur sa face anté-
rieure près de l'extrémité quand elle est rabat-
tue en avant (200 mètres). Un petit ressort,
interposé entre la planche et le curseur, main-
tient celui-ci en place aux différentes distances.
A partir de 300 mètres, il faut lever la planche,
sur les deuxcôtés de laquelle sont marqués les
traits indicateurs du tir de 400 à 1200 mètres
sur le côté gauche, et de 1400 à 1800 mètres
sur le côté droit. Deux crans ont été pratiqués
dans le curseur à rallonge : un à la partie
inférieure pour les distances de 400 à 1200
mètres, l'autre à la partie supérieure pour les
distances de 1400 à 1800 mètres.
Dans cette hausse, on a été amené à multi- ' — TTyi — '
plier les crans de mire pour les petites dis-
tances, ce qui augmente les chances d'erreur. '^'
C'est pourquoi, dans la hausse du fusil mod. 188<i, on a
cherché à atténuer cet inconvénient par l'emploi de gra-
dins, correspondant au tir de 400
à 800 mètres {Jlg. 46), sur lesquels
on fait porter le curseur, de ma-
nière à élever plus ou moins la
planche, sans la relever complè-
tement. On a pu également éviter
l'emploi de la rallonge et l'incon-
vénient d'avoir quatre crans de
mire devant les yeux. La planche
mobile porte trois crans de mire , ,
celui de 230 mètres sur le pied de |
la planche rabattue en avant ,
celui de 2,000 mètres (marqué 20) P'b 4b
sur le sommet de la planche; le troisième, pratiqué dans le
talon de la planche et donnant les lignes de mire de 400 à
800 mètres, lorsqu'on fait reposer le curseur sur les divers
80 ARMES A FEU PORTATIVES.
gradins du pied. La planche est graduée à droite pour les
distances de 100 en 100 mètres, à gauche pour celles de 50
en 50 mètres; au-dessus de chaque trait de la graduation
de droite se trouve le chiffre indicateur de la distance (de
900 à 1900 mètres).
Cette hausse, qui est en réalité à gradins et à curseur^
comprend les huit pièces suivantes ;
1» Le pied de hausse, soudé à Tétain sur le canon, et
comportant les gradins, le logement du ressort, sa partie
plane, son plan incliné, sa fente rectangulaire, le trou ta-
raudé pour la vis de ressort; Tœil de charnière; les trous
de goupille ;
2» Le ressort de hausse, avec sa branche, la queue
d'aronde, le trou de la vis ;
3» La vis du ressort de hausse;
i^ La, planche moMle, dans laquelle, outre les trois crans
de mire et les graduations, on distingue la fente, les côtés,
le pied et son trou de goupille, le trou taraudé de la vis-
arrétoir, le talon et ses coulisses pour le passage du cur-
seur;
5® Le curseur, qui porte le cran de mire mobile pour les
distances de 900 à 1900 mètres ; le corps, les coulisses, les
côtés quadrillés, le trou pour le pivot du ressort ;
6® Le ressort de curseur, logé dans la coulisse gauche, le
corps, le pivot ;
7° La vis-arrétoir de curseur;
S^ L2L goupille, qui maintient la planche sur le pied.
Les fusils actuels les plus récents n'ont plus de curseur à
rallonge ; grâce à la vitesse initiale plus grande obtenue,
on arrive avec la planchette seulement à avoir une hausse
suffisante pour les distances auxquelles on peut pratique-
ment tirer.
Dans la hausse Mauser (ftg. 47), on a cherché à éviter les
divers inconvénients signalés plus haut, en employant un
curseur plein à trous. Mais alors l'horizon se trouve plus
ou moins masqué et la visée est plus difficile. Cette hausse
est à la fois à curseur, à lamettes et à trous, et cette com-
plication ne parait pas procurer un résultat d'autant meil-
leur.
Hausse à cadran. ^Ce genre de hausse comporte une lame
mobile {fig. 48), avec un cran de mire unique, ce qui évite
CHAPITRE V. 81
les erreurs dues à la multiplication des crans de mire. Cette
lame tourne entre deux oreilles formant une sorte de cadran
gradué, et elle est arrêtée à la graduation voulue au moyen
de dispositifs spéciaux.
Fig. 47.
Fig. 48.
Mais il est difûcile de donner à la pièce mobile une stabi-
lité suffisante, la graduation se lit peu aisément et ne con-
vient que pour un nombre restreint de lignes de mire ; enfin,
cette forme de hausse se prête mal au pointage sous les
grands angles. Cependant, elle est employée encore dans un
certain nombre d'armées, notamment en Autriche et en
Suisse, où l'on a cherché toutefois à remédier aux inconvé-
nients signalés.
Hausse à lameites. — C'est une application grossière de
la hausse k cadran, dans laquelle un certain nombre de
lamettes d'inégales hauteurs portent chacune un cran de
mire tournant autour de charnières horizontales {flg. 49),
Ces hausses manquent de fixité et ne donnent pas un
nombre suffisant de lignes de mire.
ARUES A FED PORTATIVES.
Hausse à trou. — C'est une hausse du genre précédent,
mais ne comptant qu'une seule lamette mobile, percée de
trous servant de crans de mire. La hausse de notre fusil
Fig. 49.
mod. i874 T est à la fois à lamettea et à trous. En plus des
inconvénients signalés pour les systèmes précédents, cette
hausse a, en outre, celui d'empêcher de bien distinguer
l'objet visé et, par suite, manque de précision.
Hausse à gradins. — Le pied de la hausse porte un cer-
tain nombre de gradins, comme il a été indiqué pour la
hausse du fusil mod. 1885 (fîg. 46), sur lesquels on fait
porter le curseur de la planche à la distance voulue.
On a renoncé aux trois dernières espèces de hausses que
nous venons d'indiquer, parce qu'elles ne permettent de
tirer qu'avec un petit nombre de lignes de mire et que, pour
les distances intermédiaires, on est obligé de s'en rapporter
à l'habileté dn tireur ou à des procédés empiriques. Mais
nous avons vu que leur combinaison avec d'autres systèmes
peut donner de bons résultats, comme par exemple dans la
hausse de notre fusil mod. 1886, qui est à la fois à gradins
et à curseur, etc.
Guidon. — C'est une petite pièce de métal, brasée sur le
canon vers son extrémité antérieure et placée exactement
dans le plan vertical passant par l'axe du canon.
CHAPITRE V. 83
La meilleure forme pour le guidon est celle à section
triangulaire {fig. 50), avec le sommet légèrement arrondi
{flg, 51), qui laisse néanmoins Timpression d'une arête ; la
face supérieure et les faces latérales vont en fuyant, pour
ne pas amener de confusion pendant la visée. La forme en
grain d'orge (fig. 52) a dû être écartée, parce que la lumière
en le frappant offre un point brillant, de position variable,
que le tireur confond aisément avec le sommet.
On enseigne, dans les exercices préparatoires de tir, à
éviter de viser par les points brillants que peut également
présenter le cran de mire, ce à quoi on arrive en encadrant
le guidon dans l'entaille {fig. 53), de manière à laisser de
chaque côté des espaces vides égaux.
Appareils de pointage latéral. — Avec les différentes
espèces de hausses on est toujours obligé, pour les tirs aux
grandes distances, d'épauler très bas, ce qui force à baisser
trop la tête et peut nuire à la justesse du tir. Aussi, pour
remédier à cet inconvénient, il existe dans un certain
nombre de fusils (Angleterre, Autriche, Danemark, Espagne,
Norvège) un dispositif spécial permettant au tireur d'épau-
ler dans les conditions ordinaires.
Le dispositif employé pour le Mannlicher autrichien est
indiqué comme exemple. La grenadière
porte sur le côté droit un guidon latéral
{fig, 54) dont la pointe se trouve à hauteur
de l'axe du canon. La partie postérieure de
la hausse est coudée {(ig. 55) et dans ce
coude est pratiquée une rainure en forme de
queue d'aronde. Une lamelle portant un cran
de hausse, qui reste dans son logement en
temps ordinaire, peut se mouvoir dans la ^^s- ^^•
rainure au moyen d'un talon et on la fait coulisser en de-
hors pour les tirs à partir de 1350 mètres. On pointe alors
par le cran de hausse de la lamelle et le guidon latéral de
la grenadière.
Pour porter de 1000 à 1200 mètres la portée du fusil espa-
gnol mod. 1871-89, on a adopté un système à peu près ana-
logue (fig. 86).
Dispositions générales de la ligne de mire. —La hausse
Si
ARMES A PBD PORTATIVES.
et le guidon sont placés sur le canon à une distance de l'œil
des tireurs supérieure à la distance de vision distincte
(0"',25). On a ainsi une longueur de ligne de mire d'environ
0™,70, plus que suffisante pour* obtenir un pointage précis.
Les crans de mire peuvent être déviés légèrement pour
corriger l'influence de la dérivation ou l'angle d'écart hori-
zontal (fusil mod, 1874). Pour le cran de mire du curseur,
on lui donne une déviation correspondant à la distance
moyenne de son emploi.
Fig. 55.
Toutes les armes d'un même modèle ont naturellement
la même hausse, uniformément graduée. Mais les déviations
initiales varient pour chaque arme ; afin de permettre de
rendre les armes comparables entre elles, on a corrigé
l'angle d'écart horizontal, en disposant le guidon de manière
à pouvoir le déplacer perpendiculairement au plan de tir.
C'est pourquoi le guidon est assemblé sur son embase à
queue d'aronde. Pour corriger l'angle de relèvement, on
dispose de sis. numéros de guidons différant seulement par
la hauteur.
Le pied de hausse et l'embase du guidon sont soudés sur
le canon ou sur le tube-enveloppe. Dans les armes à répéti-
CHAPITRE V. 83
tion où ce tube n'existe pas, il vaut mieux visser le pied de
hausse sur le canon, en raison de réchauffement considé-
rable produit par le tir.
17. — MONTURE.
La monture sert à relier, conjointement avec les garni-
tures, les différentes pièces de l'arme. Elle doit être disposée
de manière :
1<> A faciliter le maniement de l'arme dans les divers mou-
vements à exécuter avec le fusil ;
2» A rendre aisée la mise en joue et à atténuer Teffet du
recul dans la mesure du possible. Pour permettre d'épauler
et de viser commodément, le talon de la crosse doit être
plus bas que le canon, être coupé en biais et présenter une
surface assez grande pour bien s'appliquer à l'épaule et
pour que le choc du recul se répartisse sur une étendue
présentant un appui convenable ;
3^ A loger un certain nombre de pièces, tels que le
canon, la culasse et sa boite, la détente, les garni-
tures, etc.;
4» A contenir le magasin des armes à répétition, soit sous
le fût, soit dans la crosse, soit sous la boîte de cula sse.
La monture est généralement en bois de noyer, parce que
c'est le bois qui se travaille le mieux dans tous les sens et
dont les fibres présentent le plus de résistance à la sépara-
tion. Elle comprend le fût. la poignée et la crosse.
Fût, — Le fût, qui va de la boite de culasse à la partie
antérieure, contient le logement du canon et de la boite de
culasse. Pour être bien maintenu dans le fût, le canon doit
y être encastré sur la moitié de son diamètre ; il est relié
au fût par une ou deux vis postérieures et deux ou trois
boucles antérieures (embouchoir, grenadière, capucine),
dont le logement est ménagé sur le fût. Au moment du tir,
le canon prend appui sur la monture au moyen d'épaule-
ments spéciaux, mais l'extrémité de la queue de culasse
ne doit pas prendre appui sur le bois, qui se fendrait promp-
tement. Un canal est ménagé pour la baguette dans certains
modèles, alors que dans d'autres il est préparé dans la
crosse.
86 AHUEB A fEU PORTATITSB.
Parfois, le fût porte des évidements latéraux pour la main
gauche du tireur (mod. 1886), afla d'empêcher les doigts de
toucher te métal du canon, qui
devient brûlant dans un tir ra-
pide. Dans le même but, on a em-
ployé un tube-enveloppe (AUe-
magne.Belgigue, Danemark, etc.).
un protège-raain en bois ou en
cuir (Angleterre, Autriche), on
ajoute au fût un garde-main en
bois entourant complètement le
canon sur une certaine longueur
(fusil de 6'"'",5).
Poignée. — La poignée, entre
le fût et la crosse, sert à saisir
l'arme pour le tir ou le manie-
ment d'arme. Elle a une section
ovale de dimensions telles que la
, main puisse l'embrasser entiè-
rement sans difficulté.
Crosse. — C'est la partie qui va
de la poignée à l'extrémité pos-
térieure de l'arme. Elle s'élargit
pour répartir l'action du recul sur
toute la surface de l'épaule et
faire contre-poids au canon. La
couche, ou partie comprise en-
tre l'extrémité de la crosse et la
queue de culasse, doit avoir une
certaine pente pour atténuer les
effets du recul, mais une exagé-
1 ration dans ce sens amoindrirait
! la solidité de la monture et favo-
I riserait la tendance au relève-
i ment de l'arme au départ du coup.
Cette pente est surtout détermi-
née par la condition que la hausse se trouve à hauteur de
l'œil sans que la crosse cesse d'être appuyée à l'épaule,
quelle que soit la distance de tir.
1^1
CHAPITRE V.
87
Nombre de pièces de la monture. — En général, la
ture est d'une seule pièce, mais elle peut être aussi en
parties, lorsque le mécanisme de départ est
volumineux. L'une des parties est reliée au ^
canon, l'autre à la partie postérieure de la §
boite de culasse. I
La monture en deux pièces est plus écono- ^
mique et plus facile à fabriquer; elle permet
de réunir dans une même boîte de culasse les
appareils de fermeture et de percussion ; enfin,
elle facilite le montage et le démontage du
mécanisme.
Ainsi, dans le fusil mod. 1886, la boite de
culasse est reliée à la crosse par deux vis
{flg. 56); la vis postériq^re de pontet, qui
traverse la poignée de la monture pour venir
se visser dans la queue de culasse, et la vis
de culasse, dont la tête est cachée sous la
partie postérieure du pontet, qui est mainte-
nue par le support de vis de culasse et se
visse dans la queue de culasse en avant de la
première.
Monture du fusil mod. 1886. — Le fût
contient le magasin de cartouches et les dif-
férentes pièces qui complètent ce magasin,
savoir : le tube-arrêt de pistoïi, la goupille de
tube-arrêt, le ressort de magasin, le piston
et sa goupille.
Dans le fût proprement dit, on remarque
{fig. 57) : le logement du canon et de la partie
cylindrique de la boîte, le magasin, le loge-
ment du tube-arrêt de piston, le trou pour
la goupille du tube-arrêt, la cloison qui sé-
pare le magasin du logement du canon, la
cheville de fût, qui traverse cette cloison vers
l'arrière pour la garantir des fentes; le bou-
chon de magasin, collé dans la partie anté-
rieure du fût, et maintenu par une cheville
de bouchon, également collée ; l'emplacement
mon-
deux
M)
de Tembouchoir et son épaulement; l'épaulement de la
88 ARMES A FEU PORTATIVES.
grenadière, les encastrements des ressorts de grenadière
et d'embouchoîr, Tévidement circulaire du ressort d'em-
bouchoir, les évidements latéraux pour la main gauche
du tireur, la tranche postérieure, le tenon qui sert à réunir
le fût à la boite de culasse.
Le tube-arrêt de piston est étamé. Il comprend : le tube-
arrêt proprement dit, dont l'entrée est raccordée avec le
magasin creusé dans le fût; son rebord, pour arrêter la
course du piston ; le tenon d'attache du fût, brasé sur le
tube-arrêt ; Téchancrure pour la goupille ; le crochet, son
épaulement, son plan incliné.
Le ressort de magasin s'appuie, par son extrémité libre,
contre le fond du magasin ; l'autre extrémité pénètre dans
le piston, auquel elle est reliée p^r une goupille. On dis-
tingue dans le piston : le corps à profil évidé, les trous de
goupille, l'épaulement, le collet; à l'intérieur, le logement
du ressort de magasin.
On distingue dans la crosse {fig. §6) : la crosse propre-
ment dite, le bec, le talon, le buse, l'encastrement du devant
de la plaque de couche, les trous pour les deux vis de
plaque, le trou d'allégement, l'encastrement de l'em-
base du battant, les trous des deux vis de battant. La
poignée, l'encastrement de la queue de culasse, celui de
la feuille postérieure du pontet, celui du support de vis
de culasse; les deux trous pour la vis de culasse et pour
la vis postérieure de pontet ; le trou pour la vis de support
de vis de culasse ; les oreilles, entre lesquelles se trouve le
passage de la détente et de la gâchette, leur tranche anté-
rieure, leur chanfrein ; le trou pour le support d'oreilles, et
les logements de la rosette et de son écrou. Le support
d'oreilles ; la rosette, la tige et ses filets ; l'écrou vissé et
rivé sur la tige ; ses deux crans de démontage.
Garnitures.
Désignation générale. — - On désigne sous le nom de gar-
nitures toutes les pièces métalliques indépendantes du
canon et de la boite de culasse, à l'exception de la baïon-
nette. Les principales de ces pièces sont : la baguette, les
boucles et leur ressort, la plaque de couche, les battants
CHAPITRE V.
89
qui servent à attacher les bretelles, la sous-garde et des vis
à bois.
Baguette. — La baguette est une tige mince en acier de
longueur variable. Elle sert à nettoyer le canon et à chasser
rétuivideou la cartouche de la chambre quand l'extrac-
teur n'a pas fonctionné. Le petit bout est généralement
Fig. 58.
engagé dans un taquet-écrou par une partie flletée, qui sert
aussi à visser le lavoir. Une fente, percée dans la tête,
permet l'introduction d'une lame de tournevis, pour faci-
liter le vissage et le dévissage s'il y a lieu {fig. 58).
Les figures 56 et 57 comprennent les différentes garni-
tures du fusil mod. 1886, représentées à la place qu'elles
occupent.
Boucles, — Les boucles, au nombre de deux dans les
fusils actuels, sont maintenues en place par un ressort.
Elles servent en principe à maintenir ensemble le canon et
la monture.
Celle qui est à la partie antérieure, nommée embouchoiry
sert à protéger l'extrémité du fût et à soutenir la baguette
dans son canal. On y distingue {fig. 56) : la bande, les cou-
lisses, la fente pour le passage du guidon, le logement cir-
culaire pour la poignée de la baïonnette, le trou du pivot
de ressort. Le ressort d'embou-
choir comprend : la goupille, le
corps, l'épaulement, le pivot, pe-
tite tige servant à former les fais-
ceaux.
La grenadière, placée à peu
près à mi-longueur du canon,
porte l'un des battants d'attache
de la bretelle de fusil. On y re-
marque {fig. 59) : la bande, les
coulisses, le pivot de battant, le
trou du pivot, le bec. Vanneau '^*
de battant de grenadière comporte les rosettes, les trous
90 ARMES A FEU PORTATÎVES.
du rivet, leriyet de battant. Le ressort de grenadière com-
prend la goupille, le corps, Tépaulement.
Avec les anciens fusils, à canons plus longs, il y avait, en
outre, une capucine^ de même forme que la grenadière,
mais sans anneau de battant.
Le serrage des boucles exerce une influence sur la jus-
tesse du tir. On pourrait se servir dans ce but de
boucles ouvertes {flg. 60), dont il est possible de
modifier le serrage à l'aide d'une vis de réglage.
Mais ce moyen n'est pas pratique et cette disposi-
tion n'a pas été adoptée. Les fusils avec tube-enve-
Fig. 60. loppe ne présentent pas l'inconvénient signalé.
Plaque de couche. — C'est une petite pièce en fer qui
garnit l'extrémité de la crosse et contourne le talon, pour
préserver la crosse lorsqu'elle vient frapper le sol. Cette
plaque et la tranche supérieure du tonnerre doivent laisser
un jour à leur partie supérieure, afin d'éviter que ces pièces
ne soient dégradées par le recul ou par un choc accidentel.
Il y a un battant de crosse comme deuxième point d'attache
de la bretelle. Ce battant (flg, 56) comprend : l'anneau, ses
rosettes, les trous du rivet ; Tembase, son pivot, les trous
des deux vis; les rivets de battant; les deux vis à bois de
battant de crosse.
On distingue dans la plaque de couche (flg. 56) : le devant
et le dessous avec leur trou de vis, la face intérieure avec
ses deux évidements de nervure ; les deux vis à bois de
plaque de couche.
Sous-garde. — C'est la réunion du pontet et de la pièce
de détente. Le pontet couvre la détente ; il présente quel-
quefois un crochet servant d'appui au doigt du milieu. La
pièce de détente limite Je mouvement de la détente et elle
garantit les bords de la fente de la monture à travers la-
quelle passe la détente.
1 8. — baïonnette.
L'arme blanche que l'on adapte au bout du fusil, pour la
transformer en arme de main, ne doit pas empêcher le tir,
CHAPITRE V. 91
et c'est Vauban qui, le premier (Voir page 5), est arrivé
à ce résultat.
Pendant longtemps, avec les armes à tir peu rapide et à
faible portée, la baïonnette a joué un grand rôle, parce que
la lutte se terminait toujours par un combat corps à corps,
où l'on sait que les Français excellent, car le courage indi-
viduel y peut briller. Mais, avec les fusils actuels, le corps
à corps ne se produira que fort rarement ; toutefois, l'arme
blanche peut encore exercer un grand effet moral et on Ta
conservée partout sous forme de baïonnette de diverses
espèces. D'ailleurs, sans elle, l'infanterie serait exposée à
ne pouvoir chasser d'une position un adversaire opiniâtre,
ou à rester sans défense si elle n'avait plus de car-
touches.
Jusqu'à ces derniers temps, on a subordonné les condi-
tions d'établissement de la baïonnette à celles du fusil. On
voulait notamment conserver une longueur de 1™,90 au
fusil armé de sa baïonnette, de sorte que la longueur de
celle-ci devait augmenter au fur et à mesure que celle du
canon diminuait. Mais aujourd'hui que l'on compte surtout
sur le feu pour repousser les charges, rien n'empêche de
réduire la longueur de la baïonnette à 0n»,4o environ, ce
qui, avec celle de l",2o pour le fusil, donne une longueur
totale de 1™,70, encore bien suffisante.
Cependant, il importe de faire la baïonnette aussi légère
que possible, afin que son influence sur le tir se fasse moins
sentir lorsqu'elle est au bout du fusil pour tirer. Ainsi Ton
constate que, en pareil cas, l'adjonction de la baïonnette à
l'arme en modifie le poids et la position du centre de gra-
vité, en même temps qu'elle change l'état vibratoire du
canon. Avec le fusil mod. 1874, on a trouvé qu'avec la
baïonnette, à 200 mètres, le tir était abaissé de 0^,20 et re-
jeté à gauche de 0«»,4S. En outre, en allégeant le poids de la
baïonnette, on diminue le poids porté par l'homme et l'on
peut augmenter d'autant le nombre des cartouches à faire
transporter par le soldat.
En résumé, la longueur de la baïonnette pourrait être
diminuée sans inconvénient, pour éviter de toucher terre
dans la position du tireur à genou et réduire en même
temps le poids du fourreau. On peut remarquer, d'ailleurs,
que la plupart des puissances étrangères ont adopté des
Vt ARMES A FEU PORTATIVES.
baïonnettes très courtes, variant de O^jas à 0",54, et que
ji les fusils les plus récents ont les balon-
"t nettes les plus courtes.
La forme de la baïonnette est également
dés plus variées, ainsi que sou usage. Les
plus nombreuses et les plus courtes sont en
forme de couteau ou de poignard, pouvant
par suite servir de hacbe et de serpe, et
même quelquefois de scie quand l'un des
tranchants est muni de dents de scie.
Le poids dépend naturellement de la
) forme et de la longueur de la baïonnette;
il varie entre 350 grammes et 2*0 grammes,
comme on peut le voir dans le tableau d'en-
semble qui sera donné plus loin.
La baïonnette française a, surtout depuis
trente ans, souvent changé de forme et de
modèle. La première baïonnette, imaginée
dans la première moitié du XVII* siècle,
était une sorte de long poignard à manche
' de bois, que le mousquetaire engageait
dans la bouche du canon, de manière h
transformer son arme en une sorte de pique
pour le combat corps à corps. Jusqu'en
1866, on se servit de la baïonnette de Vau-
ban (fiç. 9), avec quelques modificalions,
dont la principale fut l'adoption de la douille
à virole. Avec l'adoption du fusil mod.
1866, on la remplaça par le sc^re-baiori-
nettes en forme de yatagan. Ce sabre, trop
lourd et trop flexible, ât place, dans le fusil
mod . 1 874, à Vépée-baionnette, à lame trian-
gulaire. Enfin, pour le fusil mod. 1886, on
a adopté une épée-balonnetie, à lame qua-
drangulaire, avec poignée en bronze de
nickel {fig. 61). Sa longueur est de 0™,518 ;
j le poids de la baïonnette, d'abord de 0'',400,
' O a été augmenté de 15 grammes pour per-
mettre à la soie de traverser tout le pommeau.
Le poids du fourreau est resté à 200 grammes.
CHAPITRE V. 93
Nomenclature de Vépée-baïonnette mod. 1886. — L'épée-
baïonnette se divise en trois parties principales : la lame, la
monture et le fourreau.
La lame comprend : la lame quadrangulaire proprement
dite, le talon, les quatre arêtes, les quatre gouttières, la
pointe; la soie : la partie lisse avec le trou du rivet de
croisière, la partie flletée avec le trou de la vis de poi-
gnée.
On distingue dans la monture : la poignée en bronze de
nickel ; la tête qui pénètre dans le logement de Tembou-
choir, le corps, la rainure pour le grand tenon ; l'emplace-
ment de la virole; le tenon qui pénètre dans le collet de la
croisière ; les trous pour la vis de poignée ; la partie ta-
raudée qui se visse sur la soie, l'évidement intérieur, le
bouchon rivé (en acier) ;
La vis de poignée qui assure l'assemblage de la poignée
et de la soie, et dont la tête sert à limiter les mouvements
du poussoir;
La croisière, en acier ; le corps, le quillon, la douille, les
deux fentes de la douille, Tune pour le guidon, l'autre pour
le petit tenon; le trou de la soie ; le collet qui reçoit le tenon
de la poignée; les trous du rivet de croisière, le logement
du poussoir et de son ressort; Taxe du ressort de poussoir,
vissé et rivé sur la croisière;
La virole en acier; le corps; le poussoir quadrillé; le
logement du ressort de poussoir; l'échancrure pour la tête
de la vis de poignée ; le taquet et son plan incliné ;
Le ressort à boudin de poussoir.
Le fourreau, en acier, comprend : le corps de fourreau,
l'entrée, le trou du rivet de cuvette; le bracelet-pontet,
brasé sur le fourreau ; le bouton, brasé sur le fourreau ; le
bouton proprement dit, la tige qui pénètre dans le fourreau,
son évidement conique; la cuvette, le corps, le trou du
rivet, les quatre battes ; le rivet de cuvette.
§ 9. — CARTOUCHE.
Nous avons indiqué déjà (page 31) les conditions géné-
rales que doit remplir la cartouche. Il reste à examiner
celles que l'on peut exiger de ses différentes parties.
94 ARMES A FEU PORTATIVES.
Balle. — Jusqu'à l'adoption des fusils à tir rapide, les
balles étaient en plomb pur, en raison de la malléabilité, de
la grande densité et du prix peu élevé de ce métal. Mais le
plomb coulé manque d'homogénéité, et le forcement, qui se
produit par inertie, se fait irrégulièrement; la conséquence
est que le centre de gravité n'est pas sur l'axe de figure et
que l'on a été amené à comprimer les balles après le mou-
lage. Pour augmenter la dureté du métal, on a aussi associé
le plomb à un autre métal; ainsi, on a employé, en France,
le plomb durci à 5 p. 100 d'antimoine, en Angleterre le
plomb à 8 p. 100 d'étain.
Avec les armes de petit calibre et à tir rapide, pour éviter
Templombage du canon et diminuer la facilité du forcement
par inertie, on a enveloppé la balle d'une chemise métal-
lique très mince, faisant corps avec elle, et généralement
en acier, en cuivre, en maillechort, recouvert de nickel.
Cette chemise augmente notablement la précision du tir,
et, permettant l'emploi de rayures à pas progressif, accroît
la puissance de pénétration.
La balle, primitivement sphérique, affecte la forme
cylindro-ogivale. La forme allongée de la pointe est favo-
rable à la conservation de la vitesse, mais reste sans
influence sur la précision.
La balle mod. 1886 a une hauteur totale de aO""», dont
22min pour la partie cylindrique et 8"»°^ pour la partie ogi-
vale. Elle est en plomb durci et enveloppée d'une chemise
de maillechort; elle pèse 15 grammes. Elle porte à l'avant
un méplat de 8°»™, qui a surtout pour but, comme dans les
armes à magasin de ce genre, d'éviter l'inflam-
mation accidentelle de l'amorce.
La balle du fusil mod. 1874 a affecté successi-
vement trois formes différentes : les deux pre-
miers modèles, de 1874 et de 1879, en plomb dur
de 24™"', 5 et de 2o™°»,3 de longueur, le dernier,
de 1883, en plomb durci de :25°»°»,3 de longueur,
présente un méplat de 6™°» de diamètre, afin de
lui conserver le poids de 25 grammes et la lon-
gueur maxima de 27"»™, 75, tout en employant le
Fig. 62. plomb durci à 5 p. ÎOO d'antimoine {flg. 62).
Avec les balles ordinaires, pour diminuer l'emplombage
des rayures, on enroule autour de la partie postérieure de
'■•^.•:y^-'-
CHAPITRE V. 9o
la balle un losange en papier nommé calepin, et l'on enduit
la pointe d'une certaine quantité de graisse. Avec les balles
à chemise, ces précautions deviennent inutiles.
Ainsi que nous l'avons indiqué déjà, on a reconnu que,
pour mieux se diriger dans Tair, la balle devait avoir
environ trois calibres de longueur. Mais, avec les calibres
de li"n> et au-dessus, on ne pouvait obtenir ce résultat
qu'en évidant les balles à leur partie postérieure, ce qui nui-
sait à leur justesse, car le forcement ne se produisait pas
bien régulièrement. Avec les petits calibres, on peut obtenir
une longueur plus grande, tout en conservant la balle
pleine. Cette longueur varie entre trois et quatre ca-
libres.
D'après le professeur Hébler, la forme la plus rationnelle
à donner à la pointe de la balle est la forme ogivale,
comme la plus propre à vaincre la résistance de l'air. Il
résulterait d'observations et d'expériences faites par lui
pour divers calibres et longueurs de projectiles que les
propriétés balistiques sont améliorées, car le poids de la
balle peut être diminuée, la vitesse initiale est augmentée
et la pression des gaz est moindre.
Nous devons signaler également l'invention d'une halle
tubulaire Krnha-Hehler, Ces balles sont percées, suivant
leur axe, d'un canal longitudinal destiné à réduire considé-
rablement la résistance que Tair leur fait éprouver. Des
expériences ont été faites à ce sujet dès 1874, mais elles
n'ont pu aboutir avec le plomb mou employé comme métal.
La dimension la plus favorable pour le canal intérieur est
d'environ les 2/o du calibre.
Parmi les nombreux modèles expérimentés, celui qui
s'est le mieux comporté, au point de vue de la résistance
de l'air, est une balle dont la forme est ogivale à l'arrière
comme à l'avant, et dans laquelle le canal central s'évase
quelque peu à l'arrière en forme d'entonnoir, de telle sorte
que l'ogive postérieure n'a pas besoin de s'appointer jus-
qu'au diamètre même du canal.
Les j)rojectiles, coniques à l'arrière, sont munis d'un
sabot-guide en carton, qui doit s'en séparer à la sortie de
l'arme. Ce sabot présente une saillie qui s'emboîte dans
l'entonnoir ménagé à la partie postérieure du projectile.
Il résulte de cette disposition que la balle se trouve
96 ARMES A FEU PORTATIVES.
encore mieux centrée pendant sa course dans Tâme et que
sa séparation d*avec le sabot est plus aisée.
On pourrait ainsi obtenir des projectiles plus légers,
donnant un recul moins violent et diminuant la pression
des gaz.
Les deux modifications qui viennent d'être indiquées ont
besoin d'être sérieusement étudiées et expérimentées avant
de passer dans la pratique.
On a coïi3taté, par expérience, que la balle ne sort pas
précisément dans la direction de Taxe du canon, parce que
le projectile, pendant son trajet dans Tâme, imprime à
l'arme des déviations initiales qui produisent un angle de
relèvement ou d'abaissement et un angle d'écart horizontal.
Les mouvements qui produisent ces déviations sont le recul
et les vibrations.
Les effets du recul sont annulés à ce point de vue par la
construction, en plaçant le centre de gravité de la balle sur
Taxe. On sait également que l'on peut ne pas faire varier le
recul de l'arme, tout en augmentant la vitesse initiale du
projectile, en diminuant le poids de ce dernier. On peut, en
outre, obtenir une tension d'autant plus grande de la tra-
jectoire que le rapport du poids de la balle à sa section est
plus élevé : ce sont là des données d'expérience.
Or, pour diminuer les écarts de la balle, il faut que sa
vitesse de rotation soit d'autant plus grande que sa lon-
gueur en calibres est plus considérable; de là, l'obligation
de diminuer le pas des rayures. Mais alors une balle en
métal mou comme le plomb ne peut plus être guidée régu-
lièrement dans des rayures fortement inclinées. On a
d'abord essayé de lui substituer le plomb durci, mais ce
métal présente des inconvénients pour les rayures. On a
essayé, enfin, d'entourer le plomb d'une, enveloppe métal-
tique très mince, qu'on est parvenu à souder à la balle
d'une manière intime et qui a donné d'excellents résultats.
L'acier serait le meilleur métal pour cette chemise, mais il
est à peu près impossible de le préserver de la rouille.
Pourtant on arrive à ce résultat en le nickelant.
Les vibrations du tir, ainsi que l'ont démontré des expé-
riences faites en 1835, font décrire à la bouche d'un fusil
une sorte de spirale circulaire ou elliptique, dont les dimen-
CHAPITRE V. 97
sions varient avec un grand nombre d'éléments, tels que la
nature du support, la position du tireur, l'épaisseur du
métal, le serrage des boucles, la qualité et la quantité de la
poudre, la longueur du canon, le poids et le mode de fixa-
tion de la baïonnette, la dissymétrie de l'arme, etc. Parmi
ces nombreuses causes, la dernière semble jouer un rôle
important, surtout dans l'angle d'écart horizontal.
Pour atténuer PefiTet des vibrations, qui peut amener
quelques perturbations dans les déviations initiales du tir,
il faut surtout éviter la répartition dissymétrique de la
masse de l'arme, diminuer l'intensité du choc (en diminuant
la charge ou en prenant des poudres plus lentes), réduire
les frottements de la balle, donner plus de poids au canon,
rendre constant le serrage des boucles ; éviter d'attacher
invariablement la monture au canon par plus d'un point,
alléger la baïonnette, et peut-être la fixer au-dessous du
canon au lieu de la fixer sur le côté.
Étui. — Il y a deux espèces principales de cartouches :
1® celles à étui combustible, dans lesquelles l'obturateur est
relié au mécanisme de fermeture ; 2*> celles à étui métal-
lique, dans lesquelles l'obturation est réalisée par la car-
touche même.
Avec les cartouches à étui combustible (fusil mod. 1866,
fusil Dreyse), le poids de la cartouche est réduit au mini-
mum ; la fabrication en est simple et facile, sans machines
ni ouvriers spéciaux ; l'étui étant complètement brûlé par
les gaz de la poudre, il n'y a pas besoin d'extracteur.
Dans le fusil mod. 1866, l'obturateur {fig. 63) consistait
Fig. 63.
en une rondelle en caoutchouc placée en avant du cylindre
formant culasse mobile et garantie par une tête mobile
contre l'action directe des gaz. Lors de l'explosion, la pres-
sion des gaz appliquait fortement la tête mobile contre la
rondelle qui, se trouvant comprimée, augmentait de dia-
mètre et fermait toute issue aux gaz.
7
98 ARMES A FEU PORTATIVES.
Les inconvénients de cet obturateur étaient de se brûler
à la flamme des gaz de la poudre, dans toutes les parties
qui dépassaient la tête mobile, ou au moment de l'explosion,
et, par suite, d'occasionner des crachements.
Néanmoins, les nombreux inconvénients que présentent
les cartouches à étui combustibles ont fait renoncer à leur
emploi. Ce sont les suivants : 1» l'obturation est imparfaite,
le canal de l'aiguille s'encrasse facilement et rend tout fonc-
tionnement, impossible ; 2» la rigidité n'est pas suffisante,
ce qui empêche d'y adapter une capsule et force à employer
une aiguille assez longue, et, par suite, assez fragile ; 3° la
fabrication est lente, coûteuse et ne donne pas toujours des
résultats bien réguliers, de sorte qu'il est difficile d'intro-
duire dans la chambre des cartouches un peu longues ;
4» il se produit souvent des ratés de premier coup, parce
que cette cartouche n'est pas suffisamment arrêtée dans la
chambre; S^ elle résiste mal à l'humidité et se détériore
rapidement dans les magasins et les transports.
Les cartouches à étui rigide suppriment ces divers incon-
vénients. Avec elles, l'obturation est parfaite; la poudre
bien protégée contre les agents extérieurs est moins dis-
posée à s'enflammer accidentellement, et même l'explosion
d'une cartouche ne provoque pas celle des cartouches voi
sines. Enfin, les ratés sont très rares, par suite de la grande
régularité de fabrication des étuis, qui a lieu mécaniquement.
Toutefois cette fabrication, rapide et facile, exige un outil-
lage spécial, que l'état de l'industrie permet d'ailleurs d'ob-
tenir sans difficulté; il est nécessaire de faire en temps de
paix un certain approvisionnement d'étuis; le prix de revient
est un peu plus élevé, mais les procédés mécaniques rédui-
sent sérieusement la dépense, et, en temps de paix, les étuis
servent plusieurs fois ; la cartouche est plus lourde, mais la
réduction du calibre a plus que compensé cet inconvénient,
sans compter qu'il n'y a plus de ratés ni de cartouches dété-
riorées; enfin, il faut un extracteur pour enlever Tétui vide
et les difficultés d'extraction peuvent obliger à interrompre
le tir; mais on n'en a presque pas d'exemples avec les
armes actuelles, de même qu'il est très rare que, en cas de
rupture d'étui, la partie entraînée par la balle reste dans le
canon et produise un gonflement au coup suivant.
Le mode d'inflammation de la charge a fait diviser les
CHAPITRE V. 99
étuis métalliques en deux grandes classes : ceux à percus-
sion périphérique et ceux à percussion centrale.
Dans les cartouches à percussion périphérique, adoptées
d'abord pour les armes à magasin (Vetterli suisse), le ful-
minate est logé dans un bourrelet ménagé au pourtour du
culot de rétui {fig. 64). Après avoir versé la pou-
dre, on place la balle à la partie supérieure. L'in-
flammation s'obtient au moyen d'un percuteur qui
vient frapper la cartouche sur le bourrelet.
Ce genre de cartouches présente les inconvé-
nients suivants : 1» la charge de fulminate, plus
forte qu'il ne convient, ne brûle pas régulière-
ment et pas toujours complètement, de sorte que
la force qu'elle produit, s'ajoutant à celle de la
poudre, est assez variable et occasionne des dif-
férences dans la portée; 2» le fulminate, placé
dans la partie la plus faible, n'est pas suffisamment
protégé contre les chocs accidentels ; 3<> le bour-
relet, forcément mince pour assurer l'effet du choc ^'8- 6*-
du percuteur, est par suite peu solide et peut occasionner
des crachements.
Des cartouches de cette espèce ne peuvent donc convenir
que pour des armes tirant à faibles charges. Aussi a-t-on dû
leur préférer, pour les armes actuelles, les cartouches à
percussion centrale, dont il existe deux types principaux :
la cartouche Boxer et la cartouche Berdan.
Dans la cartouche Boxer {fig. 65), adoptée en Angleterre,
une douille en clinquant, renforcée par deux cu-
lots métalliques s'emboîtant l'un dans l'autre,
reçoit une plaque à rebord au fond, pour per-
mettre l'extraction. Ces diverses parties sont re-
liées entre elles par une cuvette d'amorce percée
d'un évent, qui est elle-même engagée et forte-
ment sertie contre les parois par une rondelle en
papier comprimé. La capsule et son enclume sont
placés au centre de cette cuvette.
On peut reprocher à cette cartouche, d'ailleurs ^'^- ^^•
très solide et d'un prix peu élevé, d'être formée d'un trop
grand nombre de pièces ; en outre, avec les mêmes condi-
tions de chargement, elle donne une vitesse initiale moindre
que la cartouche Berdan.
100
ARMES A FEU PORTATIVES.
Dans le type Berdan {fig. 66), l'étui d'une seule pièce a la
forme de deux cylindres reliés par une portion tronconique.
Le métal du culot est repoussé en deux sens différents, de
manière à constituer une partie saillante, dite en-
clume^ et une cavité dans laquelle est sertie
l'amorce. Ce culot est renforcé par un anneau en
laiton.
L'étui de notre fusil mod. 1874 est une modifi-
cation du type précédent, dans lequel l'épaisseur
du culot a été augmentée par un refoulement du
métal. L'amorce n'est pas sertie, mais maintenue
par un couvre-amorce, ce qui diminue les chances
de rupture et d'inflammation accidentelle.
Fig. 66.
Cartouche mod. 1874. — Les parties essentielles
de cette cartouche sont : l'étui à poudre, l'amorce ,
la charge, le lubrificateur et la balle {fig. 62).
L'étui à poudre, en laiton, affecte généralement la forme
d'une bouteille, en vue de réduire dans la mesure du pos-
sible la longueur de la charge. La partie antérieure est le
collet; le corps ou partie postérieure se termine par le
culot^ qui déborde de manière à former un bourrelet, ser-
vant d'une part à limiter le mouvement en avant dans la
chambre, et, d*autre part, à donner prise à la griffe de
l'extracteur. L'amorce frappée par le percuteur est lancée
contre l'enclume de l'étui et l'effet du choc fait enflammer
le fulminate; deux évents, percés de part et d'autre de l'en-
clume, livrent passage à la flamme, qui vient communiquer
le feu à la charge de poudre. Il est essentiel d'assurer la
plus grande régularité à ces évents, pour obtenir l'inflam-
mation de la charge dans des conditions toujours iden-
tiques.
L'amorce consiste en une capsule en cuivre rouge chargée
de fulminate ; elle est recouverte d'un couvre-amorce intro-
duit dans la cuvette par forcement ; ce couvre-amorce est
une capsule plus grande en laiton, mais dépourvue de ful-
minate.
La charge se compose de 5 gr. 25 en moyenne de poudre
noire F^ ou F,.
Le lubrificateur sépare la balle de la poudre. Il se com-
pose d'une bourre en cire recouverte de papier, à l'excep-
CHAPITRE V. 101
tion de la partie qui correspond au tortillon du calepin.
Celui-ci, adhérant ainsi au pain de cire, tombe avec lui de-
vant la bouche de l'arme, au lieu de troubler la marche de
la balle en raccompagnant dans l'air.
La balle du mod. 1879 est en plomb pur comprimé, sans
méplat à Tavant ; elle pèse 23 grammes. La balle mod. 1883
est en plomb coulé, et durci à 5 p. 100 d'antimoine; son
poids est de 25 grammes en moyenne. La pointe de l'ogive
est abattue par un méplat d'environ 6«»™ de diamètre.
Les tolérances sur les dimensions doivent être très
faibles, afin que la balle puisse toujours être introduite
dans le canon, où la position de la cartouche est ainsi bien
assurée. De même, le chargement est aussi régulier que
possible lorsque les dimensions intérieures sont bien obser-
vées.
Cartouche mod. 1886. — La cartouche mod. 1886 com-
prend les mêmes parties, qui sont indiquées dans
la figure 67.
Elle a 75™" de long et pèse environ 29 grammes ;
la balle, du poids de 15 grammes, a SO™"» de long et
reçoit une charge de 2grj7 de poudre sans fumée.
Dans ses traits généraux, la fabrication de Vétui
est restée la même avec le fusil de calibre réduit
qu'avec celui du calibre de i\^^. Lorsqu'on em-
ploie de la poudre en grains, Tétui en laiton est
en forme de bouteille, sinon il est légèrement co-
nique quand on fait usage de poudre comprimée ^*^* ^^'
en cylindre avec canal longitudinal.
Le culot est généralement muni d'un bourrelet, qui com-
plique un peu la fabrication, augmente légèrement le poids
et le prix de la cartouche, enfin, se prête moins bien à
l'empaquetage, tant dans les boîtes-chargeurs ou magasins
des armes que dans les caisses de transport, ce qui diminue,
à volume égal, le nombre des cartouches contenues. Cepen-
dant, on n'a pas hésité à admettre l'étui à rebord dans la
plupart des armées européennes, de préférence à celui avec
gorge ou rainure circulaire dans l'étui, attendu que ce der-
nier mode permet moins sûrement l'éjection de l'étui.
Nous indiquons, en parlant de la poudre sans fumée et
102 ARMES A FEU PORTATIVES.
dans le tableau de la page 104, les conditions générales que
Ton connaît sur l'établissement des cartouches adoptées
dans les armées étrangères, en laissant de côté celles qui
sont chargées en poudre noire et ne présentent plus aucun
intérêt.
En résumé, le meilleur modèle de cartouche est la car-
touche à bourrelet, afin d'éviter les défauts d'extraction
provenant de l'agrandissement de la chambre et d'y bien
fixer sa position. L'étui a la forme générale de celle de la
cartouche du fusil Mannlicher de 6°*",5 [fig, 104). La balle
est en plomb durci et chemisée de maillechori. La charge
de poudre est de 2 grammes; la balle pèse 10 grammes et la
cartouche 22 grammes.
Observation. — Avant de passer à la description som-
maire des difiérents fusils en service dans les armées euro-
péennes, nous croyons utile de résumer, dans le tableau
ci-après, les principales données numériques qui s'y rappor-
tent, de manière à ne pas allonger la description et à per-
mettre facilement la comparaison.
DONNÉES NUMÉRIQUES
CONCERNANT
LES DIFFÉRENTS FUSILS EN SERVICE
DANS LES ARMÉES EUROPÉENNES.
104
ARMES A PEU PORTATIVES.
FUIS-
SANCES.
Allemagne....
Angleterre....
Antricbe>HoD-
grie
Belgique
Danemark.. . .
Espagne
DESIGNATION
DES MODÈLES.
1888, Mannlicher.
1889, Lee-Medfort
1888, Mannlicher.
1889, Manser.
1889, Krag-Jorgenson.
1871-89, Freyre-Bmll.
( 1892, Manser
France.
1886, Lebel.,
Hollande. . .
1871-88 , Beanmont-
Vitali
ItaUe
1892, Mannlicher.^.
187(K87,VetterIi-Vltali
1 1892 , Mannlichei^Car-
cano
Norvège ....
Portugal
Roumanie. . . .
Russie.
Snède.
Suisse
il Turquie
il Turquie
1885, Jarmann.
1886, Kropatschek . . .
1892, Mannlicher.
1891, de trois lignes..
1867-89
1889, Rubin-Schmidt.
1889, Mauser
SYSTEME
de
FERMETURE.
A Yerron,
concentr. .
A verrou ,
rotation de
la culasse.
A verrou ,
m. direct.
A verrou,
m. combine.
A verrou. .
A bloc, ro-
tation rétr.
A verrou ,
m. combiné.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
A verrou.
A bloc, m .
rétrograde.
A verrou ,
ferm. Jir.
A verrou ,
m. combiné.
LONGUEUR
de l'arme
«
a
a
o
m
Xi
w
a
es
1,145
1,257
1,280
1,275
1,330
1,315
1,275
1,307
1,320
1,280
1,200
1,343
1,320
1,225
1,230
li302
»
i
O
.s
m.
1,645
1,561
1,525
»
1,861
1,525
1,825
1,832
1,543
1,450
1,782
1,790
))
1,730
1,724
POIDS
de Tanne.
a
o
m
"kir
3,800
3,600
4,400
3,900
4,250
4,075
3,900
4,180
4,500
4,100
4,100
3,000
4,435
4,000
3,800
4,050
4,300
S
et
O
«
«S
k.
4,200
4,080
4,800
4,270
4,470
4,475
4,580
4,885
4,470
4,720
4,550
»
4,300
4,470
4,700
mm.
7,9
7,7
8,0
7,65
8,0
11,0
7,0
8,0
11,0
6,5
10,85
6,5
10,15
8,0
6,5
7,G2
8,0
7,5
7,65
u
»
bO
a
o
h4
m.
0,768
0,765
0,779
0,940
0,800
0,830
0,790
0,850
0,730
0,762
0,840
0,780
CANON,
RA.TORB
•
£
a
o
•
u
a
mm.
•
t.
1
M
s
•
S
mm.
■1«
4
»
»
0,240
7
5,00
0,10
0,254
4
»
0,20
0,250
4
4,20
0,1SB
0,250
6
»
0,15
0,300
6
4,03
0,20
0,650
4
4,20
0,185
0,250
4
1,30
0,115
0,240
4
4,32
0,750
4
2,50
0,15
0,200
4
4,10
0,20
0,(kN)
4
»
M
0,200
4
M
0,15
0,568
8
4,00
»
0,860
4
»
0,15
0,200
4
»
»
0,286
6
.»
0,14
0,288
3
4,00
0,10
0,270
4
»
0.1 S5
»
CHAPITHK V.
CARTOUCnE
s:
£
S
...
...
"r
l"
ESPÈC.™
:
■
a._.
11
1
=3
il
■s
.1
1
1
"■"'"
—
■AaïaiN.
g
sr.
!t.
mB.
n^B.
m
st.
!7
30
75
11,7
82,5
31,60
KO
^
''■"
150
Afier reo.
Snulunds.tluHlln^
SsmUbilledeeiiliiig
t boltat-chicgann. .
ÎS
50
1&
li.O
70,0
7B,0
31,80
6Î0
10
120
24Û
Id.
Nobal unt. haf. on
Id., Id.
Schwidi, HDinuDtB..
Id-, id.
27
00
00
1*,=
78.0
«5
s
6,™
120
«■
H P, ••» [aiii*a
li.ibma^hïrganr.
83
00
00
.5..
«0
«1
«.0
lîO
100
CBiTfB.
Id.,lbolt»<l»rgeiir.
41
70
25,0
11,2
15,0
75,0
«.M
30,38
ISO
820
a
■
120
184
MlUlBch.
Fondra RotWdl
Vi«ll.,.»>.fnmi
Au.«û«p.
Sa» 1» balle da =a-
laiH, k lama ehirg.
D™. U mi, «ini la =.-
"
00
00
25,0
io,s
n,«
31,40
730
■1
10,0
ni
117
P.pi=r.
Suufam*»
Saa> 1. toile da c-
Î9
40
18,0
10,5
ûlt,
700
5
ISO
140
MùllacbnrL
Nobal .»■ faaém dita
UliititeinElita...
Id.
id., id.
Id., id.
"
■10
■195
«
P.pior.
Dut la tit, tùOÈ la u-
KO
13(1
„
..
>.,.
76.6
.«
m
^
0,50
..ïi.
Sun fonte, 4baHda
Sou- te balle da m-
lu», ïlemachirg.
21
«
61>
"■"
30,18
aiB
=
B.OO
'
MniHBtliort
Suu fam«a, •otlagoa
Id.
30
»
4&
U,b
028
CDivra.
Apfrita, lani r<iiii«a..
A OD eoop.
2,
»
00
1..'
M,00
BÛO
20,0
100
Id.
Saxe !• boita da cn-
»,.
H30
7
80
M.ille,:bor[
Id
106 ARMES A FEU PORTATIVES.
CHAPITRE VI.
DESCRIPTION DES FUSILS EN SERVICE.
ALLEMAGNE.
Fusil mod. 1888.
On sait que F Allemagne est la première des grandes
puissances européennes qui ait adopté le fusil à répétition.
Son exemple a eu raison des hésitations des autres et a
été rapidement suivi.
Mais le modèle qu'elle avait adopté en 188*, sous le nom
de fusil 1871-84, n'était qu'une transformation du Mauser
mod. 1871, sur lequel il ne présentait guère d'avantage que
celui de la répétition. Par contre, on pouvait lui reprocher
notamment d'avoir conservé le calibre de i\^^, ainsi que
l'ancienne cartouche et l'ancienne poudre.
Aussi, bien que Tarmée allemande fût à peine dotée du
fusil mod. 1871-84 lorsque la découverte des nouvelles pou-
dres eut permis d'utiliser les propriétés merveilleuses des
fusils de petit calibre, le gouvernement allemand n'hésita
pas à changer de nouveau son armement et à adopter, sous
le nom de fusil mod. 1888, un fusil du calibre de 7°»«»,9, sys-
tème Mannlicher (fig. 68).
Le système de fermeture est à verrou concentrique
(fig, 69); c'est la culasse mobile du Mauser mod. 1871, mo-
difiée de manière à permettre le fonctionnement du nou-
veau mécanisme. Ainsi, il n'y a plus de ressort-gâchette,
mais un petit ressort à boudin placé à l'avant de la pièce de
gâchette ; Veœtracteur est fixé à la partie supérieure de la
tête mobile ; un éjecteur, fixé sur le côté gauche de cette
dernière, vient frapper contre un butoir à l'arrière de la
boîte de culasse et rejette l'étui vide à l'extérieur. Le sys-
tème de verrou est disposé verticalement au moyen de deux
tenons symétriques.
Le magasin est analogue à celui du fusil autrichien
mod. 1888; il est organisé pour recevoir un chargeur con-
teDant cinq cartouches. Il communique avec la boite de
culasse, sous laquelle il est placé, par une fente servant de
passage aux cartouches. Il forme sous le fût une saillie peu
sensible, qui se confond avec le prolongement du pontet,
lequel fait corps avec lui. Le magasin est fixé au fût par la
vis du magasin et à la crosse par la vis du pontet.
Le système de répétition est du système Mannlicher,
J08 ARMES A FEU PORTATIVES.
dans lequel on a remplacé le ressort plat par un ressort à
boudin, auquel les Allemands accordent la préférence.
La boite-chargeur (fig, 69) est un récipient en tôle d'acier
que Ton introduit par le haut dans le magasin, où il est
maintenu en place par un arrêtoir spécial, actionné par son
ressort, qui l'empêche de remonter. Un élévateur en forme
d'auget s'appuie constamment sous l'étui inférieur et sou-
lève les cartouches de manière à les amener successive-
ment en regard de la tête mobile, lorsque celle-ci est
ramenée en arrière. Lorsque la culasse mobile est poussée
en avant, elle fait pénétrer la cartouche supérieure dans la
chambre. Au moment où la dernière cartouche est sortie du
chargeur, celui-ci tombe de lui-même à travers l'ouverture
ménagée à cet effet au fond du magasin; il en est de même
dans tous les systèmes de magasin à boite-chargeur.
Il n'est pas nécessaire que toutes les munitions du char-
geur soient épuisées pour qu'on puisse le retirer du ma-
gasin. On peut obtenir quand on veut ce résultat, en ou-
vrant la culasse et appuyant avec le doigt sous le poussoir
de l'arrêtoir du chargeur ; celui-ci devient libre et la pres-
sion de l'élévateur sur la cartouche inférieure rejette le
chargeur en dehors.
On peut également charger l'arme coup par coup, en in-
troduisant les cartouches dans la chambre, mais on n'a
recours qu'exceptionnellement à ce mode de chargement,
pour lequel il faut disposer de cartouches isolées.
C'est dans ce fusil qu'on a fait usage pour la première fois
d'un tube-enveloppe pour le canon. Celui-ci a dû être
aminci à un tel point que les vibrations se font sentir d'une
façon très accentuée. En outre, comme nous l'avons indiqué,
ce tube ne remplit son office protecteur pour la main du
tireur que pour les premiers coups.
La hausse, à planchette sans rallonge et à curseur, est
graduée de 450 à !2,050 mètres. Le cran du pied de la hausse
correspond à la portée de 250 mètres, celui de la laraette à
380 mètres, et celui du curseur descendu à fond à 430 mètres.
La portée, sous un angle de 32 grades, est de 3,800 mètres.
Le sabre-baïonnette, eu forme de coutelas, était d'abord
le même que celui de l'ancien fusil. Mais, sa longueur de
0"^,40 n'était pas suffisante pour permettre au fantassin qui
avait ce sabre au bout du fusil de se défendre avantageuse-
CHAPITRE VI.
J09
ment contre la cavalerie. C'est pourquoi on Ta remplacé par
le sabre-baïonnette de l'ancien modèle, qui a 0°*,555 de long.
La cartouche de guerre pèse 27 gr. 30 et a 82°^™, 5 de
long {fig. 70). Elle a une charge de 2 gr. 75 de
poudre sans fumée, en lamelles. L'étui est à gorge,
sans bourrelet ; c'est le collet de l'étui qui limite
l'introduction de la cartouche dans la chambre ;
sur le pourtour du culot est creusée une gorge
ou rainure qui donne prise à la griffe de l'extrac-
teur, mais l'expérience a prouvé que l'extrac-
tion n'est pas assurée avec ce procédé. La balle,
en plomb durci, est comprimée dans une enve-
loppe en acier recouverte d'un dépôt de maille-
chort. Elle pèse 14 gr. 7 et a une longueur de
4 calibres. Elle est séparée de la poudre par une
rondelle en carton et n'est pas graissée.
•'r-H
Résumé, — Ce fusil a été mal construit, car, Fjg. 70.
pour faire porter au soldat un plus grand nombre
de cartouches, le poids de l'arme a subi une réduction
exagérée, ce qui a amené la faiblesse de tous ses organes.
La cartouche produit d'excellents effets balistiques, mais la
forme du culot donne lieu à des diflacultés d'extraction. On
peut également reprocher à cette arme de ne pas se prêter
facilement au tir coup par coup, mais les Allemands ne
considèrent pas ce fait comme un inconvénient, car ils
comptent sur la discipline du feu pour limiter la consom-
mation des munitions. On a aussi accusé la faiblesse des
tenons du cylindre de la culasse mobile et celle de l'extrac-
teur. En outre, des imperfections paraissent s'être produites
dans la fabrication des différentes parties et dans le fonc-
tionnement du mécanisme. Enfin, les dernières manœuvres
auraient prouvé que la culasse est défectueuse, et que, en
cas de feu d'une certaine durée, la fermeture fonctionne mal.
Aussi ne serait-il pas étonnant que, pour toutes ces rai-
sons, ainsi que pour le discrédit jeté par un député allemand
sur les procédés de fabrication et de réception de l'arme, et
surtout pour tenir compte des progrès réalisés récemment
dans la réduction du calibre, les Allemands ne se déci-
dassent brusquement, comme ils l'ont fait déjà, à renou-
veler leur système d'armes portatives.
110 ARMES A FEU PORTATIVES.
Fusil pour tir réduit. — On exécute des tirs réduits
dans les chambres, cours, corridors et champs de ma-
nœuvre au moyen d'un fusil spécial dont l'aspect extérieur
est le même que celui du fusil modèle 1888. Un tube en
bronze d'aluminium, du calibre de 5°*°* et pourvu de 6
rayures, y est introduit par la bouche et fixé par un écrou
à l'embouchoir. A Tarrière du tube est vissée une boîte en
acier, portant une rainure dans laquelle pénètre une vis
qui traverse le canon, pour empêcher toute rotation du
tube. Le canon et le tube-enveloppe sont percés d'évide-
ments pour permettre d'arriver à cette boîte. L'évidement
du tube-enveloppe peut être fermé par un couvercle à cou-
lisse. Le percuteur, allongé, est muni en son milieu d'un
renflement servant à le guider, et se termine à l'avant en
forme de crosse; cette partie antérieure porte l'extracteur,
met le feu au moyen d'une nervure et assure la fermeture
du tube en bronze.
A 5 mètres de distance, le projectile pénètre de 5 à 6 milli-
mètres dans le bois tendre. La portée est d'environ 80 mètres.
Les tirs d'exercices ont lieu sur une cible représentant
la cible circulaire réglementaire, réduite au dixième; cette
cible est collée sur une planchette ou une feuille de carton
que l'on applique contre une boîte en bois bourrée d'étoupe.
ANGLETERRE.
Fusil Lee-Medfort, mod. 1889.
L'Angleterre ne s'est décidée à adopter un fusil à répéti-
tion que tardivement, en 1889, après des études et des expé-
riences aussi complètes que possible. L'arme anglaise est
du système Lee, modifié par une commission d'officiers
{fig, 71). Le canon^ du calibre de T»^"»,?, est du système
Medfort et porte sept rayures; il présente une épaisseur
suffisante. La fermeture de culasse, sur la paroi droite de
la boîte de culasse, est à verrou, avec mouvement de rota-
tion de la culasse et mouvement direct de la tête mobile. Le
chien est muni d'un cran de repos {flg. 72).
La cwZassg est symétrique; mais les deux tenons, d'iné-
gale force, sont placés trop loin du culot de la cartouche.
Un loquet de sûreté est ajusté sur le côté gauche de la eu-
CHAPITRE VI.
111
lasse; il suffit de le fermer, quaad le chien est armé, pour
arrêter l'action de la détente ; quand le chien est au cran de
sûreté, le loquet empêche la culasse de s'ouvrir accidentel-
lement.
Le système de répétition est du système inventé par Lee,
qui a eu le premier l'idée de placer le magasin sous la boite
de culasse. Le magasin mobile est une boite en tôle d'acier
'i " :
«f : •• s
112 ARMES A FEU PORTATIVES.
contenant dix cartouches ; il est maintenu en place par un
ressort fixé sur la culasse et peut être chargé soit sur Tarme,
soit lorsqu'il en est séparé. Les cartouches y sont introduites
une à une, sur un plateau mobile que tend à soulever un
ressort plat fixé au fond de la boite; cette disposition a
permis de supprimer le transporteur. Lorsque les car-
touches sont en place, la tête mobile les fait glisser succes-
sivement dans la chambre.
Un arrêt de répétition a est placé sur le côté droit de la
boîte de culasse (fig. 73). Quand il est fermé,
il empêche les cartouches de sortir du maga-
sin et Tarme ne peut plus tirer que coup par
coup. L'arrêt de répétition étant ouvert, rien
n'empêche la culasse mobile d'entraîner la
!;-^J 1 cartouche supérieure dans la chambre, lors-
i./ qu'on pousse cette culasse en avant.
La monture est en deux parties. On sépare
..^t ,;>;: le magasin de l'arme en déplaçant un petit
^';^;îf5 levier placé sous le pontet. Un protège-main
^^^**' en bois est fixé à hauteur du tonnerre.
Fi''. 73. L® guidon a la forme d'un bloc rectangu-
laire, coupé par une entaille verticale. Il y a
deux hausses : l'une, médiane, pour les distances comprises
entre 274 et 1727 mètres; l'autre, latérale, pour tirer aux
grandes distances, de 1646 à 3,200 mètres, au moyen d'un
guidon à cadran et d'une hausse à œilleton, fixés tous deux
sur le côté gauche du fusil.
Le couteau-baïonnette à deux tranchants, avec poignée
en bois, se fixe sous le canon. On lui reproche d'être trop
court (0",304), car, dans la position de l'arme au pied, un
faux mouvement peut en faire pénétrer la pointe dans l'œil
ou dans la joue, la longueur du fusil avec baïonnette n'étant
que de 1°»,561. On a dû remplacer ce couteau par un sabre-
baïonnette.
Les nouvelles cartouches, à gorge et à bourrelet, con-
tiennent une charge de 2 gr. 5 de cordite, laquelle imprime
une vitesse initiale de 670 mètres à une balle de 14 grammes,
chemisée de maillechort.
Résumé. — La mise en service des premiers fusils de ce
système a donné lieu à de nombreuses critiques, qui ont
motivé jusqu'à trois transformations ou modifications suc-
CHAPITRE VI. H3
cessives. L^innovation la plus importante est la substitution
d'un magasin mobile contenant 10 cartouches au lieu de 8
{fig. 73), et ce dernier chiffre paraissait suffisant. Le système
des rayures, à profil d*anse de panier {fig. 18), avec pleins
égaux à peu près à la moitié des vides, donne d'excellents
résultats. Le mécanisme de culasse, très simple, ne paraît
pas convenir pour le tir des nouvelles poudres.
AUTRICHE-HONGRIE.
Fusil Mannlicher, mod. 1888.
Depuis 1877, on s'occupait en Autriche, d'une manière
pratique et suivie, de la question des armes à répétition.
On y adopta, en 1886, un modèle de fusil à répétition du
système Mannlicher; mais, comme on n'avait pu trouver
encore des poudres ne produisant pas d'encrassement, on
avait conservé le calibre de \\^^, Aussi, lorsque peu de
temps après, on apprit que la France avait adopté une
arme de 8"*™, comme conséquence de la découverte d'une
poudre convenable, on fit arrêter, en 1888, la fabrication
du fusil de H^m^ après livraison de 90,000 de ces armes.
Celles-ci ont d'ailleurs été transformées, en 1890, en fusils
de 8"*°*, par la substitution de nouveaux canons et de cer-
taines pièces d'armes, de manière à pouvoir tirer la car-
touche mod. 1F90 de %^^ à poudre sans fumée. Ces armes
ont reçu la dénomination de fusils à répétition mod. 1886-90
Dans l'intervalle, l'Autriche adopta, en 1888, un fusil de
gmm^ du même système que le précédent. C'est le modèle
actuellement en service, lequel fut arrêté même avant
d'avoir obtenu une poudre appropriée, puisque le nouveau
modèle de cartouche n'a été définitivement admis qu'en 1890.
Le système de fermeture se distingue de la plupart des
fermetures à verrou, en ce que la culasse se ferme par un
simple mouvement d'avant en arrière et réciproquement,
au moyen d'un levier-poignée fixé à son extrémité ; c'e^t ce
• qu'on nomme la fermeture rectiligne. Un taquet assez fort
{fig. 75) descend au moment où l'on ferme la culasse, et
vient prendre appui contre un fort épaulement placé au-
dessus de la boîte de culasse. En retirant la culasse en
8
ARMES A FEtr PORTATIVES.
arrière, le taquet remonte insensiblement et dégage le mé-
canisme.
La ligne de mire normale est établie pour la distance de
300 mètres. La hausse est à cadran du système indi-
qué par la figure 73 Ms ; elle est graduée de 200 en
CHAPITRE VI. 115
200 pas pour les distances allant de 600 à '3,000 pas ; de
600 à 180'J pas, les graduations sont tracées sur le côté
gauche, et de 2,000 à 3,000 pas sur le côté droit. Cette
hausse, malgré divers perfectionnements, reste très défec-
tueuse. Il y a également une ligne de mire latérale, dont nous
avons donné la description en parlant de la hausse {flg. 55).
Le mécanisme de répétition, amélioré d'ailleurs par l'in-
venteur depuis 1886, est le type de la plupart des systèmes
qui ont été adoptés depuis. Il se compose essentiellement
du magasin et du transporteur.
Le Tnagasin fait corps avec le pontet et a la forme d'une
boîte rectangulaire en tôle d'acier, dans laquelle on intro-
duit un chargeur de cinq cartouches. La partie inférieure
du magasin est fermée à l'avant, tandis qu'à Tarrière elle
présente une ouverture de la dimension du chargeur.
Le transporteur est formé de deux bras articulés et de
deux ressorts (fig, 75). Il pénètre dans le chargeur par le
bas et agit sur les cartouches sans toucher ce chargeur.
L'action combinée des ressorts appuie constamment le
grand bras contre la cartouche iniÊérieure et tend à la
pousser vers le haut. On peut retirer le chargeur du ma-
gasin en agissant sur le poussoir moUeté, qui ramène le
bloc en arrière et permet au transporteur de soulever le
chargeur.
Le soldat peut au besoin tirer les cinq cartouches sans
que l'arme quitte l'épaule ; mais l'effort que le tireur doit
faire pour ouvrir la culasse étant plus grand que dans les
armes où le mouvement est décomposé, ce genre de tir ne
peut avoir lieu d'une façon continue. Le tir coup par coup
exige l'enlèvement du chargeur et ne peut s'effectuer que
lorsque le magasin est vide. Dans ce dernier cas, on place
une cartouche directement dans la chambre, ou simplement
sur le bras supérieur du transporteur.
La monture de cette arme n'offre rien de particulier.
La baïonnette, du poids de 400 grammes, est en forme de
sabre. Elle est courte et solide, et vient se fixer à droite
du canon.
La cartouche à bourrelet, du mod. 1890, a été mise en
service en même temps que la carabine de cavalerie. Les
dimensions et poids des diverses parties sont indiqués dans
le tableau de la page 104. La balle est en plomb durci. Les
116 ARMES A FEU PORTATIVES.
propriétés balistiques sont très satisfaisantes ; la puissance
de pénétration de la balle est de O'^SS dans le hêtre à la
distance de 15 pas.
Résumé. — Ce fusil, d'une construction très simple, est
d'un maniement facile. L'arme se charge en quatre temps,
et un homme peu exercé arrive facilement à tirer trois char-
jgeurs en une minute ; on peut même doubler cette vitesse de
tir avec un certain degré d'habileté. D'après M. de Monbri-
son (1), la critique à faire à ce système, que Mannlicher
avait inventé pour le tir de la poudre noire, est que le
taquet sur lequel se transmet le recul est trop éloigné du
culot de la cartouche (0",14). Un cylindre aussi long vibre
sous la pression des nouvelles poudres, il fléchit sous la
pression des gaz, en même temps qu'une extension se pro-
duit dans la boite de culasse. La justesse de Tarme souffre
de ce manque d'homogénéité et toutes les pièces du méca-
nisme finissent par prendre du jeu.
On sait, d'ailleurs, que l'ingénieur Mannlicher poursuit
ses études sur la réduction du calibre et qu'il a construit, à
la manufacture de Steyr, un fusil de 6°»",5, dont il sera
question plus loin.
BELGIQUE.
Fusil Manser, mod. 1889.
Les études et les expériences concernant les armes à ré-
pétition ont été poursuivies, en Belgique, avec beaucoup de
méthode et de persévérance pendant de longues années. En
se circonscrivant de plus en plus, elles ont fini par aboutir,
le 23 octobre 1889, à l'adoption d'un fusil Mauser du csl-
librede7°»^6D(/î^.76).
Le canon^ en acier, est entouré, comme le fusil allemand,
par un tube-enveloppe en tôle d'acier, vissé sur la boite de
culasse. Ce manchon comprend deux parties soudées en-
semble et laisse un certain jeu entre lui et le canon, sauf à
hauteur du guidon, où il est assemblé à frottement doux
{fig^ 77).
(!) Journal des Sciences militaires, février 1893.
118 ARMES A FEU
Le ?nécanisme de culasse est à tenons symétriques ; un
de ces tenons est fendu en son milieu pour laisser passer
l'éjecteur, ce qui l'affailjlit sensiblement. Le chien est sup-
primé et remplacé par un guide-noix ne faisant pas corps
avec le percuteur et portant le système de sûreté, analogue
à celui du Mauser allemand. Il n'y a pas de tête mobile ;
l'extracteur est logé dans le cylindre et tourne avec lui
comme dans le fusil français. La cartouche, sans bourrelet,
s'enfonce assez dans la cuvette, qui est profonde, pour que
la griffe de l'extracteur tombe dans la gorge de l'étui, sans
qu'il y ait lieu d'amincir à cet eilet la partie postérieure du
canon.
Le mécanisme de répétition comprend le magasin et
l'élévateur de cartouches.
Le Tnagasin, logé dans une mortaise pratiquée dans le
bois, sous la boite de culasse en avant du
pontet, est maintenu en place par un ar-
rêtoir muni d'un ressort. Ce sont les parois
latérales du magasin lui-même qui em-
pêchent les cartouches de sortir sous l'ac-
tion de l'élévateur. A cet effet, les parois
latérales du magasin sont rendues suffi-
samment élastiques pour céder à la pres-
sion à exercer pour y placer les cartou-
ches et pour résister à celles venant de
bas en haut, de manière que les cartouches
ne puissent sortir du magasin que par la
poussée exercée par le mouvement du
cylindre quand on le porte en avant
(flg. 18).
Jj'élévateur est formé de deux leviers articulés : le levier
inférieur, mobile autour d'une vis à pivot et actionné par
un ressort plat fixé sur le fond du magasin ; le levier supé-
rieur servant de support aux cartouches et actionné par un
ressort plat porté par le levier inférieur. Il n'y a pas
d'arrêt de répétition.
Le chargement du magasin se fait au moyen d'une lame-
chargeur (flg. 79) en tôle d'acier et pesant 6 grammes, dont
les bords latéraux sont repliés pour embrasser les gorges
des cinq cartouches dont elle est garnie au préalable. Un
ressort en acier maintient les cartouches et les empêche de
Fig. 78.
CHAPITHE VI.
119
tomber. La lame-chargeur étant placée au-dessus du ma-
gasin, il suffit de presser avec le pouce sur la cartouche
supérieure pour faire écarter les re-
bords du magasin et livrer ainsi
passage aux cartouches, qui refou-
lent l'élévateur vers le bas. Les cinq
cartouches une fois introduites, on
abandonne la lame-chargeur, qui est
expulsée par le verrou lorsqu'on le
pousse en avant. Le magasin peut
être aussi chargé à la maio, cartouche
par cartouche.
La monture est en une seule
pièce ; la hausse est à planche. ^'^ ^^
Le tir à répétition est seul possible ; lorsque le magasin
est vide, il doit être rempli de nouveau pour que le tir
puisse être continué. Pour charger le magasin, il faut
d'abord ouvrir la culasse en relevant le levier de gauche à
droite et en tirant ensuite le verrou en arrière, puis intro-
duire une lame-chargeur, comme il est dit ci-dessus. On
ferme la culasse en ramenant d'abord le verrou en
avant, puis en rabattant le levier à droite de 30 de-
grés.
Le couteau-baïonnette a une lame de O^jSîJ de
long, pesant 370 grammes, avec fourreau en tôle
d'acier bronzé ; il se fixe sous i'axe du canon,
La cartouche, à gorge sans bourrelet (fig. 80), est
arrêtée dans la chambre par le raccordement du
corps de l'étùi et du collet. La poudre H P, em-
ployée dans les essais, n'est pas encore adoptée
définitivement et les expériences continuent. Elle
donne peu de fumée, la détonation produit un
bruit sec et bref; les résultats obtenus sont satis- pig. 80.
faisants sous tous les rapports.
Résumé. — Le chargement est rapide, l'extraction assez
régulière, le mécanisme suffisamment simple, le système
de chargeur très économique; mais il paraît que, par suite
d'une construction défectueuse, la noix et le guide-noix se
cassant très facilement, le mécanisme de répétition ne fonc-
tionne pas régulièrement.
s A FEU PORTATIVES.
DANEMARK.
Fnsll mod. 1889-
L'armée danoise dut suivre l'exemple général et adopter
un nouvel armement pour son infanterie. Elle a admis, en
1889, pour son infanterie, un fusil à répétition du système
Krag-Jorgensen (1), du calibre de S""".
Le canon est en acier Daelen, dont l'escellente qualité a
permis de réduire sensiblement l'épaisseur des parois. Il
est, comme le fusil allemand, entouré d'un tube-enveloppe
en tôle d'acier de 0°"",8 d'épaisseur et de 23°"" de diamètre
intérieur.
La Mwsse à planclie estgraduée jusqu'à ISOD™; pour les
distances supérieures, on emploie uae
hausse latérale {fig. 81).
La culasse mobile, avec le percu-
teur et l'extracteur, ne présente pas
de notable différence avec celle des
armes à verrou. Elle ne parait pas
fort solide, car la pression exercée
sur le cylindre n'est transmise à la
boite de culasse que par un seul tenon,
traversé par léjecteur, et placé à la
partie antérieure du cylindre. Le sys-
tème de fermeture comporte un tenon
par-dessous la paroi droite de la boîte
de culasse.
Le magasin est une boKe plate en
tôle d'acier, disposée horizontalement
"= "' sous la boite de culasse et venant dé-
boucher «ur la face gauche de ceîle-ci (flg. 82). Il s'ouvre à
droite par un ■> olet se manœuvrant à l'aide d'une griffe dans
le plan horizontal, et d'arrière en avant autour d'une char-
nière verticale fixée à la partie antérieure. Un auget, avec
ses pièces annexes, se trouve sur la paroi interne du volet.
Les cinq cartouches que le magasin peut contenir y sont
CHAPITEE VI, 121
engagées de droite à gauche et couchées transversalement
les unes à côté des autres; elles sont poussées par le trans-
porteur vers le renflement du magasin sur la face gauche
de la boîte de culasse, puis élevées jusqu'à la sortie, que
commande l'arrêt de cartouche
Frg. 82.
Ce fusil comporte un arrêt de répétition, pour permettre
le chargement coup par coup. Cet arrêt consiste en une
petite tige fendue à l'avant et munie d'une fourchette à
ressort pénétrant dans le magasin. Pour remplir le ma-
gasin d'un seul coup, on emploie un paquet de cartouches
{fig. 83) disposé d'une manière fort ingé-
nieuse pour être vidé rapidement dans le
magasin. C'est une sorte de botte plate,
en tôle légère, contenant cinq cartouches
superposées et maintenues en place par
les griffes d'un fll de fer recourbé en T ;
11 suffit d'arracher la boucle de ce fil de
fer, qui ressort sur le couvercle de la
boite, pour démasquer' complètement une
des parois latérales et permettre au ti-
reur de faire tomber les cinq cartouches
dans le magasin, l'arme étant légèrement relevée.
La monture est en une seule pièce ; la boîte de culasse et
le tube -enveloppe y sont fixés.
F.ï. ï
ARMES A FEU PORTATIVES.
L6 fonctionnement du Tnécanisme est indiqué dans les
Qgures 82 et 84. Il s'effectue h peu près dans les mêmes
conditions que pour notre fusil mod. 1886.
La baïonnette, en forme de couteau, a été sensiblement
allégée et raccourcie ; la lame droite est très résistante. Le
fourreau, en acier, pèse 30 grammes et la baïonnette
CHAPITRE VI.
123
220 grammes; cette dernière est placée sous Taxe du
canon.
On a employé jusqu'à présent des cartouches à bourrelet
pesant 33 grammes et contenant 5 grammes de poudre
comprimée. On étudie une poudre donnant moins de fumée
et plus de vitesse initiale.
Résumé, — Le nouveau fusil danois est une arme assez
compliquée et contenant des innovations peu heureuses. Le
mécanisme de répétition n'est ni aussi simple ni aussi pra-
tique que celui de Mannlicher ; la solidité de la boîte de
culasse paraît laisser à désirer.
Cependant, ce fusil a été adopté récemment pour l'infan-
terie des États-Unis et la distribution aux troupes a dû
commencer dans l'été de 1893. Toutefois, le Ministre de la
guerre vient d'informer officiellement les inventeurs amé-
ricains de l'ouverture d'un concours en vue de Paméliora-
tion de cette arme. La seule restriction imposée est que le
fusil doit conserver son calibre actuel, pouce 30 (environ
8°^™). Il est question également de donner ce fusil à l'armée
brésilienne.
ESPAGNE.
Fasil mod. 1871-89.
Le gouvernement espagnol a admis provisoirement, sous
le nom de fusil mod. 1871-89, une transformation de son
Remington d'après le système Freyre-Brull.
Dans ce système, la balle pénètre presque tout entière
Fig. 85.
dans la partie rayée au moment de la charge {flg, 83) ; elle
comporte à Parrière un renflement de 0«»™,4 à O^^"",?), qui se
force dans les rayures; elle est recouverte d'une chemise
I2i
ARUES A FEU PORTATIVES.
en laiton et porte un méplat à l'avant. La charge est de
4 gr. 7S de poudre Rottweii ; le poids de la cartouche est de
41 grammes et celui de la balle de 25 grammes ; celle-ci est
séparée de la poudre par un bouchon lubrifiant. La vitesse
initiale est de 450 mètres.
La hausse a dû être modifiée. Jusqu'à 1000 mètres, les
portées de 100 en 100 mètres sont marquées sur le côté
gauche de la planche de hausse (flç. 86); on peut viser
jusqu'à 1200 mètres au moyen dune ligne de mire latérale.
On sait que le Remington est une arme à bloc à rotation
rétrograde. Les améliorations précédentes ne le mettent
pas à hauteur des exigences modernes, puisqu'elles ne
donnent ni un calibre réduit, ni un système de répétition,
ni une poudre sans fumée. C'est plutôt un palliatif imposé
par l'état des finances, car le prix de la transformation ne.
coûte que 'i fr. 10 par arme.
Aussi les études se sont-elles poursuivies en vue de
l'adoption d'une arme complètement nouvelle. La commis-
sion des armes, n'ayant pu obtenir l'autorisation de fabri-
quer des Lebel, a donné la préférence à un Mauser alle-
mand, du genre de celui adopté pour la Turquie.
Faail Uanser, mod. 1892.
Le conseil des ministre a décidé, en 1892, l'achat à
l'étranger de 70,000 fusils Mauser et de 5,000 carabines du
calibre de 7"'". En outre, des ordres ont été donnés aux
manufectures d'armes de Tolède et d'Oviedo de commencer
immédiatement la fabrication des fusils et des cartouches
CHAPITRE VI. 125
de ce modèle, nécessaire pour compléter Tarmement.
Cependant, 100,000 de ces fusils seront construits par l'in-
dustrie privée, dans Pespace de dix ans.
Il a été commandé également 18 millions de cartouches à
l'étranger, pour les fusils et les carabines achetés.
La balle, de 30"«,38 de longueur, pèse 11 gr. 2; la charge,
de 2 gr. 55 de poudre sans fumée, lui communique une vi-
tesse initiale de 697 mètres. La trajectoire de 500 mètres
est tout. entière dangereuse pour. un fantassin debout, et
celle de 600 mètres (2°ï,30 de flèche) pour un cavalier.
Le tir du fusil de 1^^ est plus rasant que celui du fusil
de 7"*°»,65 jusqu'à 1700 mètres, et, à partir de là, le fusil de
7°»™,65 a une trajectoire plus rasante, ce qui tient au coefB-
cient balistique de sa balle, qui est un peu plus élevé.
Comme effets de pénétration, la balle de 7Damj6s l'emporte à
partir de la distance de 400 mètres.
Bien que le tir aux petites et aux moyennes distances
soit le plus important et que celui aux grandes distances
soit considéré comme exceptionnel, on prétend qu'une com-
mission s'occupe de remédier à cette sorte d'infériorité du
fusil de 7°»°». Elle se propose d'augmenter légèrement le
poids de la balle et celui de la charge, de manière à ac-
croître le coefl3cient balistique sans diminuer la vitesse
initiale. Si l'on parvenait à rendre ce coeflGicient égal à
celui que possède le calibre de 7*»"»,15, en élevant le
poids de la balle de 11 gr. 2 à 12 grammes, le fusil de 7°»™
deviendrait supérieur au fusil de 7"^"^,65 à toutes les dis-
tances.
FRANCE.
Fusil mod. 1874 (Fig. 87).
Le fusil modèle 1874, ou fusil Gras, étant encore en ser-
vice, nous croyons devoir en donner une description som-
maire. Il rappelle dans ses formes générales le fusil
mod. 1866, auquel il a succédé.
Le canon, du calibre de llm"», en acier puddlé fondu, est
vissé à la boite de culasse ; il porte les organes de poin-
tage.
La culasse moMle constitue le système de fermeture, qui
m
ARMES A FEU PORTATIVES.
est à verrou, et le mécanisme de départ du coup ; elle res-
semble sensiblement à celle du fusil mod. 1886.
La monture est en une seule pièce. Le sabre-iaionnetle
et la-coriûMCfte ont été décrits.
Le fonctionnement du
mécanisme a lieu de la ma-
nière suivante :
La charge s'exécute en
trois temos. Dans le pre-
mier, qui consiste à owwr^r
le tonnerre, on relève le
levier de droite à gauche
et l'on retire sans brus-
querie la culasse mobile en
arrière, jusqu'à ce que la
tête mobile soit arrêtée par
la vis-arrêtoir. Dans ce
mouvement, l'étui vide est
éjecté et la culasse mobile
est armée.
Pour charger, ce qui
constitue le deuxième
temps, on introduit la car-
touche dans le canon, la
balle en avant.
Le troisième temps a pour
i eS^i Affermer le tonnerre,
en poussant la culasse mo-
bile en avant et en tour-
nant le levier franchement
pour le rabattre complète-
ment à droite, ce qui met le
chien à l'armé et rend le
coup prêt à partir.
Pour faire partir le coup, on agit progressivement sur la
détente; la tête de gâchette s'abaisse, le chien devient libre
et le ressort à boudin agit sur le percuteur, qui entraine le
manchon et le chien. La pointe du percuteur, dépassant à
l'abattu la tranche de la tête mobile, atteint l'amorce et
détermine l'inflammation de la cartouche ; sa course en
avant est limitée par la butée du chien contre le cylindre.
CHAPITRE YI. i27
Un cran de sûreté^ consistant en une entaille pratiquée
sur le chien en un point convenable, permet au soldat de
conserver son arme chargée, sans cependant laisser le
chien à la position du bandé. Le point où il est disposé doit
être choisi de telle sorte que la course du percuteur, en
quittant ce cran, ne soit pas suffisante pour produire un
choc capable de faire détoner Tamorce de la cartouche. Ce
cran sert en môme temps de cran de repos pour le ressort-
gâchette, et c'est là son usage le plus fréquent. Pour passer
de l'abattu au cran de sûreté, il suffit de tourner le levier
jusqu'à ce qu'on entende la tête de gâchette tomber dans le
premier cran. On remet alors le chien à l'abattu en pres-
sant sur la détente et en achevant au besoin de rabattre le
levier à droite. Pour armer, le chien étant au cran de
sûreté, il suffit de relever complètement le levier et de le
rabattre ensuite à droite.
Fusil mod. 1886 (Fig. 88).
Le fusil mod. 1886, que l'on appelle communément fusil
Lebel, comprend six parties principales :
i^ Le canon, en acier trempé, du calibre de 8°»»", avec la
boîte de culasse qui y est vissée, et les organes de pointage
qui y sont soudés ou brasés ;
2^ La culasse moUle, qui ressemble sensiblement à celle
du fusil mod. 1874 et a été décrite page 62 ;
Fig. 88.
3^ Le mécanisme de répétition, décrit à la page 72 ;
4® La monture en deux parties, séparées par la boîte de
culasse (page 103). Le fût contient le magasin de car-
touches, au nombre de huit, ainsi que les différentes pièces
qui complètent ce magasin :
§0 Les garnitures, qui ne présentent rien de particulier;
6» Vépée-balonnette, qui a été décrite page 108.
128 ARMES A FEU PORTATIVES.
Fonctionnement du mécanisme. — Dans le tir coup par
coupy le fonctionnement du mécanisme s'effectue de la
même manière que dans le fusil mod. 1874, en ayant soin
de fermer le magasin en amenant le bouton quadrillé du
levier de manœuvre dans l'entaille antérieure de son loge-
ment.
Pour tirer à répétition, il faut que le magasin soit appro-
visionné. Pour rapprovisionner, le fusil étant armé et l'en-
trée du magasin découverte en abaissant la partie anté-
rieure de Tauget avec l'index de la main droite, on porte
une cartouche dans l'échancrure, la balle en avant ; on l'in-
troduit dans le magasin et on lui fait dépasser l'arrêt de
cartouche en la poussant avec le pouce. On introduit de
même successivement sept autres cartouches et l'on ferme
le tonnerre. A cet effet, on ramène avec le pouce le levier
de manœuvre complètement en avant, on saisit ensuite le
levier de la main droite, on pousse doucement la culasse
mobile en avant; enfin, on rabat vivement et complètement
le levier à droite.
Si l'on veut, avant de fermer le tonnerre, on peut intro-
duire une neuvième cartouche dans l'auget et une dixième
dans la chambre. Pour tirer à répétition, le levier de ma-
nœuvre doit être ramené complètement en arrière, de
même qu'il suffit de le pousser en avant pour ne pouvoir
tirer que coup par coup.
Pour décharger le magasin, on ouvre le tonnerre et le
magasin en ramenant complètement en arrière le levier de
manœuvre ; on pousse ensuite la culasse mobile en avant,
on rabat complètement le levier à droite ; on ouvre de nou-
veau le tonnerre, en ramenant vivement la culasse mobile
en arrière pour relever Tauget ; on pousse la culasse mo-
bile en avant pour introduire la cartouche dans le canon et
on rabat le levier complètement à droite ; on ouvre alors
doucement le tonnerre, de manière à extraire la cartouche
sans l'éjecter; on la dégage de l'extracteur et on la remet
dans la cartouchière. On pousse de nouveau légèrement la
culasse mobile en avant et on la ramène vivement en arrière
pour relever l'auget, on ferme le tonnerre pour introduire
la nouvelle cartouche dans le canon, et l'on continue ainsi
jusqu'à ce qu'il ne reste plus de cartouches dans le ma-
gasin.
CHAPITRE VI. 129
Les pièces de la culasse mobile et du système de gâchette
fonctionnent dans le tir à répétition, comme dans le tir
coup par coup. Il n'y a donc qu'à considérer leurs relations
avec les pièces du mécanisme de répétition. Le coup venant
de partir et le tounerre étant fermé, si, après avoir tourné
le levier de droite à gauclie, on ramène la culasse mobile
en arrière jusqu'à ce que le tenon inférieur de la tête mo-
bile rencontre le butoir de relèvement, l'étui vide est
entraîné par l'extracteur, puis éjecté. Le choc du tenon
contre le butoir, quand il est produit avec assez de force,
détermine la rotation de l'auget autour de son axe, le talon
de l'auget se dégage, et l'action du ressort d'arrêt de car-
touche, se joignant à celle imprimée par le choc du tenon,
fait remonter l'auget avec la cartouche qu'il contient. A ce
moment, le mouvement combiné du ressort d'arrêt de car-
touche, de la griffe d'arrêt de cartouche et du ressort du
magasin, fait prendre à la cartouche suivante du magasin
une position convenable, son culot étant arrêté par le bec
de l'auget (/iç. 89).
On porte alors la culasse mobile en avant ; la première
cartouche est poussée dans la chambre par la tète mobile et
l'extracteur; le levier est ensuite rabattu à droite, L'auget
s'abaisse, la deuxième cartouche n'étant plus maintenue
par le bec de l'auget, qui, en s'abaissant, a démasqué l'issue
du magasin, recule de nouveau sous l'action du ressort de
magasin jusqu'à ce que la griffe de l'arrêt de cartouche,
s'opposant à la sortie de latroisième cartouche, fasse cesser
ARMES A. ySV PORTATlVBi
l'action du ressort sur la deuxième; mais, & ce momeot,
cette dernière est complètement engagée dans l'auget. Le
mouvement des cartouches a lieu presque iastantanément.
sous l'action d'une brusque détente du ressort. L'arme est
ainsi prête à faire feu, ainsi qu'il est dit dans le fonctionne-
ment coup par coup (fig. 90).
Résumé. — Le fusil mod. 1886 est surtout une arme per-
fectionnée dans les détails. Il a eu pour inventeur non une
seule individualité, mais un groupe d'hommes compétents,
présidés par le colonel Lebel.
La vitesse du tir coup par coup peut atteindre 12 car-
touches par minute. Les 10 cartouches du magasin peuvent
être tirées en 30 secondes, même en aj ugtant convenable-
ment. La vitesse initiale de la balle (SiS") est telle que, sans
avoir besoin de changer de hausse, on peut atteindre un
fantassin debout jusqu'à 520 mètres, et à genou jusqu'à
420 mètres. En outre, la force de pénétration de cette balle
est considérable, car l'on a vu, au Dahomey, une balle tra-
verser un arbre et les cinq hommes qui se ti-ouvaient abrités
derrière.
On a reproché à l'extracteur de ce fusil d'être trop court
et, en tournant avec la calasse mobile, d'exiger un aminci
d'un quart de circonférence à la tranche postérieure du
tonnerre. En outre, si, comme mécanisme de fermeture, il
peut être classé le premier des fusils actuellement en ser-
CHAPITRE VI. 131
vice, comme mécanisme de répétition, il marche fort en
arrière. Néanmoins, le fusil mod. 1886, complété par la
cartouche mod. 1886, dont la poudre est la plus stable et la
meilleure, constitue une arme excellente, dont le tir est le
plus régulier, le plus rasant, le plus sûr, et c'est là le point
essentiel.
On peut remarquer que, contrairement à ce qui se pra-
tique pour les fusils adoptés plus récemment à l'étranger,
le magasin du nôtre se charge coup par coup, ce qui n'a
pas grand inconvénient, puisque le tir coup par coup donne
au besoin une vitesse satisfaisante de 12 coups par minute.
Il est probable cependant que, si l'on avait à construire une
arme nouvelle, on adopterait, comme ailleurs, le mode de
chargement du magasin par boîte-chargeur, et que, par
suite, ce magasin serait placé sous la boîte de culasse, ainsi
qu'on l'a fait pour la carabine mod. 1890, qui a un chargeur
de trois cartouches.
Il a été question récemment d'un essai de transformation
du fusil mod. 1886, consistant dans le remplacement du ma-
gasin tubulaire par une boîte-chargeur d'un nouveau sys-
tème. Ce chargeur serait très supérieur au chargeur alle-
mand, qui ne contient que cinq cartouches alors que le nôtre
en contiendrait douze. La fermeture de culasse serait du
type dit rectîlîgne, assez semblable au Mannlicher autri-
chien ou au Rubin-Schmidt suisse. Le fonctionnement d'ou-
verture, d'éjection de l'étui tiré et de chargement de la
cartouche suivante s'opère par une simple traction de la
culasse mobile, qui a dû être modifiée ainsi que la boîte de
culasse. Les 12 coups sont tirés en 40 secondes, sans désé-
pauler. Il paraît que, en effet, une expérience de fusils ainsi
transformés se fait actuellement. Mais, en attendant, et
quels que soient les bruits que Ton fasse courir, nous ne
saurions trop répéter que le fusil mod. 1886 peut avanta-
geusement être comparé à tout autre.
Fusil Kropatsckek & répétition (Fig. 94).
Tous les équipages de notre flotte sont armés, depuis
1878, d'un fusil à répétition du système Kropatschek (1). On
(1) Alors capitaine, aujourd'hui colonel de l'artillerie autrichienne.
ISS
ARMES A FEU PORTATIVES.
a cherché, dans ce système, à combiner le mode d'obtura-
tion du fusil mod. 1874 avec un mécanisme de répétition
très simple.
Ce fusil est à verrou; le canon, ie 11»", est celui du fusil
mod. IHTi, et tire la même cartouche.
Le inagasin consiste en un tube en laiton placé sous le
canon dans le fAt; il contient sept cartouches ; une huitième
peut être dans l'auget et une neuvième dans la chambre.
La ctiiasse mobile ne dif-
fère de celle du fusil Gras
que par les détails. Le cy-
lindre présente deux trous
destinés à recevoir le bou-
ton du butoir d'auget, dans
les positions d'ouverture et
de fermeture du magasin.
Outre le tube- magasin et
son ressort à boudin, le mé-
canisme de répétition com-
prend l'auget et l'arrêt de
cartouches. L'auget sert à
transporter les cartouches
du magasin en face de l'en-
trée du canon. Le bec d'au-
get s'oppose, dans la posi-
tion indiquée par la figure
91 , à la sortie des cartou-
ches du magasin. Le butoir
d'auget étant vertical, le
bec est abaissé et le maga-
sin est ouvert; si, dans cette
position, on ferme la cu-
lasse, le cylindre agit sur
le butoir et force l'auget à
descendre. Quand le butoir
est incliné, le magasin est
fermé et le cylindre ne
communique plus aucun
mouvement à l'auget. Un
ressort d'auget flxé à la
boite de culasse sert à maintenir l'auget dans les deux posi-
CHAPITRE VI. 133
tions qu'il doit prendre dans le tir. Varrèt de cartouche se
compose d'un levier mobile vissé sur un ressort à griffe.
Il tourne autour d'un axe parallèle à celui de Tauget. Une
fente ménagée dans le bec de Tauget permet le passage de
l'arrêt de cartouche. Quand Tauget est levé, le ressort
maintient la griffe de l'arrêt abaissée; mais quand l'auget
presse sur le ressort, celui-ci fait monter la griffe.
Pour tirer coup par coup, on ferme le magasin en abais-
sant le butoir d'auget ; pour ouvrir le magasin, on relève
le butoir jusqu'à ce que le bouton soit en contact avec le
bord d'une échancrure de la boîte de culasse.
Le fonctionnement du mécanisme dans les divers cas,
ainsi que le déchargement du magasin, ont lieu dans des
conditions presque analogues à celles du fusil mod. 1886. Il
faut 21 secondes pour charger l'arme et son magasin, et
autant de temps pour tirer les neuf cartouches, c'est à-dire
qu'on obtient une vitesse double de celle du fusil mod. 1874.
Résumé, — Notre fusil Kropatschek est une arme à répé-
tition suffisamment simple et le mécanisme fonctionne bien.
Pourtant l'arme est un peu lourde (4^,500 sans baïonnette),
le calibre est trop grand, et tout porte à croire que l'on ne
tardera pas à adopter le fusil mod. 1886 pour la marine, de
manière à assurer l'unité d'armement et de munitions.
GRÈCE.
L'armement de cette puissance se compose de modèles
très variés. L'armée active a, en général, le fusil français
mod. 1874; l'armée territoriale parait avoir des Chassepots
rachetés à l'Allemagne. On n'a pas entendu dire que la
Grèce cherche à moderniser son armement, et cela proba-
blement pour des raisons financières.
HOLLANDE.
Fasil mod. 1871-88 (Fig. 92.)
La Hollande a cherché pendant longtemps un fusil à répé-
tition de petit calibre répondant à toutes les conditions
voulues; mais n'ayant pu jusqu'alors résoudre d'une manière
satisfaisante la question de la poudre nécessaire, elle s'est
134 ARMES A FEU PORTATIVES.
décidée en 1888, en attendant mieux, à transformer son
fuail d'infanterie de Beaumont en arme à répétition, sous le
nom de fusil mod. 1871-88.
Le système de transformation auquel on a donné la pré-
férence, après une comparaison avec un système Mannli-
cher, est celui proposé par le capitaine italien Vitali. Le
Fig. n.
prix de la transformation est de 17 ft'ancd environ par
arme, ce qui constitue une dépense assez élevée pour n'ob-
tenir qu'un simple palliatif.
Ce nouveau fusil est une arme à verrou, présentant de
grandes analogies avec notre fusil mod. 1874, avec lequel
il a été expérimenté comparativement, et qui n'a pas été
adopté parce que le nombre et l'importance des réparations
nécessitées par l'usage naturel de l'arme étaient plus consi-
dérables que dans le fusil français, Le calibre de 11'"'" et la
ftatMse à cadran, graduée seulement jusqu'à 825", ont été
conservés.
Le mécanisme de culasse présente une disposition parti-
culière : le ressort à boudin actionnant le percuteur est
remplacé par un ressort à deux branches logé dans le levier,
qui est formé de deux pièces séparables.
On a adapté à ce fusil un magasin fixe pouvant contenir
quatre cartouches. Le fût et la boîte de culasse {/îg. 92) ont
dft être coupés, ce qui a conduit à organiser un autre sys-
tème (le détente, à renforcer la joue gauche de la boite de
CHAPITRE VI. 135
culasse, etc. L'emploi du système de répétition exige Pad-
dition d'un transporteur avec arrêt de répétition. La tête
mobile produit un mouvement rectiligne dans la boîte de
culasse, où l'extracteur à droite et Téjecteur à gauche la
guident dans des coulisses. Le chargement peut se faire
cartouche par cartouche ou au moyen de boites-chargeurs,
de sorte qu'il est possible d'utiliser le fusil comme arme à
répétition ou tirant coup par coup.
Le fonctionnement de la culasse est absolument le même
que celui de notre fusil mod. 1874,
On a dû employer une cartouche pesant 43 grammes,
parce qu'on n'avait pas alors trouvé une poudre sans fumée
et qu'on était obligé d'employer une charge de 5 grammes
de poudre noire.
Fusil Mannlicher, du calibre de G»"", 5.
On prétend que la commission des études relatives au
choix d'un nouveau fusil a terminé récemment ses travaux,
et qu'elle a conclu à l'adoption d'un Mannlicher à réï)étition
du calibre de 6«'°»,5. Cette arme ressemblerait beaucoup à
celle qui vient d'être adoptée pour la Roumanie.
Pourtant, avant de prendre une décision définitive, on
fera au préalable des essais en grand avec 100 de ces fusils.
Cela laisse supposer qu'on a trouvé une poudre convenable.
ITALIE.
Fusil mod. 1870-87 (Fig. 93).
Après avoir suivi avec une grande attention les études
faites par les autres puissances et fait elle-même des expé-
riences au sujet des armes à répétition, l'Italie a provisoire-
ment, comme la Hollande, admis la transformation de son
fusil Wetterli en fusil à magasin du système Vitali, lequel a
pris le nom de fusil mod. 1870-87.
Ce fusil est une arme à verrou, du calibre de 10«'"^,35, re-
lativement réduit; les rayures et la hausse à cadran, gra-
duée jusqu'à 1000 mètres, ont été conservées.
Le mécanisme de fermeture présente, dans cette arme,
une importante particularité. On a évité la dissymétrie habi-
t TSC ?amTiTî
/iiifjiftr sur ?on aie, il ne peut qu'avancer et
< II» l-oito. La fermeture eat obtenue à l'aide
CHAPITRE VI. 137
d'une virole {fig, 94), qui entoure le cylindre et fait corps
avec le levier ; cette virole est, en outre, organisée de ma-
nière à répartir convenablement l'effort du recul. La sup-
pression du mouvement de rotation du cylindre a, dans le
Vetterli, entraîné la suppression même du chien ; c'est le
choc du percuteur seul qui met le feu à la cartouche, et
comme la masse de cette pièce est relativement faible, on a
dû chercher à rendre à la percussion l'intensité nécessaire
en augmentant l'intensité du ressort à boudin, que l'on a
fait très gros et très court et que Ton a logé à l'arrière
même du cylindre, dans un manchon de forme ogivale. Le
percuteur est formé par une forte tige en acier.
Lorsqu'on relève le levier à gauche, le ressort à boudin
se trouve comprimé; la gâchette se relève et retient le
percuteur au cran du bandé. En rabattant le levier à
droite, on ouvre le passage au percuteur qui peut, lors-
qu'on appuie sur la détente, se porter en avant.
Le magasin est au centre, et on y introduit une boite-
chargeur munie de quatre cartouches ; il peut également
être chargé à la main. L'arme a un arrêt de répétition
et peut à volonté tirer à répétition ou coup par coup.
La cartouche à bourrelet, du poids de 29 grammes, a
une charge de 2 gr. 4 de balistite, qui donne à la balle de
16 grammes des propriétés balistiques et une force de péné-
tration que Ton dit très bonnes.
Fàsil du calibre de Q'^'^^B.
Il paraît, d'ailleurs, que la solution précédente n'était que
provisoire, pour permettre d'attendre que la commission
d'études eût trouvé une arme satisfaisante de petit calibre.
Elle se serait arrêtée, en 1891, à un fusil du calibre de
6°^°*, 5, qui aurait été admis par le gouvernement et dont la
fabrication serait commencée depuis lors.
D'après ce qu'on en a publié, ce fusil, semblable à celui
adopté par la Roumanie, est plus simple et plus facile à
manier que le fusil allemand. II a une longueur de 1°^,20
sans baïonnette, et de l°i,45 avec la baïonnette. Il ne pèse
que 3 kilogrammes, soit 1100 grammes de moins que le Vet-
terli. Le sabre-baïonnette, très court, se place sous l'axe et
dans le plan vertical du canon.
138 ARMES A PEU PORTATITES.
La cartouche se compose d'un étui sans bourrelet, d'une
charge de balistite et de la balle, pesant ensemble 21 «^,5.
La balle, chemisée de maillechort, aura une portée efficace
de 4,000 mètres. La rapidité du tir atteindra au moins
20 coups par minute, et l'on pourra tirer 500 coups de suite
sans trop grand échauffement du canon. Un protège-main
en bois et en cuir a d'ailleurs été adapté au fusil. Le char-
geur, de 5 cartouches, ainsi que les étuis vides, sont
expulsés automatiquement. La vitesse initiale serait de
700 mètres. Dans des expériences récentes, une balle
aurait, à 3,500 mètres de distance, traversé deux planches
de sapin de 0°»,03 d'épaisseur; à 500 mètres, elle traverse
facilement une poutre de 0°>,80 en bois tendre, un parapet
en terre de même épaisseur ou une plaque d'acier de
7 millimètres.
D'après les Italiens, ce fusil serait supérieur à celui des
autres puissances sous tous les rapports : légèreté, solidité,
facilité de maniement, portée, justesse, pénétration, recul
insignifiant, prix peu élevé (40 à 45 francs). Mais la pénurie
du trésor italien a contraint le gouvernement à répartir la
fabrication de ces fusils sur une période de six à huit ans,
de sorte que, pendant ce temps, il y aura deux espèces de
fusils en service dans l'infanterie italienne. En outre, s'il
est prouvé que les avantages de cette nouvelle arme ont
une supériorité si marquée, les autres puissances n'auront
pas de peine à se mettre à hauteur et à regagner le temps
perdu.
NORVÈGE.
Fusil Jarmann, mod. 1885.
La Norvège a adopté, dès 1885, un fusil à répétition du
système Jarmann.
Le canon, du calibre de '10"^«»,15, et la l)olte de culasse ne
présentent rien de particulier.
La culasse moMle comprend les mêmes pièces que notre
fusil modèle 1874, mais avec des différences de modèle dont
on peut se rendre compte par la fig. 95. La fermeture de
culasse fonctionne d'une manière presque identique à celle
du fusil précité, sauf de légères différences, dont la prin-
cipale est Tabsence d'extracteur, lequel a été remplacé par
CHAPITRE VI. 139
une disposition spéciale de la boite de culasse. Cet appareil
de fermeture, ne comportant pas
de vis, peut se démonter sans le
secours d'aucun outil.
Le magasin, placé sous le ca-
non, est formé par un tube en
laiton pouvant contenir 8 car-
touches; une neuvième peut être
placée dans la chambre.
Le mécanisme de rêpéiilion
fonctionne de la manière suivante:
l'arrêt de répétition, étant à la
position du tir à répétition et la
culasse étant fermée, l'auget, qui
tend toujours à s'élever par l'ac-
tion de son ressort, s'abaisse parce
que son talon vient porter contre
le méplat de la tète mobile. Une
cartouche , poussée par le res-
sort du magasin^ s'engage alors
dans l'auget, et la suivante est
arrêtée par le bec de l'arrêt de
cartouche, qui vient de faire sail-
lie à l'entrée du magasin . Le mou-
vement en avant de la culasse
mobile fait relever l'auget, intro-
duit la cartouche dans la cham-
bre, abaisse le bec de l'arrêt de
cartouche, qui est alors franchi
par le bourrelet de la cartouche,
et celle-ci vient buter contre le
bord antérieur inférieur de l'au-
get.
La hausse à cadran présente
une disposition particulière. Cette
hausse, curviligne, peut être
maintenue dans ses diverses po-
sitions par un curseur, dans le-
quel se meut une tige terminée à
gauche par un bouton molleté
muni d'une gorge. Le mouvement de cette tige est limité
140 ABMES A FEU PORTATIYES.
par une vis. Lorsqu'elle est entièrement sortie vers la gau-
che, la gorge du bouton forme cran de mire pour les dis-
tances comprises entre 1600 et 2,800 mètres. On emploie
alors comme guidon un petit bouton ûxé sur le côté gauche
de la grenadière.
Les propriétés balistiques sont bonnes et la poudre noire
employée excellente.
On adapte à cette arme, soit un couteati-haionnetle ^ qui
est long de 0™,18o et pèse 200 grammes, soit une épée-
baïonnette^ qui a 0™,285 de longueur et pèse 0^,347.
Le chargement de ce fusil est toujours long, parce que
chaque cartouche ne peut être introduite qu'en la saisissant
par le culot et la plaçant verticalement, la balle touchant
Tauget près de l'entrée du magasin, puis en la couchant sur
l'auget et en la faisant pivoter autour de la balle. La car-
touche ainsi placée est poussée dans le magasin avec la
balle d'une deuxième cartouche, qui est saisie, placée, puis
introduite comme la première.
En outre, il faut plus de temps pour le tir à répétition
qu'avec d'autres systèmes, et les enrayages sont très fré-
quents, soit, lorsqu'on manœuvre l'arme assez vite, que
l'auget ne reste pas assez longtemps abaissé pour laisser
sortir complètement la cartouche du magasin, soit, lors-
qu'on éprouve de la difficulté à faire entrer la cartouche
dans la chambre, qu'on ramène la culasse mobile en arrière
pour prendre du champ et qu'on fasse ainsi sortir une nou-
velle cartouche du magasin.
Résumé, — Cette arme, très perfectionnée pour l'époque
où elle a été adoptée, serait meilleure si elle avait un ca-
libre plus petit et si elle tirait une cartouche à poudre sans
fumée. Ce dernier résultat peut être obtenu et alors le fusil
Jarmann rendra d'excellents services.
PORTUGAL.
Fusil Kropatschek, mod. 1886.
Le fusil adopté en 188G est du calibre de 8°»°^ et du sys-
tème Kropatschek, c'est-à-dire qu'il a une analogie presque
complète, quant au mécanisme, avec le Kropatschek fran-
CHAPITRE VI. 141
çais. Le magasin contient également sept cartouches ; une
huitième peut être placée dans Tauget et une neuvième
dans le magasin.
Les données générales concernant cette arme sont indi-
quées dans le tableau de la page 104.
La cartouche a une charge de 48'',5 de poudre progres-
sive; la balle est chemisée de cuivre.
Le mécanisme fonctionne bien, les propriétés balistiques
de l'arme sont très satisfaisantes. Faute d'avoir une poudre
sans fumée, on a été forcé d'augmenter la charge de poudre
et le poids de la cartouche (3SKr,2 au lieu de 29 grammes
pour la cartouche française du même calibre).
ROUMANIE.
Fusil du calibre de 6""»,5, mod. 1892.
L'étude de l'adoption d'une nouvelle arme à feu porta-
tive, poursuivie pendant quatre ans, a abouti, en 1891, à
l'introduction, à titre d'essai, dans l'infanterie roumaine,
d'un fusil à répétition de 6™™,5, du système Mannlicher.
Cette arme, modifiée sur quelques points de détail, con-
formément aux indications du Comité d'artillerie roumain,
vient d'être adoptée définitivement pour l'armement de
l'infanterie; une commande de 110,000 fusils a été faite à
la manufacture de Steyr en février 1893.
Le calibre de 6°*™,5 est le plus petit de ceux admis jus-
qu'à ce jour et l'on a cru longtemps qu'on ne pourrait le
réaliser pratiquement, à cause de réchauffement du canon,
de la difficulté de nettoyage et de la fabrication du canon.
Mais tous ces inconvénients ont pu être surmontés, grâce
surtout à l'emploi des nouvelles poudres et à leur défaut
d'encrassement.
Le mécanisme de fermeture^ à verrou, diffère peu de
celui du fusil allemand. Le tube-enveloppe du canon est
remplacé par un garde-main en bois.
Le magasin, qui fait corps avec la sous-garde, reçoit un
chargeur contenant cinq cartouches. Pour le surplus, il est
à peu près certain que ce fusil est presque identique au fusil
Mannlicher, de 6™™,5, dont il sera parlé plus loin en détail.
Le fusil roumain, ne pesant que 3^,800, est plus facile à
142 ABMES A FEU PORTATIVES.
manier et plas léger que les autres fusils en service; de
plus, le recul est moins fort, car il n'est que de 1">,70, tandis
qu'il est de 2™, 40 pour les fusils de 8 millimètres en général.
La supériorité balistique du fusil roumain est rendue
évidente par la comparaison des données suivantes :
Fusil Fusil
roomaio. de
Vitesse initiale 710°» 620™
Poids par unité de section de la balle. 3i^ 29p',8
Vitesse restante à 2,000 mètres 202°» 160™
La plus grande vitesse initiale a pour conséquence une
très grande tension de la trajectoire, qui permet de tirer
jusqu'à 600 mètres sans se servir de la hausse, ce qui, avec
les fusils de 8™™, n'est possible que jusqu'à 400™. En outre,
la force de pénétration de la balle est suffisante pour tra-
verser, à 50 mètres, une plaque de fer de 10 millimètres, et,
à 12 mètres, une épaisseur de bois de chêne de 0™,69.
La rapidité du tir, qui est de 2o coups à la minute dans
les armes à chargeur allemandes et autrichiennes, atteint
30 coups dans le fusil roumain; cet accroissement de rapi-
dité serait dû en partie à la facilité d'extraction des étuis.
D'un autre côté, la diminution de poids de la cartouche,
qui ne pèse que 228^,5, soit 7 à 8 gr. de moins que celle des
fusils de 8™™, permettra, sans surcharger les hommes
et sans accroître les trains, de parer jusqu'à un certain
point à l'augmentation de consommation des munitions.
La cartouche est à bourrelet et la balle est revêtue d'une
chemise d'acier recouverte de maillechort. La poudre sans
fumée, adoptée après de longs essais, réunit toutes les con-
ditions voulues, aussi bien sous le rapport des propriétés
balistiques que sous celui de la conservation.
En un mot, l'armée roumaine se voit en possession du
type le plus perfectionné des fusils actuellement en service.
RUSSIE.
Fusil de 3 lignes (7'°'»,62), mod. 1886.
Après avoir contesté longtemps le principe de la répé-
tition pour le fusil de son infanterie, la Russie a fini par se
CHAPITRE VI. 143
rendre compte qu'elle ne pouvait se dispenser d'agir autre-
ment que les autres puissances sous ce rapport. Aussi, dès
que fut prise la résolution d'adopter une arme à répétition,
la Commission nommée pour arrêter un modèle termina
rapidement ses travaux. Par décision du 16/28 avril 1891,
l'Empereur, à la suite d'expériences comparatives, a adopté
pour l'infanterie russe une arme de petit calibre et à char-
geur, qui a reçu le nom de fusil de 3 lignes (7°i™,62) modèle
1891. Le modèle de cartouche présenté par la Commission
a été également approuvé.
Les renseignements publiés sur cette nouvelle arme sont
très succincts. C'est une arme à verrou, dont la culasse
mobile, d'un mécanisme fort simplifié, peut recevoir un
double mouvement de rotation et de translation, comme
celle de notre fusil modèle 1886, à laquelle on prétend qu'elle
ressemble presque complètement.
Le magasin, semblable à celui du Mannlicher, peut rece-
voir 5 cartouches, qui y sont introduites par l'intermédiaire
d'une lame-chargeur, comme dans le fusil belge, mod. 1889.
Le système de répétition est, dit-on, celui de cette dernière
arme.
La cartouche a un étui en carton avec bourrelet; il con-
tient une charge de 2«r,133 de poudre sans fumée, que l'on
dit similaire de la poudre française. La balle, en plomb durci
par l'antimoine avec chemise en maillechort, a une longueur
de 4 calibres et un poids de 13 gr. 86, ce qui lui assure un
poids élevé par unité de section. Les propriétés balistiques
sont excellentes, et la balle, dont la vitesse initiale moyenne
est de 615°», perfore à 300™, sans se déformer, un madrier
de 0™,75 d'épaisseur.
La fabrication de cette arme est poussée très activement,
tant en France qu'en Russie; et il en est livré 500,000
par an.
Il parait que le gouvernement russe a chargé la manufac-
ture d'armes de guerre d'Herstal de transformer 400,000
fusils Berdan en fusils à répétition, mais on ne connaît pas
le système de transformation employé.
144 ARUE3 A FEU I>ORTATiyES.
SUÈDE.
Fosil mod. 1867-89.
L'infanterie suédoise est encore armée du fusil Reming-
toD, modèle 1867, du même modèle général que le fusil
espagnol. Mais, comme ce fusil ne pouvait être conservé
tel quel et que l'état des finances ne permettait pas d'en
adopter un nouveau, on a décidé, en 1889, la transforma-
tion du Remington en arme du calibre de S"""», mais sans
système de répétition, en engageant un nouveau canon dans
la monture du Remington, dont le mécanisme de fermeture
a été conservé. Toutefois cette transformation n'a été
opérée que dans les armes construites depuis 1867,
Le système de fermeture, à bloc et à mouvement rétro-
grade, a été muni d'un régulateur de percuteur, pour em-
pêcher la détonation accidentelle de la cartouche. On a
également adapté un extracteur plus énergique pour expul-
ser l'étui vide.
Les arêtes vives des rayures ont été arrondies, pour ne
pas déchirer l'enveloppe de la cartouche.
Fig. 96.
La hausse a été modifiée de manière à la mettre en me-
sure de servir pour les nouvelles distances de tir que
permet d'obtenir la nouvelle poudre {fig. 96).
La baïonnette , qui est longue de 0" , 494 et pèse
4:20 grammes, s'engage sous le canon.
CHAPITRE VI. 145
Après avoir employé une poudre noire, dont la charge de
4 gr. 7 donnait une vitesse initiale de 535 mètres à une balle
de 15 gr. 5, on vient d'adopter une poudre sans fumée, dite
apyrite. Une charge de 3 gr. 45 de cette poudre donne à la
balle une vitesse initiale de 623 mètres.
Malgré les propriétés balistiques satisfaisantes qu'il pos-
sède, ce fusil ne s'est pas tout d'abord trouvé en état de
résister aux pressions sensiblement plus grandes dévelop-
pées par Tapyrite, et il a fallu renforcer l'appareil de fer-
meture.
Toutes ces recherches, modifications et transformations
ne sont pas faites pour inspirer une confiance absolue dans
les qualités de cette arme, qui ne peut évidemment consti-
tuer qu'un palliatif, d'ailleurs assez coûteux. En eff'et, tout
en ayant un calibre réduit et des propriétés balistiques,
avec la poudre sans fumée, égales à celles des autres armes,
ce fusil reste à un coup et laisse à désirer sous bien des
rapports.
On s'en est bien rendu compte en Suède, car une commis-
sion vient d'être chargée d'examiner les armes à répétition
des systèmes les plus récents et de proposer, à la suite
d'expériences comparatives, un modèle de caraMne à répé-
tition et de petit calibre. Il est probable que cette carabine
serait le modèle unique, adopté aussi bien pour l'infanterie
que pour la cavalerie, solution qui parait de tous points re-
commandable.
SUISSE.
Fusil mod. 1889 (Fig. 97.)
La Suisse, qui avait adopté dès 1869 un fusil Vetterli à
répétition, constata déjà en 1885 que cette arme n'était plus
à hauteur. Une commission d'étude fut constituée alors pour
s'occuper de la question de l'armement de l'infanterie, et
elle s'est prononcée, en 1889, non pour une transformation,
mais pour un fusil de construction nouvelle. Après avoir
hésité un certain temps entre deux modèles, elle s'est 'pro-
noncée, à la suite d'expériences pratiques faites sur une cer-
taine échelle, pour le système proposé par le colonel fédéral
R. Schmidt, directeur de la manufacture d'armes de Berne.
10
ARX8S A FEC POBTATIVBâ.
Ce nooveao fasU, do calibre de """.S, est à fermeture
directe, avec mouvement tournant du Terroa> et ii est cons-
truit pour le chargement par étui -chargeur de 1 2 cartouches
sans bourrelet.
147
La. (mlasse moMle {fig. 98, 99 et iOd) comporte un cylindre
allongé, renforcé à l'arrière, avec une rainure hélicoïdale
permettant de transformer en mouvement de rotation le
mouvement direct communiqué par le levier à la pièce for-
mant manchon. Le mouvement d'armer s'effectue en rame-
nant le percuteur en arrière par son anneau. Pour désar-
mer, on engage le pouce de la main droite dans cet anneau,
et on le laisse glisser lentement sous l'action de la dé-
tente.
Fig. aa.
Un ressort-arrétoir de culasse empêche à volonté le jeu
de la culasse et celui de la détente. Celle-ci est organisée
de manière à agir plus doucement et à diminuer en même
temps les chances de départ inopiné du coup.
Il suffit de tirer la culasse mobile en arrière et de la ra-
mener en avant pour extraire l'étui vide, amener une nou-
velle cartouche dans la chambre et armer le fusil, qui se
trouve alors prêt à faire feu.
La hausse à cadran se distingue par un placement plus
facile et par un appareil simple et ingénieux pour la dis-
poser aux distances de 300, 400 et 500 mètres, qui sont les
plus employées. Les divisions, graduées de 100 en 100 mè-
tres, vont jusqu'à 2,000 mètres.
148
ARHBB A nV PORTATIVES.
Le système de répétition ressemble beaucoup à celui du
Tusil anglais.
Le mâ^asfn est une boite en fer-blanc, disposée sous la
culasse i. une certaine distance du pontet; cette botte-ma-
gasin est maintenue par le levier^rrét de répétition (fer-
moir), sur lequel il suffit de presser pour l'élever et le dis-
poser pour le tir à répétition, ou pour l'abaisser ensuite et
ne plus permettre que le tir coup par coup. En pressant sur
la partie arrondie de ce levier, on peut séparer le magasin
de l'arme. Cet arrôt de répétition est
d'un maniement très commode.
Le magasin reçoit 12 cartouches,
qui peuvent y être introduites l'une
après l'autre ou en deui paquets de
six. Une 13" cartouche peut en outre
être placée dans la chambre. L'enve-
loppe en carton ou en papier compri-
mé (/îfir. 101) est renforcée à sa partie
inférieure par une garniture en tôle
munie de quatre griffes repliées sous
les cartouches. En raison de son peu
de valeur, elle peut être jetée sans in-
convénient. Le magasin peut être rempli en 8 secondes et tiré
en 12 à ta secondes, parce que le tir à répétition peut s'ef-
fectuer sans que l'arme quitte l'épaule. On arrive ainsi à
tirer 30 coups par minute. Mais, en principe, le tir coup
par coup sera la règle et le tir à répétition n'aura lieu que
dans certaines périodes décisives. D'ailleurs, comme l'arme
est un peu dure à manœuvrer, il est difl3cil6 d'ouvrir et de
refermer la culasse sans la reporter, à. chaque coup, à hau-
teur de la hanche.
La monture est d'une seule pièce et elle recouvre entière-
ment le canon jusqu'au guidon, remplaçant ainsi le tube-
enveloppe en acier du fusil allemand. On estime, en Suisse,
qu'un canon découvert et surchauffé mettrait en vibration
l'air ainhiant, et par suite troublerait, pour le tireur, la
netteté du but. L'embouchoir est une pièce bien com-
Fig. m.
La Mionnette, courte, en forme
et se fixe sous le canon.
Le démontage de l'arme a lieu très
poignard, pèse 0^,400
plement et s'ef-
CHAPITRE VI. 149
fectue sans le secours d'aucun outil. La baguette est sup-
primée et remplacée par un fil métallique muni d'une brosse
pour le nettoyage.
La cartouche comprend l'étui, sans bourrelet, mais avec
rainure d'extraction, la charge de 2 grammes de poudre
sans fumée présentant beaucoup d'analogie avec la nôtre,
et la balle en plomb durci. Cette balle, coiffée d'une calotte
en acier (cuirassée), est entourée, sur sa partie cylindrique,
d'une enveloppe de papier graissé.
Résumé. — Le capitaine Studer, de l'artillerie suisse,
signale les inconvénients suivants pour le fusil précédent :
La saillie du magasin est trop grande et gêne le port de
l'arme à l'épaule ; dans le démontage du magasin, le levier
ne fonctionne pas d'une manière certaine; les paquets
chargés peuvent se placer sur l'arme de quatre manières
différentes, dont une seule est convenable.
Le mécanisme de fermeture est compliqué et sa construc-
tion laisse à désirer; le nettoyage de l'arme est difficile;
lorsqu'on repose brusquement l'arme ou que la crosse
frappe le sol, l'arme s'ouvre d'elle-même ; la manœuvre du
mécanisme présente des difficultés ; lorsque, le coup parti,
le soldat ouvre la culasse en conservant l'arme à l'épaule,
il risque de se blesser à la figure s'il n'a pas soin de pencher
la tête de côté.
La réunion des deux parties du percuteur est insuffisam-
ment assurée ; elle donne lieu à des ratés nombreux ; la
hausse est difficile à manier, surtout aux petits distances ;
les amorces se détachent des étuis de cartouches ; enfin, le
nombre (67) des pièces séparées du fusil est trop considé-
rable.
On a également reproché à ce fusil : 1» le nombre fort
élevé (1:2) des cartouches du magasin ; 2» l'absence de bour-
relet dans les cartouches, ce qui occasionne des difficultés
dans l'extraction des étuis vides ; 3" le défaut d'appropria-
tion apparent de la culasse mobile au tir des nouvelles car-
touches ; ¥ i'éloignement de la virole d'attache du culot de
la cartouche.
Par contre, ce fusil est élégant, facile à démonter, d'un
recul très faible, et il permet le tir dans les meilleures con-
ditions de vitesse, de justesse, déportée et de force de péné-
tration.
*10
i50 ARMES A PEU PORTATIVES.
SERBIE.
Fusil Maaser-Milanovltoh.
LMnfanterie serbe est armée du fusil Mauser-Milanovitch,
du calibre de I0™°>j5, adopté en 1880, et qui était alors un
des meilleurs fusils non à répétition .
Bien qu'il n*ait rien paru d'officiel au sujet du changement
de cet armement, il y a lieu de signaler que, en juillet 1892,
le Ratnih a parlé de l'adoption d'un fusil à répétition du
calibre de 7™«»,2, du système Koka-Milanovitch, avec fer-
meture à verrou directe, magasin sous la boite de culasse
pour le chargement avec lame-chargeur de cinq cartouches,
comme dans le fusil belge.
Dans les épreuves faites par le comité d'artillerie serbe,
ce nouveau fusil aurait tiré une cartouche de23gr.28, dont
la balle chemisée de nickel et pesant 'J2 gr. 4, avec une
longueur de 29"»°*,376, aurait reçu une vitesse initiale de
680 mètres avec une charge de 2 gr. 6 de poudre sans
fumée (Pantélitch).
TURQUIE.
Fusil Mauser, mod. 1889.
L'infanterie turque devait en principe être armée du fusil
Mauser à répétition, du calibre de 9n»°»,5. Mais la construc-
tion en ayant été retardée pour diverses causes, on en a
arrêté la fabrication pour adopter, en 1889, un fusil du
même système, mais du calibre de 7"*™,65, répondant mieux
aux conditions du calibre réduit exigées aujourd'hui. On
parle également de l'adoption d'une poudre sans fumée,
aussi fournie par Mauser.
Le fusil Mauser mod. 1889 est semblable au fusil belge,
sauf que, pour la Turquie, on a supprimé le tube-enveloppe
du canon, qui a été avantageusement remplacé, d'après les
résultats constatés, par le renforcement du canon et une
organisation spéciale de la monture. Le canon n'est plus
conique, mais cylindrique.
lidi baïonnette est d'un modèle japonai.^, c'est-à-dire très
longue et tranchante.
\
CHAPITRE VII. ISl
Il existe encore en service 510,000 fusils de H™™,5 des
systèmes Henry-Martini ou Peabody-Martini, et 220,000 fu-
sils Mauser du calibre de 9«»"»,5 (mod. 1887). Pour arriver
à Tunité de calibre, l'autorité militaire a fait étudier la
question du remplacement des anciens canons par des ca-
nons de 7°^"»,65. Des propositions pratiques ont été faites à
ce sujet, mais on ignore la décision prise. On compte que
le prix de la transformation reviendrait à 30 francs environ,
car les nouvelles cartouches n'ayant pas de bourrelet, il
faudrait également un nouvel extracteur.
Le prix du fusil Mauser mod. 1889 est d'environ 88 fr. 75.
CHAPITRE VII.
EXPÉRIENCES EN COURS ET CONCLUSIONS.
Fusil Daudeteau de 6'°'°,5.
M. l'ingénieur Daudeteau, chef de bataillon de l'armée
territoriale, a présenté un fusil de 6™°^,5 de son invention,
bien avant le fusil Mannlicher. Dès 1882, il a produit des
types d'armes de différents calibres et de divers systèmes,
mais il a fait exécuter le fusil de 6™"»,5 en 1890. Le poids
total de l'arme est de 3'',700.
Le canon est recouvert d*un garde-main en bois qui se
fixe, au moyen de la grenadière et d'un épaulement spécial,
à la boite de culasse et va jusqu'à la grenadière, en livrant
passage à la hausse. Il a quatre rayures, tournant de droite
à gauche, au pas de O^^jSO et dont les pleins sont égaux à la
moitié des vides.
La hausse se rapproche du système français; elle se rabat
en avant et en arrière ; ses crans sont triangulaires et le
guidon a la même forme.
La baïonnette, quadrangulaire, s'adapte au bout du
canon sur l'extrémité du fût et dans le plan du tir. Un
couteau-poignard peut lui être substitué.
Le mécanisme de fermeture peut être établi de deux
manières : 1® suivant le système du fusil français, c'est-à-
dire que le verrou est relié à une tête mobile, qui porte les
152 ARMES A FEU PORTATIVES.
tenons d*appui; S^ par un verrou qui porte deux tenons
disposés à droite et à gauche de la tranche antérieure, dans
un plan perpendiculaire à celui du levier. Le verrou con-
tient le percuteur et le ressort à boudin maintenu par un
bouchon-écrou ; il porte Textracteur à droite. L'éjecteur
est placé sous la boite de culasse; il consiste en un piston
jouant dans un tube et actionné par un ressort; la téta de
réjecteur fait saillie sous le verrou par une fente ménagée
à cet effet et peut se placer assez haut dans la cuvette pour
déterminer l'éjection de Tétui vers la droite.
Le mécanisme de répétition rappelle celui du Mauser
belge. Le magasin, qui contient cinq cartouches, fait corps
avec la sous-garde, est fermé de tous côtés, excepté à la
partie supérieure. Une porte ménagée sur le côté droit
permet de l'ouvrir pour le nettoyage, le démontage et les
théories. Ce magasin, n'étant pas ouvert par-dessous, n'a
pas à craindre Tintroduction de corps étrangers pouvant
en entraver le fonctionnement. L'élévateur tourne sur un
axe qui fait corps avec la boite du magasin et qui peut être
avec la plus grande facilité séparé de cet axe ou remis en
place. Le magasin peut être garni, soit à la main, soit à
l'aide d*un chargeur.
Le chargeur ne pénètre pas dans le magasin, mais il sert
uniquement à permettre l'introduction de cinq cartouches
à la fois. A cet effet, on prend le chargeur de la main
droite, on rapplique dans léchancrure de la boite de cu-
lasse et on le fixe dans le logement qui lui est ménagé
{fig. 102). Il suffit alors de croiser le pouce de la main droite
jusqu'à l'articulation sur le paquet de cartouches et de
presser légèrement pour faire descendre les cartouches
dans le magasin. Le chargeur, resté en dehors, est expulsé
par la fermeture même du verrou. On peut aussi engager
une sixième cartouche dans la chambre, en appuyant sur
les précédentes pour les maintenir dans le magasin.
Ce chargeur peut servir, quel que soit son état d'oxyda-
tion. On peut craindre que les bords de la boite de culasse,
formant ressorts pour la distribution des cartouches, arri-
vent à se fausser ou à se détremper. Cet inconvénient, qui
ne peut se produire qu'après un long service, pourra être
facilement constaté et réparé.
Le magasin étant chargé, mais sans cartouche dans la
CHAPITRE VII.
iH ARMES A FEU PORTATIVES.
chambre, le soldat peut fermer le verrou sans introduire la
première cartouche dans la chambre, en ayant soin d'ap-
puyer avec le pouce de la main gauche sur cette cartouche,
qui se trouve à la partie supérieure du magasin. Dans ces
conditions, il ne peut y avoir aucune chance d'accident à
craindre, et il suffit d'ouvrir le magasin et de le refermer,
pour introduire la cartouche supérieure du magasin dans
la chambre et armer le chien. L'arme se trouve ainsi prête
à faire feu, uniquement en exécutant le mouvement ordi-
naire de la charge.
Le fonctionnement du mécanisme consiste simplement à
fermer la culasse pour entraîner la première cartouche
dans la chambre, puis à faire feu, ouvrir la culasse pour
expulser l'étui vide, fermer de nouveau et continuer ainsi
jusqu'à ce que les cartouches du magasin soient épuisées ou
que Ton suspende le tir. L'avantage de ce système sur
ceux à chargeur, c'est qu'on peut regarnir le magasin sans
que toutes les cartouches qu'il contient soient tirées.
On peut à volonté tirer à magasin ou coup par coup, le
magasin étant vide ou plein, car on a la faculté de rem-
placer les cartouches une par une à mesure que l'on tire,
de sorte que l'on est toujours à même de compléter comme
on l'entend l'approvisionnement du magasin. Le fusil s'em-
ploie avec ou sans magasin et peut être utilisé pour le tir
coup par coup, même quand le soldat n'a plus de chargeurs
ou que le mécanisme de répétition est dérangé.
Le commandant Daudeteau a également pris des disposi-
tions particulières pour éviter les enrayages provenant de
ce qu'on appelle la double répétition ^ qui peut se produire
de deux manières.
La double répétition par défaut de mouvement en avant
a lieu quand le soldat, par inadvertance ou par suite d'émo-
tion, retire la culasse mobile en arrière sans l'avoir pous-
sée à fond ou sans Tavoir fermée. La cartouche supérieure
du magasin monte alors dans la boite de culasse et vient en
prise du verrou. En poussant de nouveau le verrou en avant,
il peut en résulter, non seulement l'enrayage du méca-
nisme, mais encore le départ accidentel de la première car-
touche par la balle de la deuxième agissant comme percu-
teur.
La double répétition par défaut de mouvement en
CHAPITRE VU. 155
arrière se produit lorsque, en ramenant la culasse mobile
en arrière, le soldat néglige de la pousser à fond, jusqu'au
point où l'étui doit être éjecté. Cet étui reste alors fixé à
l'extracteur, tandis que la cartouche supérieure monte vers
l'entrée de la chambre. En refermant le tonnerre, on pous-
sera simultanément une cartouche et un étui, qui seront
ainsi plus ou moins fortement coincés à l'entrée de la
chambre. Il en résulte un enrayage complet du mécanisme,
auquel on ne peut remédier en principe que par le démon-
tage de l'arme pour retirer les cartouches coincées.
Afln de parer complètement aux enrayages dans tous les
cas, M. Daudeteau a imaginé un dispositif pour lequel il a
pris un brevet et dont le fonctionnement automatique est
aussi simple qu'infaillible. Deux ressorts distributeurs sont
placés à droite et à gauche de la boîte de culasse, de telle
façon que leurs bras fassent saillie dans cette boîte à des
hauteurs différentes. Le ressort de droite, placé le plus bas,
retient la deuxième cartouche, tandis que la première reste
libre entre ce ressort et le ressort de gauche qui est
au-dessus.
Lors même que, par un mouvement inconscient, le soldat
ramènerait la culasse mobile en arrière au moment où la
première cartouche est poussée par le verrou dans la
chambre ou à un point quelconque de la course, la deuxième
ne monterait pas, parce qu'elle ne peut venir en prise du
verrou que lorsque celui-ci a été complètement fermé. Le
renfort du levier vient alors appuyer sur le bouton du dis-
tributeur de droite, et la deuxième cartouche, n'étant plus
retenue par le bec de ce ressort, peut monter près du
verrou et viendra en prise de ce dernier lorsqu'elle aura
été dégagée par le distributeur de gauche. Cette disposition
rend donc impossible la double répétition par défaut de
mouvement en avant.
D'autre part, le ressort de gauche est disposé de telle
façon qu'il ne peut laisser échapper la cartouche avant que
l'éjecteur ait fonctionné. Dans ces conditions, il ne peut,
dans aucun cas, se présenter deux cartouches ou étuis à la
fois devant le verrou.
La cartouche, à bourrelet et à gorge, contient une charge
de 2 grammes de poudre RR sans fumée; elle pèse 21
grammes et a 75 millimètres de long. La balle en plomb
156 ARMES A PEU PORTATIVES.
durci est entourée d'une chemise d'acier maillechort; la
vitesse initiale, mesurée à 25 mètres de la bouche du canon,
est de 715 mètres. La précision est extrême et le recul très
faible. A 50 mètres, la balle traverse 55 planches de sapin
sec de 25 millimètres d'épaisseur; à 100 met., 50 de ces
planches, et à 200 met., 40. A 75 mètres, elle traverse une
plaque d'acier de iO^^. Cette pénétration est naturellement
plus puissante que dans les fusils du calibre de 8™°*, dont
la vitesse ne dépasse pas 600 mètres.
Résumé. — D'après les indications précédentes, cette
arme parait posséder à un degré supérieur toutes les qua-
lités du Mannlicher de même calibre, dont il va être ques-
tion, et elle en possède même que ce dernier n'a pas.
Fusil Mannlicher de 6»",5 (Fig. 403).
L'ingénieur Mannlicher, directeur de la manufacture
d'armes de Steyr (Autriche), a construit et fait expérimen-
ter, dès 1891, un fusil du calibre de 6^^,^, qui a servi de
base au fusil italien, vient d'être adopté par la Roumanie et
ne tardera pas à Têtre par la Hollande.
La. Revue cCartillerie, du mois d'août 1892, a donné sur
cette arme et les expériences auxquelles elle a donné lieu
les renseignements les plus complets, dont nous extrayons
ce qui suit :
Ce fusil ressemble beaucoup au fusil allemand mod. 1888.
Le canon, plus étoffé, n'a pas de tube-enveloppe. Celui-ci
est remplacé par un garde-main en bois, comme dans le
fusil Daudeteau, qui permet de saisir l'arme à pleine main
quand il en est besoin, notamment pour marcher à l'assaut,
par exemple, quand le canon est échauffé.
La hausse a son curseur muni d'un poussoir à ressort,
dont la dent pénètre dans des crans convenablement espacés
sur le bord droit de la planche. Cette disposition permet de
faire mouvoir le curseur et de le fixer à la hauteur voulue
en conservant l'arme à l'épaule.
Le mécanisme de fermeture {fig. 104) diffère peu de
celui du fusil allemand. Il est constitué par un cylindre pré-
sentant à l'avant deux tenons de fermeture pleins, disposés
symétriquement dans un plan perpendiculaire à celui du
levier, et auquel s'adapte une tête mobile qui ne participe
CHAPITfiE TH.
jj^ ÀRUtSS A FEU PÛBTAnTES.
pas au mouvement de rotation du cylindre. lie tenon de
fermeture de droite, taîUé en rampe, sert à produire le dé-
filement de la cartouche. Ce mécanifime de culasse est
aimpUfié par l'adoption d'un éjecteur en forme de semeDe
relié à la tête mobile, qui porte sur le côté ^^auche une rai-
4:iure longitudinale dans laquelle cette pièce peut coulisser.
En rabattant le levier du cylindre à droite, Péjecteur reste
dans son logement à la partie gauche de la boite de calasse
et maintient en place la tête mobile. En relevant ce levier,
le tenon de fermeture placé à gauche du cylindre vient se
placer de façon à être <5ontoumé par l'éjectenr. Enfin, an
moment où le cylindre-, ramené en arrière, est à bout de
/Course, réjecteur est arrêté par un butoir à ressort, fixé à
la boite de culasse, -qtai Mt prononce* davantage sa saillie
ejj avaat de la tête mobile et provoque ainsi lexpuMon de
l'étui.
Chjaque cartouche sortant du magasin est saisie immédia-
tement par la griffe de Textracteur et est ainsi forcée d'ac-
compagner ia culasse dans toas ses mouvements. Ceite dis-
position a pour but d^éviter la double répétition par défaut
de mouvement en avant, car la cartouche restant liée au
mouvement de La culasse, empêche la cartouche suivante de
quitter son logement et de venir se heurter à la première.
Mais le système d'éjecteur Mannlicher n'évite pas la double
répétition par défaut de mouvement en arrière, car il peut
très bien arriver qu'une cartouche sorte du magasin par
son extrémité antérieure avant que l'étui soit éjecté.
Le magasin, faisant corps avec le pontet, contient un
élévateur de cartouches actionné par un ressort plat. Il
reçoit un chargeur en acier contenant cinq cartouches, où
elles sont disposées : les trois du milieu avec leurs bourre-
lets superposés, les deux autres le culot en avant du bour-
relet de la cartouche voisine. Le mouvement ascensionnel
provoqué par l'élévateur est limité par un arrêtoir, avec
ressort à boudin logé dans le pontet.
Ce magasin est ouvert par-dessous; le chargeur tombe
par son propre poids lorsque la dernière cartouche en est
sortie, sinon l'introduction du chargeur suivant suffît pour
l'expulser. On peut retirer le chargeur à tout moment,
quel que soit le nombre de cartouches qu'il contient, en
ouvrant la culasse et en appuyant avec le doigt sur le pous-
CHAPITRE VII. 159
soir de Tarrêtoir, qui fait saillie dans la sous-garde, en face
de la détente. L'élévateur, agissant alors sur Tétui placé à
la partie inférieure, fait monter, avec les cartouches, le
chargeur qui s'enlève sans difl3culté.
Ce chargeur, excellent au point de vue de la rapidité du
chargement et de la solidité de l'empaquetage des cartou-
ches, n'est pas exempt de critiques. Ainsi, la rouille peut
entraver son fonctionnement, l'ouverture qui existe à la
partie inférieure du magasin est une porte donnant libre
accès aux corps étrangers. En particulier, dans la position
du tireur couché, le soldat sera tenu à de grandes précau-
tions pour éviter l'introduction dans le mécanisme des
objets qui couvrent le sol, et en pareil moment il ne son-
gera pas toujours à prendre ces mesures de précaution.
La cartouche à bourrelet contient 2 gr. 35 de poudre sans
fumée de la poudrerie de Troisdorf, près Cologne. Cette
poudre, à base de fulmi-coton, ne contient pas de nitro-
glycérine; elle est plombaginée et a la forme de petites
lamelles régulières. La balle en plomb pèse iO gr. 5; elle
est chemisée d'acier ou de nickel. La cartouche de 77°»™, 7
de long pèse 22 gr. 5. D'autres prétendent que la cartouche
pèse 22 gr. 7 et contient 2 gr. 6 de poudre autrichienne
mod. 1890. La vitesse initiale est de 710 mètres à 2o mètres
•de la bouche du canon.
Renseignements numériques (1).
Longueur totale sans baïonnette 1™,225
— avec baïonnette. 1™,481
Poids total sans baïonnette S'', 845
Canon |I^°g"eur 0°^,730
( Longueur de la partie rayée 653™™, 5
Î Nombre 4
Profondeur G™™, i5
Pas G™, 20
i Longueur 77™™, 7
Cartouche | Poids 22K',5
(Poids de la charge 28^35
RallP ILongueur .'îl™™,4
"^"®- I Poids iGK^5
Poids du chargeur 98',5
Vitesse initiale 7 1 0™
(1) Deux modèles ont été expérimentés ne différant que par la longueur
-du canon. Les renseignements donnés concernent le plus court, qui est géné-
ralement adopté ; la longueur de l'autre est de 1™,285.
11)0 ARMES A FEU PORTATIVES.
Résumé, — Le fusil Mannlicher est une arme bien com-
prise dans toutes ses parties; le mécanisme de répétition
notamment est très simple. La justesse, la vitesse initiale,
la portée et la force de pénétration sont sensiblement les
mêmes que dans le fusil Doudeteau ; la vitesse de recul est
très faible. Les diverses propriétés de la nouvelle arme
constituent un avantage d'environ un quart en faveur de
cette dernière sous tous les rapports.
On peut lui reprocher de ne pas empêcher la double répé-
tition par suite de mouvement en arrière, d'avoir un ma-
gasin ouvert à la partie inférieure et surtout de ne pas per-
mettre le chargement coup par coup.
Autres expériences avec des fusils de calibres
très réduits.
Ainsi que nous Tavons indiqué, l'Autriche doit exécuter
successivement des expériences avec des calibres de 6 mil-
limètres, de 5«^™,5 et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on soit
arrivé à constater que les résultats donnés par le dernier
calibre expérimenté sont inférieurs à ceux du calibre immé-
diatement supérieur. C'est là évidemment un moyen pra-
tique de déterminer le meilleur calibre.
On expérimente, parait-il, des armes du calibre de 8 mil-
limètres en Allemagne et en Russie; mais on n'a pas d'indi-
cations à ce sujet.
On prétend aussi qu'on a fait au Chili, avec le calibre de
6 millimètres, des essais qui ont donné des résultats sur-
prenants comme portée et force de pénétration.
L'école de tir du camp de Châlons a également expéri-
menté un fusil de 6"*"»,5, qui est la simplicité même.
L'avantage le plus important de ces nouvelles armes con-
siste surtout dans l'allégement du poids de Tarme et des
munitions, ce qui permet de faire porter au soldat un plus
grand nombre de cartouches sans augmenter sa charge
actuelle, et constitue une atténuation sérieuse à l'augmen-
tation de rapidité du tir.
L'accroissement de vitesse initiale, en augmentant la
tension de la trajectoire et la force de pénétration du pro-
jectile, réalise également un progrès considérable, dont
nous avons fait ressortir déjà les conséquences favorables.
CHAPITRE VII. 161
Conclusions.
On peut conclure des considérations précédentes que les
puissances qui ont le meilleur fusil sont celles qui ont
changé leur armement les dernières. Il est donc certain
que si les grandes puissances n'avaient pas adopté un fusil
nouveau depuis quelques années à peine, elles n'hésite-
raient pas à le changer en faveur d'un système plus parfait
et surtout à plus petit calibre. Mais pourtant aucune n'a
reconnu la nécessité indispensable d'arriver immédiatement
à ce résultat, dont les avantages ne seraient pas en rapport
avec les charges budgétaires, sans compter que les expé-
riences en cours n'ont pas dit leur dernier mot. Dans tous
les cas, il est certain qu'on est arrivé à vaincre les diffi-
cultés qui s'opposaient à une réduction nouvelle du calibre,
lesquelles consistent surtout dans les difficultés de rayage
du canon et de nettoyage de l'arme.
Il ne faut pas croire d'ailleurs que les armes de 8 milli-
mètres ou environ ne seraient pas en état de lutter avec
celles de 6 millimètres. En effet, les propriétés des pre-
mières, sous tous les rapports, sont largement suffisantes,
et leur seule cause réelle d'infériorité serait leur poids
plus élevé, inconvénient qu'il y aurait lieu de compenser
par un meilleur ravitaillement des munitions. Mais on peut
admettre qu'il en sera de la nouvelle réduction du calibre
comme il en a été des fusils à répétition, c'est-à-dire que, dès
qu'une des grandes puissances aura adopté un nouveau fusil
de 6™°» environ, toutes les autres seront obligées d'en faire
autant, pour ne pas se trouver en état d'infériorité, au
moins morale. C'est pourquoi il est prudent de se tenir au
courant des expériences qui se poursuivent un peu partout,
et d'avoir une solution toute prête pour le cas où elle s'im-
poserait. Nous avons vu que nous ne serions pas pris au
dépourvu.
Mais, en dehors de la réduction du calibre, on peut
demander aux divers éléments du nouveau fusil de réunir
les conditions les meilleures, tant pour l'ensemble que dans
les détails. La discussion de ces conditions, à laquelle nous
avons consacré tous les développements nécessaires, l'expé-
rience de ces dernières années, la comparaison des difle-
11
162 ARMES A FEU PORTATIVES.
rents systèmes permettent de résumer, avec une précision
suffisante, Tétat de la question et d'indiquer les qualités à
réunir, ainsi que les défauts à éviter, pour la construction
d'un fusil nouveau.
Canon. — La forme tronconique est à préférer, avec
bronzage extérieur pour éviter les reflets. Ce canon, en
acier fondu au creuset, doit porter trois embases venues
de fonte et destinées à recevoir le guidon, la hausse et le
petit tenon de la baïonnette, pour éviter les brasages. Le
tube-enveloppe est à rejeter, mais il doit être remplacé par
un protège-main du genre de celui de notre carabine
modèle 1890.
La longueur du canon pourrait sans inconvénient être
diminuée et fixée aux environs de 0"*,70, sans nuire aux
propriétés balistiques et sans cesser de remplir toutes les
conditions réellement nécessaires, quant à la longueur
totale de l'arme. On allégerait ainsi le poids de celle-ci, qui
deviendrait en outre plus maniable.
D'après les expériences faites et les données actuelles de
la question, il est à peu près certain que le calibre de 6 mil-
limètres est celui qui a le plus de chance d'être adopté défi-
nitivement, surtout parce qu'il ne parait pas possible
qu'avec un calibre notablement inférieur on puisse mettre
immédiatement hors de combat l'homme ou l'animal qui en
reçoit le projectile. Le caractère foudroyant des blessures
est une propriété essentielle d'une arme de guerre, et cette
condition sera certainement l'obstacle principal à toute
réduction exagérée du calibre, réduction dont on ne voit pas
bien l'utilité pratique lorsqu'elle dépasse certaines limites.
Les rayures des divers fusils les plus récents paraissent
en général satisfaisantes. M. de Monbrison, dans l'étude
déjà citée, donne la préférence au système Metford modifié,
c'est-à-dire à des rayures tournant de droite à gauche, en
nombre impair (5 ou 7) et en forme d'anse de panier [flg, 18),
les pleins étant égaux au plus à la moitié des vides. Des
expériences ont prouvé que, avec des balles à enveloppe
métallique, ce genre de profil donne les résultats les plus
avantageux; toutefois, les autres profils ne sont pas à
repousser. Le nombre des rayures peut varier de 3 à 7, et
leur pas de 0°^,24 à 0"»,30.
CHAPITRE VII. 463
Boîte de culasse. — Le modèle français remplit parfaite-
ment les conditions voulues, c'est-à-dire assurer le loge-
ment et la mise en place solide du mécanisme de fermeture
et faciliter son fonctionnement. La forme intérieure et
extérieure de la boite de culasse dépend naturellement de
son but et de la forme des pièces qui doivent s'y mouvoir.
Mécanisme de culasse. — Le système de fermeture à
verrou a généralement prévalu, et celui du fusil français
modèle 1886 est à recommander. La culasse mobile se com-
pose en principe d'un cylindre et d'une tête mobile, reliés
par une vis d'assemblage, et dont l'intérieur est creux pour
livrer passage au percuteur et au ressort à boudin. En
outre, une troisième pièce, le chien, est reliée au percu-
teur, soit suivant le système du fusil français modèle 1 886,
soit suivant celui du fusil allemand modèle 1 888, système
qui sont équivalents.
La tête moMle a sa partie postérieure d'un diamètre plus
petit et munie de deux ergots diamétralement opposés, de
manière à pouvoir s'introduire dans le cylindre. La tête
mobile porte : 1® les tenons de fermeture, disposés symé-
triquement, au nombre de deux ou de quatre, suivant la
pression exercée sur la culasse par la charge pour obtenir
une vitesse initiale de 800 mètres; 2» un renfort servant à
loger l'extracteur et à limiter le mouvement en avant de
la culasse mobile; 3° l'éjecteur.
D'après M. de Monbrison, la question de l'extracteur n'a
pas été résolue d'une façon satisfaisante jusqu'à présent,
du moins pour les armes à obturation nécessitant un double
mouvement. Pour éviter les reproches faits à l'extracteur
du fusil français et du fusil allemand, il propose de procéder
comme il suit : « Nous avons pensé qu'en logeant dans l'in-
térieur du renfort de la tête mobile un extracteur du genre
de celui du Berdan russe, n^ 2 (ftg. 105), ou même de
celui du fusil français modèle 1886, nous donnerions à cet
organe une plus grande puissance, car la longueur du ren-
fort de la tête mobile du fusil proposé a plus du double
comparativement à celle du fusil modèle 1886 français et
modèle 1888 allemand. On objectera encore que notre extrac-
teur tournera avec la tête mobile et exigera un aminci
considérable; à cela nous répondrons qu'en adoptant quatre
464 ARMES A FEU PORTATIVES.
tenons d'attache au lieu de deux, l'aminci serait réduit au
huitième de la circonférence et, par conséquent, serait bien
petit. Mais alors même que le nombre des tenons d'attache
resterait fixé à deux seulement, l'expérience faite en Russie
Fig. 405.
avec le fusil Berdan n<> 2, et en France avec le fusil modèle
1886, depuis six ans, ne permet pas de douter du bon fonc-
tionnement de l'organe modifié que nous proposons : c'est-
à-dire, soit un extracteur du type Berdan n» 2, soit un
extracteur du type modèle 1886 français, mais plus allongé.
Du reste, il serait possible de construire, surtout avec la
fermeture à quatre tenons, une culasse mobile possédant
un extracteur pareil à celui de la carabine autrichienne
modèle 1890, mais nous n'y verrions pas un grand avantage. »
Le verrou à mouvement rectiligne, comme en Autriche
et en Suisse, supprime les difficultés d'extraction; d'un
autre côté, la simplicité du mécanisme et la régularité du
fonctionnement peuvent militer en sa faveur et le faire
suivre de très près notre culasse mobile du fusil modèle
1886. En effet, ce genre de verrou présente les conditions
essentielles pour résister aux pressions exercées sur la
culasse par les nouvelles poudres, c'est-à-dire une ferme-
ture symétrique et des tenons d'attache aussi rapprochés
que possible du culot de la cartouche.
Mécanisme de répétition. — On est d'accord pour ad-
mettre le chargement au moyen de paquets de cartouches
s'introduisant d'un seul coup dans le magasin. Mais, comme
le tir à répétition doit être l'exception et non la règle, on
admet généralement que Tarme doit pouvoir être chargée,
non seulement au moyen de chargeurs, mais aussi coup
CHAPITRE VII. 165
par coup, de manière à éviter autant que possible le gas-
pillage des munitions.
Le ijiécanisme du Mannlicher autrichien de 6°^™,5 est celui
qui parait le mieux remplir cette double condition, ainsi
que celui de la carabine autrichienne modèle 1890. Ce mé-
canisme, très simple, se compose d'un élévateur actionné
par un ressort plat, avec un arrêtoir de chargeur actionné
par un ressort à boudin. Le chargeur sert au transport et
à la distribution des cartouches. Mais il y aurait lieu de
modifier ce mécanisme pour faciliter le chargement de
Tarme cartouche par cartouche.
Le système de lames-chargeurs^ comme en Belgique, en
Roumanie, etc., ne paraît pas aussi pratique que celui avec
boîtes-chargeurs, bien que ces dernières constituent une
dépense et un poids mort plus considérables (environ 10 ^/o).
En effet, avec les lames- chargeurs, les bords de la boite de
culasse doivent former ressorts pour servir à la distri-
bution des cartouches, de sorte qu'ils ne tarderont pas à
se fausser, à se détremper, et, par suite, à être hors d'état
de fonctionner.
Organes de pointage. — La hausse la meilleure est celle
dont les cadres peuvent le plus facilement surveiller le ma-
niement, et, à ce point de vue, il semblerait préférable de
n'avoir qu'un mode de fonctionnement. L'inconvénient d'un
système de hausse combiné ne parait pas bien sérieux, et,
à l'avenir, il sera d'autant plus aisé d'arriver au résultat
indiqué que Ton pourra probablement tirer jusqu'à 700
mètres avec la ligne de mire naturelle. Le cran de mire
circulaire et le guidon à tête arrondie de notre fusil modèle
1886 paraissent bien compris. Les diverses puissances ont
d'ailleurs en général conservé les organes de pointage de
leurs anciens fusils, en les modifiant plus ou moins.
Monture. — Toutes les nouvelles armes ont une monture
d'une seule pièce, à l'exception des fusils anglais et fran-
çais, dans lesquels l'emploi de boites de culasse à forme
aplatie a forcé à faire la monture en deux parties : la crosse
et le fût. Cette disposition facilite sensiblement le choix et
le travail des bois ainsi que le montage et le démontage du
mécanisme. Il semble préférable de creuser un peu le talon
166 ARMES A FEU PORTATIVES.
de la crosse, de manière que cette partie emboîte l'épaule
pendant le tir.
Lorsque le fût entoure le canon en dessus et en dessous,
il est divisé en deux parties qui ne touchent pas le canon,
mais viennent prendre appui, à l'arrière sur la boîte de
culasse, et à l'avant sur une bague venue de fonte qui porte
le guidon. Une ouverture est ménagée dans la partie supé-
rieure (protège-main) pour donner passage à la hausse.
Garnitures. — Le système à préférer serait des boucles
ouvertes avec vis de réglage.
Baïonnette. — La longueur de notre épée-baïonnette
(O^jSl) dépasse de beaucoup celle des fusils adoptés récem-
ment par les autres puissances, où elle est en moyenne de
0°^,3o. Elle serait ainsi plus légère, plus solide et exercerait
une influence moins nuisible sur le tir quand elle serait
placée au bout du fusil. Il parait en outre préférable de la
placer sous l'axe du canon qu'à droite.
Cartouche. — La cartouche doit être à bourrelet, pour
faciliter l'extraction des étuis. La forme générale de Vétui
qui parait la mieux comprise est celle indiquée dans la
figure 104. La lalle^ en plomb durci, est recouverte d'acier
doux ou de maillechort, mais ce dernier métal, moins dur,
paraît mieux convenir pour la bonne conservation de
l'arme. Le poids de la cartouche, de la balle et de la charge
de poudre sont variables d'après le calibre et la nature de
la poudre. Cette dernière a une influence considérable sur
la régularité du tir, sur la tension de la trajectoire et les
propriétés balistiques; mais il est prouvé que la poudre
française est jusqu'à présent la meilleure et la plus stable.
FUSILS DIVERS.
En dehors des armes adoptées ou expérimentées dans les
diverses armées, il y a lieu de signaler en passant des appli-
cations, pour le moment plus originales que pratiques, des
progrès de la science à des fusils, soit en vue de supprimer
certains mouvements pour accélérer encore davantage le
tir, soit en supprimant l'emploi des explosifs comme agents
de projection.
CHAPITRE VII. 167
C'est ainsi qu'on a cherché à faire partir le coup au
moyen d'un fusil électrique.
Il convient également de signaler l'application faite par
l'inventeur Hiram Maxim de l'utilisation de la force du recul
pour faire fonctionner le mécanisme et obtenir ainsi un
véritable fusil automatique.
Enfin, l'idée de remplacer la poudre par un gaz liquéfié,
qu'a eue notre concitoyen Paul GifFard, est assez ingénieuse
pour mériter d'être indiquée avec quelque détail.
En effet, ces diverses inventions peuvent, en étant ame-
nées au degré voulu de perfection, devenir suffisamment
pratiques pour produire une véritable transformation dans
l'armement portatif et, dans tous les cas, il est bon d'être
fixé sur la valeur réelle de ces inventions dans leur état
actuel.
Fusil électrique.
On sait qu'en produisant le départ du coup au moyen
d'une détente on peut, en agissant trop brusquement sur la
détente, donner ce que l'on appelle le- coup de doigt et
déplacer ainsi l'arme correctement pointée;
Pour éviter cet inconvénient, on a cherché à enflammer
la charge par l'électricité. Divers essais ont été tentés dans
cette voie, mais, jusqu'à présent, aucun des modèles présen-
tés n'était réellement pratique. Le mieux conditionné des
fusils de ce genre est celui qui a été présenté, en 1883, à
l'exposition d'électricité de Vienne, par M. Henri Pieper, de
Liège.
Cette arme {fig. 106) a l'apparence d'un fusil ordinaire,
mais sans chien ni mécanisme de sûreté. A l'extérieur on
ne voit, sauf le canon et le logement de la culasse, qu'une
détente ordinaire avec sous-garde ; la crosse est terminée
par une plaque de couche métallique. Il n'y a pas d'appareil
de fermeture.
Ainsi qu'on le voit dans la figure, la crosse est percée
dans toute sa longueur, et, dans le canal ainsi ménagé, est
engagée une baguette en fer, dont l'extrémité antérieure
est en contact avec la détente. En appuyant sur celle-ci, la
baguette est mise en contact avec une autre plus courte,
dont l'extrémité antérieure, isolée par une enveloppe de
tas AEMES A PEU POKTATiVES.
caoutchouc, -vient aboutir justeau centre du fond du canon.
L'étui métallique de la car-
touche est pourvu, au lieu
d'une amorce, d'une pointe
en cuivre placée exactement
au centre et assez longue
pour dépasser la charge de
poudre (/îgf.lOT). Cette pointe
est consolidée au fond de la
cartouche et isolée par une
couche de caoutchouc durci.
La poudre est surmontée
d'une bourre en carton, per-
cée en son milieu d'une ou-
verture garnie d'une douille
en laiton. D'un côté le car-
ton est recouvert d'une mince
feuille de cuivre, qui relie les
parois métalliques de la car-
touche à la douille en laiton.
L'inSammation de la charge
est produite par une étin-
celle électrique ; le courant
y est dirigé par les deux
pôles de l'accumulateur. A
cet effet, le mécanisme de
fermeture est relié à l'un des
pôles, la plaque de couche,
et, par suite, également à
l'autre pôle, au moyen de la
baguette directrice isolée
dans la monture.
L'électricité est fournie
par un accumulateur assez
petit pour que le tireur puisse
le porter dans la poche de
sa veste. Pour tirer, on com-
mence par relier les deux
pôles de l'accumulateur au
fusil. Le courant, dirigé d'un
côté dans le mécanisme de
CHAPITRE Vil. 169
fermeture, assure la communication entre le canon, la
cartouche, la petite feuille de cuivre de la bourre et la
douille métallique. La communication avec l'autre pôle
n'a lieu qu'en mettant en joue, car alors la plaque de
couche est mise en contact avec un tissu métallique fixé
à répaule du tireur et relié à l'appareil électrique. Le cou-
rant, partant de la plaque de couche, est dirigé par l'inter-
médiaire de la baguette jusqu'à la détente, et, lorsqu'on
presse sur cette dernière, le courant se transmet au moyen
de la petite baguette isolée et la pointe également isolée
de la cartouche jusqu'à la douille en laiton, où les deux
pôles se rapprochent suffisamment pour faire jaillir l'étin-
celle qui enflamme immédiatement la charge de poudre.
Aussitôt que la pression des gaz a expulsé la bourre, le
courant est rétabli, de sorte que la force acquise, au lieu
d'être perdue par l'action du doigt sur la détente, constitue
une réserve pour la continuation du tir.
L'accumulateur peut se conserver pendant quinze jours
et contenir l'électricité nécessaire pour tirer 1000 car-
touches.
Fasil automatique Maxim.
L'ingénieur américain Hiram Maxim, inventeur d'une
mitrailleuse automatique, a imaginé un fusil dont le méca-
nisme fonctionne automatiquement. Il est arrivé à utiliser
la force du recul pour armer, charger et fermer la culasse,
de sorte qu'il ne reste au tireur qu'à provoquer le départ
des coups, en pressant sur la détente au moment voulu pour
que le chargement de l'arme soit immédiatement effectué.
Le nombre de coups à tirer ainsi automatiquement corres-
pond au nombre de cartouches renfermées dans le ma-
gasin.
Le mécanisme de culasse, presque identique à celui du
fusil Winchester, est indiqué dans les figures 108, 109 et
1 10. La culasse mobile se compose d'une longue tige T for-
mant verrou et remplissant plusieurs buts : ramenée en
arrière, elle découvre l'entrée du canon, arme le chien et
extrait l'étui vide ; poussée en avant, elle introduit la car-
touche dans le canon et fait fonction de percuteur sous l'ac-
tion du chien.
ABMES A FEU PORTATIVES.
CHAPITHE VII.
Les cartouches sont à inâamtnation périphérique, et ce
sont deux petites pointes, fixées à l'extrémité du verrou.
qui remplissent l'office do percuteur. A cet effet, la culasse
172 ARMES A FEU PORTATIVES.
mobile est mise en mouvement au moyen de deux leviers l
et l\ articulés en e, mus par le levier î, réuni au mécanisme
automoteur. Le premier de ces deux leviers articulés est
réuni à la culasse mobile en h, le deuxième à la boîte de cu-
lasse en f. Quand la culasse est fermée, les trois axes fe h
sont en ligne droite et l'action du recul se reporte sur le
rempart. Lorsqu'on met le levier î en mouvement, les deux
leviers l V se rapprochent, la tige T recule et, dans son
mouvement, rencontre le chien, qu'elle met dans la position
du bandé.
La douille est extraite en même temps et une nouvelle
cartouche est amenée dans Taxe du canon. Lorsqu'on presse
sur la détente, le chien mis en liberté vient frapper sur le
verrou T, et les deux pointes fixées à l'extrémité de ce der-
nier déterminent l'inflammation de la cartouche.
Le mécanisme automatique répétiteur est indiqué dans
les figures 108, 109 et 110. Ce mécanisme consiste essentiel-
lement en une plaque de couche A, qu'on appuie fortement
à l'épaule au moment de faire feu ; elle se rapproche de la
crosse et détermine la tension des deux ressorts & et c, par
suite de l'absorption de la force du recul.
Ce mécanisme fonctionne de la manière suivante :
Le mécanisme étant dans la position de la figure 108, au
départ du coup la crosse, en reculant, vient porter contre la
plaque a et comprimer les ressorts ô et c; le levier L, qui
est relié à la plaque de couche par une charnière, glisse sur
la roulette r fixée à la tige ^, vient saisir par une encoche c
la grifle g et s'y trouve maintenu par l'action du ressort m.
Les diverses parties du mécanisme de crosse occupent alors
la position représentée par la figure 109.
Ainsi que le montre la figure 1 1 0, les différentes pièces de
la fermeture de culasse sont disposées de manière à néces-
siter une force considérable pour que la culasse puisse s'ou-
vrir au moment où les gaz de la poudre agissent sur la car-
touche. En eô'et, ceux-ci pressent l'une contre l'autre les
deux branches des leviers articulés l et l' et s'opposent au
mouvement de descente de l'axe e, et, par suite, à la rota-
tion du levier i. Mais, dès que cette pression cesse, la fer-
meture se desserre et le ressort r' commence à agir, en ce
sens qu'il presse sur la tige ^, et celle-ci actionne les leviers
h et i. Par suite du mouvement du levier f, le bloc est ou-
CHAPITRE VII. 173
vert, le chien armé, Tétui vide extrait et une nouvelle car-
touche sort du magasin.
On voit {fig. 110) que, dans les mouvements respectifs qui
se sont produits, la roulette r a glissé jusque contrôla
griffe g^ soulevant le levier L et le dégageant de la griffe.
Dès lors, sous l'action du ressort, la tige t et la plaque a
sont poussées vers l'arrière et prennent les positions indi-
quées figure 108. En même temps la culasse se ferme, le
levier i reprend sa position première en ramenant le ver-
rou en avant, et le fusil est alors prêt à tirer sans que le
tireur ait fait un mouvement pour arriver à ce résultat.
Pour éviter tout départ prématuré du coup, un système de
sûreté est joint à la détente {fig. 109 et 110). Lorsque la
sous-garde h est abaissée, une pièce o, pressée constam-
ment de haut en bas par un ressort p, vient s'engager en
une griffe ; dans une encoche de la détente et immobilise
celle-ci. Lorsque la sous-garde se relève, la pièce o est sou-
levée par le bras h et dégage la griffe ^ de Fencoche de la dé-
tente; par suite, celle-ci est rendue libre, et le tireur peut
faire partir le coup.
Ce système est très ingénieux mais peu pratique; le mé-
canisme est assez compliqué et assez délicat pour qu'on ne
puisse considérer une arme de ce genre comme une arme de
guerre. En outre, pour pouvoir fonctionner dans de bonnes
conditions, le magasin doit contenir un nombre de car-
touches assez considérable, etc.
Fusil à gaz liciuéfié de M. Paal Giffard.
La carabine que M. Paul Giffard a présentée en 1889 à la
Chambre de commerce de Saint-Etienne possède une car-
touche ou récipient métallique contenant du gaz liquéfié.
Chaque fois que Ton tire, une goutte plus ou moins grosse
du gaz liquéfié (suivant la force que Ton veut donner au
projectile) sort du récipient et projette ce projectile avec
une régularité, une justesse bien supérieure au tir des
armes dont on se sert actuellement, régularité due à l'ab-
sence totale d'encrassement.
Voici la description du système à une carabine de
salon :
Le gaiz liquéfié est contenu dans une cartouche en acier C
L
VV^^ 1 «aâlE ie J11 - -ME1 sir- La. b^-
I H I notai i ymc ^m ?arxr le sosn.
^^^■^^ j^w l'^zvésiuié 4 ie la. •tftpt ; ^
i'iae Inogneor RsJiie par tti^
■ja&âî. n. s'écliappe alor?, en. x.
niK eecxatne unancté de gaz II-
inéflê, iiTii <di33se «i aTanx le
prrij<KtUe préalablennai întroJaiE
<tjuui 1« easoa psr aoe oarertare
t\ JnCSJ placée ea xraiU da cfaiân- La sou-
Lf^ijpP' pape X est en même temps re&r^
■ hij^'l mée par la. preanôc même du li-
'• ^ --**-*«'' / LasïroaseardGlagoattedegaz
Vuiné&é est r^lée par la vis c
contre laquelle Tient bâter le
chien. Le réserroir eo acier con-
tient 100 grammes de liquide, et,
comme il suffit d'un tiers de
(framme pour chaque coup tiré,
la même cartouche peut donc ser-
vir pour 300 coups.
Il convient d'ajouter que jus-
([u'alors on n^a fait des expé-
riences ((u'avec des carabines de
tir ou de salon ot des pistolets de
toulo iinturo : Hiin'>s dhitquo coup tiré, on introduit la balle
ou Ia olmrtrtMtc )>)oiiil<.
La soett^ti^ «tt^'lmiioiso, constituée pour l'esploitation
CHAPITRE VIII. 175
exclusive en France des brevets de M. Paul Giffard, a dé-
claré qu'elle n'a pas la prétention de fabriquer des armes
de guerre système Giflfard, car rien ne laisse supposer jus-
qu'ici qu'on puisse atteindre ce résultat, la pression des
gaz étant insuffisante pour des fusils tirant avec des vitesses
initiales de 600 mètres. M. Paul Giffard fait des recherches
en vue d'augmenter la pression et la vitesse. Mais il reste
des progrès considérables à réaliser avant que la détente
du gaz puisse être employée comme force propulsive dans
les armes de guerre.
L'inventeur espérait également arriver à appliquer son
système aux plus grosses pièces d'artillerie ; mais, d'après
les explications précédentes, on peut voir que le problème
est loin encore d'être résolu.
CHAPITRE VIII.
POUDRES DITES SANS FUMÉE.
Historique. — Pendant très longtemps on a fait un usage
exclusif des poudres noires pour les armes à feu, et l'on ne
s'est occupé sérieusement de les perfectionner que depuis
une quinzaine d'années. Jusqu'alors, on avait au besoin mo-
difié la structure des grains en raison de la variété des con-
ditions à remplir suivant la nature ou le service des armes,
mais on ne s'était nullement préoccupé de trouver un autre
produit supprimant radicalement les inconvénients, d'ail-
leurs assez nombreux, que présentaient les poudres en
usage.
Nous devons signaler pourtant les essais que l'on fit, en
1840, en vue de substituer à la poudre ordinaire le coton-
poudre, dont les propriétés balistiques sont trois fois plus
puissantes, et ont, en outre, l'avantage de ne produire ni
encrassement ni fumée. Malheureusement, ces qualités
étaient contrebalancées par des effets brisants très redou-
tables, que l'on ne put arriver à supprimer pratiquement
par les modifications apportées à cet explosif.
Cependant, sans parler ici des recherches faites au sujet
176 ARMES A PEU PORTATIVES.
des poudres pour canon, il y a lieu de constater que l'on
continua dès lors à s'occuper, sans bruit et sans enthou-
siasme, de trouver, pour les armes portatives, une poudre
ayant des propriétés balistiques plus grandes que les pou-
dres employées, de manière à permettre la réduction du
calibre. En outre, ces poudres devaient être moins vives
pour ne pas compromettre la résistance du canon et pour
diminuer Ténergie du forcement, en même temps qu'elles
ne devaient pas produire d'encrassement, afin de ne pas
enlever toute précision au tir après quelques coups. Divers
produits furent expérimentés, mais aucun ne présentait les
garanties suffisantes et la question paraissait devoir rester
longtemps encore dans le statu quo, lorsque tout à coup on
apprit que le problème avait reçu en France une solution
pratique.
Dès l'apparition de la cartouche mod. 1886, on ne manqua
pas de constater tout d'abord les avantages balistiques résul-
tant de la vitesse initiale considérable que la nouvelle
poudre imprimait au projectile (640 mètres au lieu de
430 mètres), avec une charge très faible (2 gr. 7 au lieu de
5 gr. 25), c'est-à-dire une justesse, une portée et une force
de pénétration sensiblement augmentées. Mais on ne com-
mença à discuter que deux ans après les avantages résul-
tant de l'absence presque complète de fumée et de la dimi-
nution du bruit de l'explosion. Ces propriétés étaient dues
à la force d'expansion considérable de la nouvelle poudre,
dont l'explosion, pour ne pas produire d'encrassement, ne
donnait plus de résidus solides, mais uniquement des gaz et
des vapeurs sans poussière venant les obscurcir, rendant
pour ainsi dire une fumée invisible. Toutefois, cette der-
nière qualité, qui n'était qu'accessoire, ne tarda pas à
attirer l'attention au point de passer pour la plus impor-
tante et de faire désigner les nouvelles poudres par cette
propriété.
Naturellement, les autres puissances ne voulurent pas
rester en arrière à ce point de vue, et toutes, ou à peu près,
sont arrivées à adopter une poudre possédant soi-disant
les pi*opriétés signalées pour la poudre française, mais sans
que' rien, comme nous le verrons, puisse prouver que cette
prétention soit justifiée.
CHAPITRE VIII. 477
Conditions à exiger. — Les conditions à remplir par une
poudre convenable pour les armes de petit calibre découlent
des propriétés générales indiquées plus haut, et que Ton
peut classer dans Tordre suivant :
lo Propriétés balistiques aussi étendues que possible,
c'est-à-dire grande tension de la trajectoire, impliquant
justesse, portée et pénétration, mais avec des pressions
modérées et uniformes, pour ne pas faire éclater le
canon ;
2» Suppression aussi complète que possible de V encras-
sement ^ car, s'il en était autrement avec des armes de petit
calibre, le canon, chargé de résidus, aurait perdu toute
justesse après un tir de quelques coups;
30 Absence de fumée, ou plutôt fumée presque invisible,
d'abord pour ne pas déceler la position du tireur à la suite
du départ du coup, ensuite pour apercevoir soi-même l'ad-
versaire, c'est-à-dire avoir le grand avantage de voir sans
être vu, si l'on est bien abrité par un couvert. Cet avantage
a une importance telle que la tactique s'en trouve révolu-
tionnée.
Uabsence ou la diminution du bruit n'existe que dans
une certaine proportion, et l'on comprend qu'il n'est pas
possible, d'après les principes lès plus élémentaires de la
physique, de l'obtenir complètement en déplaçant brusque-
ment des masses d'air. Nos poudres pourtant réalisent cet
avantage plus que les poudres étrangères ; mais, dans tous
les cas, il faudrait bien se garder de tirer des conséquences
trop générales de cette propriété, car elles ne pourraient
que fausser les idées, attendu qu'on se rend bien mal
compte des distances ou de la direction lorsqu'on n'a pas
d'autre indication que le son ;
40 Suppression de tout danger dans la fabrication, le
maniement et le transport. — Une pareille condition est
indispensable et s'explique d'elle-même. C'est précisément
parce que certaines poudres, bien que très puissantes, ne
la réalisent pas d'une manière sûre et complète, qu'on a dû
y renoncer. Notre poudre, à l'air libre, brûle lentement,
silencieusement, avec une flamme claire, en ne produisant
pour ainsi dire qu'une vapeur presque insensible, qui dis-
parait à peu près instantanément et n'empêche jamais de
distinguer le but. Sa force ne se développe que lorsqu'elle
12
178 ARMES A FEU PORTATIVES.
est renfermée dans un tube, avec un projectile par devant
et une amorce spéciale. Ainsi, l'incendie d'un wagon chargé
de munitions de poudre Vieille ne produirait pas d'explo-
sion et ne causerait que des dégâts insignifiants. On n'a
d'ailleurs pas eu, jusqu'à présent, le moindre accident dans
la fabrication, la manipulation ou le transport de cette
poudre. Mais il n'en a pas toujours été ainsi pour les
poudres étrangères.
50 Conservation facile et assurée. Cette question de la
conservation des munitions a aujourd'hui une importance
capitale; car, avec les approvisionnements considérables
qui sont nécessaires, il serait impossible de les compléter
ou de les refaire au moment du besoin, si l'on venait à con-
stater alors qu'une partie ne peut être utilisée. Il ne ser-
virait à rien d'avoir un excellent fusil, si celui-ci manquait
de cartouches.
La plupart des poudres sans fumée, sauf la nôtre, sont de
fabrication trop récente pour que l'on puisse être sûr que
leur conservation est certaine, qu'elles ne se décomposent
pas par exsudation ou autrement, ce qui diminuerait leur
énergie, ou qu'elles ne peuvent produire des combustions
spontanées.
60 Recul aussi faiUe que possible. On arrive ainsi à pou-
voir tirer longtemps sans trop de fatigue et, par suite, avec
plus de chance de justesse. Les nouvelles poudres pré-
sentent une diminution de recul très sensible sur les an-
ciennes, et l'on peut en attribuer la cause à l'instantanéité
de l'explosion. Les gaz étant produits instantanément à
haute pression, le projectile est brusquement chassé de
l'àme, dont il est sorti même avant que l'arme, par suite de
l'inertie de sa masse, ait pu faire le moindre mouvement.
70 Utilisation complète des propriétés de la poudre. Par
suite de l'instantanéité de la combustion, les gaz étant com-
plètement formés avant que le projectile ait pu se déplacer
d'une façon sensible, c'est par l'effet progressif de leur
détente régulière qu'il est projeté en avant, de sorte que
l'action des rayures se fait sentir pendant un long par-
cours. C'est ce qui explique l'accroissement de justesse et
de portée du nouveau fusil, et c'est ce qui a fait dire que
ces poudres sont, non des explosifs au sens propre, mais
des moteurs mécaniques.
CHAPITRE VIII. 179
Avantages et inconvénients. — Les nouvelles poudres
ont eu pour première conséquence de permettre la réduc-
tion du calibre des armes portatives, tout en augmentant
leurs propriétés balistiques. En joignant à ces avantages
celui qui résulte de l'absence de fumée, on est arrivé à pos-
séder une arme beaucoup plus redoutable que les précé-
dentes et aux feux de laquelle il ne faut plus songer à s'ex-
poser à découvert. Par suite, il devient indispensable de
donner le moins de prise possible au tir ennemi, de profiter
de tous les couverts et accidents du sol pour se défiler, de
chercher en un mot à voir sans être vu pour profiter des
avantages de la surprise. En outre, Tofifensive, la recon-
naissance qui précède le combat, le rôle de la cavalerie, etc.
deviendront beaucoup plus difficiles, et bien des points de
la tactique des diverses armes devront être modifiés.
Cependant, bien que rendue plus difficile, l'offensive n'en
doit pas moins être la règle, le but final, et conserver toute
sa supériorité morale: Il faudra donc s'efforcer d'habituer
les troupes d'infanterie à se masquer et à s'abriter, tout en
conservant leurs aptitudes à l'offensive, à laquelle elles
doivent passer aussitôt que les circonstances le permettent.
L'absence de fumée ne peut d'ailleurs qu'exercer un excel-
lent effet sur le soldat français, qui aime à envisager le
danger en face et dont les obstacles ne font qu'enflammer le
courage, à la condition toutefois qu'il sache exactement ce
qu'il doit faire dans tous les cas, c'est-à-dire que des règles
claires et précises, ainsi qu'une instruction pratique, ne lui
laissent aucun doute sur la manière d'attaquer, de se
défendre, de se couvrir, d'avancer, de tirer, etc.
D'ailleurs, la diminution du bruit et l'absence de fumée
se feront sentir d'une manière différente suivant que les
troupes seront engagées ou non dans le combat, qu'elles
prendront l'offensive ou se tiendront sur la défensive, ou
même suivant le tempérament.
On n'a pu encore disposer de données d'expérience cer-
taines permettant de déduire pratiquement les modifica-
tions à apporter à la tactique par suite de l'adoption des
fusils à répétition de petit calibre. On en est donc réduit
aux raisonnements et aux conjectures sur ce point impor-
tant. Toutefois, on admet en principe que ces armes ren-
dront plus de service dans la défensive que dans l'offensive,
180 ARMES A FEU PORTATIVES.
car il est alors plus facile de se couvrir, d'abriter les ré-
serves et de s'approvisionner en cartouches. De même, on
convient que, pour donner au fusil à répétition toute sa
valeur, il faut à la fois des circonstances où le feu doit être
très rapide et de peu de durée. Il est certain aussi que ce
fusil exerce une influence sur le groupement des forces, car
une position peut être défendue avec peu de fusils, ou plus
longtemps avec le même nombre de fusils; le déploiement
de rinfanterie devra se faire à des distances plus grandes
qu*autrefois ; Tattaque devra être préparée plus efficace-
ment par rartilierie et conduite plus énergiquement que
par le passé, etc.
Il résuite des considérations précédentes que la guerre
deviendra plus savante, exigera plus d'intelligence de la
part des chefs à tous les degrés de la hiérarchie, de sang-
froid et de courage de la part de tous. Mais ces diverses
qualités dMnitiative et de bravoure ne manquent pas à notre
race et il s*agit seulement de savoir les vivifier.
On a reproché aussi aux poudres sans fumée de ne pas
permettre, lorsque ce serait avantageux, de masquer les
mouvements à exécuter pour atteindre le but final du com-
bat. Mais les cas de ce genre seront fort rares, et le résul-
tat pourra être obtenu d'une autre façon, au moyen de
formations tactiques plus simples ou d'une utilisation mieux
entendue du terrain. Rien n'empêcherait même d'emplo3'er
dans ce but des cartouches spéciales, produisant une fumée
intense.
En résumé, les avantages des nouvelles poudres sont
nombreux et s'exercent d'une manière durable; leurs in-
convénients n'existent que dans certains cas, et peuvent
être atténués. Aussi, les diverses puissances ont-elles adopté
les poudres de ce genre aussitôt qu'elles en ont trouvé de
satisfaisantes, et celles qui ne l'ont pas fait continuent leurs
recherches pour arriver à ce résultat.
Espèces de poudres sans fumée. — En principe, il y a une
variété infinie de poudres remplissant plus ou moins les
conditions que nous avons énumérées, et chaque puissance
en a adopté une qui lui est propre. Le secret de la compo-
sition a été gardé partout avec un soin jaloux, soit pour
ne pas permettre d'en faire de semblables, soit pour qu'il
CHAPITRE VIII. 181
ne soit pas possible de les comparer. Pourtant il est à
remarquer que même la possession d'échantillons de poudre
sans fumée ne permettrait pas d'en déduire, par l'analyse,
la composition exacte ni les procédés de fabrication; d'ail-
leurs, la connaissance de Tune et des autres serait néces-
saire pour arriver à en produire de similaires.
Pour les fusils à répétition, on admet deux espèces de
poudre sans fumée, variant quant à la grosseur des grains :
l'une pour les fusils de gros calibres actuellement en usage
dans certaines armées européennes, c'est-à-dire de 9 mil-
limètres et au-dessus; l'autre pour les fusils de calibre
réduit, de 8 millimètres et au-dessous. Cette différence est
nécessaire, parce que, pour les premiers, la balle est deux
fois plus lourde et d'un calibre sensiblement supérieur à
celui des derniers.
Dans ces conditions, il faut des poudres différentes pour
les deux espèces de calibres, c'est-à-dire, pour le petit, une
poudre brûlant beaucoup plus lentement que pour le grand.
Cette différence dans la combustion répond à une différence
constitutionnelle. On est arrivé, sous ce rapport, à produire
toutes les variétés de poudre désirables pour les armes à
feu portatives.
Fabrication. — D'après la Nature, du 14 juin 1890, les
poudres sans fumée s'obtiennent par la dissolution d'une
cellulose soluble dans un liquide volatil, seule ou mélangée
à des corps accessoires, oxydants ou rafraîchissants.
D^une manière générale, pour la fabrication, les compo-
sants sont d'abord réduits en pâte. Celle-ci est ensuite for-
mée en feuilles qui sont découpées en lamelles laminées à
l'épaisseur voulue, puis en grains, ou plutôt en petits paral-
lélipipèdes dont la grosseur varie suivant le genre de pro-
jectile auquel ils sont destinés.
On cherche naturellement partout des dissolvants per-
mettant de donner aux poudres nouvelles, après évapora-
tion du dissolvant, les formes qui se prêtent le mieux à la
compression, au découpage en tablettes, en morceaux de
dimensions appropriées aussi bien que possible au charge-
ment des armes de calibres grands et petits.
Poudres sans fumée adoptées. — Malgré le mystère que
chaque puissance cherche à rendre impénétrable sur la
«■■■1
182 ARMES A FEU PORTATIVES.
composition de la poudre nouvelle qu'elle a adoptée, des
indiscrétions ont été commises par les journaux, et, quoique
très vagues, elles peuvent servir, grâce aux indications
générales communes, à en déduire des notions suffisantes
sur ce genre de poudre, sans que l'on puisse pour cela arri-
ver à les reconstituer, pour les raisons exposées précé-
demment.
C'est dans ces conditions que nous allons passer succes-
sivement en revue ce qu'on connaît et ce qu'on peut
admettre au sujet des poudres sans fumée actuellement
employées dans les armées européennes.
Allemagne. — Tout porte à croire que la poudre nouvelle
des Allemands est proche parente de la dynamite. Cette
poudre est fabriquée exclusivement à la poudrerie de Span-
dau, afin de mieux en conserver le secret. Elle a été in-
ventée par le général Kiister, directeur de cette poudrerie,
qui a reçu en récompense une somme de 50,000 marks
(62,500 francs). On prétend que c'est un camphre-poudre
digéré par l'éther. Les propriétés de cette poudre sont à peu
près les mêmes que celles de la poudre française, dont elle
est une contrefaçon, avec cette difi'érence que les pressions
développées sont beaucoup plus fortes.
Cependant la fabrication n'en a pas toujours été sans dan-
ger, car une explosion s'est produite en juin 1890, le fulmico-
ton s'étant enflammé spontanément pendant la dessiccation.
On prétend en outre que cette poudre laisse une assez
grande quantité de résidus, qui encrassent rapidement
l'arme; de plus elle attaque le métal et produit de graves
déformations du canon, quand elle ne le fendille pas. On a
également fait circuler le bruit qu'elle ne se conserve pas
et que, pour ne pas paraître pris au dépourvu sous ce rap-
port, on fait usage de poudres que l'on dit sans fumée, mais
qui sont loin de remplir les qualités requises. On en aurait
enfin trouvé une meilleure tout récemment, et toutes les
poudreries de Prusse ont dû en commencer la fabrication .
Angleterre. — Les recherches viennent d'aboutir par
Tadoption de la cor dite pour le chargement des cartouches.
C'est la variété la plus satisfaisante de poudre à la nitro-
glycérine Nobel, qui est mise sous la forme de tiges ou de
fils réunis en paquets.
CHAPITRE VIII. 483
On sait que le chimiste Nobel, à qui on doit l'invention
de la dynamite et d'autres explosifs, a fait, avec de la cel-
lulose en décomposition, une sorte de gélatine explosive.
Quand le coton-poudre a été imprégné quelque temps de
nitroglycérine, il se transforme en une matière plastique,
et ce produit a déjà reçu de nombreuses applications. Le
camphre parait avoir la propriété, quand il est mêlé à cette
gélatine, de diminuer un peu sa force explosive, de la
rendre plus maniable et plus propre à être découpée et
laminée. La variété trouvée en Angleterre réunit à la fois
les conditions de stabilité et d'absence de fumée.
AutyHche-Hongrie. — L'Autriche a adopté la poudre in-
ventée par M. Schwab, directeur de la poudrerie de Stein.
C'est de la nitrocellulose pure ; elle se compose de petites
lamelles concaves lissées au graphite, ce qui lui donne une
couleur grise plutôt que noire; les grains sont un peu plus
gros que ceux de la poudre ordinaire; l'odeur est à peine
perceptible. Sa combustion est très lente à l'air libre; mais,
mise en cartouche, elle s'enflamme très rapidement et donne
au projectile une vitesse initiale de 630 mètres, soit 100 mè-
tres de plus que l'ancienne poudre. Elle ne produit qu'une
légère fumée, rappelant l'apparence de l'air échauflB s'éle-
vant dans une chambre au-dessus d'une lampe. Le recul
est légèrement plus fort, mais la pénétration est considé-
rable. On prétend que le prix de revient est très élevé.
Belgique, — M. Libbrecht, directeur de la Société de
Wetteren, est parvenu à fabriquer une poudre-papier sans
fumée et ne laissant aucun encrassement. On la fabrique
avec du pyroxyle grené. Elle se compose de nitro-cellulose
et de nitrate de baryte dissous dans l'acétate d'amyle.
Les perfectionnements apportés dans la fabrication de
cette poudre ont permis d'obtenir une vitesse initiale de
720 mètres avec le nouveau fusil, mais on a fait descendre
cette vitesse à 600 mètres, pour diminuer les vibrations de
l'arme.
France. — La nouvelle poudre, inventée par M. Vieille,
ingénieur des poudres et salpêtres, est, de toutes les
poudres sans fumée connues, celle qui remplit le mieux l'en-
semble des conditions requises. C'est un mélange de coUo-
dions de préparation différente et d'effets divers. Comme
184
ARMES A FEU PORTATIVES.
Fig. 112.
toutes les autres poudres de ce genre, elle est à base de
nitro-cellulose (pyroxiline). Elle est d'abord formée en pla-
ques (/î^. 112), puis en lamelles
et enfin en grains. Si Ton exa-
mine attentivement ceux-ci, on
les voit sous la forme d'une ma-
tière cornée, faiblement colorée
ou même complètement brunâ-
tre : on dirait un morceau d'é-
caille ou de celluloïd coupé en
menus morceaux. C'est de la
pyroxiline dissoute dans du col-
lodion que Ton a fait évaporer ensuite et laissant, comme
résultat de Topération, une masse visqueuse, pâteuse,
gommeuse, à laquelle on peut donner ensuite la forme
voulue.
La poudre à fusil Vieille, dite poudre BF, a pour princi-
pal inconvénient d'être diflacile à enflammer, parce que la
surface très lisse du grain donne peu de prise au jet de
flamme lancé par l'amorce. Mais cet inconvénient est peu
sérieux en raison de la petitesse des grains. La sensibilité
de cette poudre aux variations de température est presque
nulle et peut être considérée comme négligeable, car la
chaleur et la gelée n'ont aucune influence sur elle.
Hollande. — On emploie la poudre de Troisdorf, qui est
à base de fulmicoton et plombaginée. C'est la poudre qui
convient le mieux aux armes du calibre de 6'»™,5.
Italie, — L'explosif adopté, aussi bien pour les canons
que pour les fusils, est la balistite Nobel, à laquelle les Ita-
liens ont donné le nom de fïlite. L'analyse apermis de recon-
naître qu'elle se compose de nitro-glycérine et de nitro-cel-
lulose mélangées en parties égales. Les deux corps, inertes
séparément, donnent par leur mélange intime une poudre
excellente. La nitro-cellulose étant dissoute par la nitro-
glycérine, on obtient une pâte d'aspect corné, qui peut être
réduite en grains de diverses grosseurs. Cette poudre ne
produit presque pas de fumée, et, jusqu'à présent, elle
parait se conserver fort bien.
Le mélange arrive à l'état de substance farineuse dans
un premier compartiment, où des laminoirs en forment des
CHAPITRE VIII. 185
plaques minces. Il passe ensuite dans un compartiment voi-
sin où on le réduit en grains cubiques. Avant la granula-
tion, on chauffe les plaques de balistite à la température
convenable. La fabrication n'a pas toujours été sans dan-
ger, car on sait qu'une explosion s'est produite en 1890
dans une poudrière.
L'effet produit par la filite étant le triple de celui de la
poudre ordinaire, il en résulte que, pour obtenir la même
vitesse initiale, il suffit du tiers de la charge ancienne pour
la nouvelle poudre, ce qui diminue sensiblement la pression
des gaz, et, par suite, le recul. On peut donc employer des
charges relativement plus fortes et des projectiles plus
lourds, de manière à obtenir des propriétés balistiques
meilleures. Les effets de cette poudre sont, en outre, très
réguliers.
Portugal, — A la suite d'expériences, on a fait fabriquer
une poudre sans fumée, due au conseiller Mendonça-Cor-
teso. Elle ne produit aucun résidu, ne détériore pas le
canon, donne des vitesses initiales très régulières qui, pour
le Kropatschek de 8™™, ont atteint 60o mètres, avec une
charge de 2 gr. 30. La détonation est plus faible qu'avec
l'ancienne poudre.
Roumanie, — Comme la Hollande.
Russie, — On prétend que la poudre sans fumée employée
en Russie est similaire de la poudre française. On sait,
d'ailleurs-, qu'un de nos ingénieurs des poudres et salpêtres
a été envoyé en Russie pour organiser la fabrication de la
poudre en question.
Suède, — On a adopté, pour le fusil 1867-89, une poudre
sans fumée qui a reçu le nom A'^apyvnie et qui a été inventée
par M. S. Koglung. Cette poudre, composée de deux élé-
ments seulement, est un nitrate de cellulose. C'est proba-
blement de la nitro-cellulose fortement nitrée, à laquelle on
ajoute un sel ammoniac nitrate pour en atténuer l'effet bri-
sant. Elle brûle sans flamme et peut être maniée ou trans-
portée sans danger. Sa couleur est d'un noir brillant; elle
n'encrasse pas l'arme et ne produit pour ainsi dire pas de
fumée. Sa lueur à l'explosion est très faible. Elle échauffe
moins l'arme que la poudre ordinaire et ne la fatigue pas
trop. Sa stabilité chimique a été reconnue bonne.
186 ARMES Â FEU PORTATIVES.
Suisse. — MM. Schenker et Amsler flls ont trouvé une
poudre assez énergique, produisant moins de gaz et de fumée
que l'ancienne. Au lieu d'être en grains, cette poudre se
présente sous la forme de carrelets plats, de couleur brun
clair. A l'air libre, elle brûle très lentement, sans laisser de
résidu notable, c'est-à-dire sans produire d'encrassement.
La justesse du tir et la vitesse initiale sont sérieusement
augmentées. Cette poudre, qui ressemblerait beaucoup à
celle de notre fusil mod. 1886, est fort peu sensible aux in-
fluences atmosphériques.
On a fabriqué deux poudres de cette espèce : la poudre
composition 1888 (P. C. 1888) et la poudre de 1889 (P. C.
1889). Les grains de cette dernière sont plus fins que ceux
de la première.
Résumé. — Les indications précédentes et celles qui
résultent de l'examen du tableau de la page 104, permettent
de constater que, en apparence du moins, toutes les poudres
sans fumée adoptées remplissent toutes les conditions vou-
lues. Toutefois, certains accidents survenus, certaines mo-
difications apportées ou certaines révélations laissent sup-
poser que, en ce qui concerne les puissances étrangères, le
résultat est loin d'être acquis d'une manière aussi certaine
et aussi complète que pour la poudre française.
CHAPITRE IX.
RAVITAILLEMENT DES MUNITIONS.
Il est incontestable que l'adoption de fusils à tir de plus
en plus rapide aura pour conséquence naturelle et forcée
une consommation de munitions beaucoup plus considé-
rable que par le passé avec les fusils ordinaires à un coup.
Cette conséquence a même influé jusqu'à un certain point
sur le retard apporté à l'adoption du principe de la répéti-
tion, car nous avons fait ressortir déjà que l'on craignait
de ne pouvoir empêcher le gaspillage des munitions qui en
résulterait.
Pourtant, la considération de la plus grande consomma-
CHAPITRE IX. 487
tion des munitions ne deyrait être que secondaire, s'il est
reconnu qu'il est avantageux de tirer un plus grand nombre
de cartouches dans un temps donné. Dans les conditions ac-
tuelles, il serait logique : 1® d'essayer d'empêcher, par une
sévère discipline des feux et par une instruction solide du
tireur, toute tirerie inutile, tout gaspillage des munitions ;
2o de prendre les mesures nécessaires pour que les hommes
sur la ligne de bataille ne manquent pas de cartouches, quel
que soit le nombre dont ils puissent avoir besoin, en admet-
tant, bien entendu, qu'ils n'en feront qu'un emploi conve-
nable et opportun.
D'un autre côté, la consommation plus grande des muni-
tions avec les nouveaux fusils reçoit une certaine atténua-
tion du fait de la réduction du calibre, car les cartouches
étant devenues plus légères, chaque soldat peut en porter
une plus grande quantité qu'auparavant sans augmenter le
poids total qui peut être consacré à cet objet. En outre, les
voitures de munitions pourront, dans les mêmes condi-
tions, en porter un plus grand nombre.
Néanmoins, il est indispensable de prévoir les mesures
nécessaires pour remplacer les cartouches plus nombreuses
tirées par les hommes engagés sur la ligne de combat, qui,
comme on sait, ne doivent pas être relevés.
Les points suivants sont à examiner dans la question du
remplacement des munitions sur le champ de bataille,
savoir :
I. — La quantité totale de munitions
dont doivent disposer les troupes de première ligne.
Dans les conditions actuelles, tout fait présumer que les
batailles pourront durer plusieurs jours, mais surtout que,
le plus souvent, la solution n'ayant pu être obtenue en une
seule journée, il y aura lieu de continuer l'engagement le
lendemain. C'est pourquoi Ton est tombé d'accord pour esti-
mer que les troupes en première ligne doivent avoir un
approvisionnement de cartouches correspondant aux be-
soins d'un combat de deux jours.
Il faudrait donc être fixé sur la consommation d'une jour-
née avec le fusil à répétition, mais l'on ne possède aucune
donnée d'expérience à ce sujet. En outre, il n'est pas facile
IB8 ARMES A FEU PORTATIVES.
de déterminer ce chiffre autrement, car certains soldats,
prenant part à l'action dans des conditions plus ou moins
diff*érentes, n'auront pas besoin d*autant de munitions que
d'autres ; de sorte qu'on ne voit pas bien comment il est pos-
sible d'établir une moyenne satisfaisante.
Les exemples des dernières guerres prouvent qu^une
moyenne de 100 cartouches par combat, soit 200 pour deux
jours, était suffisante, et c'est sur ce chiffre que, avec les
anciens fusils, on avait basé les prévisions. Chaque soldat
portait sur lui de 70 à 100 cartouches et en trouvait une
quantité au moins égale sur les voitures à bagages ou des
parcs de munitions.
Mais l'emploi du fusil à répétition augmentera la consom-
mation des cartouches dans une proportion qu'il n'est pas
possible d'évaluer exactement, mais qu'il paraîtrait pru-
dent de doubler si c'était possible. On n'en est pas arrivé là,
ainsi qu'on peut le voir par le tableau de la page 104. Le
nombre des cartouches portées par l'homme s'est accru en-
viron du tiers, par suite de la réduction du poids de la car-
touche et celui porté par les voitures.
IL — La quantité de cartouches portées par les hommes
et les voitures.
Ainsi que nous venons de le dire, cette quantité était de
80 environ avec le fusil de llmm^ ee qui, à raison de
42 grammes par cartouche, représentait un poids total de
3*,360. Avec ce même poids, le soldat peut porter 120 car-
touches de 27 grammes, poids moyen des munitions pour le
calibre de 8™™. Avec le calibre de 6™™ et le poids probable
de 21 grammes pour sa cartouche, on arrivera à en faire
porter 160 dans les mêmes conditions que par le passé, soit
une augmentation de 40 pour le calibre de 8°»™, et de 80
pour celui de 6™™.
En outre, si l'on arrive, ce qui est probable, à diminuer
le poids du fusil, la différence pourra être transformée en
un certain nombre de cartouches.
Quant aux munitions portées par les voitures, il est évi-
dent qu'il suffit d'accroître le nombre de ces dernières pour
arriver à transporter la quantité de cartouches que l'on
jugera nécessaire. Mais le nombre des voitures à faire arri-
CHAPITRE IX. 189
ver dans le voisinage immédiat du champ de bataille est
déjà si considérable, que l'on ne doit songer à l'augmenter
encore que s'il est absolument impossible de faire autre-
ment.
III. — Le ravitaillement sur la ligne de bataille.
Il ne sera pas toujours possible de remplacer, pendant
l'action même, les cartouches des troupes engagées. C'est
pourquoi il est essentiel qu'au moment de commencer le
combat le soldat dispose du plus grand nombre de muni-
tions possible. Aussi, lorsqu'on peut prévoir un engage-
ment, ne faut-il pas négliger de distribuer au préalable au-
tant de cartouches que les conditions le permettront. Il ne
s'agit pas alors de 10 ou 20 cartouches supplémentaires,
mais de 40 ou de 50 que le soldat trouvera à loger n'importe
où, dans ses poches, dans son étui-musette, etc., sans son-
ger à se plaindre d'un surcroit de poids qui en résultera
pour lui et dont il sera d'ailleurs bien vite allégé. Cette dis-
position ne peut, au contraire, que relever au bon moment
le moral des combattants.
Mais lorsqu'on n'aura pu procéder ainsi, soit parce qu'on
n'en a pas eu le temps, soit parce que les voitures de muni-
tions d'infanterie n'étaient pas à proximité, il faut faire en
sorte d'arriver à un résultat analogue en envoyant aussitôt
que possible les pourvoyeurs porter des munitions aux
troupes engagées avant que celles-ci soient arrivées dans la
zone la plus meurtrière. On peut également, dans le même
but, distribuer le plus de cartouches possible aux soutiens
avant d'entrer en ligne.
On a indiqué divers moyens pour ravitailler, pendant l'ac-
tion, les troupes engagées, savoir :
lo Des chiens de guerre ou des animaux de bât ; mais les
chiens ne pourraient transporter qu'une quantité trop
faible de munitions, et des animaux de bât formeraient une
cible trop visible. D'ailleurs, des animaux ne marchent pas
toujours, même lorsqu'ils ne sont pas tués ;
2» Des véhicules spéciaux, traînés à bras, dans le genre
de celui expérimenté aux Etats-Unis. C'est une sorte de
voiture démontable à un cheval, se composant d'un grand
cadre métallique rectangulaire, dont les longs côtés sont
ARMES A FEU POftTATIVKS.
prolongés en avant en forme de brancards {flg. 113); cha-
cune des deux roues est entourée de deux longues caisses
Fig. U3.
plates (fig. 114) qui peuvent se détacher du cadre avec la
roue. En adaptant aux extré-
mités de ces caisses deux bras
articulés, on constitue une
sorte de brouette (fig. 115),
que deux hommes peuvent traî-
i''8- "*■ ner facilement, ou, au besoin,
soulever pour traverser un obstacle.
Fig. 115.
Les deux caisses, adaptées à une même roue, sont divi-
sées en 20 cases, contenant chacune 200 cartouches, soit
4,000 en tout {fig. 114). Un mécanisme de distribution spé-
cial permet d'extraire les paquets par une simple pression
exercée sur un levier, ou même en marchant si on le désire,
une trousse étant expulsée mécaniquement à chaque tour
de roue, ce qui permet de réaliser une économie de temps
fort appréciable.
CHAPITRE IX, 191
«
Cette voiture a fort bien fonctionné dans les expériences,
où Ton a constaté que deux hommes peuvent transporter
ainsi 4,000 cartouches à 800 mètres en moins de temps qu'il
ne leur en faudrait pour en transporter 800 à bras, soit
cinq fois moins. Il est vrai que les hommes qui poussent la
voiture peuvent être tués ou blessés, mais le même acci-
dent peut arriver à des pourvoyeurs ordinaires, et le pi'o-
cédé précédent a précisément pour résultat d'exiger et d'ex-
poser un moins grand nombre de ces derniers ;
3° Des pourvoyeu7's de compagnie, employant divers
procédés qui seront indiqués plus loin.
De ces trois moyens, le dernier est le seul qui soit adopté
réglementairement.
IV. — Le remplacement des munitions consommées
dans les combats.
Divers échelons de parcs de munitions sont disposés pour
ravitailler l'échelon qui le précède, et cette question, d'une
solution facile, ne sera qu'indiquée ici, pour être traitée
plus loin en détail. Mais, dans tous les cas, il ne faut pas
négliger d'utiliser pour le mieux, pour les troupes engagées
ou pour leur approvisionnement, les cartouches des hommes
morts ou blessés.
Manière dont la question est résolue.
Nous allons examiner, autant que les renseignements
publiés le permettent, la manière dont le ravitaillement des
munitions est assuré dans les principales armées euro-
péennes.
France. — Une Instruction, approuvée par le Ministre
de la guerre le 25 juin 1890, a fixé les règles suivantes pour
le remplacement des munitions en campagne.
Comme dans toutes les armées, les munitions dont dispose
l'infanterie se divisent en cartouches portées par l'homme
et en cartouches transportées sur des voitures. L'Instruc-
tion précitée les répartit en :
10 Munitions de la ligne de bataille, c'est-à-dire des corps
de troupes et de leur train de combat;
192 ARMES A FEU PORTATIVES.
i"" Munitions des parcs de corps d'armée;
3<> Munitions du parc d'armée ou grand parc.
Les 7nunitions de la ligne de bataille sont constituées,
pour l'infanterie : 1<» par les cartouches portées par les
hommes et celles contenues dans les caissons de bataillon;
i^ par les cartouches portées par les caissons des sections
de munitions d*infanterie.
Ces sections font partie du train de combat, dans les
colonnes; elles portent une première réserve d'approvi-
sionnements, destinée à être distribuée, en cas de besoin,
sur lo champ de bataille. Chaque section comprend 32 cais-
sons mod. 1858.
Le parc d'artillerie de corps d'armée est un échelon in-
termédiaire entre la ligne de bataille et le parc d'armée. Il
comprend quatre sections, dont les trois premières, de
même composition, transportent des munitions d'infanterie
et d'artillerie destinées au réapprovisionnement des sec-
tions de munitions.
Chacune de ces sections comprend 15 caissons de muni-
tions d'infanterie (mod. 1858), contenant chacun 18,144 car-
touche (fusil mod. 1874), 25,920 cartouches (fusil mod. 1886,
empaquetage à 6), 26,496 cartouches (empaquetage à 8).
L'ensemble des approvisionnements du grand parc est
destiné à pourvoir au remplacement des approvisionne-
ments des [)arcs de corps d'armée. Il comprend, entre autres,
110 cartouches mod. 1886 par homme.
Sur le champ de bataille, le ravitaillement est toujours
assuré de barrière à Vavanty pour tous les échelons. Les
échelons de l'arrière se mettent en rapport avec ceux qui
sont en avant, de telle sorte que ceux-ci puissent concen-
trer leur attention sur ce qui se passe en avant d'eux. Les
opérations doivent se faire avant tout avec promptitude.
En dehors du champ de bataille, les opérations du ravi-
taillement doivent s'effectuer, non seulement avec prompti-
tude, mais aussi avec régularité.
Le chiffre et la répartition des munitions d'infanterie qui
constituent l'approvisionnement normal sont indiqués dans
le tableau ci-après, qui ne mentionne pas les munitions
pour revolver prévues pour les militaires de l'infanterie qui
reçoivent cet armement :
CHAPITRE IX.
193
Approvisionnement en munitions.
COMPOSITION
GÉNÉRALE
de l'approvisionnement.
NOMBRE DE CARTOUCHES PAR HOMME.
PORTÉES PAR
I. — Munitions de la ligne
Les hommes (1),
Les caissons de bataillon (2),
, v ï "il \ Le* sections de manitions (3). . . .
' Les foargOQs à bagages (pour mé-
II. — Manitions des parcs
de corps d*armée. .
moire) (4).
Totaux.
Les sections de parc (no* 1, 2, 3).
ToTACX des munitions précé-
dentes
FUSIL
mod.
1874.
78
18
46
(2)
142,1
FUSIL MOD. 1886.
Empaquetage
à 6.
112
26
65
(2,5)
203
32,7
174,8
46
249
à 8.
112
26,5
66,4
(2,6)
204,9
46,5
251,4
Munitions au parc \ jjQg^jn^ ^ pourvoir au remplacement des manitions des parcs
nar'™ " *" j ^® corps d'armée et des sections de manitions.
* * * «
(1) Les 112 cartouches pour fusil mod. 1886 sont portées dans 3 cartouchières, placées
2 devant et 1 derrière.
(2) A raisoD de 1 par bataillon.
(3) Il est attribué une section de manitions d'infanterie à chaque division d'infanterie,
(4) Ces cartouches sont contenues dans des caisses blanches (1 par fourgon). Chaque
caisse contient 1512 cartouches (fasil mod. 1874) et 1800 ou 1920 cartouches (fusil
mod. 1886), suivant que l'empaquetage est à 6 ou à 8. Les fourgons à bagages ne figurant
pas sur le champ de bataille, leurs munitions constituent une réserve qui peut être utilisée
pour la défense du convoi et qui n'est employée qu'éventuellement à compléter les car-
touches des hommes, soit au bivouac, soit au cantounement.
Dans ce tableau ne figurent pas les cartouches portées
par les hommes de la. cavalerie, de Tartillerie, du train des
équipages militaires, soit pour carabine ou mousqueton,
.soit pour revolver.
Le fantassin allemand, disposant sur la ligne de bataille
-de 140 + 50 = 190 cartouches, on a, lors des grandes ma-
nœuvres de 1890, expérimenté des voitures légères de com-
pagnie à 2 chevaux, contenant chacune un peu plus de
1(5,000 cartouches dans deux compartiments, et 32 outils de
terrassier dans un troisième. Cette voiture est destinée à
remplacer les caissons de bataillon et les animaux de bât
porteurs d'outils, et, dès que l'infanterie en sera pourvue,
13
194 ARMES A FEU PORTATIVES.
chaque soldat disposera d'environ 177 cartouches au début
d^un combat (1), au lieu de 138.
En station et en marche, l'approvisionnement porté par
les hommes est alimenté, avant tout, au moyen des car-
touches retirées aux hommes pour quelque motif que ce
soit; on n'a recours aux caissons de bataillon qu'en cas
d'insufOsance des ressources précédentes. En répartissant
entre les hommes les cartouches retirées, on peut dépasser
de quelques unités l'approvisionnement individuel normal,
on peut môme leur laisser un paquet supplémentaire sur
Tordre du chef do corps, si un engagement paraît immi-
nent.
En toutes circonstances , les caissons de bataillon sont
réapprovisionnés aussitôt que possible par les sections de
munitions.
Pendant le combat^ on se conforme aux dispositions indi-
quées ci -après :
L'approvisionnement individuel est d'abord augmenté
au moyen des caissons de bataillon. Il est ensuite alimenté j
soit au moyen des cartouches qu'on s^efforce de retirer aux
hommes tués ou blessés, notamment dans la défensive et
môme pendant les temps d'arrêt que subit l'offensive, soit
au moyen des ressources fournies par les caissons.
En principe, lorsqu'une troupe est sur le point d'être
engagée, les cartouches des caissons de bataillon sont dis-
tribuées et l'approvisionnement correspondant est recon-
stitué dès l'arrivée des sections de munitions. Pour faire
cette distribution, on profite, autant que possible, du ras-
semblement ou du temps d'arrêt qui précède généralement
le déploiement des troupes ou leur placement sur les
positions.
A petite distance de l'ennemi, sur l'ordre du comman-
dant et notamment en ce qui concerne l'avant-garde ou les
premières troupes à engager, cette distribution peut même
avoir lieu avant le départ. La répartition du supplément de
(i) Les MiUheilungen uher Gegenstande des Artillerie und Genie-Wesens,
qui donnent ce renseijçuiment, ajoutent que cette voiture a été adoptée défini-
tivement en i891, car le budget extraordinaire de cette année comprend une
forte allocation pour la construction de ces voitures.
CHAPITRE IX. 195
munitions entre les bataillons du régiment, et même entre
les compagnies, peut yarier selon le rôle qu'on se propose
d'assigner aux différentes unités. En général, les fractions
destinées à Pavant-ligne ou à la première ligne peuvent
être avantagées par rapport aux unités placées en réserve
ou en deuxième ligne.
Le remplacement des munitions pendant le combat peut
s'effectuer :
1» Au THoyen des ressources appartenant à Vunité. —
On profite de toute circonstance favorable, temps d'arrêt
dans le combat, ralentissement du feu, etc., pour remplacer
les munitions consommées.
Si la quantité en est faible, les cartouches retirées aux
hommes mis hors de combat ou trouvées sur place peuvent
suffire; mais dès qu'elle atteint le tiers, ou, selon les circon-
stances, le quart de l'approvisionnement initial, on are-
cours aux caissons de bataillon.
Ceux-ci sont généralement groupés par régiment; excep-
tionnellement, et sur l'ordre du chef de corps, ils marchent
avec leur bataillon; autant que possible, ils sont défilés des
vues de Tennemi.
La distance qui les sépare de la ligne de feu est de 1000
mètres au maximum; elle est moindre lorsque le terrain
présente des abris. Dans les circonstances critiques, le chef
de corps ou de bataillon, suivant le cas, peut prescrire aux
caissons de se porter, aux allures vives, jusque sur la ligne
de feu.
Le chef artificier monté, qui est chargé de la direction
de tous les caissons du régiment, qu'ils soient réunis ou
non, se préoccupe surtout de rester en relation avec les
bataillons, engagés ou non.
Pour avoir recours aux caissons, on se conforme aux
dispositions indiquées ci-après :
Tout déplacement d'hommes ou de voitures d'avant en
arrière, en vue du remplacement des munitions, est absolu-
ment interdit sur le champ de bataille. — Ce principe s'ap-
plique, non seulement aux unités des corps de troupe en-
gagés, mais aussi aux groupes de caissons de bataillon et
aux sections de munitions.
Des hommes sont désignés dans les compagnies de ré-
serve pour transporter sur la chaîne les munitions puisées
196 AUMES A FEU PORTATIVES.
aux caissons. Aucun homme ne doit être distrait de la
chaîne pour ce service.
En principe, le transport des cartouches s'opère au moyen
de bissacs, qui sont au nombre de 36 par caisson. Les
hommes désignés sont en nombre égal à celui des bissacs à
transporter (1), avec un supplément égal à la moitié envi-
ron de ce nombre, afin qu'on puisse, pendant le trajet, rem-
placer les porteurs tués ou blessés et relever les hommes
trop fatigués.
Ces hommes, commandés par un cadre suffisant, con-
servent en principe tout leur équipement; cependant, lors-
que la distance à franchir, les difficultés du terrain ou Tétat
de fatigue des hommes rendent cette mesure indispensable,
les hommes désignés peuvent être autorisés à déposer leur
havresac près du caisson, mais alors ils doivent toujours
venir le reprendre. Ces hommes sont conduits en ordre jus-
qu'auprès des combattants, leur distribuent immédiatement
les cartouches et retournent auprès des caissons ou à leur
compagnie. Autant que possible, les bissacs vides sont rap-
portés au caisson.
Par exception, lorsque les caissons sont assez rapprochés
des combattants et que le nombre des cartouches force à
vider un caisson d'un seul coup, on peut, en outre de l'em-
ploi des bissacs, faire transporter les trousses restantes, à
la main, par un nombre d'hommes suffisant, complété par
un supplément dont la force varie suivant la distance à
franchir. Chacun d'eux transporte une ou deux trousses
(1) Ces hommes s'équipent chacun d'un bissac, pouvant contenir environ
60 paquets de 6 cartouches (360) pour armes mod. 1874, ou 88 paquets de
6 cartouches (528) ou 64 paquets de 8 (512) pour armes mod. 1886 ; ces pa-
quets sont répartis également entre les deux poches du bissac. <^elui-ci pèse
alors de 16 à 17 kilog., charge suffisamment maniable et facile à transporter,
lorsque le bissac est placé sur l'épaule, l'une des poches en avant, l'autre en
arrière. (Chaque homme transporte ainsi environ 360 cartouches pour armes
mod. 1874, ou 512 pour armes mod. 1886.
Dans un cas très pressé, le chargement du bissac peut être composé de deux
trousses, placées respectivement dans les deux poches. Une trousse contient
28 paquets de 6 cartouches (168) pour armes 1874, ou 40 paquets de 6 car-
touches (240) pour armes mod. 1886. Pour ces dernières, avec l'empaquetage
à 8, il y a quatre trousses de 8 paquets par poche, soit 612 par bissac. En
général, il est préférable de défaire les trousses sur place et de replacer les
sangles dans le coffre.
CHAPITRE IX. 197
pour les cartouches empaquetées par six, ou deux à trois
trousses pour les cartouches empaquetées par huit.
En règle générale, lorsque les caissons sont groupés, on
épuise un caisson avant d'en entamer un autre. Lorsqu'un
caisson est sur le point d*être épuisé, le chef du groupe le
fait vider dans les bissacs.
^^ Au moyen des ressources appartenant à une autre
unité. — Ce n'est qu'exceptionnellement que l'on doit avoir
recours à un caisson ou à un groupe de caissons étranger.
Il faut alors l'autorisation du chef de corps ou du comman-
dant du bataillon intéressé.
Sur l'ordre du général de brigade ou de division, suivant
le cas, un ou plusieurs caissons d'un régiment peuvent être
utilisés pour ravitailler un autre corps de la même brigade
ou division. Ces caissons se portent à proximité du corps à
ravitailler et, une fois leur mission terminée, reviennent à
leur régiment.
Ravitaillement par les sections de munitions. — Dès
que le brigadier de liaison envoyé par la section de muni-
tions a rejoint le chef artificier du régiment engagé, il est
informé du nombre des caissons déjà vides; il se porte alors
rapidement à sa section, en ramène un même nombre de
caissons, qui sont aussitôt échangés contre les caissons de
bataillons vides. Ceux-ci sont immédiatement conduits à la
section par les conducteurs et les attelages qui en sont venus.
Reconstitution de l'approvisionnement normal après le
combat. — Après l'engagement, et tant que le général com-
mandant le corps d'armée n'a pas donné d'ordres contraires,
le ravitaillement continue à s'effectuer suivant les principes
ci-dessus, même pendant la nuit et pour des unités bivoua-
quées. On procède, s'il y a lieu, pour l'emploi des car-
touches en excédent de l'approvisionnement individuel,
d'après les principes indiqués plus haut.
Ravitaillement général. — Dès que le général comman-
dant le corps d'armée le juge possible, il donne Tordre de
procéder au ravitaillement général. Dans ce but, il fixe les
points sur lesquels les diverses sections de munitions
doivent être dirigées ou réunies pour constituer des centres
de ravitaillement.
198 ARMES A FEU PORTATIVES.
Chaque unité combattante constitue un détachement
«rhommes et de voitures attelées, pour aller au ravitaille-
ment. Autant (|ue possible, les détachements dirigés sur un
môme centre de ravitaillement sont groupés en une colonne
commandée par un officier.
Nous n'avons pas à indiquer ici comment se ravitaillent
les parcs do corps d'armée et les grands parcs.
Nous avons cru devoir donner au complet le mécanisme
du ravitaillement en munitions des troupes d'infanterie,
tant sur la ligne de bataille que pour leurs caissons» de ma-
nière à bien fixer les idées à ce sujet et à pouvoir nous dis-
penser d'entrer dans les détails en ce qui concerne l'organi-
sation similaire dans les armées étrangères, où, en principe,
le ravitaillement s'opère de la même manière.
Allemagne. — Il est prescrit de faire arriver chaque fan-
tassin sur le champ de bataille avec un approvisionnement
assuré de 250 cartouches, en distribuant au préalable les
9,000 cartouches de la voiture à munitions de la compagnie.
On estime, en effet, qu'il est moins pratique de ravitailler
en cartouches des troupes engagées que de les remplacer
par des réserves fraîches.
Plus denses que par le passé, les chaînes de tirailleurs,
arrivées à 600 mètres de l'ennemi, ne devront plus compter
sur aucun soutien, car l'intensité du feu à cette distance ne
permettra à aucune troupe de traverser la zone battue. La
première ligne est donc quelque peu abandonnée à elle-
même, et il lui faut, pour assurer son succès au moment
critique de l'assaut, un approvisionnement suffisant de mu-
nitions pour éteindre le feu de l'adversaire. C'est à cette
condition seulement que la deuxième ligne pourra être por-
tée en avant pour appuyer les troupes de la ligne de combat.
Pour amener les munitions jusque sur le champ de bataille,
le Règlement a posé le principe que c'est un devoir impor-
tant, pour les chefs de tout grade, d'assurer à temps, soit
pendant, soit après l'action, le ravitaillement en munitions.
Tous les moyens sans exception, dit-il, doivent être essayés
pour envoyer des munitions aux troupes engagées et pour
alimenter le feu qui, s'il est maintenu, peut assurer le gain
de la journée, ou au contraire, s'il s'éteint, en déterminer
la perte.
CHAPITRE IX. 199
Les indications précédentes sont assez contradictoires,
car, d'une part, on affirme qu'il n'est pas possible de faire
arriver des munitions aux tirailleurs arrivés à 600 mètres
de l'ennemi, et, d'un autre côté, on prescrit d'essayer de
tous les moyens pour arriver à ce résultat. Ces moyens con-
sisteront, en général, à faire faire la navette, entre les
lignes de feux et les voitures de munitions, à un certain
nombre de pourvoyeurs.
Dans la défensive, il est prescrit d'établir à l'avance de
petits dépôts de munitions sur la ligne.
Angleterre. — On a expérimenté, en 1889, une voiture
légère pour munitions d'infanterie, destinée à approvi-
sionner de cartouches, sous le feu, la ligne de combat. Cette
voiture, qui peut transporter jusqu'à 20,000 cartouches en
terrain ordinaire, est traînée par deux hommes, protégés
par des écrans en acier à l'épreuve de la balle.
Les roues sont établies sur le modèle des roues de bicycle.
Le corps de la voiture, formé de plaques d'acier se recou-
vrant, a quelque ressemblance avec l'avant d'un bateau
tourné sens dessus dessous. La couverture, ainsi que les
ailes et le bouclier fixé sous le corps de la voiture, sont en
tôle d'acier ondulé de 4™™, 8 d'épaisseur. Ces tôles ne seraient
évidemment pas suffisantes pour arrêter des balles tirées à
bout portant ou frappant normalement. Mais, comme la
voiture ne s'approche jamais à plus de 400 ou 500 mètres
de l'ennemi et que toute sa surface a des formes très
fuyantes ou en pointe, on peut admettre que les conduc-
teurs sont suffisamment protégés.
Ce genre de voiture est certainement très ingénieux,
puisqu'il permet à deux hommes de faire arriver sur la
ligne de combat autant de cartouches que 40 hommes dans
le système français, et que ces deux hommes sont jusqu'à
un certain point protégés, alors que les 40 derniers ne le
sont pas du tout. On peut toutefois se demander ce qu'il
arriverait si la voiture avait ses plaques traversées par un
projectile venant faire sauter tout le chargement.
Autriche-Hongrie. — Pour parer au gaspillage des muni-
tions, il est recommandé avec une insistance toute particu-
lière d'éviter d'inutiles consommations de cartouches, en
200 ARMES A FEU PORTATIVES.
veillant soigneusement à Tinstruction du soldat en ce qui
concerne la discipline des feux. Une annexe spéciale au
règlement d'exercices de Tinfanterie règle minutieusement
l'emploi des différents genres de tir. Le feu le plus habituel
doit être le feu de salve par escouade; l'emploi du feu
rapide est limité à Tinstant décisif du combat; le feu indivi-
duel parait réservé aux meilleurs tireurs, et les feux aux
distances supérieures à 1000 pas ne s'exécutent que par
salves, à rangs serrés, dans des cas fort rares, avec de
sérieuses restrictions.
Lo fantassin porte 100 cartouches, mais on a étudié, en
1891, le moyen d'augmenter cet approvisionnement de 40
ou 50 cartouches, qui seraient placées dans la grande
giberne, et l'on reporterait alors dans l'étui-musette les
vivres que cette giberne contient; en compensation, l'équi-
pement du fantassin devait être diminué d'un poids équi-
valent.
Lorqu'on prévoit un engagement, on distribue à chaque
soldat qui doit entrer en ligne 20 des 42 cartouches par
combattant que contient le caisson de compagnie. Dès que
le combat s'engage, ces voitures se portent, sans autre avis,
auprès de la réserve de leur bataillon, de manière à suivre
ses mouvements en profitant de tous les couverts et en évi-
tant de s'exposer aux coups dirigés contre elle. Au moment
où cette réserve entre en ligne, les voitures se rapprochent
le plus possible de la ligne de feux; lorsque l'attaque déci-
sive se prononce, elles se portent en avant pour rejoindre
le bataillon aussitôt qu'elles peuvent le faire.
Dans le combat offensif, aussitôt que le bataillon prend
la formation de combat, les compagnies désignées pour
marcher en première ligne détachent 6 ou 8 hommes, géné-
ralement les tambours, clairons ou pionniers d'infanterie,
qui se rendent aux caissons sous la conduite d'un gradé. Ils
y reçoivent chacun un sac rempli d'environ 400 cartouches
et retournent en bon ordre vers leurs compagnies.
Le remplacement ultérieur des munitions est ordonné
par le commandant du bataillon, régiment ou groupe. Les
cartouches supplémentaires sont généralement apportées
sur la ligne de combat par les réserves char^^ées de ren-
forcer cette dernière. On peut aussi confier ce soin à de
petits détachements que Ton envoie, sous la conduite d'un
CHAPITRE IX. 201
sous-offlcier, jusqu'à la ligne de feu, où ils doivent alors
demeurer.
Les compagnies engagées en première ligne profitent des
pauses du combat pour remplacer les munitions épuisées et
pour égaliser les provisions de cartouches entre les hommes
de la même compagnie. On enlève les munitions aux morts
et aux blessés, et on les répartit à leurs camarades.
Dans la défensive^ surtout dans la défense des lieux
habités ou des positions organisées, on peut, même avant
le commencement du combat, vider les voitures de muni-
tions et en distribuer le contenu, ou bien les placer à proxi-
mité de la première ligne, en certains points favorables.
Pour chaque homme armé du fusil à répétition mod. 1888,
outre les 100 cartouches portées par le soldat et les 42 du
caisson de compagnie, il y en a 87 dans la colonne de muni-
tions du parc divisionnaire, 27 dans le parc de corps, 26
dans le parc d'armée et iS dans le grand dépôt d'armée,
soit un total de 277 par homme.
Italie. — La décision du 12 février 1888 affecte à chaque
bataillon d'infanterie ou de bersaglieri, pour le transport
de ses munitions, une voiture à deux roues, dite charrette à
cartouches. Elle contient deux caisses de 1760 cartouches
chacune et 64 havresacs, contenant chacun 30 paquets de
8 cartouches, soit à peu près le poids normal du havresac
chargé. Cela donne un total de 18,880 cartouches, ou de 20
environ par homme.
L'approvisionnement des deux caisses est destiné à tenir
au complet la dotation individuelle, à remplacer les car-
touches avariées ou consommées par les petits postes ou les
patrouilles.
Les t)4 havresacs sont distribués, au moment où un enga-
gement est probable, aux compagnies à raison d'un par
escouade ou de 16 par compagnie, ce qui assure un supplé-
ment de 16 cartouches seulement par combattant. Les
hommes désignés échangent leur havresac ordinaire contre
celui à cartouches, apt*ès y avoir adapté leur gamelle et
leur manteau-pèlerine. La distribution de ces cartouches
doit être faite pendant le combat, ou exceptionnellement
avant le début de l'action, mais en hâtant plutôt qu'en retar-
dant cette distribution. Les fractions non engagées peuvent.
302 ARMES A FRU PORTATIVES.
au besoin, envoyer leurs porteurs de cartouches ravitailler
les unités aux prises avec Tennemi. Le ravitaillement ter-
miné, les porteurs peuvent aller se ravitailler au parc
crartillerie de division, dont les voitures se sont rappro-
chées pendant le combat. Après avoir assuré le remplace-
ment des munitions, ces porteurs sont de préférence dési-
gnés pour le service de brancardier.
L*emploi du sac A cartouches a l'avantage de ne donner
lieu à aucun mouvement de va-et-vient sur la ligrne; son
seul inconvénient est d'exposer un certain nombre d'hommes
à rester privés de leur havresac pendant un temps qui peut
être assez long, pour peu que les voitures à bagagres ren-
contrent des difficultés les empêchant de rejoindre les
cantonnements.
Le fantassin porte 96 cartouches, en trouve 20 dans la
charrette à munitions, 98 dans les caissons des autres parcs,
soit 214 en tout.
Les mesures précédentes se rapportent au fusil modèle
1870-87; celles qui se rapportent au fusil de 6™«,5 récem-
ment adopté, ne sont pas connues, en supposant qu'elles
aient été prises déjà.
Russie. — Chaque compagnie dispose de deux voitures
de munitions à un cheval; on groupe toutes les voitures
d'un même régiment et on en prend la moitié pour consti-
tuer la réserve.
Contrairement au principe généralement admis, chaque
compagnie engagée, lorsqu'elle a besoin de se ravitailler,
envoie demander des munitions au commandant des unités
de réserve qui se trouvent en arrière. Celui-ci fait immé-
diatement céder par ses hommes la moitié des cartouches
qu'ils portent, et les fait transporter sur la ligne de feu, au
moyen de six à dix hommes par compagnie sous la surveil-
lance d'un gradé.
Les troupes ainsi dépourvues de la moitié de leurs muni-
tions les remplacent de la même manière, en se faisant
donner les cartouches qui leur manquent par les bataillons
en arrière. Ceux-ci vont se ravitailler aux voitures.
On voit que le mécanisme du ravitaillement est complète-
ment différent de celui adopté généralement, puisqu'au lieu
de se faire d'arrière en avant il s'effectue d'avant en arrière.
CHAPITRE IX. 203
On ignore s'il a été pris des mesures au sujet du fusil de
3 lignes, mod. 1891.
Suisse. — Chaque compagnie dispose d'environ 6,000 car-
touches dans les demi-caissons de bataillon. Le chef de
bataillon dont la troupe est engagée se fait envoyer un ou
plusieurs caissons au point qu'il désigne. On dirige sur ce
point quatre hommes par demi-caisson, sous la conduite
d'un sous-officier. Ces hommes se chargent chacun d'un bissac
qui se trouve dans les voitures à munitions, le garnissent le
plus possible de cartouches, qu'ils vont ensuite distribuer
aux combattants.
Résumé. — La question du ravitaillement des munitions
aux troupes de la ligne de combat ne paraît pas résolue
d'une façon satisfaisante, si Ton en juge par la diversité des
moyens employés. On peut cependant tirer des indications
précédentes les conclusions ci-après :
!•* Le procédé le plus pratique à employer, lorsqu'un
engagement peut être prévu, consiste à distribuer aux
troupes de première ligne, avant le début de l'action, le plus
grand nombre de munitions possible, que l'on casera où
l'on pourra, dans les poches, dans l'étui-musette, etc. Ainsi,
un supplément de 200 cartouches par homme ne constituera
qu'une augmentation de poids de 4^,S0O environ ; or, en
pareil moment, personne ne songera à se plaindre d'un sur-
croit de ce genre qui ira, en outre, en diminuant progressi-
vement ;
2o Avec la puissance actuelle des feux, il ne faut pas son-
ger à envoyer des munitions aux combattants arrivés à
600 mètres de l'ennemi. Jusqu'à cette distance il sera, en
général, possible aux pourvoyeurs de se défiler ; pourtant,
la zone meurtrière s'étendant bien au delà , le moyen le
moins dangereux sera celui qui exposera le moins d'hommes,
c'est-à-dire des voitures du genre de celles employées par
l'Angleterre ou les Etats-Unis, et dont il y aurait lieu de
déterminer le modèle et les conditions d'emploi;
3<* Comme le prescrit le règlement français, tout déplace-
ment d'hommes ou de voitures d'avant en arrière, pour le
remplacement des munitions, doit être absolument interdit.
Des mouvements de ce genre peuvent donner aux tirail-
204 ARMES A FEU PORTATIVES.
leurs l'impression d'une retraite, dégarnissent la ligne et ne
peuvent jamais être bien réglés ;
40 Une fois le combat engagé, il ne faut négliger aucun
moyen, ne perdre aucun instant ni aucune occasion, non
seulement pour ravitailler les combattants, mais pour faire
égaliser autant que possible le nombre de cartouches dont
chacun d'eux dispose.
CHAPITRE X.
Conditions générales. — Les carabines ne sont autre
chose que des fusils à canon plus court, mais absolument
identiques en général aux fusils et tirant actuellement la
même cartouche.
Pendant une certaine période, on a affecté une carabine
qui, au début, signifiait arme rayée, aux bataillons de chas-
seurs à pied dont les soldats recevaient une instruction de
tir particulière. On y a renoncé depuis l'adoption du fusil
Chassepot, et l'on a réservé dès lors la carabine pour l'ar-
mement de la cavalerie et de la gendarmerie, celle de cette
dernière ne différant de la précédente que par l'adjonction
d'une baïonnette. En outre, le levier du cylindre est coudé,
afin de s'appliquer contre la monture quand le tonnerre est
fermé, de manière à éviter les chocs accidentels à cheval et
à permettre le port de la carabine à la botte.
Dans quelle proportion convient-il de raccourcir le
canon ? Cela dépend évidemment de la nécessité de commu-
niquer à la balle le mouvement de rotation nécessaire pen-
dant son trajet dans le canon pour vaincre la résistance de
l'air, c'est-à-dire par des rayures. C'est ainsi que la cara-
bine mod. 1874 n'avait que 0"»,13 de moins que le fusil du
même modèle, avec des rayures au pas de 0"^,55, alors que
la carabine mod. 1890 est moins longue de 0'",36 que le fusil
mod. 1886, mais les rayures sont au pas de 0™,"24.
Nous avons indiqué déjà, en parlant de la longueur du
canon du fusil, la limite inférieure à laquelle on peut des-
cendre pour cette longueur, sans nuire aux propriétés balis-
GHAPITKE X. 205
tiques de Farine. Il n'a d'ailleurs pas été fait d'expériences
complètes sur la diminution de la vitesse initiale résultant
du raccourcissement progressif du canon. Nous n'avons
trouvé à ce sujet qu'une indication concernant le résultat de
recherches faites dans cette voie au Danemark, pour une
série de 10 coups pour chacune des longueurs de canon
mentionnées ci-après :
Longueur du canon en cent. 80 70 60 50 40 30 20 10
Vitesse initiale en mètres.. 650 638 620 605 580 550 475 300
Dans les carabines récemment adoptées et pour lesquelles
on possède des renseignements précis, la longueur du canon
varie entre 0«»,45 et 0™,80, soit une diminution de 0°»,20 à
0'»,35 sur la longueur correspondante du fusil.
ALLEMAGNE.
Carabine mod. 1888.
L'adoption du fusil mod. 1888 n'a pas tardé à être suivie
de celle de la carabine mod. 1888, qui n'est autre chose que
le fusil raccourci, avec quelques modifications de détail.
Cette carabine tire la même cartouche que le fusil et sert à
l'armement de la cavalerie, de l'artillerie à pied et des
pionniers.
Toutes les données concernant les rayures, les car-
touches, le mécanisme sont les mêmes que pour le fusil
mod. 1888 ; la longueur de la carabine est de 0°»,95, et son
poids (non chargée) de 3'',300 en moyenne. La vitesse ini-
tiale n'est plus que de 570 mètres au lieu de 620 mètres pour
le fusil. Cette diminution considérable (50 mètres) de vitesse
initiale ne parait pas explicable, car, en France, dans les
mêmes conditions relatives, elle n'est que de 15 à 20 mètres.
ANGLETERRE.
Carabine Martini-Metford.
La cavalerie de la garde a dû recevoir récemment une
carabine Martmi-Metford, qui tire la même cartouche que
le fusil Lee Metford. Cette arme doit être distribuée succes-
sivement à tous les régiments de cavalerie.
206 ARMES A FEU PORTATIVES.
AUTRICHE HONGRIE.
Garabiiie mod. 1890 (Fig. 446).
On a adopté en 1890, pour la cavalerie austro-hongroise,
un nouveau modèle de carabine à répétition, du système
Mannlldier et du même calibre (8"™), tirant par suite la
m^me cartouche que le fusil. Elle a l™,00o de longueur
totale.
Le canon est en acier Bessemer. La hoite de culasse est
munie des entailles et encastrements nécessaires pour le
fonctionnement du mécanisme. Uappar^eil de détente
adapté à la boite de culasse est assez compliqué (fig, 117).
La hausse à cadran est semblable à celle du fusil, mais
elle n'a pas de ligne de mire latérale, parce que, pour la
carabine, on n'a pas à faire usage de bien grandes portées.
La hausse normale correspond à la distance de 375 mètres
la plus faible à 225 mètres. Elle est graduée de 130 en
150 mètres jusqu'à la distance de 1800 mètres.
Le mécaniS7ne de fermeture se compose essentiellement
de la tète mobile et du cylindre. Ce dernier, dans lequel la
tète mobile s'engage par sa partie postérieure, fait corps
avec le levier et ne peut produire qu'un mouvement de
translation rectiligne, comme le fusil mod. 1888. Les per-
fectionnements et les modifications très sensibles apportés
à ce genre de verrou ont permis, en dehors de leurs avan-
tages propres, de réduire le poids de l'arme à 3^^,300. La
surface du cylindre porte deux saillies qui s'engagent dans
des rainures hélicoïdales correspondantes pratiquées sur la
tête mobile, et qui produisent le mouvement de rotation de
cette pièce à l'ouverture et à la fermeture de l'arme.
Le magasin peut recevoir cinq cartouches, comme le
fusil. Mais sa construction a été modifiée de manière à
réduire la saillie qu'il forme sous la boite de culasse et à
faire corps avec la sous -garde, comme dans le fusil alle-
mand.
Le mécanisme et le système de répétition ne diffèrent en
rien de celui du fusil. Toutefois, on a simplifié le méca-
nisme qui fait arriver successivement les cartouches du
magasin à hauteur de la chambre, en supprimant la branche
ou plate-forme supérieure du transporteur, et en donnant
CHAPITRE S..
i «
208 ARMES A FEU PORTATIVES.
par suite au ressort-moteur une disposition plus favo-
rable.
Cette carabine tire une cartouche dont Tétui a été ren-
forcé au culot et allongé de 2™°* à l'avant pour^dieux main-
tenir la balle. Elle contient 2 gr. 75 de poudre sans fumée
Schwab. La vitesse initiale est de 380 mètres, au lieu de
620 mètres pour le fusil. La force de pénétration dans le
hêtre, à 15 pas, est de 0«»,46, soit 0«»,06 de moins que pour
le fusil.
Il est probable que le modèle d'étui dont il vient d'être
question n'est pas spécial à la cartouche de la carabine,
sinon Tapprovisionnement de munitions devrait être dis-
tinct, ce qui constituerait un inconvénient sérieux.
ESPAGNE.
Carabine Manser de 7»"".
Nous avons vu que le gouvernement espagnol a décidé
l'achat de 50,000 carabines Mauser à répétition, du calibre
de 7™™, et qu'il fera fabriquer le surplus dans ses manu-
factures d'armes. En attendant, on dispose d'une carabine
pour dragons, tirant la même cartouche Freyre-BruU que
le fusil d'infanterie; mais, dans la carabine, la ligne de visée
latérale n'existe pas.
La vitesse initiale n'est inférieure que de 7 mètres à celle
du fusil (443 mètres au lieu de 450 mètres).
FRANCE.
Carabine mod. 1890 (Fig. 448).
La carabine de 8«»m^ adoptée en 1890 pour la cavalerie,
tire la même cartouche que le fusil mod. 1885. Ce qui la
distingue principalement de ce dernier, c'est l'emploi de
chargeurs pour assurer le fonctionnement de la répétition.
Le magasin, placé sous la boite de culasse, peut recevoir
un chargeur de trois cartouches et est entièrement
encastré dans la monture. Il est ouvert par le haut et par
le bas.
Le mécanisme de détente de la carabine et celui qui
assure le fonctionnement de la répétition sont reliés l'un à
CHAPITaE X.
l'autre de manière à former un tout solidaire, qu'on appelle
le mécanisme (i). La montiire est en une seule pièce.
(I) Les figures 118, 119 et 120 sont extraites de la Q° lÎTraison de 1891
les Ûittheilwngen itber Gegentiinie dei ArtiUti'ie und GenU-WtKtit.
Lb cHargear est am petit
réciçtott an. Ë6IJa^ <faioer
mince, de la. cooJJBiLaiiiee' de
trois ffactoŒcïie»^ «taie- i'oa
introiinit âàna ia aiaigasia
3iir L'éléTaCenr ; iiE est évidé
sur le» âces paax'eiz éimi-
oner IepoiiI»(;^. 11!?), et il
tombe cie Inî-iiiàiiie ^oaiid la
demiJèrecartoac&e rïqaitté
potir entrer' danâ la eiuun-
bre. Ca tiloa. ea saillie sur
le (bail doone pnse À on
crociiiet de efiArgeiir qoauid
on charge la carabtne.
Les eiL>rgears9onî sjnié-
triques.
Le ctLargemest par car-
tooches isolées n'aora lieu
qii*exce[ytioiLQ.ellement et à
défaut de c&argeors, ou
lorsqa''oa ae disposera que
de cartoaches séparées.
Lk fonctionnement dans
le tir coup par coup (arec
des cartoadtes non empa-
quetées en chargeurs) est le
même que celai du fusil
rood. 18T4. Toutefois, il suf-
fit, pour charger l'arme, de
placer la cartouche sur la
planche de iélèTateur; elle
est alors introduite dans la
cbambre par la culasse mo-
bile.
Mais le fonctionnement
normal de la carabine est le
lu- à répétition, qui a lieu
comme il suit (fig. 120).
Le chargeur garni ayant
été mis en place, le tireur
CHAPITRE X. 2 H
ferme le tonnerre. Dans ce mouvement, la culasse mobile
pousse la première cartouche hors du chargeur et Tintro-
duit dans la chambre. Au moment où le bourrelet de cette
cartouche quitte le chargeur, les deux autres cartouches
montent sous l'action de l'élévateur, la cartouche supérieure
venant s'appliquer contre la paroi du cylindre. Lorsqu'en-
suite, le coup tiré, on ramène la culasse mobile en arrière,
l'étui vide est expulsé à l'instant où son bourrelet vient
buter contre Téjecteur; presque en même temps, les deux
cartouches restantes finissent de monter sous l'action de
l'élévateur, et les choses se retrouvent dans le même état
qu'avant l'introduction de la première cartouche.
Il est à remarquer que l'on peut, après avoir mis en
place le chargeur garni de cartouches, fermer la carabine
sans introduire de cartouche dans la chambre. A cet effet,
on appuie avec le pouce de la main gauche sur la cartouche
supérieure du chargeur, et Ton fait descendre celui-ci de la
quantité nécessaire pour que le bourrelet de ladite car-
touche ne soit plus en saillie sur le trajet de la tête mobile :
on pousse en même temps la culasse mobile en avant et l'on
ferme Tarme.
On peut de cette façon transporter en toute sécurité la
carabine chargée de trois cartouches.
On ne peut décharger l'arme que par cartouches succes-
sives. A cet effet, on ouvre la culasse et on la ramène en
arrière, en plaçant en même temps le pouce de la main
gauche en travers de Téchancrure pour empêcher la car-
touche de tomber ; on saisit d'abord la cartouche provenant
du canon, on agit ensuite avec le pouce de la main droite
sur le poussoir du crochet du chargeur; on prend le char-
geur avec cette main, on le replace dans la cartouchière
avec la cartouche libre, et l'on ferme la culasse; enfin, on
désarme en soutenant le chien avec le pouce pour le con-
duire avec précaution à l'abattu et l'on saisit l'arme à la
poignée avec la main droite.
La carabine de cuirassier ne diffère de celle de cavalerie
que par la crosse, qui a une forte pente et est garnie d'une
plaque de couche en cuir, pour permettre le tir en cuirasse.
Cette plaqué de couche est formée de deux épaisseurs de
cuir collées Tune sur l'autre et vissées sur la crosse,
La carabine de gendarmerie diffère de celle de cavalerie
212
ARMES A FEU PORTATIVES.
en ce qu'elle est disposée )«our recevoir une épée-baîonnette
du fusil mod. 188ti, mais pesant 75 grammes de plus.
Le tableau ci-après résume les données générales concer-
nant ces trois espèces de carabines :
Ide l'trme
— sans baïonnette. .
du canon
de la chambre
de la partie rayée
de la ii^ne de risée
Calibre minimum (mill. >.
Inclinaison de la plaque de couche
de l'arme | "on chargée (kil ).
> avec charveur garni de
halo'^êtte. ) ^ <«rtouche. .... ^kil.).
Poids du chargeur sans eartouche.4. (kil.).
de l'é ée ( **°* fourreau. ..... (kil.).
baïonnette j «^«'^ ^^'^^^ ^''"•)-
CARABINE DE
Cava-
Cui-
Gendar-
lerie.
rasaiers
merie.
U45
950
945
w
»
1«,4C5
453.4
453,4
453,4
72, T)
72,5
72,5
377,5
377,5
377,5
352,5
352,5
352,5
7,U8
7,98
7,98
65
86
65
3,000
2,980
3,100
3,095
3,075
3,195
0,095
0,095
0,095
»
M
0,475
s
M
0,675
Le poids de la ca-
rabine de gendarme-
rie avec baïonnette
est de 3^,875.
RUSSIE.
Fusil de dragons mod. 1891.
L'Empereur a adopté, le 14 décembre 1891, un modèle de
fusil de dragons de 3 lignes (7°^™, 62) qui, muni d'une baïon-
nette, sera donné aux troupes armées jusqu'à présent du
fusil de dragons (Berdan). La même arme, dépourvue de
baïonnette, sera mise en service dans les troupes cosaques,
qui possédaient le fusil de cosaques.
Si Ton remarque que la Russie appelle fusil de dragons
Parme que nous désignons sous le nom de carabine, et que
la nouvelle arme adoptée pour les dragons et les cosaques
est du même calibre et tire la même cartouche que le
nouveau fusil à répétition, on est en droit de croire
que c'est bien d'un modèle de carabine à répétition qu'il
s'agit et que, sauf la longueur du canon et les autres modi-
fications de détail indispensables, ce modèle est similaire
de celui du fusil mod. 1891.
CHAPITRE XI. 213
SUISSE.
Carabine mod. 1889.
Un modèle d'arme notablement plus court que le fusil
mod. 1889, mais possédant les mêmes propriétés balistiques
et tirant la même cartouche, doit être construit pour la
cavalerie fédérale.
CHAPITRE XI.
IHOUSQUEXOTV.
Au début, le mot mousqueton signifiait un mousquet di-
minué comme calibre et comme longueur du canoii; il
avait été modifié dans ce sens pour servir à l'armement de
la cavalerie. Mais actuellement, c'est, en général, la cara-
bine qui est employée dans ce but.
Les mousquetons sont, en général, plus courts et plus
légers que les fusils ou les carabines. Ceux qui sont encore
en service font en principe partie du même système d'armes
qiie les fusils adoptés dans les diverses armées. Cependant,
depuis l'adoption des fusils à répétition, on n'a générale-
ment pas modifié encore les modèles de mousquetons en
service. Cela tient probablement à ce que ce genre d'arme-
ment, employé seulement pour certaines troupes spéciales
et uniquement pour leur défense personnelle, peut paraître
suffisant, au moins provisoirement, pour le but qu'il doit
remplir.
Ainsi, la Belgique a un mousqueton mod. 1872 (Albini)
pour la gendarmerie; l'Espagne a un mousqueton Reming-
ton, mod. 1871, pour les hommes montés du génie; la
Grèce a le mousqueton français mod. 1874 (Gras) pour les
servants d'artillerie, le train et les compagnies d'infir-
miers; l'Italie a un mousqueton Carcano pour les carabi-
niers et les troupes d'artillerie, un mousqueton de cavalerie
Vetterli (1870) pour les chevau-légers, et d'infanterie pour
l'artillerie de forteresse, le génie et les pontonniers; enfin,
la Suisse a un mousqueton à répétition mod. 1871 (Vet-
214
ABMEE i FEU PORTATIVES.
terli) pour les dragons. Ce dernier est du même modèle que
le fusil à répétition dont nous ayons parlé (page 1 8), sanf
la réduction de la longueur du canon et les modiâcations
indispensables des organes de pointage.
En France, le mousqueton modèle 1874 est desrtiné aux
serrants de l'artillerie et aux aérostiers; il est semblable
au fusil d'Infanterie mod. 1874, sauf qu'il est plus court et
plus léger, que la plaque de couche, la sous-garde, l'embon-
clioir et la grenadière sont en laiton, que le levier est coudé
comme dans la carabine. Les rayures sont dirigées de
gauche à droite, afin de compenser la déviation due aux
a« i
.^.
^Xf
™"
..,
...
ii
•
^
ni
■s
^
?
kii.
Idl.
u.
».
mm.
>•..
1.14a
1.605
11,00
B3G
B,m
!,79a
0,96a
1,363
11.00
..m
!,860
0,9(10
1,520
11,00
610
2,mo
a.iTO
<!,Baa
1,301
10. 3B
3.650
«,300
1,097
1.6I&
10,35
.^
a, «m
470
M1BT2, Albuii
M 1871. TtamlBgton
M JW4.Q™ . - .
M 1870, Vslterli (usnlarw).
Id. (InbnUriE).
ManmiuetOB k T«p«(. M 1871
(VellMU)
Composition de l'armement des différentes nnaes.
En examinant dans te détail la composition de Parme-
ment des diverses troupes entrant dans la constitution des
armées, on peut constater qu'il existe des divergences
nombreuses dans la manière de comprendre cet armement,
suivant les diverses variétés d'armes à pied ou à cheval.
Ainsi l'infanterie se compose de troupes de ligne ou
réellement combattantes, et de troupes plus ou moins spé-
ciales) telles que la gendarmerie, l'artillerie, le génie, les
troupes d'administration, etc. Or, dans presque toutes les
puissances, les troupes de ligne seules sont armées du fusil
CHAPITKE XI. 215
vibrations de l'arme, laquelle se produit à gauche. On a
conservé pour cette arme le sabre-baïonnette mod. 1866. Le
mousqueton tire la même cartoucùo que la carabine et
le fusil mod. 1ST4; son recul est actuellement beaucoup
plus fort et la justesse du tir s'en ressent, ce qui est d'ail-
leurs le cas de tous les mousquetons.
Ce mousqueton mod. 1874 sera remplacé à bref délai, si
ce n'est fait déjà, pa.r un mousqueiond'ariiUerie mod. i89%
qui est à répétition -
Le tableau ci-après résume les données principales con-
cernant les mousquetons et leurs munitions :
"
Zl
^
--
—
B.
Is.
—
fi
'■-"
-i
g,
=
n=
^
.
Ë
l«le.
^
1
£
I
J
l
,^
a.m.
p>.
1'.
t'.
mm.
,r.
m».
a.
*
4,30
0,30
0,40
0,65
l.ûû
if.
J15
*5
41.1)
345
4
4, M
o.-as
0,55
5, M
!5
27,15
43,8
te.o
4!0
4
4,lfi
0,îù
Û,66
J.OO
ÏO
S5.eo
35,8
6B,15
875
*
4,10
O.S0
0,86
1,00
20
Î5,S<
35,8
66,15
410
*
4.50
M.
0,66
3,75
Î0.4
2.
30,5
56,0
d'infanterie, et les autres sont pourvues d'une carabine ou
d'un mousqueton. Il nous semble que cette distinction bien
tranchée est très rationnelle, car les troupes n'entrant pas
normalement dans la composition des troupes de ligne n'ont
à faire usage de leurs armes que dans des cas très particu-
liers et presque uniquement pour leur propre défense. En
outre, par la nature même de leur service, elles ont besoin
d'avoir une arme plus légère et moins encombrante que le
fusil, d'autant plus que certaines d'entre elles, les servants
d'artillerie et les sapeurs du génie, plus chargées pour
d'autres causes, doivent trouver une compensation dans la
diminution du poids de l'armement.
216 ARMES A FEU PORTATIVES.
Étant donné que la carabine actuelle est plus courte et
moins lourde que le mousqueton mod. 1874, il nous semble
tout indiqué de ne plus avoir à l'avenir d'autre modèle
d*arme à feu que le fusil, la carabine et le revolver, le
mousqueton constituant une variété qui n'a plus sa raison
d'être. En outre, il semble rationnel de donner la carabine
de gendarmerie mod. 1890 à toutes les troupes à pied plus
ou moins spéciales.
La réduction du nombre des modèles peut avoir une
sérieuse importance au point de vue de la simplification de
l'armement et des approvisionnements; elle peut être réa-
lisée tout en assurant mieux que par le passé les diverses
conditions prévues. D'ailleurs, il semble que, en ce qui con-
cerne la désignation de l'armement de chaque arme, l'ar-
tillerie seule ne devrait pas avoir voix délibérative et que
les intéressés devraient être consultés.
CHAPITRE XII.
REVOLVER».
Indications générales. - On sait que les anciens pistolets
des troupes à cheval ont été remplacés en France, depuis
1873, par des revolvers. La marine avait reçu dès 1870 une
arme de ce genre.
Les revolvers sont des armes à répétition très légères,
pouvant être tirées à bras tendu dans les mêmes conditions
que le pistolet. Il y a intérêt à en réduire le poids, qui
varie entre 800 et 1300 grammes.
L'invention en est attribuée au capitaine américain Coït,
vers 1835, et c'est réellement lui qui a trouvé le premier
modèle pratique de ce genre d'arme. Hainzelet décrivait, il
est vrai, en 1630, une arme se rapprochant sensiblement
en principe du revolver actuel, mais on n'en trouve aucune
application. Quoi qu'il en soit, ce n'est guère que depuis
1860 que son emploi est devenu à peu près général.
Le revolver est destiné à servir surtout pour la défense
personnelle à distance rapprochée, c'est-à-dire jusqu'à
oO mètres environ. Il est bon toutefois de pouvoir l'employer
CHAPITRE XII. 2l7
à une distance plus grande, car on arriverait ainsi à inspi-
rer plus de confiance dans cette arme et par suite à s'en
servir davantage en campagne. Grâce aux propriétés re-
marquables de la nouvelle poudre, il serait facile d'obtenir
ce résultat, tout en diminuant sensiblement le calibre, que
Ton avait cherché au début à être le même que celui des
fusils, sans qu'on puisse s'expliquer pourquoi; car, en prin-
cipe, ces deux armes ne peuvent tirer la même cartouche.
Il semble que le calibre, qui, dans les revolvers actuels,
varie entre 1^°^,^ et 12 millimètres, aurait pu sans incon-
vénient être abaissé à 6°»°»,5, et peut-être au-dessous. Mais
il faut remarquer que les études et les expériences concer-
nant les revolvers n'ont pas été poussées au même point
que celles concernant les fusils et que, en général, les
revolvers existants remontent à une époque assez éloignée,
où la diminution du calibre n'était pas précisément regar-
dée comme possible.
Cette arme, dont la longueur varie entre 0^,^'t et 0°»,35,
est ordinairement disposée pour recevoir six cartouches
dans un magasin en forme de barillet. Les six cartouches
peuvent être tirées dans l'espace de dix secondes, et, dans
une lutte corps à corps, on n'a pas le temps de recharger
l'arme. C'est probablement pour cette raison que, en géné-
ral, les revolvers en service ne sont pas munis d'extracteur.
Le système d'extraction présente d'ailleurs des inconvé-
nients tels : diminution de la force de percussion, augmen-
tation des ratés, difficulté de manipulation, complication
plus grande du mécanisme, sans compter son utilité si
contestable, qu'aucune puissance ne Ta adopté pour son
armée. Cependant, il faut admettre que, si l'on peut hâter
le rechargement de l'arme sans nuire aux propriétés balis-
tiques et autres, il est tout indiqué de le faire, car, dans
tous les cas, il est avantageux de pouvoir disposer d'une
arme à feu au lieu d'une arme blanche..
D'ailleurs, le revolver est une arme si commode, si peu
encombrante, que son utilité est incontestablement re-
connue, et l'on peut s'étonner que l'on n'ait pas cherché à
la faire bénéficier des progrès considérables réalisés dans
la technique des armes pendant ces vingt dernières années.
Il est vrai que Ton considère les modèles que Ton possède
comme suffisants à la rigueur, et qu'on n'en pourrait effec-
218 ARMES A FEU PORTATIVES.
tuer le remplacement qu'en dépensant des sommes relati-
vement considérables.
Le revolver est réglementaire pour les officiers de toutes
armes, pour les sous-offlciers ou cadres de la cavalerie dont
les hommes sont armés du mousqueton, pour les conduc-
teurs d'artillerie, les sapeurs-conducteurs du génie, les
troupes du train, pour les hommes de troupe à pied qui ne
sont pas armés du fusil ou du mousqueton, tels que adju-
dants, sergents-majors, tambours, etc.
En général, les modèles de revolver pour officiers sont
semblables à ceux de la troupe et tirent la même cartouche,
sauf qu'ils sont un peu plus légers, que les pièces sont
mieux finies et qu'ils ont un aspect plus élégant.
Espèces de revolvers. — On distingue trois espèces prin-
cipales de revolvers :
1® Ceux à mouvement simple ou intermittent, dans les-
quels on peut armer et produire la rotation du barillet en
agissant sur la crête du chien avec le pouce;
2<> Ceux à mouvement continu^ dans lesquels la rotation
du barillet et le soulèvement du chien s'obtiennent en agis-
sant sur la détente, sur laquelle il suffit de presser et de
rendre alternativement pour faire partir les cartouches du
barillet. Plus rapide que le précédent, ce genre de tir com-
porte moins de précision et ne peut guère s'employer qu'à
bout portant, parce qu'en général il faut faire un efibrt pro-
longé sur la détente et qu'on n'est pas prévenu du moment
où le coup part ;
3° Ceux à double mouvement, c'est-à-dire qui tiennent
des deux précédents et, par suite, sont d'un système mixte,
dans lesquels on peut armer, soit en agissant sur la crête
du chien pour le tir ordinaire, soit en pressant sur la dé-
tente pour le tir rapide. C'est à ce type que l'on s'est arrêté
pour le revolver adopté en France.
Conditions à remplir, — Un revolver de guerre doit sa-
tisfaire aux conditions suivantes, dont la plupart ont déjà
été prescrites pour les fusils à répétition :
1» Organes du Tnécanîsme peu nombreux et solides.
Si la construction n'était pas simple et solide, il pourrait
se produire des arrêts dans le fonctionnement du méca-
nisme, à la suite d'un long usage ou dans de mauvaises con-
CHAPITRE XII. 219
ditions d'entretien, ou encore par la chute de l'arme ou à la
suite de chocs contre des corps durs ou à arêtes aiguës;
2» Montage, démontage et entretien faciles.
Cette condition s'explique d'elle-même et elle est en géné-
ral obtenue, notamment dans le revolver français, où il
suffît d'enlever la vis de la plaque de recouvrement pour
démonter tout le revolver sans le secours d'un outil.
S*» Suppression des départs accidentels.
On y parvient au moyen d'un cran de sûreté.
40 Fonctionnement certain et régulier.
Pour cela, il est indispensable que le barillet soit arrêté,
dans son mouvement de rotation, au moment où Taxe de
l'une quelconque des chambres se trouve dans le prolonge-
ment de l'axe du canon, le coup étant prêt à partir, et le
chien ne doit retomber qu'après l'arrêt du barillet. En effet,
si le bariUet tournait trop vite, il en résulterait un
enrayage, car son mouvement serait en avance sur celui
de la came de détente, qui viendrait alors s'arc-bouter sur
le renfort du barillet entre deux échancrures. Pour désen-
rayer, il suffirait de laisser tomber le chien au cran de
sûreté et de faire tourner le barillet en sens contraire de sa
rotation habituelle pour ramener la dent de crémaillère sur
le bec de barrette.
50 Maniement simple.
Quelle que soit l'espèce de revolver, les mouvements du
tir sont excessivement simples et restreints, puisque, comme
nous l'avons vu, ils se réduisent soit simplement à presser
sur la détente, soit à agir sur la crête du chien pour armer
et à presser sur la détente pour tirer. Mais il y aurait lieu
de chercher à simplifier l'extraction des étuis après le tir,
car cette opération relativement longue retarde d'autant
celle du rechargement de l'arme.
id^ Poids peu élevé, tout en conservant une construction
solide et un effet suffisant.
Il faut par suite choisir, pour les diverses parties de
l'arme, les métaux les meilleurs et bien déterminer la force
et la proportion des différents éléments. Cette condition est
facilement remplie.
70 Cartouches înétalliques, simples et solides.
Il est évident que l'on ne pourrait pas songer à employer
d'autres cartouches que celles avec étui métallique. De
320 ARMES A. S&V PORTATIVES.
plus, elles sont en gént^ral A percussion centrale, en raison
du genre de percuteur nécessaire. Enfin, comme pour le
fusil, les cartouches doivent être simples et solides.
FRANCE.
Revolver med. 1873 (Fig. <21].
Le revolver de troupe adopta en France est à six coups,
à feu continu et à percussion centrale, du système Cha-
melot-Del vigne. 11 est relativement lourd, afin d'être plus
solide et de rendre le recul moins sensible; il pèse 1S193 et
a une longueur totale de 0™,242.
On peut le diviser en six parties principales, qui sont : le
canon, la carcasse, le barillet, la platine, les garnitures et
la monture.
Canon. — Le canon, en acier puddlé fondu, est tronco-
nique à sa partie antérieure, à section octogonale à sa
partie médiane, et sa partie postérieure consiste en un
bouton fileté qui se visse dans la carcasse.
L'âme, du calibre de 11™'°, se compose d'une partie rayée
et d'un raccordement tronconique lisse, destiné à parer à
un défaut possible de correspondance dans les axes des
CHAPITRE XII. 221
chambres du barillet et du canon. Les rayures, au nombre
de quatre, sont inclinées de gauche à droite, pour com-
penser une légère déviation à gauche. Elles sont au pas de
0",3o; leur profondeur est de 0°»°»52, et leurs pleins, de
4°»°»,4, sont égaux aux yides.
Le guidon, en forme de grain d'orge, est placé à l'extré-
mité antérieure du canon.
Carcasse. — La carcasse, également en acier puddlé
fondu, sert à réunir les différentes parties de l'arme et à
permettre au tireur de la tenir en main. On y distingue :
lo Idi, console, dans laquelle est vissé le bouton du canon et
qui donne appui à la partie postérieure du barillet ; 2° le
rempart, qui donne appui à la partie postérieure du ba-
rillet et au culot de la cartouche ; 3» la bande, qui réunit les
parties supérieures de la console et du rempart, séparées
par la cage du barillet; elle porte postérieurement une lé-
gère saillie entaillée d'un cran de mire, dont le fond est à
42mm au-dessus de Taxe du canon. Comme le sommet du
guidon est à 15°*^, 55 au-dessus de cet axe, il en résulte que
la ligne de pointage rencontre la ligne de tir en arrière de
Tarme, ce qui a pour but de corriger l'effet du relèvement;
40 le corps de platine, qui règne au-dessous et en arrière de
la cage du barillet et sur lequel sont fixées les différentes
pièces de la platine ; 5^ la poignée, recourbée et se termi-
nant par une calotte, qui porte une oreille servant à fixer la
plaquette gauche de la monture et un anneau servant à sus-
pendre l'arme.
Barillet. — Le barillet, qui constitue le magasin, est un
gros cylindre court en acier puddlé fondu, percé de six cham-
bres disposées systématiquement autour du canal cylin-
drique qui sert de passage à Taxe et qui reçoivent les six car-
touches constituant le chargement. Il est mobile autour d'un
axe horizontal, et, chaque fois que l'on arme, il fait un
sixième de tour, de sorte que les cartouches viennent ainsi
se placer successivement devant le canon. Les chambres
sont faites à l'image de la cartouche. La face antérieure du
barillet porte une bouterolle, sa face postérieure une cré-
maillère circulaire munie de six dents.
Platine. — La platine ou mécanisme se compose de trois
organes principaux : 1° le chien, qui fonctionne comme
:î22 ARMBS A FEU PORTATIVES.
noiœ et comme percuteur, en môme temps qu*il agit sur le
barillet. La noix porte un cran de bandé et un cran de
sûreté. Une chaînette sert à régulariser Taction du grand
ressort sur le chien et à relier ces deux pièces entre elles;
i^ la gâchette, qui sert à empocher l'action du ressort sur
le chien ; elle présente à cet effet un cran pratiqué sur la
queue et qui engrène avec la noix. Pour le dégager, il faut
faire pivoter la gâchette autour de son axe, qui est vissé et
rivé dans le corps de platine; 3<> la détente, qui sert à trans-
mettre la pression du doigt à la gâchette et à laisser le
chien obéir â l'action du grand ressort ; elle sert encore à
produire la rotation du barillet et l'armé dans le tir continu.
JLe ressort de détente prend appui sur le pontet.
Garnitures. — Les pièces ainsi désignées sont : !<> Vaœe
du barillet, avec deux entailles dans lesquelles prend appui
le crochet du poussoir, et qui servent à fixer sa position
soit pendant le tir, soit lorsqu'on veut retirer le barillet de
sa cage ; 2° le poussoir, destiné à maintenir Taxe du ba-
rillet, pour l'empêcher de sortir de son canal ; 3^ la ba-
guette, qui sert au déchargement de l'arme et à l'expulsion
des douilles vides; 4» la porte, s'ouvrant d'avant en arrière
et qui permet soit d'introduire dans le barillet les car-
touches chargées, soit d'expulser les étuis vides ou les car-
touches; qo la plaque de recouvreinent, qui recouvre com-
plètement le mécanisme de platine et maintient en place la
plaquette gauche ; 6* Vanneau de calotte, qui permet d'ac-
crocher ou de suspendre le revolver.
Monture. — La monture comprend deux plaquettes en
bois de noyer, bombées et quadrillées extérieurement pour
donner prise à la main.
Le complément de la nomenclature des pièces est indiqué
dans la Qgure 121 et dans la légende qui les accompagne.
Cartouche. — Cette cartouche, à étui métallique et à per-
cussion centrale, a sa balle solidement réunie à
rétui par un fort sertissage de 0"»,03 de longueur.
L'étui en cuivre rouge est â bourrelet plein, et le
culot est percé d'un trou central; il renferme la
charge, composée de gr. 65 de poudre de chasse
Fig. 422. superfine. La balle, en plomb pur, a une hauteur
totale de 15»»°» et un poids de 11 gr. 6; elle est évidée et
CHAPITRE XII. 223
de forme cylindro-ogivale. Une cuvette ou alvéole porte-
capsule prend appui dans le trou central du culot; elle
renferme Yenclume en laiton et la capsule double char-
gée de gr. 035 de fulminate ; elle est percée au fond d'un
trou ou évent pour la communication du feu à la charge
{flg. 122).
Fonctionnement du mécanisme. — Le fonctionnement est
différent suivant que l'on exécute le tir intermittent ou le
tir continu. Nous supposerons, dans les deux cas, le barillet
chargé et le chien à l'abattu.
Tir intermittent, — On arme en exerçant une pression
avec le pouce sur la crête du chien, qui tourne autour de
son axe en bandant le grand ressort. Le cran de sûreté et
le cran de bandé viennent tomber successivement dans le
cran de la gâchette, que son ressort appuie contre la noix.
En même temps, le mentonnet est soulevé et entraine à la
fois la barrette et la détente. A mesure que la barrette re-
monte, son bec soulève une dent de la crémaillère et fait
tourner le barillet à droite, jusqu'à ce qu'il soit arrêté par
la came de la détente, qui vient se loger dans l'échancrure
inférieure. D'autre part, le bec de la barrette faisant saillie
contre une des dents de la crémaillère empêche le barillet
de tourner en sens inverse, et l'arme est prête à faire feu.
Pour faire partir le coup, on presse sur la détente, dont
le talon vient soulever le bec de gâchette, en dégageant le
cran de ce bec du cran de bandé ; le chien, obéissant à l'ac-
tion du grand ressort, retombe brusquement et son percu-
teur vient frapper l'amorce et faire partir le coup.
On cesse alors de presser sur la détente, qui est ramenée
à sa position primitive par l'action de son ressort à deux
branches. Elle entraine le mentonnet et la barrette, de sorte
que le barillet, maintenu d'une part par une dent de la cré-
maillère et en sens inverse par le percuteur, ne peut
tourner.
Tir continu, — Le chien étant au cran de sûreté, en
pressant sur la détente on soulève le mentonnet et la bar-
rette. Celle-ci fonctionne comme dans le tir intermittent et
fait tourner le barillet d'un sixième de tour; en même
temps , le soulèvement du mentonnet amène le chien à
tii MIMES A FEU POBTATIVES.
rarmé. I/épaulomcnt du montonnet oblige le chien A tou^
lier autour de son axe en bandant le grand ressort, jusqu'à
ce que le talon du mentonnet rencontre le talon de la cha^
niitre de la diUente. A ce moment, le cran de la noix est
déjA déiragô en partie do IVpaulement du mentonnet; en
continuant de presser sur la détente, le talon de celle-ci,
appuyant sur celui du mentonnet, achève de dégager le
cran de la noix. Le chien, n'étant plus soutenu, obéit à l'ac-
tion du ^rand ressort et Hiit partir le coup.
En cessant alors d*agir sur la détente, elle reprend sa
position primitive; la grilTe du mentonnet s'engrène de
nouveau sur le chien, et le mouvement peut recommencer
jus(iu'â épuisement du magasin.
Revolver d*offlcier mod. 1874.
Ce revolver est, en principe, semblable à celui de la
troupe, mod. 1873, et il tire la même cartouche; seulement
il est terminé avec plus de soin, ses surfaces extérieures
sont bronzées, et on a cherché à le rendre plus léger et plus
élégant en enlevant du métal partout où c'était possible.
Grâce surtout aux cannelures du barillet et à la diminution
de longueur de 3'"'" de cette pièce et de certaines parties de
la carcasse, on est parvenu à diminuer le poids d'environ
200 grammes (1 kilog. au lieu de l*',i35).
Il est certain que ce modèle pourrait être perfectionné, et
un autre modèle du calibre de 8™"» est à Tétude depuis plu-
sieurs années. Ce dernier modèle vient d'être adopté, sous
le nom de revolver mod, 1892.
Revolver mod. 1892.
On a adopté, en 1892, un nouveau modèle de revolver
pour oflicier.
Le revolver mod. 1892 comprend les six parties princi-
pales suivantes :
1» Le ca7ion, dont Tàme est du calibre de 8™™ et a quatre
rayures ;
2° La carcasse, sur laquelle sont assemblées les diverses
parties de l'arme. On y distingue : la console, portant à la
partie inférieure le pivot de plaque-pontet, qui fait corps
CHAPITRE XII. 225
avec la carcasse; la bande, son cran de mire; le rempart;
le corps de platine; la poignée; la calotte;
3^ Le Mrillet, qui se divise en trois parties : le barillet
proprement dit^ avec six chambres ; V extracteur^ avec sa
tige, sa goupille, son ressort à boudin, le poussoir et le
tube; \q support de Mrillet, qui comprend cinq pièces;
A^ La platine, qui se divise en trois parties principales :
le chien, formé de sept pièces ; le ressort, composé de trois
pièces ; la détente, avec cinq pièces;
o» Les garnitures, qui sont : la plaque-pontet et sa vis;
la vis-arrêtoir de plaque-pontet ; la vis de pivot de plaque-
pontet ; la porte et sa came ; le verrou de barillet et son
pivot; le ressort de porte; l'anneau de calotte, son pivot et
son verrou-arrêtoir ; la rosette de monture et sa vis ;
6« La monture, qui se compose de deux plaquettes en
noyer.
Cartouche. — La cartouche, qui pèse 12 gr. 1/2, com-
prend :
Un étui à épaulement en laiton ;
Une amorce (sans couvre-amorce) ;
Une charge de poudre noire spéciale, du poids de 75 cen-
tigrammes ;
Une bourre en cire comprise entre deux rondelles, et
prenant appui sur Tépaulement de l'étui, pour assurer
î'étanchéité de la cartouche ;
Une balle composée d'un noyau de plomb durci et d'une
enveloppe de cuivre; la balle pèse 7 gr. 85.
Chargem^ent et déchargement. — Pour charger, ouvrir
la porte et rabattre le barillet à droite hors de sa cage,
prendre le revolver de la main gauche par la poignée, le
bout du canon dirigé vers la terre; placer les cartouches
dans les chambres du barillet ; rabattre celui-ci à gauche et
fermer la porte.
Pour décharger, ouvrir la porte, rabattre le barillet à
droite, pousser l'extracteur en arrière en appuyant avec la
paume de la main droite sur le poussoir d'extracteur ; faire
tomber les étuis tirés ; rabattre le barillet à gauche et fer-
mer la porte.
Si Ton veut retirer du barillet des cartouches chargées, il
est bon d'opérer avec plus de précaution. Placer le revolver
15
22G AUMES A FEU PORTATIVES.
dans la main gaucho, le canon dirigé vers la terre, la poi-
gnée appuyée au corps ; rabattre le barillet à droite et agir
sur le poussoir avec les deux premiers doigts de la main
gauche, de manière à dégager en partie les cartouches ;
retirer celles-ci une à une avec la main droite.
Fonctionnement. — Quand la porte est fermée et le chien
en repos, le barillet est immobilisé par Tarrêtoir de la
détente, qui pénètre entre deux saillies du barillet. Si donc
on interrompt le feu sans avoir brûlé toutes les cartouches
du barillet, on est certain qu'en reprenant le tir on placera
devant le percuteur des cartouches non tirées.
Le chien est rebondissant, c'est-à-dire qu'après la percus-
sion, et lorsqu'on a cessé d'agir sur la détente, il se reporte
en arrière d'une certaine quantité sous l'action de la
branche de rebondissement. Dans cette position, il y a arc-
boutement de la branche et du chien, en sorte que ce der-
nier ne peut se porter en avant par suite d'un choc quel-
conque, ni par conséquent déterminer le départ accidentel
du coup.
Quand on ouvre la porte, elle entraîne en arrière le ver-
rou de barillet. En même temps, sa came refoule le menton-
net contre le chien et soulève légèrement celui-ci ; ce mou-
vement du chien reporte la détente en arrière d'une
certaine quantité. Il en résulte que le barillet n'est plus
maintenu par son verrou ni par Tarrétoir de la détente, et
qu'on peut le rabattre à droite hors de sa cage. Le ressort
du support de barillet a pour but de donner de la stabilité
au barillet dans ses deux positions extrêmes, c'est-à-dire
dans sa cage et dans la position d'extraction ; il agit sur le
pivot du support de la même manière que le ressort de
porte sur l'axe de la porte.
L'ouverture de la porte rend la percussion impossible ; on
est donc sûr de ne pouvoir faire feu que lorsque la porte est
fermée et que, par conséquent, le barillet est solidement
maintenu dans sa cage par le verrou de barillet.
Revolver mod. 1870, pour la marine.
On a mis en France, dès 1858, un modèle de pistolet-
revolver, système Lefaucheux, en fabrication à Saint-
Étienne pour l'armement de la flotte.
hr^
Le syslèTne Lefaucheuw est un des premiers perfection-
nements apportés au revolver Coït, et Van des plus pra-
tiques, consistant dans l'adoption d'une cartouche à broche.
Dans ce genre de cartouche (flg. i'I'à), une
broche métallique, faisant saillie à l'exté-
rieur, présente sa pointe à l'intérieur en
face du fulminate. Le départ du coup est
obtenu par le choc du chien sur la tige.
Mais, en raison du danger que prtîsente
leur transport, on n'a pu employer ces car-
touches à la guerre. Aussi le revolver mod.
1858, à mouvement intermittent et à car-
touche à broche, a été transformé en revol- '^
ver à double mouvement et à percussion centrale, comme
le mod. 1870, et il tire la même cartouche.
Le pistolet-revolver mod. 1870 est du calibre de 11"",1;
le canon a 4 rayures tournant de gauche à droite et au pas
de l'»,24; il ne comporte pas de pans et a une longueur de
121""°. Le guidon a son sommet sphêrique. Le barillet est
semblable à celui du mod. 1873, mais il n'a pas de renfort.
La platine ne présente pas de différence avec celle du
mod. 1873.
L'arme pèse 1 kil., 035 et tire une balle de 12 gr., 8 avec
une charge de gr., 8 de poudre de chasse. La cartouche,
semblable à celle du mod. 1873, mais un peu plus longue,
pèse environ 17gr.,73. La vitesse initiale de la balle est de
215 mètres.
ALLEMAGNE.
Revolver mod. 18d9 (Fig. M\).
Comme on n'accorde, eu Allemagne, que peu de confiance
au tir de cette espèce d'arme, le revolver adopté en 1879
pour la troupe est uniquement à tir intermittent, et c'est
en cela surtout qu'il se distingue du revolver français. On
apu ainsi ne doiinei' àladéteute qu'un jeu très limité, et
celle-ci peut en outre être à peu près complètement immo-
bilisée par le cran de sûreté, qui est profond. Enfin, l'arme
est pourvue d'un système de sûreté analogue à celui du
fusil Mauser. Cet appareil (fig. 125) se compose d'une gou-
pille qui traverse tout le corps de platine et se termine à
ARUBS A FBU PORTATIVES.
rextérieur par un bouton quadrillé qui sert à le manœu-
vrer. Lorsque ce système est ramené vers l'arrière ({fig. 124),
le mécanisme peut fonctionner; si au contraire on l'amène
Fig. 12t.
en avant, le demi-cylindre a empêche de ramener le chien
en arrière.
Le barillet, qui contient sis cartouches, est formé de
deux pièces, afin de faciliter le remplacement de la cré-
maillère lorsqu'elle est dégradée ou usée : le can^ de l'axe
du barillet, percé dans un manchon qui porte la cré-
maillère, et le barillet, évidé à l'extérieur pour être allégé.
L'axe du barillet est maintenu en place par une goupille b
(Jlg. 1^4) que l'on manœuvre à l'aide d'un levier.
La porte du barillet ne se rabat pas en arrière, comme
dans le revolver français, mais sur le côté, comme dans
CHAPITRE XII. 229
notre pistolet-revolver de marine; elle contient un ressort
qui sert à la maintenir ouverte ou fermée (fig. 126).
Le calibre du canon, pris sur les cloisons, est de 10n»n»,6,
et la longueur d'âme est de 181™". Les quatre rayures tour-
nent de gauche à droite et sont au pas de 0™,575. Les cloi-
sons, de largeur constante, viennent mourir à une petite
distance en avant de la tranche arrière du canon.
La cartouche métallique^ à percussion centrale, a un
étui en laiton avec bourrelet; l'amorce et son enclume
sont enfermées dans une alvéole porte-capsule. Elle a une
charge de 1 gr.,8de poudre à fusil mod. 187 L La balle,
cylindro-conique, est munie de deux rainures pour recevoir
la graisse; elle pèse 17 grammes.
Le fonctionnement du mécanisme est sensiblement le
même que celui de notre revolver pour le tir intermittent.
Revolver d^officier, mod. 1879.
Le revolver d'officier mod. 1879 est un peu plus court et
plus léger que celui de la troupe. Ce revolver laisse à dési-
rer dans la pratique, et il doit être remplacé par un mo-
dèle nouveau, du système Dreyse (?).
Le modèle 1879, qui pèse 1S300 et a 0™,34 de longueur,
convient peu aux officiers non montés; le nouveau n'a que
0™,27 de longueur et est plus maniable que l'ancien, bien
qu'il pèse l'',500. Il s'arme automatiquement et tire la même
cartouche que le modèle 1879.
Pistolets ou revolvers des autres puissances allemandes.
En Bavière, les sous-oflîciers, les trompettes et les pion-
niers de cavalerie, ainsi que les sous-officiers et les ser-
vants à cheval de l'artillerie de campagne, ont encore un
pistolet mod. 1869, système Werder. Cette arme, du poids
de 1^,610, tire la même cartouche que le fusil Werder,
mais avec une charge de poudre de 2 gr., 5 au lieu de
4gr.,3. Le calibre est de 11"°».
En Saxe, les sous-oflîciers de cavalerie et d'artillerie,
ainsi que les servants à cheval, sont armés du revolver
Sharp, m,od. 1873, à cinq coups.
Dans le reste de l'armée allemande, le revolver mod. 1879
Î30 ARUES A FEU PORTATIVES.
a été distribué aux aous-ofllciers et trompettes de caTalerie,
aux cuirassiers non armés de la carabine, aux sous-offlciers,
trompettes, conducteurs et servants à clieval d'artillerie de
campagne; aux hommes àes troupes à pied non armés du
fusil ou de la carabine, enlln aux brancardiers.
ANGLETERRE.
HeToWer Coït. — Bien que ce modèle de revolver, em-
ployé depuis fort longtemps dans l'armée anglaise, soit pro-
bablement retiré aujourd'hui, nous croyons devoir en don-
ner une description sommaire, parce que c'est le premier
revolver réellement pratique qui ait été inventé et qu'il a
été le point de départ des divers autres systèmes qui ont
paru successivement. Il a lui-même été modifié et amélioré
depuis le début, mais il a conservé les dispositions princi-
pales que l'inventeur avait adoptées.
L'àme du canon, qui est du calibre de 8""",10, est munie
de 7 rayures. Le canon se termine à sa partie postérieure
Kig. liT.
par une pièce massive ou bloc B, dans laquelle vient se
fixer la broche-mère qui lui est parallèle et autour de
laquelle tourne te barillet, pouvant contenir six cartouches.
Lorsqu'on relève le chien C au premier cran de la noix, le
barillet accomplit sa révolution et le fonctionnement du
mécanisme a lieu comme dans notre revolver mod. 1873
Ce qui constitue surtout l'originalité de Parme, ce sont
CHAPITRE XII. 231
les creux et les saillies existant à Tarrière du barillet, et
le levier articulé placé le long du canon.
Le revolver Coït présente de nombreux inconvénients.
Avec un calibre réduit il est très lourd; son mécanisrae est
trop compliqué ; l'action du chien n'^st pas assez énergique
pour amener sûrement l'inflammation des cartouches, ce
qui produit des ratés assez fréquents. Enfin il est à tir in-
termittent et ne présente pas une sécurité suffisante.
Revolver Adams. — Le tableau de la page 242 donne des
indications assez complètes sur les conditions générales
d'établissement de cette arme.
Revolver Enfield. — On a adopté en 1882 un revolver à
six coups, système Enfield, qui doit servir à l'armement
des lanciers (à l'exception des 16 hommes par escadron qui
ont la carabine), à celui des maréchaux des logis chefs, des
sous-offlciers attachés à Pétat-major régimentaire dans
l'infanterie, et enfin à celui de la marine.
AUTRICHE-PIONGRIE.
Il y a actuellement en service dans Tarmée autrichienne
trois modèles de revolver : 1® le système Gasser mod. 1870;
2^10 système Smith et Wesson, mod. 1877; 3<> un modèle
spécial pour les officiers, du système Gasser-Kropatschek.
Les deux premiers tirent la même cartouche, avec étui
en laiton. Ils servent à l'armement des uhlans (à Texception
des trente-deux hommes de chaque escadron qui ont la cara-
bine), des sous-officiers de cavalerie, des sous-officiers et
trompettes des batteries montées, des sous-officiers, briga-
diers et servants des batteries à cheval, des sous-officiers
du train et de la marine et du clairon-major des chasseurs.
Il est à remarquer que certaines catégories de militaires
ne sont pourvues d'aucune arme à feu. Ce sont : les servants
et conducteurs des batteries montées, les canonniers con-
ducteurs des batteries à cheval, les sous-officiers et ser-
vants des batteries à pied, les hommes du train.
Revolver Gasser, mod. 1870.
C'est une arme d'arçon, destinée par suite à être portée
232 ARUKS A FEU PORTATIVES.
dans les fontes, ce qui explique par suite son poids assez
considérable de 1^,330 et sa longueur de 0">,3i5.
Il comprend les parties suivantes :
1° Le canon en acier, du calibre de 11""', portant le gui-
don et le cran de mire, ainsi qu'un talon pour le fixer à la
carcasse. Ce canon, qui a 184™™,3 de longueur, a l'àme com-
posée d'une partie rayée de Itti"",», et d'une partie lisse de
Ï6""',8, formée de deux troncs de cûne. Il a six rayures
d'une largeur de 3'"'°,18 au pas de O^.iiH ;
2" Le bariUel en acier, contenant six chambres et un
logement central pour le passage de l'axe. L'intérieur com-
porte six crans d'arrêt, qui fixent le barillet dans la posi-
tion de tir; six dents, que le levier moteur vient pousser,
font saillie sur le rebord du petit diamètre de la tranche
postérieure. En outre, six taquets ont été méuagés sur le
pourtour, de manière à buter contre la détente quand il y a
lieu d'arrêter le mouvement du barillet;
3" La carcasse en fonte malléable, qui forme crosse, con-
tient le mécanisme et réunit les différentes parties de
Tarme. Elle donne appui aux cartouches du barillet sur un
plateau circulaire de même diamètre que le barillet, qui
s'enflle sur l'axe vissé au centre du plateau, le talon du
canon venant se visser à l'autre extrémité de cet axe. La
partie postérieure de la carcasse, fermée des deux côtés
par des plaquettes en bois, renferme la platine;
i° Le mécanisme se compose du chien avec sa chaînette
CHAPITRE XII. 233
et son grand ressort, de la détente avec son ressort et d'un
levier à deux branches {fig. 128).
La carcasse, le barillet et le mécanisme de platine pré-
sentent, comme on le voit, une grande analogie avec les
pièces similaires du revolver français.
Un ressort de sûreté est disposé sur le côté droit de la
carcasse, où il est fixé par une vis à Tune de ses extrémités.
Il porte à Tautre extrémité deux tenons, qui pénètrent dans
la platine. Le plus éloigné vient se placer sous le talon du
chien, dès que le chien est un peu soulevé, et maintient ce
talon au cran de sûreté, si le chien vient à descendre.
L'autre tenon repose sur un plan incliné disposé sur la
détente, et, quand* on arme complètement le revolver, il
glisse sur ce plan incliné et ramène par suite à l'extérieur
le premier tenon, qui laisse alors au chien toute sa liberté
d'action.
La cartouche est à percussion centrale du système Roth,
avec une charge de poudre de 1 gr. 40, une balle de 20 gr. 3
et un poids total de 28 gr. 1 . Une rondelle en carton sépare
la poudre de la balle. La vitesse initiale est de 160™,50.
Le revolver Gasser est à mouvement combiné, comme le
revolver français, et le mécanisme fonctionne de la même
manière. Bans le tir continu, on peut tirer les six coups du
revolver en 10 secondes, ou en 20 secondes si Ton vise
avec soin. Il faut 25 à 30 secondes pour charger les six car-
touches et 12 secondes pour expulser les étuis vides.
Ce revolver, relativement simple, est solide et ne se
dérange pas par les mouvements du cheval. A 120 mètres,
la balle traverse encore trois planches de sapin de 26™ï"
d'épaisseur espacés de 0",1S.
Revolver Smith et Wesson, mod. 1877 (Fig. >129).
Ce revolver se compose en général des mêmes parties
que le mod. 1870, dont il se distingue surtout par les diffé-
rences suivantes :
Le canon, plus court de 2™»», 6, est relié à la carcasse par
une charnière formant bascule, ou, autrement dit, il est à
renversement. Pour le charger et extraire les étuis vides, il
suffit de lui faire faire bascule. Le renfort du canon est
percé pour donner passage à Taxe du cylindre, ainsi que
234 ARMES A FEU PORTATIVES,
pour recevoir la baguette et un ressort à boudin. Les cranst
d'arrêt du revolver mod, 1870 sont remplacés par six
entailles servant à fiier le barillet dans la position de tir.
Les cartouches sont de deux modèles, 1870 ou 1882 ; celles
du modèle le plus récent pèsent r!9 grammes, dont 20 gr.3
pour la balle et 1 gr. 5 pour la charge.
Le fonctionnement du mécanisme a lieu comme dans le
mod. 1870, sauf les modifications ci-après. Le chien étant à
l'armé. la pression de la détente n'agit pas directement suv
le marteau, mais d'abord sur le bras antérieur de la tige de
gâchette, ce qui a pour effet de soulever le bras postérieur
hors de son cran d'arrêt et de rendre le marteau libre. Le
coup étant parti et la détente lâchée, le levier permet au
ressort de percussion desuivre la pression du bras de levier
inférieur, opère l'abaissement du levier du barillet, et, par
CHAPITRE XII. 235
là même, le mouvement de la détente. Il y a un cran de
sûreté.
L'avantage le plus clair de ce revolver sur le précédent
consiste uniquement dans la plus grande facilité de charge-
ment et d'extraction des étuis vides ; sinon il tire la même
cartouche et il est un peu plus lourd.
Grosse mobile du revolver.
MM. Smith et Wesson ont inventé, pour leur revolver, un
système de crosse mobile dont la figure 130 représente le
mode d'attache avec la poignée. Il suffit, pour mettre cette
crosse en place ou pour l'enlever, de visser ou de dévisser
une vis. Le but de cette crosse s'explique de lui-même;
au lieu de tirer le revolver à bras franc, on le tire avec un
appui à l'épaule, ce qui permet de lui assurer une justesse
beaucoup plus grande.
Fig. 130.
Le revolver d'ordonnance des officiers suisses comporte
une disposition analogue, mais plus ingénieuse.
Malgré l'avantage que procure ce genre de crosse, on ne
parait l'avoir adopté officiellement nulle part. Il semble
pourtant qu'il pourrait être utile dans certains cas, sans
jamais être nuisible, puisque l'on serait toujours libre de ne
pas s'en servir. L'extrême facilité de l'adapter ou de l'enle-
ver et le surcroit de prix insignifiant devraient militer en
sa faveur. Il peut se présenter, en effet, bien des cas où il
serait avantageux aux officiers, sous-officiers et soldats
armés du revolver de pouvoir tirer avec plus de justesse et
à plus longue portée. On objectera peut-être à ce sujet que,
dans tous les cas, le rôle des officiers n'est pas de faire le
coup de feu, et que, lorsque la nécessité s'en présentera, il
23G ARMES A FEU PORTATIVES.
ne manquera pas de fusils provenant des hommes mis alors
hors de combat.
Nous croyons qu'il y a le plus grand intérêt à ne rien
négliger de ce qui peut assurer au revolver une plus grande
justesse de tir et une plus grande portée, en môme temps
qu*à son chargement une plus grande vitesse.
Revolver d'officier dUnfanterie, système Gasser-
Kropatschek,
Le revolver de troupe est trop lourd pour être porté com-
modément à pied. Le revolver plus léger (0'',585 de moins),
que Ton a établi pour les officiers, se distingue surtout par
des dimensions moindres et des modifications de détail. Le
calibre est de 9"»™, la longueur du canon, de 118"»™. La car-
touche pèse 13 gr. 9 avec une balle de 10 gr. 2 et une charge
de 1 gr. 1. Néanmoins, la vitesse initiale est de 218™,50..
c'est-à-dire que la trajectoire est plus tendue et la vitesse
initiale plus grande. Cela prouve, pour les revolvers comme
pour les fusils, l'avantage de la réduction du calibre.
BELGIQUE.
Pistolets et revolvers. — Les lanciers ont le revolver
mod. 1871, système Chamelot-Delvigne, absolument sem-
blable au nôtre, dont il ne diffère que par quelques détails
de monture, la longueur du canon, le poids et la cartouche
(voir le tableau de la page 242). Il tire une balle de
lo grammes à la charge de 1 gr. 25.
On a adopté en 1878 un revolver système Nagant pour
les officiers. Il est du calibre de 9"»™ et tire une balle de
1 2 grammes à la charge de gr. 7 avec une vitesse initiale
de 160 mètres.
Les sous-officiers et trompettes de cavalerie, d'artillerie
de campagne et du train ont le revolver mod. 1883, système
Nagant,
Enfin, les gendarmes ont un pistolet à deux coups, sys-
tème Nagant,
DANEMARK.
Les sous-officiers, trompettes et pionniers de cavalerie.
CHAPITRE XII. 237
les sous-officiers et trompettes de Tartillerie de campagne
sont armés du revolver Lefaucheuœ mod. 1882; les officiers
d'artillerie et de cavalerie ont le revolver Lefaucheux
mod. 1880 (voir le tableau de la page 242).
ESPAGNE.
Les hommes de troupe armés du revolver ont un Lefau-
cheux mod. 1863.
Un ordre royal du 6 octobre 1884 recommande aux offi-
ciers de toutes armes le revolver Smith et Wesson , con-
struit par les frères Orbea. Ce revolver, à double mouve-
ment, est du calibre de 11™™ au fond des rayures; il pèse
820 grammes et a une longueur totale de 0™,25.
ITALIE.
Les carabiniers royaux (gendarmerie) ont le revolver
court ou de carabiniers royaux y système Lefaucheux
(/Î^.128).
Les lanciers, ainsi que les sous-officiers, trompettes et
sapeurs des régiments de chevau-légers, des batteries d'ar-
tillerie, des compagnies du train et du train du génie, enfin
les soldats des batteries à cheval ont le revolver mod. 1874,
système Chamelot-Delvigne, semblable à notre revolver de
troupec
Le ministre de la guerre a décidé, en 1891, que les offi-
ciers de cavalerie auront un revolver du système précé-
dent, mais bronzé; tous les autres officiers porteront, dans
un étui fixé au ceinturon, le revolver mod. 1879. Le revol-
ver (28 francs) et son étui (2 francs) seront cédés au prix de
fabrication.
SUÈDE ET NORVÈGE.
En Norvège, le revolver mod. 1864 Le faucheux est donné
aux officiers, sous-officiers et trompettes de cavalerie et
d'artillerie de campagne.
En Stcède, la cavalerie, Tartillerie de campagne et les
signalistes ont un revolver du mod. 1871 et du système
LefaucheuX'Francoite.
238 AKMES A F£U PORTATIVES.
Une commission, chargée d'expérimenter des fusils de
petit calibre en 1885, a reçu en même temps pour mission
d'essayer des revolvers de divers systèmes, en vue de déter-
miner le modèle qui conviendrait le mieux pour Tarmement
des ofQciers.
On expérimenta les modèles autrichien (Gasser-Kropats-
chek), belge (Nagant), suisse (Schmidt), suédois et War-
nant. Nous avons indiqué dans le tableau de la page 242.
les données concernant la construction de ces divers revol-
vers, sauf pour le Warnant, qui a 9™™ de diamètre et pèse
970 grammes.
Comme conclusion des expériences , la Commission pro-
posa un modèle réunissant les avantages du revolver suisse,
concernant le poids et la justesse du tir, avec ceux du revol-
ver belge, comportant la solidité et la simplicité du méca-
nisme. On a commandé 30 revolvers ainsi modifiés, pour
faire des expériences plus complètes en 1883 ; mais nous en
ignorons le résultat.
SUISSE.
Revolver mod. 1872.
Ce revolver, du système Chamelot-Delvigne, perfectionné
par le major fédéral Schmidt, a un mécanisme à très peu
près identique à celui du nôtre.
Le canon, à huit pans, a une longueur totale de loOram et
un calibre normal de 10°^°»,4. La cartouche était à inflam-
mation périphérique, mais on a transformé depuis ces re-
volvers pour le tir de la cartouche à percussion centrale, et
ils sont désignés actuellement sous le nom de mod. 1872-78.
Concurremment avec les revolvers mod. 1878, les précé-
dents servent à Tarmement des officiers de cavalerie, d'ar-
tillerie et des parcs, des sous-officiers de dragons, des
guides, des sous-officiers montés et trompettes des colonnes
de parc, de Partillerie de montagne et de l'artillerie de
campagne.
Revolver mod. 1878.
Ce modèle diffère du précédent, d'abord parce qu'il est à
percussion centrale, ensuite par la cartouche. Pour le sur-
CHAPITRE XII. 239
plus, il â même calibre, même poids, et les diverses modifi-
cations de détail ressortent du tableau de la page 242. Il a
le même mécanisme et est également du système Chamelot-
Delvigne et Schmidt.
Revolver mod. 1882, système Schmidt.
Les revolvers précédents présentaient, au point de vue
de leur emploi pour les officiers non montés, les inconvé-
nients suivants :
1^ Poids trop considérable ;
20 Volume trop grand, rendant Tarme peu transportable;
3® Recul trop violent, causant la déviation des projec-
tiles ;
40 Cartouches trop lourdes et trop volumineuses.
A la suite d'études et d'expériences sur trois modèles
présentés par le colonel Schmidt, coauteur des deux
mod. 1872 et 1878, le Conseil fédéral adopta, le S mai 1882,
un modèle de revolver à six coups du calibre de 1^°^^^ pour
les officiers non montés.
Ce revolver a une longueur de 235"»"^ et un poids normal
de 750 grammes ; son barillet a 31^^ de diamètre. Il est à
inflammation centrale et à mouvement combiné; toutefois,
après le choc et dès qu'on cesse de presser sur la détente,
le chien revient automatiquement au repos, sa pointe en
arrière de la tranche antérieure du rempart, de façon que
la rotation du barillet reste libre.
Ce revolver présente, en outre, l'avantage important de
pouvoir suspendre à volonté l'action du chien, d'après le
système Abadie, au moyen d'un arrêt fixé à la porte de
charge. Cette suspension dispense de faire tourner le
cylindre à la main, soit pour l'introduction des cartouches,
soit pour leur expulsion, ainsi que celle des étuis vides.
L'arme est tenue fermement pendant que, sous l'action
répétée de la détente, les six chambres du barillet viennent
se placer successivement et automatiquement à la place
voulue pour la charge et l'expulsion.
Cette manipulation exclut tout danger de départ acci-
dentel, puisqu'on ne peut charger ni expulser sans avoir
ouvert la porte de charge et que, tant que celle-ci est ou-
verte, le chien ne peut pas être armé. Grâce à ce perfec-
240 ARMES A FEU PORTATIVES.
tionnement ingénieux, l'extraction des douilles se fait si
facilement que l'extracteur automatique n'a plus qu'une uti-
lité très contestable.
Les cartouches sont semblables à celles du nood. 18'8;
l'étui en laiton est à bourrelet plein, avec logement
d'amorce et son enclume au centre du culot; l'amorce est
en laiton, le fulminate est recouvert d'une feuille d'étain;
la charge est de 7 décigrammes de poudre suisse n° 1 ; la
balle en plomb dur pèse 7 grammes et est entourée d'un
calepin graissé à l'extérieur.
Fig. 131.
Le montage et le démontage ne présentent aucune diffi-
culté; le mécanisme est simple et pratique. La figure 131
en fait d'ailleurs suffisamment comprendre le fonctionne-
ment.
Modèle avec extracteur.
Un des modèles du calibre de 7'»">,o du colonel Schmidt
avait un extracteur, du système Krauser, placé du côté
droit de l'axe du barillet. Il est mis en action parle choc
que produit le chien en se désarmant, de sorte que la
douille du coup précédent est expulsée chaque fois que part
un nouveau coup. Le chargement s'opère par la gauche du
barillet.
CHAPITRE XII. 241
Ce système, qui paraît au premier abord très avantageux,
présente cependant de graves inconvénients pour une arme
de guerre. Le système d'extraction enlève au chien une
partie notable de sa force de percussion, et, pour peu que
les douilles adhèrent fortement dans les chambres ou que
l'extracteur ne joue pas librement, le chien n'a plus assez
de force et il se produit des ratés. En outre, la manipula-
tion pendant la charge exige une grande habitude, ou tout
au moins certaines précautions, pour éviter soit des départs
involontaires, soit l'extraction des cartouches chargées.
Aussi les divers inconvénients en question et le peu d'uti-
lité de l'extracteur avec le système de revolver adopté par
le Conseil fédéral ont été les causes du rejet de ce modèle
avec extracteur.
Étui-crosse.
Le colonel Schmidt a proposé une autre innovation, qui
a pour but de permettre d'épauler le revolver, au moyen
d'un étui-crosse. A cet effet, l'étui du revolver en cuir
est garni de tôle. Le revolver se fixe à l'étui-crosse au
moyen d'une agrafe qui se trouve à l'extrémité de sa poi-
gnée et dans laquelle entre le crochet-ressort de la tête de
l'étui-crosse. Cet assemblage, qui se fait très rapidement,
présente une grande solidité; il suffit de presser sur le
bouton du crochet-ressort pour produire la séparation. On
augmente par ce procédé la précision du tir, même en ne
faisant usage que d'une seule main, tout en assurant le
transport du revolver dans les mêmes conditions qu'avec
l'étui ordinaire.
Cependant, l'étui-crosse n'a pas été rendu réglementaire
en Suisse, parce que Tofâcier ne doit pas faire de son re-
volver un usage fréquent, en raison des devoirs plus impor-
tants qui lui incombent dans le combat.
Toutefois, l'idée parait excellente, surtout parce que
l'étui n'est pas plus volumineux, pas plus lourd et ne coûte
guère plus cher qu'un étui ordinaire. Nous avons examiné
la question précédemment.
16
242 ARMES A FEU PORTATIVES.
ÉTATS-UNIS.
Revolver Golt, pour la marine.
Bien qu'en principe, nous n'ayons parlé jusqu'ici que de
l'armement portatif des armées européennes, nous croyons
devoir donner une description sommaire du revolver Coït,
qui vient d'être adopté pour la marine des États-Unis,
d'abord parce qu'il présente des dispositions très originales,
ensuite parce que, ainsi que nous l'avons dit, c'est le re-
volver Coït primitif qui a été le point de départ des diffé-
rents systèmes adoptés depuis.
Le revolver Coït, adopté récemment pour l'armement des
équipages de la flotte, est à six coups et du calibre de 9°»«»,6.
Il est à double mouvement et à platine rebondissante. Le
barillet est traversé suivant son axe par une broche autour
de laquelle s'effectue la rotation pendant le tir et qui sert
également d'éjecteur. A la position de tir, cette broche
porte une crémaillère circulaire qui communique le mouve-
ment de rotation au barillet et son extrémité postérieure
s'engage dans le bâti, où elle est maintenue par un loquet
de sûreté.
Pour charger le revolver, on dégage l'extrémité posté-
rieure de la broche en poussant le loquet. Le barillet, ainsi
que la broche et le montant antérieur du bâti dans lequel
passe cette broche, peuvent alors pivoter à gauche autour
d'un axe placé à la partie inférieure du bâti. Ce mouvement
dégage complètement le barillet, dont toutes les chambres
peuvent alors être chargées.
Pour l'extraction des étuis vides, on déplace également
le barillet vers la gauche comme précédemment. Il suflît
alors de pousser la broche en arrière pour que, par l'action
d'un disque échancré porté par la broche, les six étuis
soient éjectés simultanément.
Le dispositif de platine rebondissante assure au revolver
un cran de sûreté efficace, car le revolver ne peut être
armé que si le mécanisme est complètement fermé.
En résumé, ce revolver présente l'avantage important de
permettre le chargement et le déchargement rapide de
l'arme.
CHAPITRE Xn.
(-0 HOSHOO ur3o E-O-îhO
à «^S3 .SSSS-.SgSSSSS.KSES .si -SSSSS
^ f -BiqniOK I
§;:
1 4
.1- I !> :'
* à I- i
Il 3 .1 I
CONCLUSIONS FINALES. 245
CONCLUSIONS FINALES.
Nous avons essayé de résumer, d'une manière aussi claire
et aussi complète que possible, la situation actuelle de l'ar-
mement portatif des diverses armées européennes. Cette
situation sera-t-elle plus ou moins prochainement modifiée,
ainsi que peuvent le faire craindre les nombreuses transfor-
mations par lesquelles a passé cet armement depuis une
dizaine d'années ?
Sans préjuger l'avenir, nous croyons à une certaine pé-
riode de stabilité, bien que, malgré les progrès remarqua-
bles réalisés, malgré le haut degré de perfection obtenu, on
ne cesse de chercher des améliorations nouvelles, tant dans
la réduction du calibre que dans les explosifs.
En ce qui concerne la réduction du calibre, nous avons
fait ressortir, d'une manière suffisamment logique, les ré-
sultats pratiques auxquels on peut espérer aboutir. Ainsi,
il n'existe pas, dans la grande production industrielle,
d'acier présentant des garanties de sécurité suffisantes à
l'égard des pressions accusées dans des essais de fusil de
5mm^ D'un autre côté, on peut craindre, avec des fusils de ce
dernier calibre, qu'une tache de rouille à l'intérieur du
canon ne produise une variation insolite de résistance.
Enfin, il n'est pas prouvé qu'une balle d'un aussi petit calibre
mettrait immédiatement hors de combat l'homme qu'elle
atteindrait. Pour toutes ces raisons, le calibre de 6°*"* parait
être le minimum pratique à obtenir.
Quant à remploi de nouveaux explosifs, ayant pour objet
d'accroitre les propriétés balistiques des fusils d'infanterie,
on ne voit pas bien quel intérêt pratique il y aurait à pour-
suivre. L'accroissement de portée serait absolument illu-
soire, car, à partir de 700 à 800 mètres, on ne peut plus
viser distinctement et Ton ne tire guère qu'au jugé. La
précision du tir ne peut être obtenue qu'avec de bons
tireurs, et c'est dans cette voie, où il y a encore de grands
progrès à réaliser, qu'il faut rechercher une amélioration,
car les fusils actuels et leurs organes de pointage sont assez
parfaits pour que le tireur qui sait se servir de son arme
46.
246 ARMES A FEU PORTATIVES.
puisse en obtenir toute la précision désirable. Seule, l'aug-
mentation de tension de la trajectoire, la trajectoire recti-
ligne, pourrait améliorer les résultats du tir.
L'électricité, l'air comprimé, les gaz liquéfiés, employés
comme force motrice, n'ont peut-être pas dit leur dernier
mot; mais, dans l'état actuel de la question, on ne peut éta-
blir aucune base certaine d'après les résultats obtenus.
Après avoir décrit les effets meurtriers produits par les
balles des fusils modernes, il aurait pu paraître logique
d'indiquer les moyens préconisés pour les rendre inutiles,
ou tout au moins pour les atténuer, notamment la « cui-
rasse du tailleur Dowe », dont la presse a fait grand bruit,
et dont nous croyons ne pas devoir parler, parce que ce
moyen n'est pas pratique, et que, d'ailleurs, il n'en a pas
été longtemps question. Mais il a été proposé d'autres
solutions plus admissibles pour arriver au même but,
notamment des boucliers transportables , dont un modèle
a été adopté par l'armée danoise pour la défense des posi-
tions. Les boucliers dont il s'agit, et sur lesquels on ne
donne aucun détail, ont été reconnus susceptibles de fournir
un abri efficace contre le feu d'infanterie le plus violent.
On en fera usage dans les circonstances suivantes : les ti-
railleurs chargés de la défense d'une position auront auprès
d'eux ces engins, qui sont assez légers pour être portés par
un seul homme ; au moment où l'assaillant se sera assez
rapproché de la position pour rendre impossible le tir de
sa propre artillerie, chaque tirailleur installera devant lui
son bouclier et pourra alors tirer à l'abri un feu bien
ajusté et eflacace permettant de repousser l'assaut. Mais, en
admettant l'efficacité de ces boucliers, il reste à les trans-
porter en quantité suffisante aux points où il en est besoin.
C'est là le problème.
Enfin, on a pu remarquer que nous avons glissé rapide-
ment sur l'influence que les poudres sans fumée et les fusils
à répétition peuvent exercer sur la tactique. Cela tient à ce
que, sur ce point si essentiel, les avis sont très partagés et
souvent opposés. Dans ces conditions, la parole doit rester
au Règlement, car personne ne peut contester qu'il doit
être modifié. Aussi, en attendant, chacun l'interprète pour
ainsi dire comme il l'entend, et, comme il ne doit y avoir
CONCLUSIONS FINALES. 247
qu'une seule manière de l'appliquer, nous croyons que le
moment est venu de clore la période des expériences et des
discussions.
Nous insistons, pour terminer, sur la confiance absolue
que doit nous inspirer notre armement actuel, complété de
la manière la plus heureuse par la cartouche de poudre
sans fumée qui nous a permis, les premiers, d'adopter un
fusil de calibre réduit. Aucun autre ne possède les mêmes
propriétés balistiques ; aucune autre poudre ne présente les
mêmes garanties de stabilité.
Le Ministre de la guerre vient, d'ailleurs, de décider que
la modification du fusil mod. 1886. que nous avons indiquée
à la page 131, serait appliquée successivement à tous les
fusils de ce modèle, qui seront ainsi à chargeurs rapides.
Dans ces conditions, notre armement portatif n'aura rien à
envier, sous aucun rapport, à celui des puissances étran-
gères.
1
TABLE DES MATIÈRES
Pagei.
Ayant-propos y
CHAPITRE PREMIER.
Historique des armes a feu en général 1
CHAPITRE IL
Historique des armes a répétition 13
CHAPITRE m.
Conditions a remplir par les fusils ordinaires 2 j
CHAPITRE IV.
Conditions a rempur par les aruies a répétition 32
CHAPITRE V.
Détermination des divers éléments 36
i d . — Canon 37
12.— Boîle de culasse 53
! 3. — Mécanisme de fermeture ou culasse mobile 55
§ 4. — Mécanisme de répétition 65
I 5. — Mécanisme de détente 76
I 6. — Organes de pointage 77
§ 7. — Monture 85
I 8. — Baïonnette 90
J 9. — Cartouche 93
CHAPITRE VI.
Description des fusils en service 106
Allemagne Fusil mod. 1888 106
Angleterre Fusil Lee-Medfort, mod. 1889 110
i50 TABLE DES MATIÈRES.
PafM.
Aatriohe-Hoiigrie. Fusi! Mannlicher, mod. i888 113
Belgique Fusil Mauscr, mod. 1889 116
Danemark Fusil Krag-Jorgcnscn, mod. 1889 120
Espagne Fusil mod. 1871-89 113
— Fusil Mauser, mod. 1892 124
France Fusil Gras, mod. 1874 125
— Fusil Lebel, mod. 1886 127
— Fusil Kropatschek à répétition 131
Grèce 133
Hollande Fusil mod. 1871-88 133
— Fusil Mannlichcr de 6»»,5 135
Italie Fusil mod. 1870-87 133
— Fusil de 6°°,5 Mannlicher-Carcano 137
Mor?ège Fusil Jarmann, mod. 1885 138
Portugal Fusil KropaUchek, mod. 1886 140
Roumanie Fusil de 6»™,5, mod. 1892 141
Russie Fusil de 3 lignes, mod. 1886 142
Suède Fusil Remington, mod. 1867-89 144
Suisse Fusil Schmi.it, mod. 1889 145
Serbie Fusil Mauser-Mi anOYitch 150
Turquie Fusil Mauser, mod. 1889 150
î
i CHAPITRE VII.
Expériences en cours 154
Fusil Daudeteau de 6™",5 151
Fusil Mannlicher de 6'»™,5 156
Autres expériences avec des fusils de calibres très réduits 16C
Conclusions 16t
Fusil éectrique 161
Fusil automatique Maxim 16S
Fusil à gaz liquéfié de M. Paul Giftard 173
CHAPITRE Vin.
Poudres dites sans fumée m
CHAPITRE IX.
Ravitaillement des munitions 18(
CHAPITRE X.
Carabines 20^
TABLE DES MATIÈRES. 251
Pages.
CHAPITRE XI.
M0USQtJET0^S 2i3
CHAPITRE XII.
Reyolters 216
Conclusions finales 245
Paris. -~ Imprimerie L. Baddcin, 2, rue Christine.
r, ■od.1888 113
r,«od.f»0 116
FhQ Kn^4org9Baai, «od. 1889. 110
FhQ «od. 18f7i-80 m
MiMcr, «od. f 8tt iU
Gras, Bod. 1874 If5
~ FMI Ldid, BOd. 1886 117
^ FhQ Krapalidick à i^pélitioB Ul
ITgAf a 133
HtilhniiV fWI Md. 1871-88 .....!!.!. 133
^ Ftofl M «wnlidMy de 6—^ 135
fialto FosO mod. 1870-87 135
— FosQ de 8"^ MamiKelier'^kreaiio 137
Mwnrèfe Fusil Jannano, mod. 1885 138
Fortmal Fusa KiO|Mitsdid^ mod. 1886. 110
Boaumle Fusil de 6—A mod. 18» lit
Bimie Fnnl de 3 lignes, mod. 1886 14t
Snèda FosQ Hemington, mod. 1867-89 144
Snissa FnâlSdmiidt, mod. 1880.. 145
8«rldo. Fusil Maas^-IG'aiiOfitdi 150
Torfoio Fusil Maiisery mod. 1880 150
CHAPITRE YIL
ExpÊiimcaB nr coois 151
Fosil Dautleteau de 6",5 151
Fusil Manolieher de 6»"^ , 156
Autres expériences avee des fusils de calibres très réduits 160
Conclusions 161
Fusil électrique 167
Fusil automatique Maxim 160
Fusil à gaz liquéfié de M. Paul G|fiard. 173
CHAPITRE Yin.
POUDRBS DITBS SANS PUMÉB 175
CHAPITRE IX.
Ravitaillement des munitions 186
CHAPITRE X.
Cababines 204
TABLE DES MATIÈRES. 251
Pages.
CHAPITRE XI.
M0USQtJBT0^S 2i3
CHAPITRE XII.
Reyolters 216
Conclusions finales 245
Parii. — Imprimerie L. Baodcin, 2, rue Chri*tire.
■
■
1
1
^M
1
A FINE IS INCURRED IF THIS BOOK IS
NOT RETURNED TO THE ilBRAHÏ ON
OR BEFORE THE LAST DATï STAMPED
BELOW. ■ ' ' i
Apn
HlXHMrÔ
^^M
II
1
M
^C
1
^
1
1
iTiihiiiiiil
3 2044 080 706 021